Je ne pouvais décemment pas lui donner tort, nous autres ninjas étions en effet dangereux. Simplement… je pensais que ce n’était pas la bonne manière de faire. Aussi ironique cela puisse-t’il paraître venant de moi, j’étais aujourd’hui contre ces massacres inutiles. Peut-être était-ce l’âge qui m’avait rendue plus sage, mais je ne voulais pas participer à cela. Pas dans le camp de ceux qui oppriment les autres. Kimino n’était pas un standard de bienveillance non plus, une partie de moi se doutait qu’il finirait un jour ou l’autre par vouloir atteindre ses propres objectifs et que ceux des rebelles deviendraient quelque chose de secondaire. Mais ces gens là, son groupe, ils se battaient pour une cause en laquelle ils croyaient, même si c’était surtout parce qu’ils étaient eux même concernés. Je préférais choisir le parti de ceux qui voulaient vivre libres, parce qu’après tout c’était tout ce que j’ai moi même toujours voulu et recherché.
Malgré la surprise, j’attrapais son sabre au vol. Mon regard se porta sur celui-ci, puis sur elle. J’étais dans l’incompréhension la plus totale, mais je reconnaissais parfaitement le discours de Kyoko dans celui de cette femme. La volonté de protéger le plus grand nombre, peu importe le prix. Beaucoup l’oubliaient, ou ne le savaient tout simplement pas, mais à l’origine la Kitto faisait tout cela pour offrir un meilleur avenir aux siens.
Sa vision changea au fur et à mesure, sur sa route, elle prit en pitié la vie des civils, qui subissaient malgré eux les actes des ninjas et l’existence du chakra. Nous avions passé beaucoup de temps à les aider, sans même que ce soit une mission, ce qui à l’époque n’était pas pour me plaire étant donné que nous n’y gagnions absolument rien si ce n’était leur reconnaissance. Mais j’avais vite compris quel côté Kyoko choisirait si elle devait un jour faire le choix, et sa décision de continuer à servir le gouverneur après le Kakusei ne m’avait alors pas étonné.
Au début du rituel, j’étais même encore de leur côté, avec du recul je ne pouvais que me trouver stupide de ne pas avoir vu les choses venir. L’entité qu’ils avaient éveillé ce jour là, ce « demi-dieu »… c’était au delà de notre propre compréhension. Nous jouions avec des forces que nous ne comprenions qu’à peine. Pour la première fois depuis longtemps j’avais eu peur, non seulement pour moi mais aussi pour ce que nous étions en train de créer. Puis lorsque que toute cette armée est arrivée aux côtés du Raikage… j’ai commencé à douter d’autant plus, à me dire que j’étais peut-être allée trop loin cette fois. L’affrontement commença, et tout ce que je vis aux côtés de Kyoko c’était elle, restant parfaitement insensible à ce qui était en train de se passer devant nos yeux. J’ai alors refusé d’observer en restant passive alors qu’un être venu de je ne sais où était en train de nous décimer en plus de ravager le continent. Je suis alors simplement partie, et je me suis battu moi aussi, aux côtés de gens que j’avais toujours considéré comme mes ennemis.
Aujourd’hui encore je me retrouvais dans cette même situation, celle où je devais faire un choix qui changerait irrémédiablement mon destin.
« Attends attends, tu me laisses partir ? Comme ça ? En me filant une arme en prime ? Qu’est-ce que tu mijotes ? N’as-tu pas pour mission de me garder en vie ? »
J’avais beaucoup de doutes en tête, ses agissements étaient… étranges et je commençais à me demander si l’Empire et Kyoko n’étaient pas finalement deux camps différents. Tan n’avait aucune raison de me laisser partir comme ça. Du point de vue de l’Empire ce devait même probablement être un crime de me relâcher de cette manière. Mais pouvais-je seulement laisser filer cette occasion ?
« Si tu ne plaisantes pas, tu comprends que je ne peux pas simplement les laisser se faire capturer sans rien faire… Je dois y aller. »
Elle semblait parfaitement sérieuse, alors je préférais ne pas attendre qu’elle change d’avis avant de partir rejoindre les autres. Mais alors que je m’apprêtais à quitter ce toit sous son regard accusateur, j’ajoutais :
« Tu remercieras la Kitto pour l’attention qu’elle me porte mais… je lui ai déjà offert tout ce que j’avais à lui offrir. Elle n’a pas besoin de moi mais eux oui. »
Je me dépêchais alors de partir, sautant de ce toit jusqu’à un autre situé non loin, je ne m’arrêtais pas dans ma course, je devais être rapide car même si je n’étais pas si éloigné du lieu où les rebelles se trouvaient, nous devions partir d’ici, et très vite…