Liens familiaux

Fort heureusement, Masato était quelqu'un de plutôt bavard - du moins, il l'était avec son cousin. Du coup, quand ils étaient ensembles, ils était capables de dialoguer pendant des heureux sans qu'aucun des deux ne s'ennuient.
Alors que les deux Kitto marchaient côté à côte dans la rue, la discussion tourna vers Shinji.



Il sourit. Avec son cousin, ils avaient commencé leurs carrières à peu près en même temps.



Il est vrai que depuis la venue des Kenketsu, le village était mouvementé et les requêtes ne cessaient de s'accroître.

Masato sourit. Son cousin était une personne plutôt calme, discuter avec lui était simple et agréable. Un Kitto, quoi. Le sourire toujours aux lèvres, il répondit à Shinji tout en suivant sa route du regard.



Il plaisantait, bien évidemment. Masato était du genre squatteur, certes, mais seulement envers quelques personnes. Et il ne prévenait pas quand il voulait squatter. Il ne faisait qu'agir, vite fait bien fait. Et le repoussait était dès lors une chose très dure.

Shinji ne put s'empêcher de s'esclaffer. Il était vrai que plus il accomplissait de missions, plus les rentrées d'argent étaient importantes à la fin du mois. Toutefois, la richesse était pour lui un but secondaire et pour l'instant, il se contentait du stricte minimum pour vivre, même si pour autant, il ne permettrait à personne de vivre à ses crochets.



Il était vrai que cela faisait déjà plusieurs semaines que les deux cousins ne s'étaient pas croisés au bureau des missions. Le borgne était-il en congé ?

Souffla-t-il, visiblement peu motivé par cette issue de sa vie. C'est vrai qu'il était ninja mais ne partait que peu en mission. En même temps, quand il en avait en dehors du village, il traînait toujours sur la route du retour et s'était fait réprimander une ou deux fois, malgré ses bons résultats.



Et quand il ne touchait pas assez de son métier de Shinobi, il apportait son aide en tant que civil, servant dans tel bar ou tenant telle boutique le temps d'une journée, le temps de quelques ryôs.

Malgré leur vision commune du monde, l'état d'esprit des deux sabreurs divergeaient en certains points : alors qu'il paraissait peu intéressé par le métier de shinobi, Shinji avait au contraire une véritable ambition pour la chose. Servir Konoha était pour lui le seul moyen d'apporter la paix au sein des frontières du Pays du Feu.

Les deux Kitto arrivèrent finalement à destination. Emboîtant le pas à son cousin, Shinji suivit son cousin à l'intérieur de la petite boutique. Il espérait y trouver un alcool de qualité, du moins assez fort pour offrir une fin de journée inoubliable aux deux shinobis.

C'était à cause de problèmes féminins que Kazami s'était rendue le plus rapidement possible au magasin le plus proche. Il y arrivait rarement d'être en panne de ce genre de chose, prévoyant généralement toujours à l'avance. Mais les derniers événements l'avaient un peu bousculé dans ta tête. Un peu pressée, le ventre douloureux, Kazami cherchait son sauveur dans le rayon.

C'est alors que la porte de la petite boutique s'ouvrit. La rouquine jeta un coup d'oeil rapide pour voir si elle connaissait les nouveaux arrivants. Shinji et Masato. Quoi ? Shinji et Masato ? Mais il ne fallait pas qu'ils la voient comme cela ! Deux solutions : soit se cacher sous ce petit carton ridicule de papier toilette soit aller directement vers eux et les saluer de façon très prononcée pour détourner leur attention. La deuxième solution était la bonne.

Kazami les rejoigna tout en agitant les bras :

Les minutes qui suivirent passèrent d'une façon bien ennuyeuse. Masato avait acquiescé en soupirant, las à l'idée d'une possible surcharge de travail dans les jours à venir, avant d'apercevoir le magasin et de le désigner d'un coup de menton à son cousin. Où à lui-même, peut-être, vu que Shinji devait déjà l'avoir repéré. Une fois dans le magasin, ils passèrent au rayon boisson et firent leur choix sans plus de détours, tout simplement. Saké pas trop mauvais, pas trop cher. Suffisant, en somme. C'est alors qu'une tignasse rouge leur sauta à la gorge comme la lionne qu'elle était. Ne s'y attendant pas, Masato fut légèrement décontenancé et mit un petit temps à l'identifier. Une fois chose faite, un immense sourire jovial mais pas particulièrement rassurant égailla son visage.



Ton mielleux surjoué, rictus mi moqueur, mi-sincère, l'attitude habituelle du jeune homme quand il se retrouve en compagnie d'une personne qu'il ne connaît pas tant que ça.

Le hasard fait bien les choses, comme le sabreur aimait bien se le rappeler. Alors qu'ils étaient là pour se payer quelques consommations, les deux Kitto étaient tombés sur Kazami, une collègue à eux.



Sans être dans les l'un des quartiers les plus défavorisés du village, la boutique se trouvait tout de même dans les périphéries de la cité ; Shinji avait du mal à imaginer Kazami côtoyer ce genre d'endroits.



Il venait de s'en souvenir, la rouquine les avait appelé par leurs prénoms.

Les deux shinobi était surpris par sa présence mais ne semblait pas lui poser plus de question que cela sur la raison de sa présence ici. Masato, comme à son habitude, lui fit son sourire qui hérissait les poils du dos de la jeune femme. Quand à Shinji, toujours aussi calme, semblait surprise que Masato et Kazami se connaissent.

La jeune femme leur fit un sourire et répondit :



Elle éclata de son rire cristallin même si ce n'était pas vraiment une blague. Puis elle vit qu'ils avaient des bouteilles d'alcool à la main et les interrogea du regard.



Les deux ninja étaient-il alcooliques ? Ou simplement voulaient-il fêter quelque chose ... ou même noyer leur chagrin dans l'alcool ... Ce genre de boisson n'était pas vraiment recommandé pour des shinobis. Aussi, Kazami pensait qu'il y avait une vraie raison à cela.

Suivre, suivre... Tout de suite les grands mots. Certes, il l'avait suivi une fois ou deux mais de là à passer pour un homme vicieux comme sa description le laissait supposer, il y avait une marge. Un ravin, même.
Bref, il voulait répliquer, expliquer à Shinji qu'elle était du genre à exagérer mais trouva une meilleure répartie.



Sous rictus, plus fin, plus fourbe et pourtant tout aussi narquois, laissait comprendre aisément l'humour de cette histoire et la légèreté de ses propos. Même si au fond, elle n'était vraiment pas venue ce jour-là. Pourquoi ? Il ne le savait pas et l'apprendrait peut-être aujourd'hui, justement.
Son œil suivit la trajectoire de ceux de la rouquine jusqu'à la bouteille. Elle était si prude, peut-être n'avait-elle même jamais bu d'alcool de toute sa vie... Il ricana.



Son rire dédoubla face à cette grossière plaisanterie, attendant la réaction de ses interlocuteurs.

À vrai dire, Shinji ne fut pas si étonné que ça. Malgré leurs caractères propres, Masato était un poil je-m'en-foutiste alors que Kazami était plutôt dévouée quand il s'agissait de mettre la main à la pâte, les deux jeunes gens paraissaient être faits l'un pour l'autre. Et puis, ne dit-on pas qui aime bien châtie bien ?

Toutefois, le sabreur ne put s'empêcher de frapper l'épaule du borgne suite à son mensonge. Shinji, avoir un chagrin d'amour ? C'était difficile à croire.



En effet, Shinji avait toujours connu Masato, un verre ou un fond de bouteille à la main. Toutefois, l'adjectif « alcoolique » était inapproprié et le sabreur savait, pour en avoir fait à maintes reprises l'expérience, que son cousin tenait assez bien la boisson.

Comme a son habitude, Masato cingla la jeune femme d'une réplique 100% pure Masato. Kazami esquissa un sourire. Elle ne reconnaissait bien là. Un petit jeu qu'ils avaient depuis longtemps ...



La jeune femme mima un "snif snif" moqueur puis tourna son attention vers Shinji.



Kazami détourna son regard des garçons et fit travailler ses neurones pour trouver une issue à cette conversation.



De la provocation. Bonne idée Kazami ! Comme ça elle était certaine de la réaction de Masato. Elle venait de lui tendre une perche et il allait sans aucun doute la saisir.