Devenir Genin [FB an-6] P1

Bon, Etsu semblait avoir au moins une élève prometteuse - ou prétentieuse du moins. Il était un peu trop tôt pour juger de cela. Mais c'était certain que Bakura semblait plus mature et concernée par l'univers des shinobi. J'avais hâte de voir de quoi elle était capable. Quand à Aohime, elle était vraiment imprévisible. Le genre de personne capable de retourner, voir de se sortir de n'importe quelle situation. En tout cas, elles avaient toutes les deux du caractères ; Il ne savait pas si ça ferait bon ménage, mais Etsu n'aurait pas d'autres choix que de faire avec.

Il s'attendait à ce qu'Aohime contre attaque, et au lieu de ça, elle avait une fois de plus agit à l'opposer de ce à quoi il s'attendait. C'était vraiment surprenant. Elle le « flattait ». Il ne savait pas vraiment si c'était de l'humour ou non, mais en tout cas, elle semblait avoir rangé les armes, au moins pour un temps.

        À l'annonce du duel, la jeune Kaguya eut un sourire franc : voilà quelque chose qui lui plaisait. Elle ne prit pas le temps d'attendre toutes les consignes que déjà, elle se précipitait sur son bout d'os tombé plus tôt et l'empoigna à deux mains, avant de pivoter vers la Gaikotsu et de crier sauvagement tout son enthousiasme et sa colère aussi. Aussitôt, elle se mit à foncer, l'os derrière la tête comme l'on ferait avec une massue. Prévisible, linéaire, sans aucune stratégie ; Aohime respirait la confiance de ses pleines capacités.
        Néanmoins, elle ne laisserait aucune chance à Bakura et la tabasserait jusqu'au sang... Ensuite, si l'autre souhaitait intervenir, que grand bien lui fasse. Pour Aohime, la défaite n'était pas une option.

Aussitôt le sensei avait-il lancé l'idée d'un duel, et aussitôt cette furie me bondissait dessus, l'arme à la main. Heureusement, cette arme ne se révélait pas réellement dangereuse. C'était un simple os. Solide certes, mais non tranchant. Je me positionnais légèrement de profil en la voyant arriver. J'attendais qu'elle abatte son arme sur moi pour élever mon avant-bras gauche et parer son coup. Je profitais de ma position de profil, et de mon bras droit légèrement en recul pour lui décocher un crochet du droit juste au-dessus du ventre. J'avais visé le plexus pour lui couper la respiration. Je grimaçais un instant, son os était bien plus costaud que je ne l'avais imaginé et je ressentais une douleur dans mon avant-bras gauche. Je faisais quelques pas en arrière pour me replacer à une dizaine de mètres d'elle et commençais à composer des mudras. Je prenais sur moi car les mouvements de ma main titillais mon avant-bras gauche. Mais il n'était pas question que je me laisse battre par cette minable Kaguya. Je valais bien mieux que ça! J'attendais qu'elle charge de nouveau, prête à exécuter ma technique.

        Aohime fut surprise de voir son os être aisément bloqué. Ce qui suivit ne resta que flou dans son esprit. En moins de deux secondes, la Gaikotsu l'avait fait reculé et la petite fille se massait le sternum, désormais. Elle grimaçait, la langue sortie de mauvaise humeur. Elle resta un moment derrière, réfléchissant. Puis elle comprit....

        Ses yeux s'écarquillèrent.

        Son sourire s'étira.

        Elle bomba le torse.

        Elle comprit que réfléchir n'était pas pour elle.



        La petite Kaguya s'élança à nouveau.

        Aohime était une gamine mignonne, impulsive et hargneuse. Mais ce qui était certain, c'est qu'elle ne réfléchissait pas assez. Ses actions étaient vraiment prévisibles. J'allais la piéger facilement. J'attendais qu'elle s'approche. Plutôt que de parer le coup comme la fois précédente avec mon avant bras, je donnais une impulsion en tapant sur la droit de son os. Son arme devrait donc s'abattre dans le vide plutôt que sur ma tête ou mon épaule. Dans le même temps, je lançais ma technique. C'était pour moi le moment opportun.


        Si Aohime se laissait prendre, alors j'afficherais un large sourire en la regardant au travers de ma bulle. Ensuite, je tournerais la tête en direction de mon sensei afin qu'il confirme ma victoire. Et je finirais par libérer mon adversaire. Autrement, j'aviserais.

        Une fois de plus, l'os d'Aohime fut bloqué. Néanmoins, cette fois, Bakura dévia l'attaque plutôt que de l'encaisser, ce qui lui permit d'enchaîner avec une technique inconnue d'Aohime. Aussitôt la main de la Gaikotsu postée au-dessus de son front que de l'eau jaillit et l'emprisonna dans une bulle. La flotte mouilla la fillette qui tenta de se déprendre en agitant son os de tous les côtés, perçant la coquille du mieux qu'elle pouvait. Bien vite, la princesse comprit qu'elle ne pouvait se débattre plus longtemps, l'eau pesant sur ses mouvements et l'empêchant de poursuivre. Elle ouvrit la bouche et échappa plusieurs bulles d'air. Etsu arrêta le combat.
        L'eau se dispersa.

        Tombée sur les genoux, la petite toussait et crachait qu'elle avait avalée de travers... Perdue, elle ? Comment pouvait-elle perdre face à une Gaikotsu ? Etsu voyait-il vraiment avec ses quatre yeux ?



        Mais avant qu'elle ne s'élance à nouveau...

Etsu attrapa la petite Aohime avant qu'elle ne s'élance à nouveau. Il fallait qu'elle admette qu'elle avait perdu. Elle devrait s'entraîner et prendre un jour sa revanche. En attendant, les deux fillettes devraient s'entraider dans les missions kirijins.



Il les regardait avec un petit sourire et redressait ses lunettes.



Etsu faisait volte face et retournait à son laboratoire. Le lendemain, il serait sur place en avance.

        Et elle en redemandait en plus ! Le caractère belliqueux des Kaguya ne devait pas être une invention à voir Aohime. Mais notre sensei qui appartenait au même clan semblait plus poser et plus calme. Peut-être qu'Aohime elle aussi deviendrai sage avec le temps. Hum.. Difficile d'imaginer ça ! En tout cas, je n'étais pas mécontente de cette victoire. Aohime n'était certes pas la meilleurs combattante de la classe et elle n'avait pas trop réfléchi pendant ce combat. Ma satisfaction aurait pu être plus grande mais c'était déjà mieux que rien. Le sensei nous donnait rendez-vous le lendemain. Je préparais mon sac de voyage le soir-même. Je me levais de bonne heure et de bonne humeur le lendemain et rejoignais mon équipe. J'avais hâte de faire quelque chose d'intéressant ! Etsu était déjà là. Quant à Aohime.... J'espérais qu'elle n'ai pas oublié de se lever !

        Aohime avait encore sa défaite dans la gorge lorsqu'elle vit au loin Bakura rejoindre Etsu, au petit matin du lendemain de la formation de l'équipe. La princesse avait dû s'arrêter sur commande du professeur — car elle le craignait, et non pas qu'elle respectait sa décision — mais ne désespérait pas à prendre un jour sa revanche ! Bakura était le genre de petite fille qu'Aohime détestait, car elle était supérieure à la jeune Kaguya et Aohime jalousait secrètement son tempérament plus contrôlé et ses jolis yeux rouges — mais Ao' avait de plus beaux cheveux, selon elle. Naturellement, comme l'enfant bornée, prétentieuse et égocentrique qu'elle était, la princesse pouvait considérer la jeune Gaikotsu comme sa rivale ! En aucun cas, cette décision n'avait été réfléchie, pesée et analysée. Bakura deviendrait sa rivale et c'était le destin d'Aohime de la surpasser, nah !

        La jeune Kaguya se cacha dans le décor, sans toutefois être très discrète, et lorsque la Gaikotsu se présenta au sensei, ce fut une Aohime bien remontée qui apparut de nul part.



        Le nee vint tout seul et Aohime l'assuma sans vraiment s'en rendre compte. Autrement dit, malgré elle, elle reconnaissait la force de son homologue élève.

        Bakura et sa petite furie de coéquipière était à l'heure. C'était déjà une bonne chose. Etsu craignait qu'Aohime n'ai pas complètement saisie le concept d'équipe. En effet, cette dernière parlait déjà de "remporter" la mission. Ce duo promettait d'être explosif. Etsu allait le mettre à l'épreuve dès ce jour.



        Au cours de cette mission, le sensei se positionnerait en observateur. La fouille du sac était déjà une petite épreuve. Etsu pourrait en tirer quelques conclusions. Il avait volontairement caché l'objet et la durée de la mission la veille. Il voulait savoir si les jeunes filles étaient prévoyantes. Pour commencer, il constatait que Bakura n'avait même pas panser ou essayer de soigner l'avant-bras qu'elle avait blessé la veille lors de son combat. C'était déjà un mauvais point...

Je descendais le sac de mon dos et l'ouvrais. Le sensei y trouverait une tablette de chocolat, un sandwich emballé dans son papier, deux pommes, une banane, une gourde, un savon, un pull chaud bien molletonné, une boîte d'allumettes, un piège à ours, une paire de menotte et une petite culotte propre. J'étais un peu gênée lorsque le sensei pencha sa tête dans mon sac ; je priais pour qu'il ne fasse aucune remarque. Ne sachant pas combien de temps allait durer la mission, j'avais tout de même pris un change. J'estimais que pour une première mission, deux jours seraient sûrement un maximum. Je me disais aussi qu'on pourrait sûrement ramasser des fruits en route et qu'il ne servait à rien de trop se charger. Et puis s'il y aurait besoin de plus, le sensei serait sûrement là pour combler les manques et les oublis de l'une et l'autre. Côté équipement, j'avais pris avec moi trois kunais et une série de shurikens que je rangeais dans les petites poches rattachées à ma ceinture.

C'est alors que je regardais est-ce qu'au moins Aohime avait pensé à prendre un sac...

        La jeune fille déballa ses choses, qu'il vida au sol. Bien moins préparée que sa rivale Bakura, elle avait tout de même pensé à prendre un repas très simple, quelques élastiques à cheveux, une brosse, un miroir et bien sûr ses magazines douteux pour son âge... Elle regarda d'un oeil supérieur les affaires de la Gaikotsu et pouffa de rire. Vraiment, des menottes ? Des idées saugrenues parsemèrent son jeune et fertile esprit. Et pourquoi un piège à ours, tiens ? Elle connaissait la mission ? La mission serait d'abattre un ours ? Aohime ricana. Rien ne valait mieux pour abattre un ours que d'enfoncer ses os dans son corps ! C'était gagné d'avance.

        Pour un oeil extérieur, la petite Kaguya s'était reculée dans un coin et ricanait, penchée sur elle-même, jetant parfois quelques coups d'oeil vers sa coéquipière et son professeur. On pourrait croire qu'elle préparait un mauvais coup, aux vues et aux sues de tous !