Raiko se fit entraîner par la jeune femme qui répondit étrangement aux propos du Miwaku. L'expression du bellâtre changea du tout au tout et il devint très froid et désagréable. Il dégagea également son bras de celui d'Asae et arrêta sa marche. Il la regarda le distancer. Si elle jouait à l'autruche, elle jouait bien, sûrement mieux que Raiko. Après tout, faire l'imbécile était une bonne façon de pouvoir se sortir de bien des ennuis et d'éviter d'attirer l'attention sur soi. Mais l'androgyne détestait cela et même qu'il prit ça pour une insulte envers son sens inné de la manipulation. En retrait, sous l'ombrelle, il ne bougea pas outre mesure. Il ne fit que crier.
« CESSEZ IMMÉDIATEMENT DE FAIRE L'IDIOTE ! »
Il avait suffisamment parlé fort pour que les passants se retourne vers lui. Mais Raiko n'en avait cure. Il emboîta le pas à Asae et la rejoignit en quelques grandes enjambées. Toutefois, il ne courrait pas, et sa démarche silencieuse et gracieuse le fit comme glisser sur le sol. Ce fut d'ailleurs dans un mutisme glacial qu'il se positionna devant la jeune femme, de gré ou de force, et qu'il plongea un regard acerbe dans le sien. L'ombrelle amplifiait son regard cruel.
« Vous êtes stupide, jeune fille. Plus encore que ces putes que j'embauche. Faîtes l'innocente avec les autres mais pas avec moi. Je ne suis pas homme que l'on aime à berner. Que vous le vouliez ou non, je suis sûrement plus important que vous au sein du clan, plus que vous ne le serez jamais. Alors cessez ce spectacle dégradant que vous me présentez là et agissez en tant que future grande dame des Miwaku... »
Cruel n'était plus qu'un faible adjectif pour les propos que tenait maintenant le proxénète. La casser, la briser, l'émietter, tel était devenu son objectif. Il voulait aussi la brasser, la secouer, afin qu'elle réalise tout le pouvoir dont elle disposait depuis que sa mère l'avait annoncée comme prochaine Okasan. Comprenait-elle seulement ?
« Quel est votre choix, fillette ? Deviendrez-vous une femme puissante à la tête d'un des clans les plus avantagés de ce monde, ou vous écraserez-vous et vous laisserez piétiner par les larves qui peuplent cette vie ? »
Et dans son propos, Raiko traduisait sa propre situation, d'une certaine manière. En tant que Miwaku, Asae pouvait le déceler. Si elle ouvrait les yeux, alors peut-être comprendrait-elle l'allié puissant qui se présentait à elle.