La troisième ? Alors soit Kimino était vraiment malchanceux, soit c'était le pire des amants. A cette nouvelle, Azukiyo lança un regard perdu entre deux feux, moitié compatissant, moitié perplexe. Le Hokage se faisait bien bavard, sans doute avait-il interprété le silence du Jônin comme une ouverture, une épaule sur laquelle se confesser ; l'alcool et la jeunesse -il entendait par là le manque d'expérience- aidant certainement à délier les langues plus que de raison.
"A ton âge" qu'il disait l'autre. Mais l'âge ne faisait rien, c'était l'expérience qui importait, celle que lui apportaient les voyages et les années. Une expérience qu'il aurait voulu partager, en tant que Shinobi, mais aussi en temps que père. Malheureusement la vie en avait décidé autrement.
Des jours sombres hein ? Certes, l'Uzumaki venait, en plus d'épancher sa soif, raconter ses faits d'armes et les méandres que la vie lui avait apportée. Ainsi était-elle, injuste, cruelle, sans pitié. Et Azukiyo en subissait les conséquences tous les jours ; que ce soit physiquement avec la perte de son bras, ou moralement avec d'autres disparus. Le Jônin n'était pas matérialiste, et n'a créé ce bras artificiel que pour s'empêcher d'abandonner la vie à son triste sort ; pour ne pas qu'on le croit démunit et obsolète.
Malgré tout ce n'était pas un concours de qui a le plus souffert. Azukiyo a plus d'années à son actif, il a forcément vécu plus de choses, qu'elles soient mauvaises ou bonnes. Mais il fallait avouer que pour son jeune âge, le gamin n'était pas à plaindre en terme de "la vie me chie à la gueule." Azukiyo aussi buvait de temps à autres pour se refaire une santé mais pas que, quand le mental était désynchronisé par rapport au corps. Et même si lui n'avait pas forcément connu l'accueil chaleureux des bistros -trop occupé à voyagé et donc à boire seul au coin d'un feu- il comprenait le ressenti et le besoin du Hokage.
« Elles s'appelaient Ran et Azura. »
Commença-t-il entre deux gorgées. Sa voix était terne, sans émotions. A l'oreille fine on pourrait la croire tremblante, mais il y avait bien longtemps que les larmes avaient cessées de couler.
« La guerre m'a séparé d'elles. Et je ne les ai jamais revues. »
Le jônin regarde le fond de son verre, le triturant entre ses doigts usés avant de porter le goulot de la bouteille pour le remplir. Vide. Il jette un oeil au fond de la bouteille, pour vérifier, hein sait-on jamais, parfois l'alcool nous joue des tours. Et il interpelle le barman d'un signe de main, lui faisant comprendre d'en apporter une nouvelle.
« Azura ... doit avoir ... aurait dû avoir dans tes âges. »