Damn, Père m'avait dit, quand j'étais enfant, de ne pas parler aux inconnus.
Je l'ai jamais écouté, et je me suis même cassé de la demeure familiale, mais du coup, ses avertissements prenaient du sens alors que l'inconnu, interpellé, prenait ses aises en se collant contre mon dos histoire de regarder mes écrits, et qu'il m'appelait charmante créature.
« Charmante créature ? Ce n'est pas un terme qu'on emploie souvent à mon égard, et pour une première rencontre c'est un peu "agressif", vous ne préférez pas qu'on se fasse une petite balade avant de se donner des petits noms ? »
Je me m'étais à glousser, amusé, mais pas trop. Si ça se trouve, il pourrait prendre sérieusement mes mots, et, drame, pourrait essayer de me violer derrière un buisson. Pas que je n'aime pas les buissons, c'est surtout le viol qui me dérangeait. Je tenais à me caser, à avoir une bonne épouse faisant la cuisine et le ménage, et à perpétrer cette branche du clan. Même si, je m'en doutais, beaucoup pensaient qu'on se reproduisait comme des petits lapins roux.
Qu'importe, je ne suis pas là pour juger. Je laisse ça à des hommes meilleurs.
Voilà qu'il continuait, et s'interrogeait sur la couleur des cheveux du clan. Une question qui avait son sens, certes. Nous étions tous roux. Roux comme les roses. Roux comme le sang. Roux, quoi.
« C'est effectivement une bonne question ! Certains pensent que ça vient de la terre de nos ancêtres. Quelque chose dans l'eau qui aurait teint nos cheveux ... »
Je posais mon stylo contre mes lèvres, la réflexion me prenant.
« D'autres disent que c'est à cause du sang que nous aurions versé dans le passé ... Il parait que nous étions des gens très sanguins, à l'époque. Mais personne ne s'en souvient, de ladite époque. C'est peut-être mieux comme ça, ne pensez-vous pas ? »