Le respect.
C’était cette chose qui liait les individus d’un village dans un système de caste ou chacun avait conscience de sa propre valeur, de sa propre place. C’était une puissance implicite, conditionné, que l’on apprenait à ces enfants dès le plus jeune âge, car c’était cette magnifique force invisible et collective qui permettait la stabilité et la Prospérité d’un pays comme le pays du Feu.
Mais ce qui différenciait la République de Konoha de l’Empire, c’était que ce respect était à double sens. Les grands, ceux qui étaient au sommet, devaient respecter les vies des plus jeunes, des soldats qui composait le plus gros de l’armée régulière. C’était parce que l’on avait confiance en son dirigeant, que l’on acceptait les décisions et les sacrifices nécessaires au métier de Shinobi. Alors que se passe-t-il lorsque cette relation de confiance se retrouve ébranlée parce qu’un haut-dirigeant à envoyé aux portes de la mort un Genin en temps de crise ?
L’autodestruction.
D’autant plus quand le dirigeant prenait une position à l’opposé de l’apaisement. La crainte commençait à s’instiller dans les cœurs des moins zélés, la révolte dans les cœurs des justiciers, et le doute dans les cœurs des fidèles. Provoquant la discorde, affaiblissant l’unité des troupes, déjà fragilisé par la guerre civile que le pays avait vécue il y a 4 ans. Par « chance », certains pourrait dire que Seitô n’était pas un Chikara, et que cela avait peut-être empêcher l’inévitable catastrophe. Et pourtant, les deux femmes le savaient, Konoha allait nager en eaux troubles.
« Haha… Ces beaux jours me manquent… Seitô a toujours débordé d’énergie, mais cela ne l’empêche pas de respecter ses aînées. Lorsqu’ils sont justes, et droit, comme ce qu’on attend d’eux. Il a un sens aigu de la justice vous savez ? La volonté de Seitô est si pure et sincère, qu’il rassemble souvent les gens autour de lui. L’impact de mon défunt mari et de Shinji-dôno n’y sont pas pour rien. Même si, de fait, il peut y avoir quelques débordements, je vois bien que cette volonté ne vous a, vous-même, pas laissez indifférente non-plus, Shirona-san. »
Puis, elle s’inclina respectueusement.
« Je remercie sincèrement le Ministère de cette touchante attention. Seitô est toujours à l’hôpital, n’hésitez pas à lui dire vous-même en personne. Certes, c’est un enfant apprécié, mais c’est aussi un Shinobi. Ce serait un symbole et un message fort, qui en rassurait un grand nombre dans cette période troublée. »
Son sourire s’effaça lentement lorsqu’elle entra dans le vif du sujet. Chacun de ses mots sortant de sa bouche étant soigneusement choisi, soigneusement pesé. Il ne fallait surtout ne rien laisser au hasard. Son regard se faisait perçant, déterminé, lorsqu’elle répondit à la première affirmation.
« J’imagine que Keisan-dôno doit avoir des autorisations spéciales dont je n’ai pas connaissance, et j’admets qu’il m’a pris de vitesse. Mais je le soutien dans son initiative, bien que j’aurais voulu offrir plus de latitude aux conseils des Hokage concernant certains points, mais ainsi soit-il. »
Elle but une gorgée de thé.
« Si cela peut vous rassurer, l’équipe que composera Keisan n’est que le prélude d’une branche militaire bien plus grande. Mais l’urgence de la situation veut que l’on agisse vite si l’on veut affaiblir Gekido et ses sbires avant qu’ils n’arrivent à nos portes… Voyez la troupe de Keisan comme une démonstration, un avant-goût, de ce que deviendra la future « équipe d’intervention spéciale » de Konoha. Bien que le résultat final puisse être différent. C’est hypothétique, puisque j’agirais sous les ordres du Conseil, et que Keisan jouie de pouvoirs et de droits spéciaux. Mais nous aurons tout le loisir de discuter de cela lors de cette fameuse réunion. Quant au reste… »
Une autre longue gorgée s’en suivit.
« Je ne me sens pas trahie par la République, Shirona-san. Je suis déçue, furieuse, et j’ai peur. Mais qui n’auraient pas peur en sachant que l’on peut vous envoyer aux portes de la mort pour une erreur de protocole ? »
La dame de fer laissa un silence. Court, mais éloquent. De quoi faire réfléchir Shirona sur sa position en tant qu’intendante. Sur cette fameuse bonne gestion.
« Les Uzumaki ont un grand sens de la loyauté envers le Clan, ce qui est notre cas également. Mais la position de ma famille fut toujours la même : notre loyauté est acquise à la république, à l’unité du pays du Feu et des individus qui le compose. Et je pense que c’est le devoir de n’importe quel Shinobi d’être garant de cette paix, de cette stabilité, surtout depuis le « Massacre Chikara ». »
Le ton de la quadragénaire était grave, tout comme la situation. Elle pouvait presque être colérique, la situation lui tenait à cœur.
« Ma position est claire, nette, et irrévocable. Je ne resterai pas les bras croisés alors que mon fils fut blessé quasi mortellement, avec potentiellement de graves séquelles, par un Shinobi, aussi haut placé soit-il. Nous avons des lois, des règles qui nous structurent et nous assure à tous nos libertés et nos droits, et tous devons-nous y soumettre, les protéger et les chérir, c’est notre devoir. Que se passerait-il si un Hokage agissait impunément, violait les règles dont il est garant, sans risquer l’ombre d’une sanction ? Afficher une telle attitude en temps de crise n'est que pure folie. »
La Dame de fer posa sa tasse sur la table. Il était temps de mettre cartes sur table.
« Il ne s’agit pas que de moi, de Seitô, ou même de Kimino. La question dépasse même le clan Uzumaki, elle est nationale, universelle. L’ensemble des Genin peuvent s’identifier à cet incident... Voir même des Chûnins, des shinobis de la feuille, ou même des civils. Sois, le plus gros de notre armée et de notre population ! Une crise de confiance à l’ombre de la guerre… Nul ne sait exactement la portée que cela va avoir, les conséquences de cet acte… »
La catastrophe… Son regard seul transmettait ce message. Nul besoin de mot. Elle s’était fait comprendre…
« Et donc, cela nous fait autant de personnes pouvant quitter l’armée régulière, pouvant stopper leur soutien essentiel pour vaincre les menaces extérieures, refusant de servir un homme qui n’a que du mépris pour le soldat qu’il a quasi-tué, ou pour sa mère, venue clairement le tester en le faisant prendre conscience de son acte, qu’il a rétrogradée Chûnin avec des justifications clairement bancales, avant d’envoyer paître. Pas une ombre d’excuse, pas un soupçon de remords en public. Ce n’est pas une attitude apaisante, c’est pure folie dans une telle situation. C’est irresponsable. »
Elle se craqua nerveusement les doigts.
« Que se passeraient-ils si tous ces ninjas mécontents, si à cause de ce malaise, ils quittent l’armée ? Refuse d’obéir aux ordres ? Qu’elle est la prochaine étape ? Les menaces ? L’exécution ? Une escalade infernale de violence, de peur et de répression ? Non, je m’y refuse. Je refuse de voir des Konohajin verser le sang de Konohajin encore une fois. Justice sera rendue, sans parlotte ni fioriture. »
Elle fixa Shirona.
« Voilà ce qui dicte mes actions. Ce projet d’unité d’élite pour décharger les instances, rassurer la population, la provocation de Kimino pour le tester et le mettre à l’épreuve afin qu’il fasse ses preues, et bientôt la demande d’assemblée Uzumaki que je vais soumettre à l’Uzumadôno sous peu afin de dissiper les doutes du clan, et créer une feuille de route commune. Tous n’ont qu’un seul but : maintenir cette stabilité. Préserver la république de Konoha. Promouvoir l’unité. Vaincre Gekido. »
La dame de Fer et sa main, dans un gant de velours. Elle était là, dans sa splendeur, du haut de ses quarante et un printemps. Elle était là, la stratège de l’époque. Son regard était lourd, elle posait d’énorme responsabilités sur les épaules de l’intendante. Un coup direct.
« Vous êtes jeune, belle et séductrice. Il serait même tentant de croire que vous n’avez eu qu’à écarter les cuisses pour obtenir votre poste. Mais je ne suis pas dupe, vos questions, votre regard. Vous n’êtes pas bête intendante. Vous aurez un rôle à jouer. Vous pouvez choisir d’être l’assistante de Kimino, des Hokage, ou l’intendante de Konoha. Mais ce choix n’appartient qu’à vous. Et il va falloir choisir, vite et bien. Vous devez sentir que vos prochaines décisions, vos prochaines paroles, et tout ce que vous allez faire dans les prochains jours va avoir une énorme influence sur l’avenir de la nation du feu. »
Elle se redressa, fixant la jeune intendante d'un sourire de velour.
« Maintenant que vous avez toutes les cartes en main, Intendante Shirona-san, qu’aller-vous faire ? »
Elle avait tendu une main, il fallait maintenant savoir si elle allait avoir un retour.