La position de l’Uzumadôno était… Complaisante. Il reconnaissait effectivement la part de culpabilité du Hokage Uzumaki en place dans cette affaire – et à raison- mais aussi une part de culpabilité de sa propre personne. Ce qui fit hausser un sourcil à la dame de fer. Kimino était un Hokage, et il se devait d’être un homme, un vrai, un fier. Pas une lavette perdant son sang-froid en plein milieu d’un temps de crise. Qu’était-il arrivé à ce village qui avait vu naître des légendes -héros comme criminels, parfois les deux en même temps- pour avoir à sa tête un homme incapable de se tenir droit à la moindre des provocations ? Exaspérant…
Pour autant, Shimazu n’avait pas totalement tord aux yeux de la quadragénaire. Oui, les dirigeants étaient loin d’êtres idéaux, les choses loin d’être optimales, et ils allaient devoir composer avec. Du moins, le temps que la tempête extérieure, incontrôlable, passe. Et ce serait dans ce « monde nouveau » que l’on rendrait justice. Du moins, sur ces ruines, s’il en reste.
Mais la demande, même humble, de son chef de clan, tendit la Dame de Fer. Elle senti la frustration sous forme d’énergie parcourir son dos. Comment aider quelqu’un qui refusait de s’excuser ? Qui se pensait tout-puissant ? Qui croyait pouvoir gérer toute cette affaire seul, sans aide, et encore moins d’elle ? C’était une lourde responsabilité qu’on lui demandait de porter.
Elle le mettait dans une situation impossible. Comme pouvait-elle faire entendre raison à Kimino dans ces conditions ? Quel artifice pouvait-elle mettre en place sans l’accord d’un des trois hommes les plus hauts placés de Konoha ? Entendrait-il raison ? Avait-il le moindre doute au fond de lui qu’elle pouvait utiliser pour l’amener sur le chemin de la rédemption ? Elle l’ignorait.
Main dans celle du chef du clan Uzumaki, elle se plongea dans son regard. Il était sincère. Cela la rassurait, même si au fond d’elle, elle aurait préféré qu’il en soit autrement. Que l’on écarte Kimino définitivement du pouvoir, qu’on le torture pour ce qu’il avait fait à son fils. Mais c’était son instinct de mère, celui semblable à une lionne féroce défendant ses petits, qui parlait. Celui de Shinobi lui disait autre chose. Qu’il fallait œuvrer autrement.
« Je ne sais pas si Kimino l’entendra de cette oreille. Je ne sais même pas s’il voudra qu’on le sauve. Mais je vais essayer. Je vous le promets, Shimazu-san. Je ferais mon possible pour mettre ma rancœur de côté, et avoir une approche constructive. Pour le bien de mon fils. Pour le bien de Kimino. Pour le bien du clan. Et surtout, pour le bien de la république. »
« Concernant mon fils, ce sera bien sûr un honneur pour moi de vous le confier. J’espère sincèrement qu’il guérira et qu’il pourra redevenir Shinobi, et qu’il acquerra votre sagesse et votre discipline. Mais avant tout, laissons-le grandir. Il en aura besoin s’il veut devenir cette lumière que vous espérez tant pour le village. »
Même si c’était un lot de consolation de voir le chef du clan Uzumaki s’occuper personnellement de son fils, la discussion avait un goût amer. Et coûteux. Elle allait encore devoir faire sacrifice de sa personne pour la République. Mais c’était ainsi, cela devait être son destin. La dernière fois qu’elle avait mis en avant ses désirs personnels, elle avait échappé de peu à la catastrophe. Elle ne referait plus cette erreur. Plus jamais. Elle se libéra ensuite de l’étreinte de son chef de clan.
« Concernant Gekido, et pour soulager les Hokages… J’ai pour projet de mettre en place une unité spéciale d’élite semi-indépendante, agissant principalement pour les missions délicates et la neutralisation d’être. Semi, car nos missions resteront données par les Hokage, mais les méthodes seront, dans l’idéal, à notre discrétion. Les activités de l’ex-régent ne sont qu’un avant-goût de ce que l’on proposera. J’ai son soutien, et également celui de l’Intendante du village, Chikara Shirona. Avec le vôtre, et si Kimino entend raison, rien ne s’opposera normalement à sa création. Une fois en poste, je prendrais les choses en main, je demanderais à Shirona de s’occuper des affaires courantes de manière plus… Avancés. Les Hokage n’auront plus qu’à superviser, mais nous nous occuperons du « gros » du travail. De la partie « technique et pratique », il appartiendra aux Hokage de s’occuper de la partie politique. »
Elle prit une gorgée de thé.
« Cela rassurera les esprits de voir que les hautes-sphères prennent les choses bien en main. Vu que je serais à la tête de cette unité, cela montrera aussi au village, et à la république, que l’unité et la confiance au sein du clan Uzumaki reste intacte. Une fois cette marge de manœuvre acquise… »
Elle fixa l’Uzumadôno, gravement.
« Nous nous occuperons d’obtenir justice et réparation. Est-ce que cela vous convient, Shimazu-san ? »
Les acteurs étaient désormais tous à leurs places respectives. La dame de fer avait avancer ses pions dans une position ouverte, pour offrir à Kimino la rédemption et une voie vertueuse, mais aussi pour le coincer si jamais il osait se défiler. Si l'Uzumadôno acceptait, tout serait sous contrôle, et elle serait en position de force dans ce jeu dangeureux, et elle pourrait alors s'occuper de Gekido personnellement.
Car au fond, c'était lui, son véritable adversaire.