Les paroles de son cousin résonnèrent dans sa tête, à l'instant même où elles ont été prononcées. Elle n'était pas le monstre qu'il imaginait ? En effet, le garçon au bonnet pouvait comprendre que dire de bonnes choses et parler de bonnes actions en parlant de l'une de ceux qui les ont privé de bon nombre de membres de leur clan... Cela avait de quoi être complètement déroutant. Et pourtant, les faits étaient là. Kazami lui avait sauvé la vie. Y avait-elle était obligé ? Non. S'est-elle donné à fond pour autant ? Oui. Elle aurait pu refuser. Elle aurait pu ne pas démontrer tout son talent. Et pourtant, elle l'avait fait, et cela lui était paru complètement naturel... Kano était resté admiratif sur ce qu'il a vu de ses propres yeux. Le monstre décrit par les histoires n'en était pas un, et il était maintenant persuadé que la vérité était toute autre. Elle avait fait le mal... mais pourquoi ? Et comment ? Qu'est-ce qui a mené à ça ? Lorsqu'on y pense, il était difficile d'haïr quelqu'un sans comprendre ce qu'elle a réellement fait, et dans quelles circonstances.
Et c'était bien la le problème des Chikara. Ils suivaient l'histoire telle qu'on leur a décrite. Et pourtant, Kano n'a pas vu un monstre dans la prison, mais une femme avec un grand cœur. Et c'est là tout le problème. Il hochait la tête aux paroles de son cousin.
« Non, ce n'est pas un monstre qui a sauvé Seitô... »
Il n'entrait pas plus dans le détail, pour le moment.
Suite à quoi, lorsqu'il lui parlait de l'état de Seitô, Matsuo eut une réaction pour le moins étrange. Il était en vie, certes... mais il murmurait autre chose, d'à peine audible. Kano n'était pas sûr d'avoir bien entendu, mais il lui semblait avoir entendu le mot « famille ». Avait-il bien entendu ? Il n'en savait trop rien, mais son cousin lui dit aussitôt de laisser tomber, comme s'il ne voulait pas que Kano l'entende, ou y réagisse. Le blondinet le regardait d'un air un peu attristé. Il connaissait le passé de son cousin, et il savait qu'il avait bien plus mal vécu le massacre que lui, puisqu'il n'avait plus sa famille, auprès de lui au quotidien. Il vivait chez la grand-mère du garçon, faisant de lui et sa grand-mère sa famille la plus proche. Les deux garçons n'avaient pas réagi de la même manière, et il était compliqué de déterminer quelle était la bonne réaction à avoir.
Le garçon aux yeux rouges le regardait, et lui souriait timidement.
« Je suis de ta famille aussi, tu sais... »
Il ne rentrait pas vraiment dans des détails, et s'était contenté de lui souffler ceci, comme pour le réconforter un tant soit peu. Bien qu'il ne le montrait pas souvent, car il n'était pas le garçon le plus expressif, il aimait beaucoup son cousin, et a été pendant une longue période son seul et unique ami.
« Y a pas de quoi, merci à toi d'être venu ! Ça m'a fait plaisir de te revoir après tout ce temps. Et tu sais, pour Seitô... je m'occupe beaucoup de lui, certes, mais ce n'est pas encore suffisant. J'aspire à vraiment lui permettre de reprendre sa vie comme elle l'était auparavant. Donc pour l'instant, je préfère ne pas me satisfaire de ce que je fais actuellement... »
Kano était dur avec lui-même. Il le savait : s'il avait été meilleur, il n'y aurait pas eu toutes ces complications. Il n'aurait peut-être pas pu empêcher l'attaque de se faire, mais il aurait peut-être pu le guérir dans la foulée, et non pas le laisser dans cet état durant des heures. S'il avait réagi à temps, il serait sans doute en train de faire une connerie, quelque part dans Konoha.
Son cousin lui répondit au sujet de sa mission, mais il resta très évasif sur ce sujet. Sans doute encore une histoire de confidentialité, où il ne pouvait pas tout lui dire. C'était un peu frustrant, mais il comprenait. La dure vie de ninja imposait ce genre de problèmes...
« Bien ! Bravo à toi pour ta mission alors, je n'insisterai pas pour en savoir plus, ne t'inquiètes pas. »
Bien que la curiosité était bien présente. Il se levait donc, s'apprêtant à partir. Le temps était passé relativement vite, et le temps où ils pouvaient passer des journées et nuits ensemble était malheureusement loin derrière... Il acquiesça lorsqu'il l'informa qu'il irait voir Seitô, puis Matsuo lui confia une substance qu'il n'avait pas du tout l'habitude de manipuler. Un puissant somnifère... apparemment capable d'endormir un ennemi, même en plein combat. Autant dire qu'il devait faire attention avec la dose employée... Il lui prit donc le somnifère, mais ne put s'empêcher de rire tant la situation semblait irréelle.
« Hahahaha... Jamais je n'aurais cru avoir besoin d'un somnifère pour dormir, je tourne vraiment pas rond en ce moment... ! Et dire qu'autrefois je m'endormais sur le chemin vers les terrains d'entraînement, ou quand mamie avait le dos tourné. Haha... Enfin, merci beaucoup. J'y penserai, et je l'utiliserai au besoin ! »
Il rangea la substance dans sa poche. Si Kana lui avait offert de quoi se maintenir éveillé, Matsuo lui avait maintenant offert de quoi l'assommer. Pourquoi les cadeaux qu'il recevait étaient toujours en rapport avec son sommeil ?
Néanmoins, aux dernières paroles de son cousin, il perdit le sourire et baissa les yeux légèrement, se mordant la lèvre.
« Oui, je sais bien... Je reste sur mes gardes, Matsuo. Mais j'ai envie de croire que malgré tout ce qu'elle a pu faire, et tout ce que l'histoire raconte, qu'il s'agit bel et bien d'une femme avec un cœur, plutôt qu'un monstre. Pour te dire la vérité... je pense même qu'il me manque des éléments pour réellement la juger, à commencer sur le pourquoi du comment elle a fait ça. Enfin... Je fais attention, je resterai prudent si jamais je dois la recroiser. Prends soin de toi aussi, et pense à te reposer ! »
Rentrant à peine de mission, il n'avait sans doute pas eu le temps de bien se reposer. Kano restait un moment sur le palier de sa maison, pensif, en regardant le ciel. Être prudent, certes... il lui avait dit ça. Et pourtant, il était prêt à tout pour sauver son ami.