Pendant qu'il parlait, Seitô avait tourné la tête, refusant de le regarder. Il avait continué, malgré ce nouveau Seitô qui, tel un mur, ne semblait rien vouloir entendre.
Un mur aurait fait moins mal. Il regarda le Uzumaki tourner la tête, lui accordant un regard furieux. Il ne pouvait que regarder Seitô exploser, en sentant son sang se glaçait alors que celui de Seitô devait au contraire bouillir. Une part de lui remarquait la respiration du rouquin, respiration qui ne cessait de s'accélérer de façon alarmante. Mais il était bien trop sous le choc pour traiter l'information et là, tout de suite, c'était les paroles de Seitô qui obtenaient toute son attention.
Il resta un instant figé lorsque le Uzumaki fit une pause. Il le regarda faire un geste convulsif dans le vide puis pousser un râle de douleur.... ou de rage ? Il ne savait pas. Il ne savait plus.
Il était incapable de détourner le regard du roux. Putain de merde qu'est ce qui était arrivé au Seitô inébranlable qu'il connaissait ? Il reprit, presque durement.
« C'est ce que tu penses ? Que tu as tout perdu ? Tu as ta mère en vie. Ton frère aussi. Et Kano. Et tu as tout perdu ? »
Il secoua légèrement la tête de gauche à droite, se calma un peu, puis recommença à parler, de manière presque décousue :
« Tu es à Konoha, dans ton village. Avec des gens que tu connais et qui t'aiment. Je comprends pas. T'as raison sur un point, ce n'est pas moi qui est là, à ta place. Alors oui peut-être bien que ça, je peux pas comprendre. Mais pour moi le vrai cauchemar ce serait de perdre tous mes proches, de perdre mon village. Pas de... »
Il fit une nouvelle pause. Seitô avait une famille qui l'aimait. Rien que pour sa mère et son frère, il aurait du vouloir rester en vie et en plus de ça, il avait plein d'autres connaissances dans le village.
« T'as pas tout perdu Seitô. Loin de là. »
Il espérait sincèrement que Seitô avait été aveuglé par la rage. Qu'avec un entourage et un village pareil, il ne pouvait pas utiliser cette expression parce qu'il se retrouvait ainsi affaibli. Mais encore une fois... était-il vraiment capable de comprendre le Uzumaki ?
« On est des shinobis. Des putain de genins susceptibles de mourir à tout moment. Alors je comprends pas. Toi tu es vivant, tu as une chance de te relever. Y a même du monde qui est là pour t'y aider. Et tu veux renoncer ? »
Il était en colère, et il ne savait plus contre qui. Ils étaient dans un village ninja. Censés être prêts à mourir pour la République. Mais le problème était bien là.... Seitô n'avait pas frôlé la mort pour aider son village, servir la République ou pour une quelconque autre raison. Il s'était retrouvé dans cet état pour avoir subi un coup de son propre Hokage, dans l'enceinte de son propre village. Pas dans une mission, sous les coups d'un ennemi mais sous celui d'un homme en qui il était censé avoir toute confiance, dans un lieu où il aurait du pouvoir se sentir légitimement en sécurité. Et c'était cruellement injuste.
Il eut un rire sans joie lorsque le Uzumaki baissa la tête et lui demanda si c'était tout ce qu'il avait à lui dire. Autrement dit : dégage.
« Ouais, c'est tout ce que j'avais à dire ouais. »
Il avait beau être en colère, il ne comptait pas laisser le Uzumaki dans cet état sans rien faire. Si lui avait échoué, il irait voir quelqu'un susceptible de convaincre cette tête de mule. Mais il ne pouvait pas partir et garder pour lui les pensées suicidaires du roux alors que celui ci ne semblait pas du tout avoir changé d'avis. Il fit un pas vers la porte, s'arrêta puis regarda, pour peut-être la dernière fois, par dessus son épaule :
« J'ai la rage. Contre l'homme qui t'as fait ça. Contre tout le monde. Je n'arrive pas à comprendre comment on a pu en arriver là. Et je sais pas ce que je dois faire. »
Il était fatigué. Il reprit sa marche vers la porte, sans savoir si Seitô allait reprendre la parole, ne serait-ce que pour l'insulter à nouveau, où si seul le silence lui répondrait.