Les secrets de l'irou-jutsu

La cellule de Kazami n'était pas la plus petite. Elle contenait un lit qui ne semblait pas si moisi, une chaise et même un bureau. La rouquine était surprise par tant de confort. Malgré tout, elle était assise par terre. Le contact de la pierre froide lui rappelait ses aventures à l'extérieur. Adossée contre le mur, elle scrutait le plafond, à moitié dans ses pensées. Quelques cliquetis de métal la ramenaient parfois à la réalité. Elle était prisonnière. C'était étrange de se retrouver de l'autre côté.
Kazami se sentait en paix. Elle était rentrée à la maison. Dans son village. Celui qui comptait temps pour elle. Autrefois, elle pensait que l'Hokage était l'incarnation de l'âme de Konoha... Mais elle avait eu tord, elle le savait à présent. Aveugle, elle avait suivit Gekido jusqu'au bout du monde. Elle avait tué pour lui, mentit pour lui ... Et voilà où tout cela l'avait emmener. A repenser à lui, son coeur se serra. Immédiatement, son bras emballé dans ses bandages lui fit mal. Une blessure causée par le démon qu'elle n'était pas prête d'oublier. Elle avait tenté de l'aider, de le sauver ... Mais, même elle, maîtresse de l'irou-jutsu et du fuinjutsu, n'avait pas pu sauver Gekido, l'homme de sa vie, de ses propres démons.



Une larme coula délicatement sur sa pommette. Jamais il ne la pardonnera. Mais Gekido était trop instable pour prendre son rôle de père. Trop dangereux. Et Kazami était fatiguée. Elle s'était déjà tellement battue ...
Plic, ploc. Des bruits de cliquetis de serrures la sortit de son passé. Elle repensa à ce jeune genin qu'elle avait soigné, et le regard anxieux de son ami. "Admirable". C'est comme ça qu'il avait qualifié la kunoichi. Cela lui rappela lorsqu'elle était encore à Konoha, reconnue pour ses talents de maître en irou-jutsu. Et ce Kimino ... qui avait utilisé sa propre technique personnelle sur elle ! Elle sentait encore son chakra se déverser dans ses veines... Il avait tellement changé ... Kimino était fougueux, mais elle avait toujours réussis à le canaliser ... Là, il semblait sans but, seul à prendre des décisions qui le dépassent. Comment en était-il arriver là ? Kazami était tellement heureuse de le retrouver, alors pourquoi était-elle en colère ?
Plic, ploc. Des gardes s'approchèrent de sa cellule. Le Hokage avait promis sa libération, étaient-ils venus pour cela ? La rouquine se redressa. Ses cheveux étaient en bataille, ses bandages abimés, ses vêtements sales ... Mais son regard, perçant, attendait ses nouveaux visiteurs. La porte s'ouvrit, deux gardes entraient. Comme une automate, Kazami tendit ses poignets. Elle allait être emmenée ailleurs. Mais où ? Pour faire quoi ? La liberté semblait encore loin ...

Elle suivit silencieusement les gardes. Ces derniers l'emmenèrent dans une pièce, froide. On lui retira les menottes, ce qui la surpris légèrement. Un semblant de confiance était-il entrain de naître ? Face à elle, une vitre teintée. Qui s'y tenait derrière ? Kazami avait sa petite idée.

Les consignes entendues, le médecin en herbe avait quitté son professeur, afin de suivre le garde qui allait le conduire jusqu'à celle qu'il recherchait : Uzumaki Kazami. Malgré ce que Keisan avait pu lui dire, il ne comptait pas démordre du fait qu'il aimerait profiter de cette entrevue pour un peu plus la connaître. S'il ne pourrait pas discuter de tout ce qu'il voudrait, il allait cependant la voir à l'oeuvre, dans un cadre moins difficile que l'urgence de la dernière fois. Ne serait-ce qu'en passant avec, et en apprenant à ses côtés, le garçon pensait pouvoir se faire une idée un peu plus claire de la personne qu'il avait rencontré cet autre jour. Et pour ça, le vieil homme qui allait surveiller derrière sa vitre n'y pourrait rien.

Alors qu'il suivait ce garde, Kano ressentait de l'anxiété. Il attendait une occasion comme celle-ci, afin d'avancer vers la guérison de Seitô, et de la revoir, mais pour autant il n'était pas habitué à des situations comme celles-ci. Malgré le respect qu'il lui portait pour avoir sauvé son ami, Kano n'était pas dupe, et comprenait qu'elle était une criminelle de Konoha. Méritait-elle néanmoins de rester enfermée, alors que son talent pouvait être utilisé à bon escient ? Pour lui, il semblait évident qu'une personne aussi talentueuse dans les arts médicaux ne pouvait pas être une mauvaise personne. Peut-être plus une personne qui a fait de mauvais choix, au mauvais moment ; mais il ne pouvait être sûr de rien, ne la connaissant pas personnellement. Toujours est-il qu'après la promesse de libération de Kimino, et maintenant son autorisation pour aller la voir, il était possible que ce soit une première étape vers sa libération. Le Chikara devait donc faire en sorte que cette entrevue se passe pour le mieux.

Le garde emmena finalement le garçon au bonnet jusqu'à une salle froide. Il y avait déjà des personnes à l'intérieur, d'autres gardes, ainsi que Uzumaki Kazami. Depuis l'extérieur, le Kitto les surveillait également. La dernière fois, elle espérait le revoir, et lui de même. Au final, l'occasion s'était finalement présentée. Kano s'avançait un peu dans la salle, la saluant respectueusement en s'inclinant légèrement.



Le garçon avait prévenu Keisan, qu'il ne le priverait pas de formules de politesse, et de signes de respect envers elle.



En s'approchant, il lui tendit le dossier médical qu'elle avait rédigé, concernant la rééducation du rouquin, ainsi que les soins nécessaires à lui administrer.



À vrai dire, le garçon ignorait si elle était déjà mise au courant de la situation. Il savait maintenant de source sûre que Keisan et elle se sont entretenus un peu de temps avant qu'il vienne le voir. Néanmoins, il trouvait cela plus correct d'expliquer clairement la raison de sa venue ici. Le garçon la regardait dans les yeux, avec un air de détermination rare pour lui.

Si le veuf ne s’occupait pas lui-même d’escorter Chikara Kano dans les différentes étapes de préparation, c’était non seulement car l’ancien mercenaire n’en n’avait pas les compétences médicales, mais également car il se devait de mettre en garde la criminelle génocidaire. Les deux geôliers venaient de retirer les menottes de l’Eisei-nin quand le barbu approchait. Tendant une feuille reposant sur un support rigide, il y figurait toutes les procédures qu’elle devait respecter pour assurer le bon déroulement de l'entretien. D’autres étaient cachées, ne dévoilant pas entièrement la sécurité qui entourait la pièce. La rousse se devait de suivre un protocol comportemental, sans en connaître les raisons ni les conséquences, qu’elle pouvait imaginer nombreuses, de part son ancienne fonction de bras droit.



L’ex gardienne de Konoha qui avait été déchue par ses propres actes, était méconnaissable dans sa prestance, tiraillée sur ce qu’elle était devenue, en proie à ses échecs. Les tourments qu’elle s’infligeait étaient visibles sur elle.



Les sons étaient durs, protecteurs, sifflant d’une alarme à ne pas prendre à la légère, à la manière d’un serpent. Venin contre venin. Kazami n’avait encore rien vu de l’homme qu’il avait été, en dehors des murs. D’un espoir à peine escompté, le borgne n’aurait pas à redevenir celui qu’il a été. Ses attributions jusqu’ici et ses relations avec le chef et les membres de la section Rutô lui avaient permis de se tenir au courant sans y mettre les pieds. S’il avait franchis le pas, c’est car la situation l’exigeait. Le quagénaire était clair, sans donner de noms, il savait qu’elle avait abusé de la faiblesses de certains. Il lui était interdit de recommencer.

Finalement, Keisan entra dans la pièce. Son geôlier, celui qui lui posait les questions depuis son retour. Déjà avant les deux ninja ne s'entendaient guère -Keisan avait trop tendance à la défier-, mais maintenant c'était pire. Lorsqu'il pris la parole, elle tâcha d'être attentive. Elle tiqua sur le "Chikara". Avait-il fait exprès, de lui mettre un membre de ce clan sous son nez ? Etait-ce un test ? Pensait-il qu'elle avait à ce point si peu évolué?
Elle sentit dans sa voix encore plus de fermeté que lors de ses interrogatoires. Quelque chose de différent. Presque ... de la peur ? Quelles peurs pouvait-il avoir, avec de tels protocoles ... Il y avait quand même peu de chance qu'elle puisse faire quoi que ce soit. Mais qui est cet enfant qui mérite tellement d'attention ? Le sien ? Non ... Keisan était trop vieux pour être père .. peut-être grand père ? Kazami avait du mal à le voir tendre avec une femme au point de l'engrosser.



Et encore, les plus atroces étaient celles dont Keisan n'avait pas idée. Mais Kazami s'était acceptée comme cela. On ne peut changer le passer. Mais le futur lui, reste modulable ... comme cet "enfant" qui allait arriver..
Elle pris les affaires qu'on lui tendait et tourna sur les talons pour aller se doucher, "se rendre présentable" comme il avait dit. Elle n'avait rien contre une bonne douche chaude avant de se lancer dans l'enseignement.



Ce qu'il devait être énervé de dépendre d'elle de la sorte. La belle rousse avait le dos tourné à lui mais elle pouvait imaginer son visage tendu, les dents serrés. Elle se déshabilla, ouvrit le robinet de la douche ... glacée. Après s'être vêtu du nouveau linge, elle regagna la salle. Rapidement, une autre personne entra. Une personne qu'elle avait déjà vue. Il s'agissait du garçon qui lui avait amené son ami mourant avec Kimino.

Admirable. Avait-il dit.

Elle le toisa de haut en bas tendis qu'il s'inclinait légèrement en la saluant. Etait-ce Kimino qui lui envoyait cet élève ? Dans quel but ? Elle marcha lentement autour de lui alors qu'il se lançait dans les explications de sa venue. L'enfant blessé ... était donc toujours en vie ... Probablement grâce à ce .. Kano..
Lorsqu'il lui demanda si elle voulait bien être sa sensei, Kazami regarda la vitre teintée, comme si elle pouvait y trouver l'unique oeil perçant de ce vieux Keisan.



Depuis Kimino, Kazami n'avait pas eu d'autres élèves. Elle avait bien compris qu'apprendre deux-trois choses à ce genin serait son ticket de sortie. Mais elle savait aussi que si Keisan lui apportait un élève ce n'était pas pour le b à bas de l'irou-jutsu. Lui même était là pour voir les techniques secrètes de la rouquine. Elle détacha son regard de la vitre pour regarder le genin droit dans les yeux. Elle n'était pas menaçante, mais cherchait sur le visage du jeune apprenti toute trace de peur ou d'hésitation.



Kazami regardait le jeune genin. Elle avait hâte de voir sa réaction. Allait-il se laisser aller à la haine ? A la colère ? La vengeance ? A l'époque, à sa place, la rouquine se serait laissée allée. C'est ce qu'elle avait d'ailleurs fait.

Comme une boule dans son ventre s'était formée lorsqu'il lui avait expliqué ses intentions, ainsi que la raison de sa venue ici. Malgré tout ce protocole bien trop prudent à son goût qu'avait mis en place le vieil homme, il était toujours décidé à rester respectueux envers celle qui avait sauvé son ami. Sa première rencontre avec elle s'était faite dans des conditions pour le moins particulières, et là encore cela sortait de tous contextes ordinaires. Comment était réellement cette femme ? Cette question le taraudait.

Lorsque Kazami lui répondit, il eut comme froid dans le dos. Certes, il était au courant de cela... Il savait de quoi cette femme était accusée, et qu'elle était derrière le massacre de plusieurs membres de son clan. Même en étant au courant de cela, l'entendre de sa propre voix avait quelque chose d'intimidant... mais en même temps, cela le laissait sceptique. Son regard se tournait vers Keisan. Son professeur avait été clair : aucun autre sujet que la médecine ne serait toléré, alors pourquoi ne réagissait-il pas ? Il était impensable qu'il ait finalement accepté sa requête. Il était censé réagir dans ce cas de figure, à son plus grand désarroi. Et finalement, il n'en était rien ? Kano ne comprenait pas vraiment quoi, mais il avait l'impression que le borgne ne lui avait pas tout dit.

En repensant aux paroles de la prisonnière, il se reprit et lui refit face. Ce qu'elle lui disait n'était pas simple. Une véritable question de morale était en oeuvre ici. Accepter le passé, pardonner et avancer ? Ou bien accuser le passé, et sanctionner la coupable ? Le garçon baissait légèrement les yeux, les fermant pour réfléchir à cette question. Il était évident qu'il ne pouvait rester de marbre à ceci, mais pourtant sa décision était toujours la même.



Il s'avançait légèrement, la regardant dans les yeux.



Sa main se portait à son pendentif, souvenir de sa défunte mère.



En disant cela, il la regardait elle, mais aussi Keisan. Lui aussi devait réaliser certaines choses. C'était un risque à prendre, mais s'il ne voulait pas l'écouter tout à l'heure, il allait l'écouter maintenant. S'il souhaitait préserver le bien-être de ses deux élèves, il allait devoir commencer à considérer un minimum son avis.



Ravalant sa salive, il s'avançait vers Kazami, lui tendant sa main.

Kazami et Keisan avaient parfaitement conscience qu’ils avaient besoin l’un de l’autre. La conduite irréprochable de la criminelle comme le traitement sévère mais confortable du borgne n’étaient pas dû au hasard. La rousse avait le besoin de savoir son enfant en sécurité, le loisir de le voir et du temps à tuer. Le barbu avait une campagne tactique à mener et l’avenir de ses anciens élèves à repêcher. La gardienne déchue de Konoha allait bientôt comprendre pourquoi l’ancien régent protégeait tant le Chikara aux doigts d’or.

La tornade de feu de Konoha et le calme onirique formaient un ensemble, un duo qui portaient en harmonie la philosophie de paix que les Kitto défendaient. Les deux amis étaient l’incarnation de l’avenir du village. Un avenir incertains depuis l’intervention d’Uzumaki Kazami et Uzumaki Gekido. Quinze années de paix et de cohabitation remises en cause. La scène à laquelle l’ex-mercenaire assistait à travers la vitre teintée, chahuté par les tréfonds du monde et des Hommes, lui décrochait un fier sourire. Une joie égayée par l’espoir.



Dans la salle insonorisée, sa voix folâtre dénotait particulièrement avec son timbre de voix à l'accoutumée profond et posé. Les geôliers présents à ses côtés l’avait relevé, hochant la tête. Trop de mal avait été fait. Trop de malheur répandu. Le veuf portait le poids de l’indulgence. Son statut de chef de la communauté Kitto l’obligeait à jongler entre l’oubli, le pardon et le bannissement. Une balance gouvernée par l’éthique qui faisait de lui un juge salvateur ou excommuniant. Le borgne ne pouvait laisser les amnisties et les condamnations du passé perdent de leur sens, se faire détrousser de leur essence et se faire mortifier. Certains actes étaient impardonnables, même par le clan Kitto qui accueillait parfois d’anciens coupables à la sévérité variable.

L’ex bras-droit de Konoha avait franchis la ligne de non-retour. Seul un fou pourrait en affirmer le contraire. Uzumaki Kazami était une cause perdue malgré les remords qui la rongeait. Un fardeau dont Konoha ne savait que faire, enlisé dans les intrigues politiques et sociales. A ce titre, le borgne positionnait ses lèvres au-dessus des hauts-parleurs qui donnaient sur la salle froide, pour rappeler à la prisonnière sa condition :

Les parole de Kano résonnaient en Kazami. Chikara, Uzumaki, s'unir ? Elle avait tué des Chikara, c'est vrai. Mais certains étaient aussi ses amis. Qazea, Nakatsu ... avant qu'elle ne devienne bras droit et comprenne le complot, c'était ses amis aussi. Comme Seito et Kano. Leur innocence était éclatante. Pure. Elle pouvait presque la sentir. Kano se battait pour un monde meilleur, un monde de paix. Tandis que Kazami avait semé le chaos ...



Keisan fit sa petite annonce au microphone mais Kazami n'en tenu pas vraiment compte. Il avait toujours un plaisir à vouloir contrôler les choses, et Kazami avait appris à ses dépends qu'il valait mieux laisser couler que de l'affronter.



Il se faisait des films si Kano croyait que c'était possible par une simple rééducation. Kazami n'était pas connue pour mâcher ses mots, encore moins avec ses élèves.



La rouquine s'était arrêté de marcher. Elle se tenait face au genin, la vitre avec Keisan dans le dos. La kunoichi regardait Kano, simplement, pour voir sa réaction. En tant que ninja médecin, il était dur de voir souffrir ses amis. Et si leur lien était tel que Kano l'avait décrit, ce dernier allait lui répondre exactement la réponse qu'elle attendait. De toute façon, Kano était la clef. La clef à la récupération complète de Seito et la clef de la cellule de Kazami. Bientôt, sa fille et elle pourraient vivre ensemble.

La garçon se sentait étrangement calme pour la situation dans laquelle il était. Parler de ses idéologies, de sa mère, c'était quelque chose qui lui permettait de se libérer un tant soit peu. Il avait parfois ce besoin d'être entendu, et pas par n'importe qui. Malgré ce calme, une pointe d'appréhension était présente : il pensait qu'aborder un tel sujet auprès de Kazami, mais aussi de Keisan, pouvait provoquer de nombreuses réactions. Parler de la réconciliation entre Uzumaki et Chikara à la prisonnière qui avait tué tant de membres de son clan, c'était tout de même risqué, puisqu'il ne saurait prédire sa réaction. Et d'un autre, parler de la rédemption de Kazami était également un sujet sensible vis-à-vis de Keisan.

Néanmoins, en plus d'un besoin d'exprimer sa volonté, c'était également un bon moyen de jauger la situation. La réaction de Keisan, d'abord, lui semblait étrange. Lui qui avait incité pour ne pas qu'il parle d'autre sujet que la médecine, avait laissé Kazami, puis Kano parler. Non seulement il ne réagissait presque pas, mais en plus il souriait ? Derrière sa vitre, il ne put s'empêcher de le voir à l'oeuvre. Malgré tout son bon discernement, le borgne resterait une énigme sur certains points, mais il était convaincu que quelque chose de louche se tramait de son côté. Pour ce qui était de Kazami, il souhaitait simplement voir sa réaction. Elle avait dit qu'elle regrettait ses actes, et sa réaction concordait avec ce fait. Le garçon se confortait davantage dans l'idée qu'il fallait qu'elle soit pardonnée pour ce qu'elle a fait dans le passé, et qu'elle soit libérée. Son aide était précieuse, et avait plus de poids que le tort qu'elle avait causé. Pour la simple et bonne raison que l'avenir mérite plus d'attention que le passé.

En retour à ses paroles, le blondinet lui accorda un léger sourire.



Suite à quoi, Keisan finit enfin par les recadrer, leur demandant de se concentrer sur le sujet initial. Ce qu'il pouvait être barbant lorsqu'il s'y mettait... Ils avaient du temps devant eux, et il était toujours convaincu qu'il était nécessaire pour lui de mieux apprendre à connaître, et comprendre la personne qui allait lui enseigner, afin de parvenir à un résultat optimal. La femme devant lui reprit la parole, sans réellement réagir aux dires du Kitto. Dans un autre sens, la discussion revenait sur le sujet Seitô, de manière assez habile, ce à quoi le borgne ne pourrait rien dire. Ses paroles étaient tout de même un coup dur. Il se doutait bien que cette rééducation n'allait pas faire un miracle, et qu'elle n'était qu'une étape, mais l'entendre de vive voix avait un goût amer. Quand est-ce que ce malheur allait prendre fin ?

Jusqu'où était-il prêt à aller ? La question était là... mais la réponse lui semblait évidente.



Kano redressait son regard vers elle.



Il baisse les yeux, un air mélancolique sur le visage.



Son regard quittait le sol, afin de rejoindre celui de Kazami. Il avait encore beaucoup parlé, mais le sujet de Seitô lui tenait à coeur plus que tout, à tel point qu'il se négligeait déjà depuis bien longtemps maintenant.

Kazami écouta attentivement le genin. Il était donc près à tout ... Une telle amitié, Chikara et Uzumaki, devait être sauvée. Elle soupira un instant, laissant un moment sans bruits, puis répondit après avoir fait son choix :



Elle tourna le haut de son corps vers la vitre teintée, adressant ces paroles à Keisan :



Kazami reporta son attention vers Kano.



La rouquine se mis en garde face à Kano.



Kano allait-il tout donner pour pouvoir être présent pour son ami ? Bien entendu, le taijutsu était la 3e spécialité de l'ex bras droit du Hokage. Mais le but ici n'était pas de perdre ou de gagner, mais de tenir le plus longtemps possible. D'économiser son chakra et de l'utiliser à bon escient.
Kazami ne laissa pas le genin réfléchir trop longtemps et l'attaqua de sa paume droite.

Si Kano s'inquiétait quant à cette rencontre au départ, il était désormais complètement satisfait de la tournure de celle-ci. Comme elle lui avait expliqué, la rééducation seule ne suffirait pas à permettre à Seitô de reprendre une vie normale comme avant, avant de longs bons mois. Elle avait néanmoins une alternative, qui semblait comme tombée du ciel. Une fois de plus, la faiseuse de miracles le surprenait par son initiative. Une technique particulière qu'elle aimerait essayer sur lui ? Elle et lui allaient pouvoir le sauver. Il ne lui en fallait pas plus.



L'espoir renaissait enfin. Bien que le Chikara essayait tant bien que mal de garder en lui la foi de le voir sauvé un jour, il ne pouvait malheureusement pas s'empêcher de craindre que ce miracle n'arrive jamais, car ses progrès étaient encore insuffisants. Néanmoins, en cette journée, cette toute nouvelle opportunité qui se présentait était unique en son genre. Une opportunité qui ne se présentait qu'une seule fois, dans toute une vie.

Pour cela, elle demanda à Keisan l'aide de trois ninjas, possédant beaucoup de chakra. C'était comme cette nuit-là, où ils lui ont sauvé la vie ensemble. Sauf que cette fois-ci, c'était pour sa guérison... Et ce coup-ci, il aspirait à se rendre d'autant plus utile.

Il l'écoutait attentivement, elle le questionnait sur son endurance. Kano lui fit un petit sourire. Il n'était peut-être pas le plus dégourdi lorsqu'il s'agissait de se battre, néanmoins s'il y avait bien un point où il se savait plutôt bon, c'était lorsqu'il s'agissait de tenir sur la longueur, en dépensant du chakra. Il s'était longuement entraîné, et cela avait d'ailleurs porté ses fruits la dernière fois, lorsqu'il avait maintenu sa technique sur Seitô pour le maintenir en vie, pendant une assez grande et longue période. Et non seulement il était endurant, mais il avait également la volonté de ne pas lâcher prise, et donner tout ce qu'il avait pour cette cause. Il n'était pas encore parfait, mais se savait sur la bonne voix.



Il avait parlé avec une certaine fierté, mais son assurance se perdit bien assez vite lorsqu'il comprit où voulait en venir Kazami. Tenir... au Taïjutsu ? Mais, il était complètement à côté de la plaque sur ce domaine là.



Elle ne lui laissait guère le temps de s'exprimer, et l'attaqua d'aussitôt. Le coup parti et le heurta avant qu'il puisse essayer de se défendre ; il n'était pas assez rapide, et prit le coup directement au niveau de son torse, lui coupant brièvement le souffle. Suite à quoi, il se ressaisit assez vite, et se mit en garde. Kazami pouvait le voir, sa posture de garde était complètement imparfaite, trahissant de terribles lacunes dans ce domaine. Devait-il essayer de l'attaquer également ? C'était dangereux, il risquait de ne pas tenir le rythme. L'attaquer était synonyme de lui laisser une ouverture, et il s'épuiserait bien assez vite s'il tentait une attaque, et prenait un coup en contrepartie. Il risquait plus de s'épuiser en étant trop amoché, qu'en était trop épuisé...

Il n'était plus très confiant, mais regardait Kazami dans les yeux.



Il allait devoir faire preuve d'une grande volonté, pour suivre cette idée... Rester uniquement sur la défensive était un choix risqué, mais il ne pouvait décemment rien faire de mieux. D'une certaine manière, cet entraînement le stimulait. On lui demandait de faire ses preuves, et même si ce n'était pas de la façon qu'il imaginait, il était tout à fait prêt à relever ce défi. Les enjeux étaient bien trop grands.

La guérison de Seitô n’était pas pour maintenant. Le borgne le savait, ayant lu le dossier médical pour savoir s’il était viable, bien que n’ayant aucun retour d’expérience. La médecin rentrait enfin dans les détails. Se mettant de dos au Kitto, elle cachait la vision sur le genin. Les gardes à l’intérieur de la salle froide pouvaient intervenir à tout moment, aux aguets.



La criminelle avait peu de temps pour obéir. Elle savait à quoi s’attendre. Les deux Eisei-nin continuaient d’échanger. Kano en disait beaucoup sur l’état psychologique de la Tornade de Feu de Konoha. L’ancien mercenaire craignait que la génocidaire prenne avantage de cette information. Kazami lui quémandait trois ninja ou plutôt trois sources de chakra, sur un ton hardi. Elle souhaitait visiblement exécuter une technique énergivore, ses dires le confirmant. Dans le but d’augmenter l’endurance et la quantité de chakra que l’adolescent aux doigts d’or pouvait générer, un entraînement au taijutsu se profilait. Avant la moindre action, l’ex-régent intervenait :



Le tutoiement était donc de retour, elle connaissait comment marchait le veuf, d’égal à égal. La séance du jour continuait son cours, Keisan et son équipe toujours à l’affût. Le Kittodôno effectuait les autorisations de réquisition et d’intervention pour le lendemain, les ninjas concernés ne devraient pas en toucher un mot, leur sélection était primordial pour s’assurer leur silence, sans que cela concerne des personnes essentielles au fonctionnement de Konoha. L’apprentissage prenait fin, laissant l’ex-bras droit retrouver sa cellule et Kano repasser dans les salles intermédiaires de préparation. Fignolant l’administratif pour le lendemain, l’ancien sensei rejoignait l’élève.



Le borgne était tenté de lui préciser de bien dormir. C’était sûrement trop de considération pour quelqu’un qui n’avait été que rarement présent durant l’année derniére. Avec parcimonie, il préférait laisser cette idée en sous-entendue.



Les deux Konohajins franchissaient les lourdes portes scellées de la prison, qu’ils traverseraient à nouveau.

Comme elle s'y attendait plus ou moins, son coup atteignit sa cible. Bien qu'elle n'était clairement pas à ses capacités maximum, elle l'avait quand même touché. Son niveau était donc probablement nul. Cependant, il se redressa sans perdre espoir. Une lueur de courage animait son regard et Kazami ne pu qu'être impressionnée. Alors qu'elle contracta les muscles de sa cuisse pour son prochain coup, le père Keisan se mis à râler dans le micro. La rouquine soupira.



Pour qui il se prenait ? Pensait-il vraiment que l'entrainement allait consister en l'apprentissage des différents types de bistouri ? Elle perdait son temps ici. Avant que les deux konohajins ne partent elle fit :



Elle échangea un regard avec Kano. Keisan semblait être le seul facteur limitant à faire de lui son élève. Et probablement que Kano l'avait également compris. Qu'allait-il faire ? Allait-il affronter son sensei ?
Les gardes la raccompagnèrent à sa cellule, elle ne dit mot. Elle réfléchissait à tout ce qui venait de se passer, et surtout à ce qui allait bientôt se passer.