Le clan Chikara était le clan qui connaissait le plus de disparités sociales au sein du village. Certaines familles étaient puissantes, d’autres non. Certaines vivaient dans l’opulence tandis que d’autres se contentaient de survivre au gré des hivers. La famille de Shirona était aussi riche qu’elle était ancienne. Ses aïeuls ayant fait fortune dans l’industrie de l’armement, sa lignée a toujours été présente dans le jeu politico-militaire, imposant sa volonté à coup de liasses de billets posées sur la table. Ils étaient aujourd’hui érigés au rang de noble, un titre qui se retrouvait sans mal dans l’éducation de la jeune femme. En plus des cours à l’Académie, celle qui deviendrait la Sirène suivait des cours intensifs à la maison par des professeurs particuliers qui s’enchaînaient : que ce soit le ninjutsu ou le kenjutsu, l’économie ou la diplomatie, rien ne devait lui échapper. On avait cherché à faire d’elle une digne héritière.
Pourtant, Shirona n’était pas destinée à régner. Elle avait en effet deux grandes sœurs à la beauté toute aussi légendaire. Des jumelles qui choisirent elles aussi, non sous la pression des parents, la destinée de ninja. La relation entre les trois sœurs était plus ou moins… chaotique. D’un côté, les grandes ambitions de leurs aînés avaient engendré en elles un besoin continu de faire leurs preuves qui déboucha rapidement sur une certaine rivalité. Et de l’autre, on leur avait inculqué un sens important de la famille, renforcé par la tentative de génocide de certains Uzumaki. Comme leur grand-père aimait bien le dire, il n’y a que deux camps dans ce monde : la famille et les autres.
Ainsi, pour renforcer leurs liens, elles avaient pour tradition de dîner une fois par semaine toutes ensemble. Ce rituel était devenu une occasion pour commenter l’actualité et remplir leurs porte-monnaie d’une denrée plus précieuse que l’or : les ragots.
Ce soi(-là, Shirona arriva dans leur luxueuse demeure avec plus d’une demi-heure de retard. Elle se hâta à l’entrée d’enfiler des chaussons d’intérieur et retrouva ses sœurs attablées au jardin. En s’approchant d’elles, elle s’inclina respectueusement.
« Onēsan. Je suis désolé pour le retard... Une affaire importante m'a retenu au Ministère. »
Shirona aimait bien frimer sur le fait qu'elle était certes plus jeune qu'elles mais elle avait déjà plus de responsabilités au sein du village. Elle sourit malicieusement et s'assit à son tour. Sur la table était présente une multitude de plats traditionnels au clan Chikara.
« Je vois que la gouvernante n'a pas perdu l'habitude de nous commander à manger comme si elle devait nourrir cinq ogres... »