Atelier de perfectionnement

Ce jour-là était une journée particulière pour le jeune garçon. Pas d'entraînement de prévu ; après tout, son sensei était porté disparu depuis quelques mois déjà. Pas de coups de cailloux à ses volets non plus, car son meilleur ami était occupé ailleurs. Et pas de missions barbantes, lui demandant de retrouver le petit chat perdu de la Mère Michelle. Non, rien de tout ça. Ce jour-là, c'était grasse mat'. Il n'avait rien à faire, alors il n'allait rien faire. Rien à faire, n'est-ce pas ? Du moins, c'est ce qu'il pensait.

Alors qu'il dormait paisiblement, alors que l'heure du midi approchait dangereusement, il entendit quelques coups à sa porte. Quatre coups, ce n'était donc pas Seitô. Et puis, c'était la porte de sa chambre, donc aucune chance. Il ne pouvait donc s'agir que de son père. C'est pourquoi il se retourna dans son lit, et mit son oreiller sur la tête. Il le voyait bien venir celui-là. Il allait sans doute lui dire quelque chose comme : « Ohlala, c'est pas bien de dormir toute la journée. Vu que tu n'as rien à faire, je vais t'apprendre une super technique de ton clan, que tu dois maîtriser avant ce soir. » Le début des emmerdes arrivait... C'est pourquoi il ne répondit pas aux coups à la porte.

Quelques secondes de latence plus tard, il retapait à nouveau, mais ce coup-ci en s'exprimant.



... Oublié ? Le garçon levait la tête d'en-dessous de son oreiller.




Il y eut un moment de silence.



Il l'entendit son père dire quelque chose du genre que c'était le cas de le dire, mais l'ignora et se prépara en vitesse. C'est vrai que Matsuo lui avait demandé de passer chez lui dans la matinée, car il voulait apparemment lui montrer quelque chose de super important, dont il était fier. Comment avait-il pu oublier ça ? Il faut dire que les occasions de faire des vraies grasses matinées étaient devenues de plus en plus rares depuis qu'il fricotait avec la tornade de feu de Konoha... qu'il chérissait chacune de ces occasions. Se préparant en vitesse, il ne trouva ni le temps de manger, ni de réellement se coiffer. Douche rapide, lavage de dents, il chopait les premiers vêtements qu'il lui passait sous la main, et se précipita chez son cousin sans prendre la peine de saluer son père, ni de le remercier. Toujours aussi compliqué entre ces deux-là...

C'est épuisé qu'il arrivait devant la maison de sa grand-mère, là où l'attendait sans doute Matsuo.

Il toquait à la porte, d'un rythme pressé, comme si la pression de la course n'était toujours pas redescendue. Quel réveil de merde tout de même, il n'avait pas eu sa petite heure ou plus de confort dans son lit avant d'en sortir.



Il attendit un peu que son cousin lui ouvre, et lorsqu'il le fit, sa première réaction fut de s'incliner devant lui, les yeux fermés.



Sacré Kano... Ce n'était clairement pas la première fois qu'il lui faisait le coup. Son cousin pouvait savoir sans trop de soucis que la ponctualité, surtout le matin, lui faisait terriblement défaut.

Depuis qu’Hinae avait appris au jeune Chikara à se servir de son chakra pour générer des fils de chakra invisibles afin de pouvoir manipuler les pantins Matsuo n'avait plus qu’une obsession : construire sa première marionnette de combat. Choix peut-être un peu étrange quand on savait que les marionnettes ne devaient être utilisées que pour faire le bien, le Chikara avait seulement une conception différente dd la paix. Ou du moins, de la façon de l’apporter au monde.

Depuis, le chikara roux avait laissé tomber son hygiène de vie irréprochable pour se concentrer uniquement sur sa tâche. Ses nuits étaient devenues courtes, tout comme le temps qu’il passait à s’entraîner. Il devait cependant continuer à aider Dame Michyio, la vieille femme qui l'hébergeait.

En parlant d’elle. Le jeune garçon avait totalement rénové le sous-sol de la maison. Celui-ci était totalement délabré mais le genin en avait fait une véritable usine à marionnette. Ici un atelier de bricolage, là un établi d’alchimie, au-fond tout ce dont il avait besoin pour coudre les vêtements de ses futurs pantins ... il avait vu les choses en grand, c’était certain. Pour le moins toutes ses économies y étaient passées et même plus, il aurait des dettes à rembourser pendant un moment ... et ce n’était pas sa misérable paie de genin qui allait résoudre ce problème-ci.

Le genin avait aussi besoin de bois. De beaucoup de bois. Au début il avait eu de nombreuses déconvenues en coupant du bois, rentrant tous les soirs avec des échardes plein les mains, les muscles brûlants, épuisé. Depuis il avait manqué de se couper les mains à la scie ou de se planter des clous, dans les mains toujours. Le métier de charpentier du dimanche n’était pas de tout repos !

Mais enfin, après des semaines et des semaines d’efforts il était parvenu à fabriquer son premier pantin de combat : Hamaki, le pantin bombardier. C’était une marionnette lourde de grande taille. Ainsi il avait de nombreux mécanismes, de pièces et d’articulations et pour les recouvrir le genin avait brodé une espèce de grand drap pour recouvrir tout ça, il l’avait brodé aux couleurs du clan Chikara.

Extrêmement fier du résultat il voulait le montrer à son cousin Kano avant que quiconque d’autre ne le voit. Aujourd’hui c’était le grand jour et Kano avait du retard ! Et lorsqu’il se pointa enfin devant la porte de sa grand-mère il ne put résister à la tentation de lui faire une blague de très mauvais goût. Il rentra dans le coffre de sa marionnette lourde et ouvrit la porte. Et quand Kano lui servit des excuses bidon il fit s’ouvrir la bouche d’Hamaki, révélant un mécanisme contenant des senbons. Heureusement ils étaient encore dans leurs emplacements respectifs. À l’intérieur il poussa un gémissement, gémissement qui fut déformé par le lourd châssis de bois et se transforma en une plainte macabre qui semblait poussée par un monstre de métal ...

Le garçon s'était aussitôt excusé, sans prendre la peine de voir s'il s'agissait bien de Matsuo devant lui. Après tout, il s'en voulait d'être systématiquement en retard, toujours pour la même raison en plus. Il appréciait beaucoup son cousin, et il ne voulait pas qu'il pense le contraire, ou qu'il s'embrouille avec lui. Néanmoins, là n'était pas le sujet, car le blondinet avait un autre problème à gérer, lorsqu'il releva finalement la tête.

Cela faisait longtemps que Kano n'avait pas vu son cousin, mais il ne s'attendait certainement pas à ce qu'il allait voir derrière cette porte. Alors que la porte s'ouvrit devant lui, un monstre se tenait juste sur le palier. Une créature imposante, faite de bois et de métal. Et il n'y avait aucune trace ni de sa grand-mère, ni de Matsuo. La bestiole ouvrit la bouche, laissant apparaître une sorte de mécanisme avec des senbons.



Ni une, ni deux, le Genin prit peur, et se jetait sur le côté dans le petit jardin, roulant par-dessus quelques fleurs. Sa grand-mère lui excusera d'avoir saccagé quelques unes de ses plantations... enfin, si elle était toujours en vie. Si un monstre comme ça se baladait dans la maison, c'est que peut-être sa grand-mère et Matsuo étaient... non, il ne pouvait le croire. Cela ne pouvait pas être vrai... mais il devait s'en assurer pour autant.

Ses jambes tremblaient de peur, alors qu'il s'était caché derrière un arbre. Comment pouvait-il passer le seuil de la maison avec ce truc en plein milieu. Bien qu'il était caché, il savait que la créature l'avait vu y aller. Elle le savait là-bas, mais il était protégé de toute tentative de jets de senbons, ou autre fourberie.



Sa voix trahissait une peur et angoisse non dissimulée, si bien qu'il ne parvenait à terminer sa phrase. Que devait-il faire dans ce genre de situation ? Et puis d'abord, c'était quoi cette chose ! Il avait beau essayer de réfléchir de manière rationnelle, la peur avait complètement pris le dessus sur ses capacités de réflexion. Tout ce qu'il voulait, c'était trouver un moyen de se débarrasser de ce monstre, et de retrouver son cousin et sa grand-mère. Peut-être pourrait-il tenter de passer par l'arrière ? C'était une solution... mais il devait avant toute chose s'assurer de détourner l'attention de la chose mécanique. Et étant donné qu'il était seul, ça risquait d'être compliqué...

Le blondinet pas très courageux voyait déjà sa courte vie de Genin se terminer aujourd'hui.

Matsuo ne pouvait s’empêcher de sourire à l’intérieur du pantin. La réaction de Kano était hilarante de son point de vue. S’il avait vraiment été un ennemi il aurait sans doute eu le temps de tuer Kano une ou deux fois. Mais pourquoi pensait-il à ça c’était horrible ?

Il secoua la tête pour chasser ces pensées et lorsqu’il reprit ses esprits il vit Kano saccager les plantes de Dame Michiyo. Aïe ! La vieille dame n’allait pas être contente ! Elle serait sans doute furieuse. Matsuo se mordit la lèvre inférieure, sa blague allait-elle trop loin ? Tout ceci était cruel pour Kano, qui devait avoir la peur de sa vie.

Toutefois, lorsqu’il exposa sa peur planqué derrière un arbre Matsuo ne put s’empêcher de pousser la punition encore plus loin. Il déclencha son mécanisme de lancer de senbons dont tous les projectiles se plantèrent dans l’arbre. Kano devait vraiment se faire dessus !

Il fit avancer sa marionnette et en même temps il lui fit lever son bras gauche qui finit par se fendre en deux pour propulser une multitude de projectiles en forme de petites boules sur l’arbre de Kano. Au contact de l’écorce les boules se brisèrent pour laisser s’échapper un liquide visqueux vert tout autour de l’arbre. Ça aussi il allait falloir qu’il l’explique à Michiyo ... Tant pis.

Kano devait vraiment être paniqué mais Matsuo était déterminé à lui donner une bonne leçon. Ça allait lui apprendre à être systématiquement en retard, tiens ! Il continua à avancer et dit avec sa voix déformée :

Alors que le jeune garçon cherchait désespérément à retrouver son calme, afin de commencer à réfléchir avec discernement au sujet de cette situation, pour la moins exceptionnelle, il entendit plusieurs chocs sur le tronc d'arbre. Une multitude de senbons s'étaient plantés dans l'arbre, et la peur sur le coup lui fit perdre l'équilibre de ses jambes. Le jeune garçon était maintenant un ninja depuis quelques temps, malgré lui, mais en absence de son sensei, il se retrouvait très souvent livré à lui-même, avec son coéquipier rouquin. En d'autres termes, il n'avait progressé que dans ce qui l'intéressait réellement, à savoir la médecine et ses capacités sensorielles, et il n'a jamais participé à une mission un minimum importante ou dangereuse.

Il n'avait également jamais combattu, si on omet l'entraînement avec son professeur où il n'avait pratiquement rien fait. C'était donc là son premier affrontement, et il était tout seul... Le cul sur le sol, adossé à l'arbre, sa respiration se faisait de plus en plus lourde et rapide. Il avait peur. À cet instant, il donnerait n'importe quoi pour disparaître, se faire oublier, ou qu'on vienne voler à son secours.

Une deuxième attaque arrivait, projetant sur l'arbre des boules verdâtres qui explosèrent, répandant un liquide d'une même couleur sur le tronc, mais aussi tout autour. Kano s'en prit un peu sur les manches, mains et pieds. Il ignorait ce que c'était... quelque chose de gluant ? Il n'en savait trop rien, mais n'avait pas vraiment le temps d'y réfléchir, car le bruit des pas se rapprochait dangereusement. C'est ainsi que sa vie allait se terminer... ? Réfléchis Kano, réfléchis...

Alors qu'il essayait de se reprendre, la créature reprit la parole, et l'acheva rien qu'avec cela. Comment connaissait-il son nom ? Et puis... mourir, lui aussi ? Est-ce qu'il voulait dire par là qu'il les avait... tué ? Le garçon tremblait, de peur, de haine et de colère, mais aussi d'une profonde tristesse. S'il était arrivé à l'heure, il aurait peut-être pu les aider... mais c'était trop tard maintenant.

Le garçon se relevait, et sortit de sa cachette.



Ses mains se crispaient. Ce mélange de colère et de peur lui était désagréable, mais lui avait permis d'au moins se relever. Il ne pouvait pas s'enfuir, car il avait l'avantage de la distance, et qu'il avait peut-être encore une chance de les sauver. Il allait devoir... l'attaquer ? Jamais le ninja médecin s'était retrouvé dans une telle situation. Et pour combattre, il ne pouvait compter que sur une seule technique.



Le garçon maîtrisait mal cette technique dans l'optique d'un combat, mais c'était malheureusement sa seule et unique véritable arme... Des fils de chakra sortaient de chacun de ses doigts. Sans réelle hésitation, il passait au combat. Si d'ordinaire, Kano était d'un ordinaire très calme et réfléchi, l'utilisation de ses capacités de combat laissaient cruellement à désirer. Il n'avait rien d'un combattant, il espérait simplement qu'un miracle se produise. Avec ses fils, il essayait de gênait l'utilisation de l'un de ses bras avec les fils de sa main gauche, puis attaquait de son autre main le corps de la créature, cherchant à faire claquer ses fils tels des fouets. Il ignorait s'il parviendrait à mener son attaque à bout, mais il n'avait pas réellement conscience que sa technique était ridicule offensivement parlant... du moins, comparé au mastodonte devant lui.

Soudain Kano eut l’air de prendre son courage à deux mains en sortant de derrière l’arbre où il s’était mis à l’abris. Il utilisa même le eito no jutsu. Matsuo connaissait bien ce justu, il l’avait fait évolué deux fois, la première avec le Katon pour faire des fouets de feu et une seconde pour créer ses fils de marionnettiste.

Kano agitait ses fils dans tous les sens mais en réalité l’usage qu’il fit des fils fut plutôt intelligent. En immobilisant son bras droit il l’empêcha d’envoyer de nouvelles grenades gluantes. Quant au fouet ... face au châssis de bois et métal il est inutile de préciser que ça n’eut aucun effet.

Matsuo décida d’en terminer avec une dernière technique. Il fit lever son bras disponible à Hamaki et comme auparavant celui-ci se fendit en deux.

-Meurs !

Soudain il y eut un clac et un grand éclat de lumière. Matsuo venait d’envoyer une grenade flash, celle-ci était totalement inoffensive mais la peur combinée au flash blanc pouvait peut-être lui faire croire à la mort.

Une fois l’aveuglement dissipé Matsuo décida qu’il était temps d’en finir avec cette bête plaisanterie. Riant presque aux larmes il sortit de la marionnette :

Ses espoirs partirent en fumée, lorsqu'il vit ses fils frapper la créature, et que cela n'eut aucun effet. Sa seule attaque, qui lui aurait permis peut-être de gagner cette affrontement était... inefficace ? Il allait y passer. Kano regardait le monstre avec un regard qui ne laissait plus que transparaître sa peur, et sa faiblesse. Il allait sans doute y passer, et cela se confirmait lorsqu'il vit son autre bras se fendre en deux, et entendit la voix déformée lui crier un « Meurs ! ». Une grande lumière blanche l'envahit.



Il ne voyait plus rien, complètement ébloui par cette lumière. Il n'avait rien ressenti. Aucune douleur, aucun choc. Ce monstre l'aurait-il tué... sur le coup ? C'était la seule explication logique après ce qu'il venait de se passer. Comment une journée aussi normale que celle-ci avait-elle pu virer au cauchemar... Le jeune Genin allait mourir, en même temps que son cousin, ainsi que sa grand-mère... Il se sentait désolé. Il se sentait faible. Mais curieusement, il était surpris de voir que la mort se faisait sans douleur... peut-être n'avait-il pas eu le temps de souffrir ? Ou ne l'avait-il pas ressenti... ?

Il ignorait à quel moment, mais ses jambes lui avait refait le même coup, et il était tombé à la renverse sur le sol. Peu à peu, la lumière se dissipait, et ses yeux recouvrèrent la vue. Il n'était pas... mort ? Péniblement, il regardait autour de lui, se frottant les yeux à de multiples reprises. Il entendit une voix, familière. Celle de Matsuo.



Lentement, ses idées se replacèrent petit à petit à leur place, et il finit par comprendre ce qu'il s'était réellement passé. Il était actuellement à terre, devant son cousin, et le monstre de tout à l'heure avait le corps ouvert. Est-ce que par hasard, c'était lui qui pilotait cette chose... ? Et il avait fait exprès de lui faire peur comme ça ? Il riait ?



Il se redressait, s'avançant vers son cousin. Il aurait pu le taper, le bousculer, l'insulter. Mais à la place, il le prit simplement dans ses bras.



Derrière son apparence très calme et peu expressive, se cachait une véritable cœur en mousse lorsque ses émotions étaient piquées à vif. Il restait un moment ainsi, puis séchait ses larmes et se reprit.



Il observait la créature, maintenant ouverte. Le blondinet était à la fois intrigué par l'origine de ce monstre, mais aussi avait bien envie de donner un coup de poing dedans, s'il ne risquait pas de se fouler le poignet en le faisant.

Matsuo n’en pouvait plus, il riait tellement que des larmes coulaient de ses joues. La réaction outrée de Kano ajoutait encore à son hilarité, il n’arrivait même plus à respirer :



Il commença cependant à remettre les pieds sur terre quand Kano lui montra à quel point il avait été ému en pensant le perdre lui et Michiyo. Matsuo était loin de penser que Kano tenait à ce point à lui. Il prit une bouffée d’air, lui rendit son accolade et dit :





Il s’efforça ensuite de consoler son cousin du mieux qu’il put. Il était partagé entre deux sentiments. Premièrement il était content d’avoir donné une bonne leçon à son cousin mais en même temps il se sentait un peu coupable, un tout petit peu coupable. Il ne s’attendait pas à cette réaction de la part de Kano, il avait sans doute dû aller un peu loin, oui, c’était ça l’explication, il était allé trop loin. Il s’efforça ensuite de répondre à Kano, une lueur de fierté dans l’oeil :



Il agita ensuite ses doigts. Le coffre qui l’abritait se referma dans un vif claquement et la marionnette se tourna vers Kano en tendant sa main droite. Devant la mine perplexe, voire effrayée de l’autre Chikara il cru bon d’ajouter :





Il constata ensuite la bazar qu’il avait mis dans le jardin d’ordinaire si bien agencé de Dame Michiyo. Elle va me tuer en voyant ça.

Quelle étrange sensation... le garçon était entre la joie de le voir en vie, la peur de ce qu'il venait de se passer, et l'envie de le frapper pour ce qu'il lui avait fait. D'autant plus qu'il n'aimait vraiment pas laisser parler ses émotions, et se fondre en larmes ainsi lui était désagréable. Mais bon... Il préférait apprendre que ce n'était qu'une blague, plutôt que d'aller le rejoindre dans l'au-delà. D'autant plus que son cousin lui demandait de le pardonner, puis tentait de le consoler.



Le garçon détournait légèrement le regard, légèrement malaisé par cette situation. Au moins, il saurait dorénavant qu'il ne devait plus jamais arriver en retard à un rendez-vous avec lui...

À son interrogation, son cousin répondit, et fit les présentations. Un pantin de bois, qui s'appelait Hamaki ? Un pantin de bois... genre une marionnette, mais version géante ? Le Chikara le regardait d'un air un peu hésitant, se souvenant encore de ses multiples aiguilles et bombes qu'il lui avait lancé, ou encore cette lumière aveuglante. Il le contrôlait... ? Complètement, il espérait...

Le garçon au bonnet ne savait pas vraiment comment réagir, encore sous le choc de ses émotions. Dans un sens, il était terrifié, mais d'un autre il était fasciné. S'il disait vrai, qu'il le contrôlait vraiment, alors c'était quelque chose d'incroyable ! Et c'est lui qui l'avait construit ? C'était donc pour ça qu'il n'avait pas eu beaucoup de nouvelles récemment... tout prenait forme dans sa tête. C'était donc pour ça qu'il l'avait invité, il voulait le lui montrer !



Il y avait néanmoins quelque chose qui le préoccupait. C'était bizarre de se présenter à un... pantin. S'il comprenait bien, ce n'était qu'une création de bois et de métal, alors cela n'avait pas de conscience. Était-ce rationnel de se présenter, et de converser avec du... bois ? Il repensait à la terreur qu'il lui avait faite un peu plus tôt, et eut comme un frisson dans le dos qui le poussa à être irrationnel.



Si ça c'est pas le début d'un traumatisme...

Son cousin continua, et il fallait dire qu'il avait bien raison... Son jardin était dans un sale état.



Facile à dire, maintenant qu'il n'y avait plus de monstre voulant attenter à sa vie. Au pire pour les fleurs, ils n'auraient qu'à dire que... ils improviseront !



Histoire de savoir combien de temps ils leur restait.

Finalement Kano n’avait pas trop l’air traumatisé. Ce dernier posait même tout un tas de questions quant à la conception du pantin et à l’intérêt soudain de son cousin pour les marionnettes. Ce à quoi le Chikara roux répondit :



Matsuo s’empressa de ramasser tous ses senbons pour les remettre à leur place dans le mécanisme buccal de la marionnette. Pendant ce temps là Kano s’arrangeait tant bien que mal pour camoufler les dégâts subits par les fleurs et autres plantes en tous genres. Enfin ils lavèrent à grandes eaux le liquide gluant répandu par les bombes gluantes. À peine eurent-ils finis que la porte de la maison claqua :



L’adolescent quitta le jardin, accompagné de Kano et d’Hamaki pour se diriger ensuite vers le hall d’entrée où était Michiyo. Prenant l’air le plus innocent du monde Matsuo demanda :



La vieille dame lui répondit puis se mit à parler avec Kano pendant un moment. Puis elle s’inquiéta de la raison de sa visite. Matsuo expliqua :





Tout comme Kano la vieille femme passa tout près de l’attaque mais puisque c’était son protégé qui l’avait construit elle craignit un peu moins pour sa vie et la surprise fut vite dissipée. Ensuite le rouquin proposa à Kano :



Ne laissant la vraiment à Kano le temps de répondre il le traîna jusqu’au niveau inférieur de la maison et lui fit la visite de son atelier, négligeant rien. Matsuo était fier de montrer ça à quelqu’un et encore plus à son cousin. Il avait quasiment tout fait lui même, des pièces de bois jusqu’aux bombes en passant par le brodage du tissus qui habillait le pantin. Seules les pièces métalliques avaient été commandées au forgeron du coin.

Le marionnettiste revint ensuite sur la précédente question de Kano quant à son intérêt soudain pour la manipulation des pantins.



Surprenant un regard inquisiteur de la part du shinobi au bonnet il précisa :







Matsuo était très fier de ça. C’était assez satisfaisant que de se dire qu’on était pionnier dans un domaine.

Sur le coup, son cousin avait raison. Ils auraient tout le temps d'en discuter, une fois qu'ils auraient réparé leurs bêtises. Enfin, leurs bêtises... plutôt celles de Matsuo. Là pour le coup, Kano ne se sentait pas un instant coupable de ce qui était arrivé dans le jardin, son seul crime étant d'avoir roulé dans ses fleurs... mais il pensait qu'il allait mourir après tout ! Dans ce genre de situation, on a généralement pas le temps de penser à des futilités comme la survie de pauvres petites fleurs... Et heureusement qu'aucun Kirishitan ne savait lire dans les pensées du jeune garçon à ce moment-là bien précis.

Ni une ni deux, les deux garçons s'occupaient de remettre en état le jardin, lorsque sa grand-mère arriva. Lorsqu'il l'entendit, il observa les alentours, voyant si tout le travail avait bien été accompli. Parfait, à quelques petites exceptions... plus de senbon, plus de substance gluante... seulement quelques fleurs irrécupérables. Faites en sorte qu'elle ne le remarque pas, ou bien qu'elle accuse la chaleur d'avoir tué ses fleurs, pensait-il à ce moment-là.

Matsuo discutait avec la grand-mère de Kano, et lui expliqua que sa sortie s'était bien passée, qu'elle avait pu acheter ce qu'elle cherchait et qu'elle avait même croisé quelques unes de ces copines. En entendant cela, Kano comprit bien assez vite qu'elle devait être partie assez tôt, car quand elle commence à parler à ses copines... elle ne s'arrête pas. Surtout lorsqu'elles se mettent à parler de sujets passionnants, comme le temps qu'il fait.

Elle rapporta son attention sur Kano, et s'approcha de lui.



Toujours cette même rengaine... il allait bientôt avoir le droit au "Tu devrais passer plus souvent...".



En plein dans le mille, trop facile.



Matsuo pouvait avoir une impression de déjà-vu... Elle s'approchait de lui, il lui embrassa le front. Le garçon eut un frisson, et grimaça très légèrement... il n'aimait toujours pas ça, et ça le gênait, surtout devant son cousin.



Suite à quoi Matsuo lui présentait également sa création, et la vieille dame semblait à la fois intriguée, mais aussi admirative. Puis, il lui proposa de descendre au sous-sol, son atelier.



Et en effet, il y avait eu du boulot. Tout le sous-sol avait été emménagé pour en faire un véritable petit atelier. Enfin, petit n'était pas vraiment le terme ici. Et rien qu'avec ça, il était réellement surpris.



Il écoutait ensuite son cousin lui raconter un peu d'où lui était venu cette subite passion. Un coup de foudre dans les romans ? Une femme ? Une tentative désespérée d'éviter tout quiproquo, et un retour au sujet initial soudain ? Kano n'y connaissait pas grand-chose... mais il semblerait, selon lui, que par-delà son attrait pour les marionnettes, qu'il y avait peut-être quelque chose d'autre, peut-être plus en lien avec cette femme. Il écoutait son histoire, et il apprit son nom : Hinae. Apparemment, elle lui aurait même dit qu'il était doué, et Matsuo ne s'en cachait pas. Un sourire à peine espiègle sur le visage, il lui donnait un petit coup de coude.



Il le regardait dans les yeux, et ria ensuite. Oh, il lui devait bien ça pour la frayeur qu'il lui a faite tout à l'heure ! Une fois calmé, il reprit son sérieux, observant plus en détail son atelier, et ses marionnettes.



Puis son regard se tournait vers Hamaki.



Il le regardait ensuite, semblant réfléchir.



Lorsque la marionnette s'était ouverte tout à l'heure, il n'avait pas eu l'impression qu'il y ait pensé... Il devait penser à son confort personnel. Et pour ça, Matsuo avait en face de lui un véritable expert en la matière.