La pêche à la sirène.

Un long bâillement étirait mon faciès dans toute sa longueur. Être enfermé depuis des lustres dans ces cages humides et lugubres ne m'avait pas fait perdre mon flegme si caractéristique. Beaucoup de choses avait peut-être changé dans mon esprit, notamment sur la vision du monde et sur l'être humain dans sa globalité, mais une chose n'avait pas changer, c'était le manque de motivation dont je faisais preuve. Pourtant, aujourd'hui, était un jour particulier, au-delà du fait qu'on allait enfin me retirer ces foutues chaînes métalliques qui brisaient mes poignets à petit feu, c'était en ce jour que je faisais le grand saut dans un monde dont je ne connaissais quasiment rien, celui des combats d'arènes. Des combats, j'en avais fait un bon nombre dans ma vie, sang de Kaguya oblige, pourtant, ils étaient tous dans un cadre bien spécifique : une mission, un duel d'honneur entre membres du clan, interception de malfrats ou autres entraînements basiques. Aujourd'hui, c'était bien différent, deux animaux en cage, luttant, non pas pour leur liberté, mais pour leur estime de soi et leur ego, allait offrir un spectacle ridicule aux spectateurs avide de violence gratuite.

Ridicule, c'était bel et bien le terme. Nous étions réduits à l'état de simple pantin du divertissement, seulement bon à s'écorcher vif pour le plus grand plaisir d'une foule nous considérant comme des parias, comme des monstres. Pourquoi avoir accepté me direz-vous? Car je n'en reste pas moins un homme brisé, un homme écorché, et mon ego à besoin d'être réparé et de regagner de sa superbe. En parallèle à cela, suite à ma rencontre avec cette jeune fille à l'intérieur de ma cellule sombre et crasseuse, elle m'avait fait comprendre que de tel combat apportait peut-être un léger gain de confort et d'humanité à ma condition de prisonnier. Bien que me produire en bête de foire ne m'enchantait guère, un peu de confort, ne pouvais se refuser après tant d'années enchaîné.


Habillé de tissus déchirés et d'une saleté dépassant l'entendement, de nombreux gardes m'accompagnèrent aux portes de l'arène, où je pouvais déjà entendre la foule hurler de plaisir quant à l'annonce d'un nouveau combat. Un Kaguya allait rentrer dans l'arène, quel plaisir ce devait être pour ces kumojins qui regardaient ce clan d'un œil méprisant, nous prenant pour des erreurs de la nature, à la limite de l'humanité.

Je posais alors un premier pied sur le sol de l'arène, les cris et les hurlements s'intensifiaient, quelques insultes fusèrent également, accompagnées de huées venant de toute part des tribunes. Je n'étais personne ici, un simple prisonnier venant essayer d'arranger sa condition dans cette enceinte. Quelques gladiateurs devaient être de véritable star ici, ce n'était clairement pas mon cas et la foule me le faisait comprendre. J'avançais lentement jusqu'au centre de l'arène, je ressentais déjà la faiblesse de mon corps, fatigué par tant d'années de faim, de soif, de manque de sommeil et remise en question permanente. Pourtant, je ne comptais pas faire simplement acte de présence, s'il voulait du spectacle, alors je m'efforcerais de leur en donner.


J'accompagnais ma phrase d'une révérence vers l'avant, une main sur le ventre, l'autre dans le dos. J'essayais de paraître le plus décontracté possible, alors que mon adversaire ne tarderait pas à faire son entrée dans ce temple de la violence.

Dans sa cellule "de luxe", la sirène élémentaliste se préparait. Elle avait changé trois fois de tenue (elle n'en avait que trois, mais c'était déjà beaucoup pour une prisonnière), elle s'était coiffée et recoiffé 5 fois. Bon, elle avait que cela à faire aussi. Son combat contre Soshi l'avait motivée plus que jamais. Une autre élémentaliste était présente dans ce village, et il fallait qu'elle donne tout pour être la meilleure, si non elle allait perdre de l'audience.
Les gardes virent la chercher, Kioko préférait dire qu'elle se faisait escorter comme une star plutôt que trainer comme une prisonnière et prenait donc toujours les devants.



Lorsqu'elle fut près des grosses portes de l'arène, elle entendait déjà le public crier. Le chauffeur de salle annonça son nom et Kioko sourit.



Et les portes s'ouvrir. Kioko salua son public d'abord d'un signe de main en s'avançant, puis par des bisous imaginaires. Elle fit son petit défilé en tournant autour de l'arène sans prêter la moindre attention à son adversaire qui était déjà là. Lorsqu'elle arriva à la fin de son tours, après avoir fait de multiples clin d'oeil à des spectateurs random, Kioko arriva au centre de l'arène, face à son adversaire.



Une de ses phrases d'accroche préférée. Elle tournoya sur elle même comme si elle faisait de la danse classique tout en gonflant ses poumons et réalisant ses mudras. Ses cheveux tournoyaient autour d'elle, masquant à moitié ce qu'elle faisait.



Plusieurs flammes sortirent de sa bouche en cul de poule pour fuser vers son adversaire, comme si elle lui envoyait des baisers. Déjà, le public hurlait. Ils adoraient quand elle utilisait le Katon. C'était une affinité plutôt de Konoha, donc un peu exotique par ici .. Et Kioko aimait monter la température dès le début du combat.

Drôle de personnage qui venait d'entrée en scène ici. Était-elle vraiment une prisonnière elle aussi? À en croire les nombreux gardes qui l'avaient également accompagnées jusque dans l'arène, nul doute possible sur le fait qu'elle ne soit pas dans la même condition que moi. Enfin, "la même condition", c'était plutôt un raccourci un peu trop facile. Elle était bien coiffée, sa tenue était presque propre, sa peau semblait lavée et fraîche. De mon côté, de simples guenilles me servaient d'habits, seulement pour éviter que je me batte nu, ma peau était grasse et pleine de terre. Mon corps entier était meurtri par les nombreuses années d'enfermement alors que la femme qui me faisait face semblait presque "heureuse" d'être ici au vu de ses tourbillons et autre clin d’œil aléatoire.

C'était donc ça la condition d'un Gladiateur dans ses cachots? Personne n'aurait pu me prévenir avant? J'aurais bien évité les longues journées enchaînées à pisser dans mon froc et à boire les gouttes d'eau qui coulait du plafond. Nous n'étions clairement pas tous loger à la même enseigne, mais il n'y avait qu'à regarder la sulfureuse femme pour en comprendre l'origine. Elle n'était clairement pas une Kaguya. Je ne savais pas qui elle était, ni pourquoi elle s'était retrouvée ici, mais une chose était sûr, elle ne faisait guère parti de mon clan, je pouvais le voir d'un seul coup d’œil. Visiblement, elle était une véritable star dans ce temple de la violence, elle dansait, haranguait la foule, elle rendais fou tous les spectateurs qui commençaient déjà à scander son nom. Ok, j'allais devoir affronter cette femme en plus d'avoir le public à dos, ça risquait d'être assez long et ennuyeux, dommage.


Sans avoir le temps de finir ma phrase adressée à la, soi-disant, sirène, à la suite de plusieurs tours complets sur elle-même et camouflé par son imposante chevelure, elle expulsa une quantité importante de petits pétales de feu. D'accord, il n'y avait pas de tour de chauffe, elle lançait les hostilités sans même quelques échanges de politesse. Mon corps se mit en mouvement, d'un salto arrière, je reprenais de l'écart, avant de courir latéralement, en direction du bord de l'arène afin d'esquiver une majeure partie des pétales. Malheureusement, mon corps engourdis et rouillé était bien plus lent et moins agile qu'à l'accoutumé, ne me permettant pas d'esquiver la totalité de son assaut enflammé. Quelques pétales venaient s'écraser sur mon torse, emportant avec haut le peu de tissu qu'il me restait sur le torse et m'affligeant quelques légères brûlures. Bien, le combat s'annonçait plus rude que prévu.


J'avais quelque peu compris comment essayer de ne pas trop me faire détester par la foule, il fallait des phrases d'accroche, des réponses aussi bien par les coups que par le style et les mots. Ce n'était pas vraiment mon fort, mais j'allais faire un effort pour rendre ce combat plus sympathique pour ces maudits spectateurs, peut-être que cela rendrait mon quotidien un peu plus vivable.

Arrivant à la fin de ma course au niveau du mur de l'enceinte, je pris appui sur ce dernier afin de pouvoir repartir dans l'autre sens, en direction de ma partenaire de danse du jour.


De nombreux os vinrent jaillir de mon épiderme, principalement au niveau de mes paumes et des articulations : épaules, genoux et coudes. Recouvert ainsi, j'allais mener la danse pour cette contre-attaque. Mon corps était encore lourd et fatigué, j'entamais quelques rotations afin d'essayer de couper mon adversaire, sans pour autant vouloir la tuer, juste pour imposer mon rythme et lui faire voir qu'elle devrait se méfier d'un Kaguya, même meurtri et affamé. M’accaparant le style traditionnel de mon clan, cette danse était plutôt souple et légère, presque menée par le vent. J'espérais qu'elle veuille danser avec moi aujourd'hui.

Son adversaire tenta d'esquiver les pétales de feu, avec une vivacité qui manquait d'endurance. Certaines atteignirent donc leur cible. L'homme était chétif comme la plupart des gladiateurs qui débutait. Kioko avait commencé dans les mêmes conditions. Se comporter comme une diva était son moyen à elle de survivre. Elle aurait aimé dire à cet inconnu qu'avec le temps, les combats gagnés, et l'appui du public il aurait une vie meilleure ... Mais cela aurait été au dépend de la sienne et ça il en était hors de question. Kioko avait bien trop galéré pour en arriver là, et perdu probablement des morceaux de son âme et de sa fierté.
Son adversaire fit sortir des os de ses membres et immédiatement, les dents de Kioko se serrèrent.



Tandis qu'il s'apprêtait à fuser vers elle, la sirène élémentaliste cracha une large quantité d'écume. Elle connaissait bien trop les Kaguya et leurs techniques de corps à corps pour savoir qu'elle était en danger s'il s'approchait. Et hors de question qu'il abime son nouveau Kimino qu'elle avait payé un rein pour avoir.
Elle esquiva les premiers coups comme elle pouvait le temps que son écume fasse effet, ce qui lui fit gagner une égratignure du bras dans un cri de douleur.



Intérieurement, Kioko avait plutôt peur que la plaie d'infecte comme celle qu'elle avait eu à la jambe. Si tel était le cas, elle ne pourrait plus combattre et adieu la vie de super gladiateur. Elle devra aller pleurer chez Hidemi qui lui donnera encore une mission bien horrible pour se rattraper. Elle tenta de se calmer, de ne pas s'emballer. Comme chaque combat, elle aurait son adversaire par la surprise.

Mes coups avaient fait mouche, du moins un de ceux-là avait touché la cible, accompagnant le tout d'une légère giclée de sang qui avait fait lever la foule en émoi. Face à tant de cruauté et des prisonniers qui s’entre-tuent, les spectateurs, peut-être de bonne personne en dehors de l'arène, se retrouvait à rugir tel des fauves comme si le sang au sol et qui marquait le corps de la jeune femme venait réveiller chez eux leurs pires instincts primaires. Un léger sourire s'afficha sur mon visage, quelle ironie dans cette situation, c'étaient eux qui perdaient pied à chaque goutte de sang, et c'était moi le monstre de Kaguya.

Une technique particulière m'avait empêché d'atteindre mon but et de frapper à plusieurs endroits simultanément. Après avoir utilisé le Katon, quelques secondes auparavant, la sulfureuse diva venait de me piéger dans une écume qui restreignait complètement mes mouvements, les rendant encore plus lents et imprécis qu'il ne l'était auparavant. Elle connaissait bien le style de mon clan à en croire l'utilisation de cette technique, contraignant grandement mes capacités au corps-à-corps. Du fait de mon état physique, de la faim, de la soif et des brûlures qui commençaient à engourdir mon torse, cette écume était bien problématique, l'éventail de mes capacités étant bien restreint par ma condition physique.


Une phrase adressée directement à ma partenaire de danse, sans avoir pour but d'être entendu par la foule. D'un bond vif et d'une légère roulade vers l'arrière, je reprenais de la distance avec la sirène de feu et d'eau. Une chose était sûre, elle craignait le combat rapproché, encore plus face à un Kaguya. Pourtant, mon choix était de reculer, cette écume me limitant bien trop dans mes mouvements pour espérer la toucher d'autres fois sans risquer une contre-attaque fatale. En plus des os qui ornaient maintenant mon corps, je réservais une surprise à la foule. La victoire me paraissait dores et déjà compromise, pourtant, si je voulais ce gain de confort qu'on m'avait promis, le combat était ailleurs. Le véritable combat était dans les tribunes, je devais conquérir le cœur de la foule. Et quoi de mieux pour conquérir les pensées et le cœur, qu'une bonne dose de peur et une vision d’effroi.


D'un simple mûdra je venais faire pousser une longue et dure corne sur mon crâne, me dévisageant quelque peu au passage. La combinaison de cette technique avec celle déjà mise en place lors de l'assaut précédent, me permettait d'être quasiment recouvert d'os, une véritable vision d'horreur pour tous les kumojins de l'assemblée. Un moment de stupeur se fit sentir, avant que les huées ne reprennent de plus belle, cette fois accompagnées de quelques cris d'excitation.

Il n'y avait rien de plus dégoûtant que d'entendre le craquement des os qui sortaient de la peau d'un Kaguya. Et pourtant, le public en demandait encore. Ces Kumojins étaient vraiment spéciaux. Face à la beauté de la sirène élémentaliste, se trouvait un monstre cornu croulant sous l'adoration du public. Une longue corne sortit de sa tête et Kioko ne pu retenir une grimace. C'était dégueulasse. Tout simplement ! Même si elle avait vécu toute sa vie avec les Kaguya, elle n'aimait pas du tout les voir utiliser leurs techniques de clans.

Kioko fronça les sourcils. Qu'espérait-il ? Lui voler la vedette ? Jamais ! Elle avait plus d'une affinité dans son sac. Toujours en surjouant ses jutsu, ajoutant un peu de cheveux qui volent au vent et de baisés enjoués, elle fit ses mudras.



Des éclairs se propagèrent dans l'arène, à destination de son adversaire, dans un cris suraigu presque hystérique. Ces éclairs paralysants, combiné à l'écume, rendait quasiment impossible l'esquive d'une prochaine attaque. Bien qu'un seul éclair aurait suffit, Kioko en fit des caisse et laissa s'échapper de multiples éclairs pour faire plus de show. Mais elle ne perdit pour autant pas de temps et enchaina :



Une boule d'eau compressée sortit de sa bouche en direction du Kaguya. Allait-il se la prendre en pleine figure sous les applaudissements du public ? Ou allait-il réussir à contrer cette attaque et devenir le nouveau chouchou du public ? En tout cas, ce Kaguya avait le sens du drama. Il allait probablement réussir à percer chez les gladiateurs, Kioko devrait donc veiller à ce qu'il ne lui face pas de l'ombre ...

Ma nouvelle forme avait fini par diviser la foule, d'un côté des fervents défenseurs de la monstruosité des Kaguya qui s'en donnait à cœur joie pour insulter de tous les noms les membres de mon clan. Je ne pouvais leur en vouloir, dans un autre contexte, seul face à l'un d'eux, il n'oserait même pas me regarder dans les ou m'adresser la parole par peur de finir avec un os dans la gorge. Pourtant, c'était un à priori et un monstrueux cliché sur les Kaguya. Bien que ceux de l'île arboraient fièrement le blason du clan tel des animaux sauvages, ici, dans les geôles, la plupart des membres de mon clan étaient de ma famille. Quand bien même je ne les connaissait pas vraiment tous, nous étions loin d'être des animaux enragés, nous étions même plutôt de bon partenaire de discussion et autre débat. Mon regard se tournait vers la foule, je fixais quel criard droit dans les yeux, je voulais leur faire peur, leur faire comprendre qu'ils avaient de la chance que je sois dans cette arène, seulement pour le spectacle, loin de moi l'idée de vouloir les trancher un par un.

Une autre partie du public appréciait plus le spectacle, celle de voir un Kaguya, ennemi de la nation dans ses œuvres. Bien que j'étais loin d'être le plus fort ou le plus grand adepte du style de combat de mon clan, il appréciait sans doute l'esthétique de la chose. Ou alors, ils n'en avaient jamais vraiment vu un auparavant, écoutant seulement les on dit de leurs homologues kumojins. Certains affichaient une mine circonspecte, normal, faire sortir des os de toute part était un don quelque peu "intriguant" voir "dégouttant" pour ceux ayant le cœur plus sensible. J'avais gagné une première bataille, celle de rallier quelques spectateurs à ma cause. Même s'il voulait du sang et des larmes, mon nouvel aspect avait réussi à les convaincre de me voir combattre. Même si je perdais maintenant le combat face à la sulfureuse gladiatrice, peut-être qu'il me relaisserait une chance de défendre ma peau dans cet endroit ignoble.


Un silence accompagné d'une légère grimace, lorsque je vis la jeune femme repartir de plus belle dans son spectacle inutile, composant des mûdras dans le même temps. Elle avait le sens du spectacle, il n'y avait aucun doute là-dessus, et ses courbes s'avaient faire chavirer les cœurs des plus hésitants. Elle en jouait, elle comprenait totalement les rouages d'un tel spectacle. C'était tout à son honneur, je ne la connaissais pas, je ne connaissais pas son passé, ni même ses crimes, elle avait peut-être vécu de pires atrocités que les miennes, ce qui rendait ce combat presque navrant. Deux prisonniers, dans le même état psychologique, privé de liberté ayant pour seul but la survie était en train de s'écorcher vif pour les beaux yeux des kumojins. Quelle indignité pour mon ego de kirijin. J'avais peu de temps pour me lamenter plus sur notre sort commun, sa contre-offensive était déjà lancé, à ma plus grande surprise, en utilisant le Raiton.


Un cri de douleur s'échappa de ma bouche, haranguant un peu plus la foule en délire. Katon, Suiton, Raiton, ce n'était vraiment pas une adversaire comme les autres. Elle maniait le Ninjutsu à la perfection, ce qui rendait compréhensible sa peur de m'affronter au corps-à-corps, nul doute que j'avais un énorme avantage à ce niveau-là. Malheureusement, le Raiton irradiait mon corps, parcourant les moindres pores de ma peau pour m'envoyer de nombreuses décharges électrique, accentuant les brûlures déjà présentes de son précédent Katon. Quel adversaire de grande classe, et quel maîtrise, elle devait être bien plus forte si elle n'était pas prisonnière ici, son corps meurtri par le temps et la fatigue. Pourtant, ses attaques s'enchaînaient à une vitesse folle, son écume obstruant grandement mes mouvements, son deuxième Suiton arrivait déjà à ma hauteur.


Dans un mouvement désespéré, je penchais ma tête vers l'avant, ma corne étant principalement là pour me protéger d'une partie des assauts, j'encaissais son Suiton de plein fouet. Mon corps encore meurtri par les coups à répétitions et essoufflé par le peu de temps qu'elle m'octroyait pour me mouvoir, aucune issue ne semblait possible. Pourtant, mon visage marqué par l'eau et les coups, se relevait inlassablement dans sa direction. Je n'avais aucune solution, surtout avec l'état dans lequel je me trouvais avant ce combat puis cette pluie de technique s'abattant sur moi, le combat était plié d'avance. Pourtant, je me devais de continuer de faire le spectacle, de ranger un maximum de spectateur de mon côté.


Une provocation ne reflétant clairement pas mon état physique, mais qui montrait mon caractère de battant, mon caractère de guerrier. Même si je me trouvais bien souvent à l'opposer des croyances de mon clan, le sang des Kaguya coulait quand même dans mes veines, il était hors de question que j'abandonne et accepte cette défaite. J'allais faire front jusqu'au bout, quitte à sortir avec de vilaines blessures.

Son adversaire choisit d'encaisser le jutsu Suiton avec ses grosses cornes. Pas très glamour, mais qui eu une certaine efficacité. Bien trempé et à moitié fumant du Raiton précédent, le Kaguya se tenait toujours debout. Le visage de la belle blonde afficha une mine déconcertée pendant une seconde. Que faisait-il ? Pourquoi voulait-il continuer au lieu de feindre le coma comme tout les autres ? N'avait-il pas compris que c'était un spectacle ? Qu'il n'y avait pas besoin de se blesser réellement ?



Il y avait deux explications. Soit il n'avait rien compris, soit il désirait réellement gagner. Quelles motivations pouvait-il avoir à cela ? Avait-il soudain l'envie de monter sur le podium aux côtés de Kioko ? C'est vrai qu'il en avait peut-être l'étoffe, mais il était loin de la belle Sirène Elémentaliste ! De plus, que croyait-il ? Qu'il allait sortir de sa vie d'esclave pour cela ? Un inconscient.
Kioko répliqua à la provocation du Kaguya :



Elle tendit sa main vers lui et son bras vint se recouvrir d'eau puis forma un dragon aqueux. Il fonça droit sur son adversaire. Cette technique suiton avait eu raison de pas mal de gladiateurs dans l'arène et elle espérait en finir avec lui aussi. Mais le Kaguya était habile, et résistant qui plus ai, et elle se demandait donc s'il n'allait pas encore sortir des os de son corps pour faire encore plus de show.

Mon torse fumait, littéralement, encore engourdi du Raiton précédent et du premier assaut Katon qui avait emporter avec lui le reste de tissu recouvrant mon corps. Ma musculature passée n'avait plus rien de sa superbe, seulement un corps frêle et maigre, marqué par les coups et le temps en captivité. Avant d'être enfermé, mon corps encaissait les coups avec fierté et avec détermination, ici, après ses nombreuses années enchaînées, il souffrait à la moindre attaque. Je m'en rendais compte vraiment aujourd'hui, dans l'état pitoyable dans lequel je me trouvais actuellement. Une grimace de déception venait marquer mon faciès, légèrement pencher vers le sol pour que le public continue de croire que je pouvais encaisser sans broncher.

Puis, un murmure dans ma direction, première fois que mon adversaire me parlais directement, pour autre chose que le spectacle. Visiblement, j'avais intrigué non seulement le public, mais également la diva me faisant face. Une petite victoire pour le paria que j'étais. Effectivement, j'étais sûrement fou de vouloir rester debout, plutôt que d'abandonner pour éviter de vilaines blessures qui mettraient du temps à disparaître. J'imaginais bien qu'un médecin ou un eisenin ne m'attendais pas à la sortie de l'arène pour soigner mes blessures. Non, je serais remis en cage comme la bête que je suis.


Un léger murmure en réponse à la gladiatrice. Un échange entre deux prisonniers, venu ici pour un spectacle violent et dénué de sens. Pourquoi ne pas m'allonger? Pourquoi ne pas feinter la défaite ou assumer pleinement la victoire de mon adversaire du jour? Car j'en était tout bonnement incapable, ce serait faire un énorme doigt d'honneur à la liberté et au confort que je recherche. Pire, ce serait décevoir la jeune Kazuko, qui m'avait redonner foi en l'humanité et en la possibilité d'un avenir moins sombre. Je ne pouvais pas ployer le genou et remettre tout ça en question, il en était hors de question.

La foule se remit à hurler, lorsque la sirène composa de nouveau mûdra, criant qu'elle allait me briser avec sa prochaine attaque. Cette fois, cela n'avait rien avoir avec ses petits assauts précédents, elle comptait passer la vitesse supérieure. L'écume était encore bien présente sur le terrain, rendant lourd et imprécis le moindre de mes gestes. De plus, le Raiton avait fait son effet, de légers tressaillements parcourais mon corps, rendant mes muscles quelque peu endolori. Un véritable dragon aqueux, alliant le spectacle à la puissance s'apprêtait à partir du bras de la gladiatrice. Un énième effort, sûrement le dernier. Renforçant quelque peu la corne que j'avais sur le crâne en y insufflant une nouvelle fois du chakra, je tentais un léger pas de côté, baissant la tête. L'effet escompté n'était pas au rendez-vous, le dragon en plus d'être puissant était bien plus rapide, frappant de plein fouet la corne sur le haut de ma tête. Elle était parvenue à ses fins, la corne venait se briser en morceaux, retombant comme des gouttes de pluie sur le sol. Le sang commençait à perler sur mon visage, et sur le haut de mon torse, touché également par sa technique.


Mon visage se marqua de douleur, le public criait à s'en défoncer les cordes vocales. Ils prenaient clairement leur pied à voir le monstre de Kaguya se faire mettre à mal, au cœur de cette arène. Un de mes genoux frappait le sol, mon corps titubant à la suite du choc. Mon corps était arrivé au bout de ce qu'il pouvait encaisser, mais mon mental et ma détermination était encore intact. Je me relevais difficilement, mes jambes tremblant de douleur, le sang coulant sur le reste de mon corps. Mon visage, aillant repris sa forme d'origine depuis la disparition de ma corne d'os, se tournait une nouvelle fois en direction de mon adversaire du jour. Le souffle court, le corps endolori et ne répondant presque plus, il ne me restait que ma fierté d'homme et mon ego de Kaguya. Quel bonheur de pouvoir restaurer sa dignité, même si mes forces me quittaient, c'était une des premières fois depuis un moment, que je me sentais vivant.

Le dragon d'eau éclata littéralement la corne de son adversaire, en le renversant par la même occasion. Kioko pensait avoir gagné. Son public l'applaudissait déjà. Mais non, le Kaguya se releva, dégoulinant de sang, de terre ... Ce n'était pas très beau à voir. Kioko grimaça. Il était coriace. Pendant un instant, son coeur se serra. Elle était là, à blesser un kirijin ... Non. Elle s'était promis d'arrêter de penser comme cela. Ce qui comptait, c'était la survie. Et pour cela, il ne faut compter que sur sois-même. S'il devait mourir pour garantir sa propre survie, qu'il en soit ainsi. Elle n'allait pas subir les coups de fouets pour lui. Non.



Le public répéta en choeur ses paroles scandées, une phrase classique qu'elle sortait à chaque combat et que les spectateurs attendaient avec impatience. Ses yeux brillaient de larmes, mais ça, le public était trop loin pour le voir. Elle rapprocha ses mains tremblantes pour faire ses prochains mudras, puisant dans ses réserves de chakra.



La belle blonde serra les dents. Une larme coula sur sa joue gauche. Elle se remémorera les kirijins évadés qu'elle avait égorgés sur ordre d'Hidemi. Oh oui elle avait eu une belle cellule après cela. Plus de privilèges. Mais à quel prix pour son âme ? Elle s'était promis de ne jamais y repenser, alors pourquoi ces images apparaissaient à nouveau ?



Elle posa ses mains au sol, trempé de tous ses jutsu suiton et de l'écume. Probablement peu conducteur, mais assez pour transmettre une partie du raiton qui viendrait donner une décharge à son adversaire. Elle était déterminée, comme le Kaguya, à gagner coute que coute. Sa détermination était ce qui l'avait fait survivre jusqu'ici, et elle n'allait pas abandonner juste parce qu'elle était sentimentale.

Mon souffle se faisait de plus en plus court, ma vision se troublait, le k.o n'était pas loin, sans même une énième attaque, j'allais finir par tomber de fatigue, véritablement terrasser par la puissance du ninjutsu de mon adversaire. Mes dents grinçaient les unes contre les autres, comme pour tenir encore un peu, comme pour montrer une nouvelle fois ma détermination. C'était en partie pour ma propre personne que je restais debout, le regard vitreux, le corps marqué par les nombreux assauts, mais c'était également pour Kazuko, pour les membres de ma famille emprisonné, pour tous ceux-là, je ne pouvais abandonner en levant simplement le bras. Je sortirais les pieds devant s'il fallait, mais ma fierté ne sera plus jamais brisée.

De son côté, la sulfureuse sirène continuait son numéro, faisant se lever la foule au rythme de ses paroles et de son jeu de scène. Le cœur des spectateurs n'avait pas mis longtemps pour replonger aux côtés de la diva. C'était mon premier combat dans cette arène, une défaite en bonne et due forme, ne m'ayant laissé aucune chance de rivaliser. Pourtant, j'espérais au fond de moi que tous se souviendrais de ma détermination, de mon engagement et ma folie à rester debout, sans bouger, face à celle qui avait su gagner les faveurs du public.


Un de mes yeux se ferma à la suite de ce grognement de douleur, ma vision se restreignait petit à petit. Dans le flou de mon regard, je pouvais quand même apercevoir la jeune femme s'approcher de moi, d'un pas lent et déterminer, continuant ses paroles pleines de mise en scène. Le public criait, mais bientôt, je ne l'entendais presque plus, il me paraissait si loin. Contre-coup des attaques à répétition sur mon corps et dû à la fragilité de mon état, je n'allais pas tarder à tomber dans les pommes. Pourtant, telle une lueur d'espoir, je vis une légère goutte scintillé face à moi, avant que cette dernière ne vienne s'écraser sur le sol. Était-ce une larme? D'un dernier effort, y mettant mes toutes dernières forces, mon visage se tourna vers la gladiatrice qui posait déjà sa main au sol pour en finir. Je pouvais la voir, même avec la vision trouble, elle pleurait, du moins, une larme avait perler sur sa joue avant de finir sa course mêlée à l'eau présente sur le sol. Un joli rappel à la réalité. Elle n'était pas qu'une diva prête à faire son show et à écraser ses adversaires pour la beauté du spectacle, non, elle était avant tout humaine, une femme comme les autres, sûrement peinée de devoir me mettre en si piteux états. Je ne pouvais lui en vouloir, dans cette situation si brutale dans laquelle nous étions plongées, nous étions tous prêt à tout pour un semblant de liberté et de confort.

Le visage toujours tourné vers la jeune femme, avant que celle-ci ne déclenche l'ultime assaut qui allait me faire m'évanouir pour de longues heures, mon visage se décrispa, affichant un sourire amical en sa direction.


Puis dans une décharge et sous les cris du public, mon corps vint rendre ses dernières force du jour, me plongeant dans les vapes. Mon corps chuta au sol et sous les acclamations du public, je pouvais encore entendre l'animateur annoncer la victoire de mon homologue kirijin. Non, cette fois, je ne me relèverais pas, mon corps ayant touché ses limites. Pourtant, je m'évanouissais le sourire aux lèvres, fier d'avoir retrouvé un semblant de dignité et fier d'avoir tenu mes engagements. J'avais lutté jusqu'au bout malgré notre énorme différence de niveau et cela me rendait heureux.

Enfin, il tomba. Ce fut un relâchement pour la kunoichi. Elle n'aurait plus à utiliser un autre jutsu, à lui faire encore du mal. Le public hurla lorsque le corps flasque du Kaguya s'étala sur le sol de l'arène. Kioko le regardait, le visage impassible, mais le coeur en feu. Ses dernières paroles l'avaient atteinte, bien sûr. Mais elle n'y répondit pas. De toute façon, il était déjà inconscient. Elle ferma les yeux un court instant, puis les rouvrit. Elle leva les bras en signe de victoire, de retour dans son personnage.



Elle adressa des baisers enflammés à ses fidèles spectateurs qui s'étaient même levés pour elle. La belle blonde effectua sa petite danse sexy de la victoire, faisant jouer ses formes et ses cheveux, jusqu'à ce que les gardes ouvrir la porte pour qu'elle retourne dans sa cellule en lui faisant signe que le spectacle était finis. Elle quitta donc l'arène avec grande classe.



Enfin, la porte se ferma derrière elle et son grand sourire disparu. Quelle bande de crétins. Ce nouveau gladiateur l'avait perturbé, avait joué avec ses sentiments qu'elle avait si bien enfoui. Qui était-il ? Pourquoi avait-il eu un tel effet sur elle ? Elle était passée de la tristesse à la colère. Il avait presque fait échoué son plan. Et elle était fâchée contre elle aussi, pour avoir si facilement céder à la confusion.