« « ~ Hoy hoy hoy ~
Baisse donc ta lame, guerrier. Je ne te veux aucun mal. J’imagine que tu habites ici ? Je suis Kirishitan Hadô, et je suis celui qui me suis occupé d’entretenir ces lieux durant ton absence.
Ne penses-tu pas que ta lame devrait être orientée vers une meilleure cible ? » »
L’homme à l’afro ne semblait pas se défiler, il ne semblait pas même craindre pour sa vie. Seijuro le regardait jusqu’alors avec une certaine forme de dédain. Lorsque son vis-à-vis s’exprima, le Junin changea de posture. L’homme avait raison. Que se passait-il dans la tête du Kitto pour ainsi menacer un Konohajin. Les Kirishitan n’étaient pas présents dans le village depuis longtemps, et Seijuro était loin d’être familier avec eux, et pourtant, ils étaient des konohajins à part entière. Alors, pourquoi brandir la lame sous la gorge d’un de ses compatriotes, afin de le faire ployer ? Ce n’était que l’aveu, que la confession d’une semi-perdition. Il ne savait plus quoi penser, il ne savait plus quelle était sa place. Mais qu’aurait dit Jirou s’il avait assisté à une telle scène ?
C’était donc grâce à ce quarantenaire que les lieux étaient encore proprement boisés, proprement fleuris ? La poussière ne s’était pas promise comme maîtresse des lieux, devant l’habitation abandonnée, par les efforts d’un homme que le Kitto n’avait fait que de menacer… D’ailleurs, le Kirishitan semblait s’y connaître un peu en terme floral. Peut-être pourrait-il même intéresser le Kitto qui s’était ouvert un horizon de questions. Et notamment, il était à la recherche de réponses quant à certaines légendes évocatrices d’une plante dont la floraison rescellerait de pouvoirs et d’effets uniques en son genre. N’était-ce là que le délire de quelques-uns, trop ivres pour conter la tristesse de leur monotonie ? Ou avait-ce été la confession d’une ancienne légende, dont l’essence même reposait sur une vérité qui avait tenté d’être tue ?
Seijuro se souvenait… Trois braves gaillards, écoutant un vieil ivrogne, sur des contrées très éloignées. Des contrées où les shinobis ne sont ni la force pensante, ni la force militaire, mais des désignés comme tant d’autres. Des terres où finalement, la recherche semble s’être dissoute pour laisser place à des vies de débauche, sur les sols si prolifères. En outre, Seijuro s’y était éternisé probablement quelques mois, tout au plus… Mais ce soir-là, soupant en solitaire dans une taverne dite aussi ancienne que les premiers hommes, il avait laissé son écoute s’échapper pour finalement être captivé par cette légende du vieillard. Une ancienne plante, jadis toisant le sommet d’une colline enneigée où les seuls rares puissants rayons de lumière étaient autorisés à pénétrer l’enceinte céleste, gorgeaient alors de leur pleine vitalité la neige éternelle qui fondait alors en quelques rares sphères pour laisser apparaître une terre si riche, et si unique en son essence… Le vieillard racontait également, que certaines formes de loup étaient ainsi attirées par l’odeur de cette terre nouvelle à laquelle ils n’étaient pas habitués à humer la délicate odeur. Transportant alors sur leur pelage poussières et promesses d’autres terres. Une délicate fusion imprégnant le sol, afin de miraculeusement faire naître des années plus tard la rarissime plante qu’il appela
Hikari ōkami no tane. Il s’écroula alors à la suite de cette désignation, ivre, baignant alors dans les vomissements sanguinolant que son corps rejetait. Les trois braves hommes se mirent à rire à foison, écrasant la tête du vieillard dans son propre dégorgement, l’insultant au passage de « vieux fou », « d’illuminés » et autres termes indécents. Seijuro était intervenu, car le vieillard semblait pâlir, mais le mal avait été fait. Il avait fini par inhaler ses excrétions putrides, dégradant brutalement sa fonction ventilatoire, et le plongeant dans un état qu’aucun des hommes de ces lieux n’auraient su gérer. La violence semblait être une constante universelle.
Le Junin fixait toujours Kirishitan Hadô, la lame toujours brandie. Quelques secondes tout au plus s’étaient écoulées. Il finit par rompre. La lame s’abaissant délicatement, comme pour un signe de révérence à une nouvelle rencontre. Les premiers instants s’étaient soldés d’une situation au ridicule insondable. Les suivants seraient plus nobles.
« Mes excuses. Je suis Kitto Seijuro. Je reviens d’un long périple, vieux de trois années. »
Il détourna le pas, et pénétra dans l’enceinte de son habitation. Poursuivant alors la discussion, comme pour inviter son nouveau convive à le suivre.
« Milles remerciements de vous être porté gardien de ces lieux Hadô-san. »