Il était de coutume pour tout bon shinobi de parfaire l’entretien de ses capacités physiques par un entrainement régulier, et il était coutume de parfaire sa préparation au combat par divers affrontements amicaux. Ainsi, il n’était pas rare de voir de nombreux jeunes étudiants, des genins et plus rarement des chuunins, se rendre sur les terrains alloués aux entrainements. Konoha semblait toujours entretenir une certaine volonté de puissance militaire, dont le renouvellement devait être incessant. Seijuro, depuis sa nomination en tant que Jônin, avait prit pour habitude de se rendre sur ces mêmes lieux, afin de découvrir les générations futures, entretenir un certain espoir dans le fond, sur ce que deviendrait le village et le monde shinobi, lorsque les dirigeants actuels auraient fini par disparaître.
Il y avait dans son esprit une certaine forme de volonté à entretenir un requiem. Peut-être même, le requiem de sa propre âme. Et ce n’était probablement là, qu’une manière de s’avouer la possibilité d’une mort imminente, à chaque instant de sa vie. Mais étrangement, il ne redoutait pas ce moment. Il savait qu’un jour, son heure viendrait, comme tout à chacun. Ce qu’il souhaitait, avant de connaître l’expiration de ses derniers soupirs, se trouvait probablement sur ce que ses yeux lui permettaient de découvrir, en ces instants d’observation : le renouvellement et l’entretien du grand processus de la vie, et l’impression d’avoir transmis l’héritage qu’il avait reçu de ses aïeuls.
Alors, il regardait avec un sentiment mitigé, et ambigu cette jeunesse qui prendrait le relai d’un flambeau, parfois si difficile à porter. Ces jeunes enfants, qui subiraient le courroux d’un monde que leurs parents auraient tant fait saigner. Ils n’hériteraient principalement que de maux, et de souffrance en leurs émotions les plus intimes… Et tout cela, uniquement dans le but de faire perdurer l’espoir de l’humanité, jusqu’à sa fin. Cette pensée était empreinte de tristesse, sur le dévêtement d’une innocence dont il avait lui-même souffert. Alors il pensait… Il pensait à un moyen d’essayer de changer fondamentalement les choses, mais existait-il seulement une solution miracle ? La fuite était-elle raisonnable ? Le Yuukan n’était-il pas, dans sa nature, source d’une incertitude et d’une fin dramatique depuis sa dénomination ?
Pauvres enfants… Ils étaient formés si tôt, si jeunes… Devait-on réellement tolérer ces pratiques dites ancestrales ? Devait-on réellement vouloir perdurer sur un modèle où l’enfance et l’imaginaire étaient dérobés au profit d’une responsabilité excessive ? Que comprenaient réellement ses enfants, sur la valeur d’une vie, lorsque l’enseignement principaux de leurs existences reposait sur l’apprentissage pour l’ôter ? Etaient-ils encore réellement des enfants ?
Alors…
Seijuro regardait cet enfant, une jeune fille d’une quinzaine d’année environ. Elle se tenait dans la désignée position de la fleur du Lotus, une prouesse de souplesse. Ses mains jointes, elle semblait travailler sur l’accumulation de son chakra… Elle était promise à devenir une kunoichi digne de son clan, mais en même temps le devait-elle réellement ? Portant son bandeau frontal autour de son bras, sa détermination transpirait à travers la simple visualisation de la scène. Pourtant, le Jônin ne pouvait s’empêcher d’éprouver une profonde tristesse envers cette scène. Il avait lui-même abandonner une partie de son innocence afin de devenir le combattant talentueux qu’il était devenu. Mais, en avait-il vraiment eu le choix ?
Il s’approcha, pour la première fois depuis longtemps, sans raison, de celle qui pourrait être une disciple, le temps de quelques séances tout au plus. Car il était ce genre d’homme, indispensable au village, mais distant et en retrait de son organisation actuelle. Il espérait devenir un guide de réflexion, plutôt qu’un sensei d’apprentissage simple au combat.
Il n’était pas mauvais pédagogue. Il était simplement, douteux de sa propre volonté à perdurer ce genre de pratique. Imawara avait fait d’énormes progrès sous sa protection, et il était désormais devenu une fine lame reconnue dans tout le village. Pour autant, depuis Imawara, il avait toujours refusé de prendre à nouveau un apprenti ninja, un genin et même un chuunin sous sa supervision. Le choix d’une telle implication ne serait jamais décidé par une hiérarchie bancale et douteuse.
Mais il s’était approché de la kunoichi, comme par instinct. Peut-être estimait-il, sur la simple entrevue de la scène, qu’il aurait quelque chose à lui apporter. Quelque chose de fondamental, qu’aucune institution ne saurait faire à sa place.
Approchant l’index, il refoula de quelques centimètres le crâne de la jeune Uzumaki à la chevelure flamboyante, tout en ajoutant :
« La position de la fleur du Lotus nécessite un esprit pleinement apaisé pour se vouloir être parfaite. Il y a-t-il quelque chose qui te tracasse, jeune fille ? »