JE VAIS LEUR FAIRE MAL ! JE VAIS TOUS LES TUER ! JE VAIS…
La créature fixe d’un regard étonné le duo qui s’avance. Elle se stoppe net dans ses mouvements.
Hein ? Mais qui c’est ce géant ? Qu’est-ce qu’il me veut ? Il approche. Avec cette femme qui l’accompagne. Est-ce que c’est une femme ? Elle a les cheveux longs. Non… Mi-long ? Est-ce qu’ils continuent derrière la tête ? Je ne vois pas. C’est peut-être un homme du coup. Pourquoi c’est toujours si compliqué ?!
La créature fronce les sourcils, fixant intensément le Chikara.
Un homme ? Une femme ? Une homme ? Un femme ? Un fomme ? Une Hemme ? Vous croyez que ça marche vous ? Et plus important, est-ce que c’est une souris, ou un fromage ? Moi j’adore les fromages. Alors j’espère que c’est un fromage. Mais est-ce qu’un fromage peut être noir ? Une souris oui. Méfiance. C’est une souris. C’est une souris. Une souris fomme aux cheveux mi-long, à la couleur de la nuit… Oh… Ma lune, où es-tu partie ?
Un rocher dans la gueule ? Mais il n’y a pas d’animaux ici ! Ce géant est étrange. Ou stupide. Étrangement stupide. Et c’est quoi sur son épaule ? Une saucisse ? Pourquoi un géant veut balancer un rocher sur des animaux imaginaire ? Il est fou ? Ou je suis fou ? Nous sommes fous ? Nous sommes tous des fous. Même le fomme. Surtout le fomme. Il se prend pour une souris.
Gamin cornu ? Gueule ? Tête ? Il parle de moi ? Attendez… Balancer… Rocher… Gueule…Gamin cornu... Moi ?! MOI ?! MOI ????!
La créature se prend le visage, paniquée.
« Je ne suis pas un animal, je suis un fromage ! »
IL VA ME BALANCER UN ROCHER DANS LA GUEULE ! UN ROCHER EN PLEINE POIRE ALORS QUE JE NE LUI AI RIEN FAIT ! RIEN. DU. TOUT. J’ai été sage. Sage comme la lune. Alors il ne devrait pas me frapper. Et puis de toute manière, c’est ridicule. Bah oui... Il ne porte pas de rocher !
La créature Opaline se cache le visage, mais entrouvre ses doigts pour regarder curieusement les deux individus. Puis, après quelques secondes, il enlève ses mains, et lève la tête, regardant le géant puis l’autre homme. Et parle, comme une récitation. Comme si les mots qu’il disait ne venaient pas le lui. Machinalement.
« Les humains ne t’aiment pas, parce qu’ils sont cruels, vils, et méchants. Les humains sont stupides. Ils discriminent, catégorisent, sans raisons. Juste parce que tu es comme tu es. Fais attention. Rentre toujours à la maison. Sinon, tu vas voir ce que tu vas voir… »
Voir quoi au juste ? Un grand géant portant une saucisse ? Un fomme ? Est-ce qu’un fomme existe ? Je ne l’aime pas.
« T’es grand. Et gros. Pourquoi tu portes une saucisse géante sur ton épaule ? »
Le prisonnier beugla à cette remarque.
« AAAAAAAAAH ! UNE SAUCISSE QUI PARLE ! »
Puis se cacha les yeux, totalement, et récita.
« C’est l’histoire d’un géant, d’un mi-homme, mi-femme, un fomme ?! qui rencontre un beau fromage. Le géant porte une saucisse qui parle. Ça surprend le fromage… Comme le fomme. »
Surpris. Voilà, j’étais surpris. La surprise. C’était ça. Eurêka.
La créature fixe le Chikara, d’un air circonspect.
« Non, finalement, t’es bien un garçon. Un garçon, ça doit se couper les cheveux. Court. Très court. À moins que tu veuilles être une femme c’est ça ? »
Compliqué. Très compliqué. Trop compliqué. Trop, trop, trop compliqué. Et j’ai faim. Et je suis perdu. Je suis tout seul.
« J’ai faim. Je suis perdu. Ma maman n’est plus là. »
Pourquoi suis-je seul ?
La créature fixe avec méfiance les deux hommes.
« Vous aussi vous êtes des méchants ? »