[OUVERT] La transformation [3/4]

        La forêt était au même titre que les montagnes un endroit magique et complètement inconnu du bellâtre, qui avait élu domicile prêt d'un cour d'eau. Le vent ici ne sifflait plus sur la roche érodée des hauts flancs de montagne, tandis que la terre rocailleuse avait laissée place à l'herbe verte d'un sol meuble. Pourtant, la nuit était d'autant plus terrifiante, car chaque ombre de chaque arbre se transformait en mystérieuse créature de la noirceur et pour quelqu'un qui n'était pas habitué à la forêt, Raiko dû redoubler de courage pour affronter seul cette dernière nuit. Il crut d'ailleurs entendre un ours, lorsqu'il se réveilla de trop nombreuses reprises.

        Le matin fut plus clément et l'androgyne se laissa même rêvassé jusqu'à ce que le soleil soit levé. Raiko n'avait plus rien à manger et son ventre grondait. Il était las de continuer sa route, même s'il sentait qu'il pourrait atteindre le village avant le couché du soleil... Toutefois, cela pouvait devenir dangereux de se pointer là-bas sans la moindre énergie, aussi préféra-t-il passer à la suite de son plan.        Lentement, il se glissa dans l'eau du ruisseau et se déshabilla, et prit soin de se laver. Ses vêtements, il creusa un trou près d'un arbre et les y cacha. Puis le Miwaku dénoua ses longs cheveux, qui tombèrent sur ses épaules et entreprit de les peigner. Il fouilla dans un sac et en ressorti un kimono propre, avant de l'enfiler... lentement, il se travestit, prenant soin de s'appliquer. L'androgyne devint femme en-début d'après-midi, puis il s'adossa à l'arbre au duquel il avait creusé son trou. Il sorti un kunai de sa pochette et se blessa au bras, avant de jeter l'arme au fond du trou, qu'il boucha ensuite avec un peu de difficulté. Il resta ainsi adossé quelques minutes, puis Raiko se mit à crier. Il cria pour avoir de l'aide.

        Cette femme dans la trentaine avait certes une voix plus grave que la moyenne, mais comme Raiko possédait des traits assez féminins, voilà que le personnage devenait plausible. En plus, les couches de kimono empêchaient de comprendre la fine silhouette de la femme étendue dans la forêt, contre un arbre, se tenant le bras en geignant et criant parfois au secours. La fatigue aidait grandement à jouer le rôle de la victime...

Depuis les récents incidents, la surveillance du Pays du feu, et de son immense forêt, était indispensable à la sécurité du village caché de la feuille. C'était un travail minutieux, long, de grande envergure, et qui de toute évidence, ne convenait pas à Shinji. Toutefois, depuis quelques jours et suite à l'annonce de la venue d'un diplomate de Kumo, un grand nombre de shinobis étaient réquisitionnés pour préparer le village ou s'assurer que la route seigneuriale était sans dangers. Il y avait donc un manque d'effectifs, ce qui expliquait la nouvelle besogne du Kitto.

Néanmoins, loin de lui l'idée de se plaindre. Généralement, la forêt était un lieu propice à la relaxation et elle était tellement pauvre en évènements qu'il allait pouvoir s'y reposer.

Mais soudainement, alors qu'il s'apprêtait à s'endormir contre le flanc d'un arbre, une agitation extérieure le fit sortir de ses songes. À quelques mètres, il avait juré entendre un cri. Agrippant son sabre de la main droite, il se dirigea vers la source présumée du bruit.

Ce qu'il vit le surpris. Adossée contre un arbre, une jeune femme en kimono criait à l'aide. La manche qui couvrait son bras gauche était maculée de sang. Sans perdre de temps, Shinji rangea son sabre à l'intérieur de son fourreau et se précipita vers elle.

        Cela faisait peut-être une heure que Raiko se concentrait sur une providentielle aide du village de Konoha, qu'il savait tout proche. La lutte contre la fatigue devenait de plus en plus difficile et sa blessure auto-infligée lui lançait. Soudain, il capta quelque chose dans la forêt, près de lui et ses sens s'éveillèrent assez longtemps pour lui permettre de se redresser quelque peu et de crier au secours. Cet effort, qui le vida presque de son énergie restante, ne fut pas vain car un jeune, un sabre à la ceinture, lui vint en aide. D'une fois réellement épuisée, Raiko répondit :



        La pauvre femme empoigna le vêtement de l'épaule du shinobi et tira un peu dessus, comme pour mimer qu'elle tentait de se relever. Cette fois, Raiko rajouta un peu, pour que son personnage de femme exténuée soit crédible. Toutefois, l'épuisement n'était pas si loin de la vérité.



        Raiko se laissa tomber sur le côté, d'un petit cri de douleur, empoignant son bras blessé. D'un oeil d'expert, il avait jugé que celui devant lui était peut-être du même poids et possédait une silhouette tout aussi fine que l'androgyne. Il était cependant légèrement plus grand. Autrement dit, il ne pourrait pas traîner Raiko jusqu'à Konoha. L'acteur leva une main tremblante.

Fort heureusement, Shinji était arrivé à temps. La jeune femme était encore consciente et d'après ses dires, elle s'était fait attaquée par un groupe de bandits. Le jeune homme soupira. Voilà qu'une autre source de problèmes s'ajoutait à celle que le village de la feuille devait déjà supporter.. Toutefois, et dans l'immédiat, c'était la pauvre victime qui demandait son attention. Même si elle avait réussi à tenir jusqu'à l'arrivée fortuite du Kitto, elle ne semblait pas pouvoir tenir plus longtemps.



S'abaissant à ses côtés, il glissa le bras de la jeune femme sur ses épaules et l'aida à se relever. Lentement mais sûrement, ils se dirigèrent vers une des tours qu'étaient positionnés un peu partout autour du village, et où ils pourraient trouver de l'aide.

Sachant qu'une équipe de Kumo allait arriver, Kazami passait son temps à vaquer à la frontière du village au niveau des différents postes de surveillance. C'était aussi pour cette histoire de vampire. Il ne fallait pas que les Konoha-jin ne se sentent pas en sécurité dans leur propre village. Le système de protection n'avait plus le droit à l'erreur.

C'est lorsqu'elle fut dans ce post de surveillance, alors qu'elle réprimandait un ninja médecin de mal faire son travail qu'elle vit arriver Shinji avec une inconnue.



Elle jeta un dernier regard noir au shinobi qui murmurait des excuses puis s'avança vers Shinji.



Kazami avait d'autres choses à faire mais elle doutait des compétences du ninja médecin ici présent. Elle laissa s'installer la victime et demanda tout en l'examinant :



La blessure était assez récente. Les bords bien nette, c'était sans aucun doutes une plaie à l'arme blanche. Une blessure assez facile à réparer en somme. Peu profonde. A ce demander si son agresseur avait vraiment voulut lui faire du mal.



Kazami activa son irou jutsu machinalement. Elle commença à soigner la plaie tout en écoutant l'histoire de cette blessure.

        Le jeune homme avait mené Raiko vers un poste de contrôle et non pas vers les portes du village, comme s'en était douté l'androgyne. Il ne laissa cependant rien paraître quant à la direction prise mais haussa un sourcil devant celle qui l'accueillie et le foutoir apparent de la petite pièce. Raiko s'installa comme on lui demanda et contempla un instant les cheveux de Kazami. Était-ce la fameuse couleur rouge des Uzumaki ? La jeune femme lui posa une question. Raiko recentra son attention sur elle.



        Raiko porta ses mains à son visage, pour cacher ses larmes. Il jouait la carte de celle qui venait de comprendre.



        Raiko fondit en larmes, sur la civière.

À sa plus grande surprise, Shinji fut accueilli par Kazami. Décidément, les deux shinobis du pays des feu semblaient être les pôles opposés d'un même aimant ; ce n'était pas la première fois qu'ils se croisaient par hasard et certainement pas la dernière.



Immédiatement, la rouquine prit en charge la blessée. Le sabreur avait en effet entendu parlé des capacités médicales dont était capable Kazami, mais il ne l'avait jamais vu en action. Cependant, même si il ne s'y connaissait pas vraiment, elle semblait bien se débrouiller.
Parallèlement, il écoutait d'une oreille attentive le récit de la victime.



Les mots du jeune homme étaient crus, mais il ne faisait que peindre la réalité. Peu de gens, et surtout de civils, survivaient à une attaque de brigands.

Cette femme était pour le moins étrange .. Alors qu'elle commençait à raconter son histoire, elle fondit en larme. Kazami s'écarta par réflexe et interrogea Shinji du regard. Elle n'avait rien compris à cette histoire de brigands.



Elle fit un signe de tête à deux ninjas présents pour qu'il se lance à la recherche des éventuels brigands. Puis elle se tourna vers Shinji en fronçant les sourcils.



Kazami finit son soin. Aucune cicatrice n'était visible et la rouquine fit une moue approbatrice. Pas mal ! se félicita-t-elle. Alors que la dame inconnue était encore entrain de pleurer, Kazami fit des signes à Shinji pour lui dire qu'il n'était pas dans la merde avec cette personne qui semblait très ... émotive.

Manquant d'espoir dans sa mission, Raiko remercia ses interlocuteurs avant de faire demi-tour. Il devait rentrer au village, la Oka-san n'allait pas tarder et rester pourrait mettre en péril la mission. Bien que sa mission n'était pas d'une importance capitale, il ressentait une sorte de tristesse de ne pas pouvoir mieux répondre à la demande de son Raikage.

Ce n'était pas la fin pour Kumo, sa mère allait prendre le relais, elle le devait.