Le réveil est encore plus difficile aujourd'hui. Et pour cause, la première chose qui te vient en tête, et qui t'a aussi empêché de fermer l'œil pendant un bon moment. La fête des morts allait avoir lieu dans la soirée et tu étais mitigée à l'idée de la célébrer. Tu ne croyais plus en rien depuis que la prétendue colère des dieux t'avait privé de ceux que tu chérissais plus que tout. Tu ne voulais pas célébrer cette fête, car pour toi, ce n'était rien de plus qu'un jour ordinaire, mais une petite pointe de culpabilité te poussait à le faire, car tu ne voulais pas que ta famille se sente blessée par ce manque de considération dû à ton entêtement. Tu ne voulais pas manquer de respect aux défunts, mais tu trouvais simplement stupide qu'un jour leur soit accorder alors que vous possédiez une année entière pour le faire.
Tu te décides à sortir de ton lit après avoir débattu de manière interne avec ta conscience en fixant le plafond. Qu'est-ce que cela pouvait bien te coûter de te rendre sur la place du quartier et d'honorer les vies perdues durant l'exode de ton clan. Tu achèves ta routine matinale et fini de mettre tous tes bandages pour cacher les traces que t'a laissé ton passé. Tu vas ensuite dans ton établi, car tu avais envie de te vider l'esprit. Tu commences à sculpter une figurine supposée représenter l'idole de ton clan, à chaque fois que tu prends du recul pour la regarder et voir s'il ne manque pas un détail, tu ressens une boule se former dans ton ventre. Tu n'as vraiment pas envie de te mêler à cette cérémonie. Tu continues de travailler sur la représentation de l'idole en question et commences même à lui parler.
« Qu'est-ce qu'on a bien pu faire de si terrible pour mériter un tel sort ? »
C'est en la fixant et n'ayant pas de réponse que tu lâches un soupir qui venait véritablement du fond de ton cœur. Elle n'allait pas te répondre, mais tu avais toujours cet espoir d'avoir une réponse. Tu te remémores soudainement ce qu'était cette célébration quand ta famille était encore à tes côtés. Pas un jour se passait en silence, tu étais l'aînée et tu n'appréciais pas le bruit constant que faisaient tes jeunes frères et sœurs. Ta mère était toujours à crier pour demander le silence. Cette contradiction te faisait encore rire aujourd'hui de part son absurdité. Ton père était la force tranquille de la maison et essayait toujours de faire en sorte que le calme règne à sa façon. Ce temps ou tu aurais tout donné pour une minute de silence tu es prête à l'échanger contre le silence pesant de ta maison actuelle.
Tu recules de nouveau pour contempler l'idole et sembles finalement satisfaite du travail que tu viens de terminer. Tu l'attaches avec précaution et commences à la porter sur ton dos. Elle n'était pas de taille humaine, mais pas bien loin, la tenir à bout de bras, cela aurait été bien top épuisant à la longue. Tu te rends sur la place centrale du quartier et salues tes congénères qui semblent heureux de te voir. Ils savaient tous que tu étais loin d'être la plus croyante d'entre eux. Après votre arrivée à Konoha, tu avais boudée tous les événements de célébration aussi minimes soit-ils. Tu n'avais plus envie d'entendre parler de ces histoires de divinités. Il t'aura fallu bien 3 ans pour t'en remettre totalement et daigner reprendre un contacte avec ta spiritualité. Tu restais tout de même sceptique, mais essayer juste de trouver une raison à ce sentiment d'injustice que tu ressentais au fond de toi.
Les festivités commencent bientôt et tu déposes la statut sur la place. Tu aides les anciens à poser le maquillage traditionnel sur les visages des hommes et femmes participant au rite. Les plus jeunes eux aussi demandent à ce que le maquillage leur soient apposé sur le visage, mais son repris par les leçons des anciens qui leur expliquent les fondements de leur religion et de leur tradition ainsi que le temps venu, ils pourront eux aussi participer, mais que pour l'instant, ils ne seraient que simples spectateurs. Il est bon de ne pas perdre certaines choses de vue, et cela, t'embêterais aussi de perdre cette partie de ton identité, c'est pourquoi tu décides d'y aller au final. Voir ton clan se portant si bien aujourd'hui t'apporte un réconfort.
Le rite ne va pas tarder à commencer et la place se vide. Toutes et tous se sont reculé. Les musiciens entonnent les premières percussions et c'est en rythme que le plus agé du village se dirige vers la statut que tu avais confectionné un peu plus tôt. Il tourne autour pendant bien 10 secondes en effectuant des mouvements de danse avant d'être rejoint par les hommes, les femmes sont juste derrière. Arrive le tour des jeunes adultes qui rejoignent la danse. L'ancien s'éloigne de la statut et revient quelques secondes plus tard avec un flambeau. Il reprend sa danse avant de mettre feu à la statut et de terminer le rite de célébration mortuaire. Tu ne peu t'empêcher pas de reculer par réflexe quand la flamme se lance subitement. Bien trop de souvenirs remontent dans ta mémoire et tu commences à trembler en te remémorant ce jour fatidique. La chaleur t'atteint et on pouvait sentir ton malaise malgré le fait que tes expressions faciales soient camouflées par tes bandages. Tous savent que le feu n'est pas ton élément favori et c'est pourquoi les enfants du voisinage viennent te voir et t'attrapent par les bras pour te distraire avec des inepties en tout genre mais aussi pour que tu te joignes à leur jeu. Tu sors de tes souvenirs et te laisses guider. Tu fini par oublier l'objet de tes tourmentes en te disant que finalement ce n’était pas si mal d’être venue participer aux festivités. Tu profites du reste de la journée avec tes camarades en riant de bon cœur et en partageant un repas des plus copieux. Après quoi tu reste avec les plus jeunes pour écouter les histoires des anciens. La nuit tombante ajoutait une atmosphère totalement différente aux histoires que comptait le doyen et cela te rappelait ce que tu aimais tant dans cette fête quand tu étais plus jeunes.