Repas à l'auberge

Dans un box à cheval, la célèbre intendante de Kumo discutait le plus tranquillement du monde avec un Shinobi de Kumo, Hattori Gareki. Celui-ci était bientôt de retour au village et la demoiselle s'était servie de cette mission pour échanger avec celui-ci au sujet du retour de l'Impératrice. L'ancienne petite starlette de Kumo semblait élever le Prince avec une certaine ardeur, il promettait même de surprendre l'Empereur. Avait-il véritablement transformé cet enfant en véritable combattant ? Par ailleurs, la femme eut l'occasion d'apprendre de nombreuses choses sur le monde extérieur. Après 10 minutes de discussion, elle rentra dans l'auberge par la porte d'entrée tandis que Gareki reprit sa route, il s'était montré discret vis à vis de la présence de la Okasan. Elle savait bien évidemment qu'il devait rencontrer Hidemi, mais il craignait qu'elle insiste pour en savoir plus sur le monde externe. Après avoir refermé la porte, elle prit la direction de la table en bois où Kazuko était assise et rejoignit la demoiselle en s'installant à sa droite.


Effectivement, la veille avait été plus difficile que prévue et les Kumojins s'étaient simplement contentés des restes de la veille.


Une vieille femme vint servir une louche de cette drôle de mixture à la Kumojin. Les jumelles n'étaient pas ici, elles devaient prendre de l'avance et Asae était sûrement en train de boire avec un énième marchand. Hidemi ne lui en voulait pas, elle ne faisait que suivre l'objectif de sa mission.

La danseuse s'installait à une table de l'auberge attendant que la petite troupe se rassemblait, mais les deux jumelles prenaient de l'avance et quand à L'Okasan elle préférait boire accompagnée de marchands. Quelle drôle de femme, elle baissait vraiment dans l'estime de la jeune Kazuko. Hidemi ne tardait pas à l'extérieur et finissait par rejoindre la Miwaku. Elle lui demandait ce que servait la gentille dame et la fille esclave lui répondait dans un ton doux.


La jeune fille souriait, peut-être donnait trop d'information en une fois sans laisser le temps à son interlocuteur d'en placer.


D'un ton et d'un air plus sérieux, l'Hattori lui demandait si pour la mission ne lui semblait pas difficile pour le moment.


Elle chuchotait à la femme pour lui confier sa peine.




Elle n'avait pas vraiment le choix non plus et de se lier d'amitié avec une femme qui ne pensait plus au plaisir qu'à la vie d'autrui ne sera pas une tâche facile pour la jeune apprentie. Pour égayer un peu plus l'ambiance, Kazuko saisissait une cuillère et la présentait à la l'intendante avec un large sourire.

Elle se mit alors à goûter le met et les yeux de l'intendante s'écarquillèrent soudainement. Ce plat était tout bonnement magique. Malgré cette chaleur ardente parcourant dorénavant l'intérieur de sa bouche, elle avala avec une certaine difficulté ce plat si plaisant. Ses joues se mirent alors à se teindre d'un rouge écarlate.


Hidemi soupira et continua alors sa dégustation de ce met si formidable. En mission, elle s'autorisait généralement à manger n'importe quoi, souhaitant simplement profiter des moments de confort. Entre deux bouchées, elle reprit :


Bien que changeant, le monde pouvait encore muter vers un avenir plus prometteur que celui envisagé par Miwaku Asae...

Elle savourait les quelques bouchées suivantes dans le plus grand des silences avant d'ajouter.


Kazuko ne finissait pas son assiette, car une jeune femme devait se nourrir du nécessaire et non se gaver. Après ce petit sujet qui la déprimée un peu, il lui venait une petite idée en tête pour égayer la soirée.


Est-ce que l'Hattori se laisserait tenter par la proposition de la jeune fille ?

Drôle d'enfant, pensait-elle réellement changer ce monde de manière si simpliste ? Dans un sens, n'était-ce pas la meilleure façon de procéder ? La rébellion n'était pas toujours une mauvaise chose, surtout quand elle concernait le fait de se débarrasser d'un souverain corrompu par un funeste passé. Kazuko avait raison, le clan Miwaku ne devait absolument pas se rebeller, pas maintenant... Entre deux bouchées, Hidemi reprit :


Après avoir bien entamée son assiette, l'intendante répondit à l'interrogation de la jeune femme :


Pour dire vrai, Hidemi ne savait jouer à quasiment aucun jeu lambda. Elle aimait habituellement se distraire avec son travail. Malgré tout, contrairement à son habitude, elle se laissa séduire par la proposition :


Soudainement, elle leva la main droite pour commander de l'alcool, un seul verre. Elle le savait, la jeune Miwaku n'était pas spécialement fana de cette boisson. Quand la serveuse s'approcha, Hidemi reprit :

L'Hattori approuvait donc et se laissait tenter par ce jeu amusant. Au même moment elle commandait du sake pour elle et du thé pour la Miwaku. Le service était plutôt rapide et la femme sortait deux éventails de tailles différentes. Elle en posait le plus petit sur un socle tenant le second en main.


Kazuko se mettait à l'extrémité de la table avant de se concentrer et de lancer l'objet qui atteignait sa cible avec classe.


La jeune Miwaku buvait un peu de thé en attendant la réponse de l'intendante.

Peu habituée à l'amusement, Hidemi saisit un éventail et cacha son visage et dit un peu timidement :


Pour dire vrai, l'intendante n'avait pas l'habitude de se faire plaisir et de rire. Tout contraire. La femme était solide et elle savait parfaitement se faire respecter en usant de mots piquants, mais ce quotidien d'insultes aussi diverses que variées était pesant. La Hattori n'en pouvait plus d'être seule et d'être considérée comme un loup par ses nombreux collègues. Ainsi, malgré une crainte de s'afficher, elle décida d'abaisser l'éventail et de risquer le ridicule. Elle prit la parole avec un ton sec :


Hidemi se positionna alors face à la Miwaku et se concentra sur son objectif. Ce jeu semblait bien simple, elle se concentra, ferma un œil et tenta de lancer son éventail. Raté. Une femme le ramassa alors et le ramena à la Hattori.

Elle souriait à l'intendante qui se prêtait au jeu et tentait un premier lancer to-ta-le-ment raté. L'Hattori n'avait pas la technique de lancer et Kazuko se devait de lui proposer son aide pour lui enseigner.


Elle ne voulait pas blesser sa nouvelle amie en lui rectifiant qu'on ne disait pas épouvantail, mais éventail. Certes, les deux mots se ressemblaient, mais l'un ne voulait absolument pas dire la même chose que l'autre.


Etrangement, la danseuse n'avait pas peur d'Hidemi et se permettait peut-être un peu trop de choses en tant que Miwaku esclave. Mais aider les autres pour mieux réussir, voilà sa philosophie bonne enfance.

L'intendante sursauta légèrement d'étonnement suite à la proposition de la jeune Miwaku, elle avait pour habitude de confondre une moquerie comme une méchanceté impardonnable. Avec un peu de retard, elle réalisa qu'elle s'était trompée de terme sans que la jeune Miwaku se moque d'elle... Pourquoi ne pas se venger du comportement souvent indésirable d'une Hattori de ce rang ? L'alcool semblait agir bien étrangement sur le cerveau de la terrible Hidemi, la rendant bien plus sotte qu'à son habitude.


Soudainement, la jeune Kazuko toucha les mains de l'intendante et malgré beaucoup d'effort, la trentenaire fit incapable de cacher ses joues se teintant de rouge. Il y avait une différence d'âge indiscutable, mais cette pureté émanant de cette demoiselle semblait totalement déboussoler le corps de la femme. Teintant d'orienter sa main, le buste de la femme ne tarda pas à effleurer l'épaule de la Hattori. Elle tenta de se reprendre en inspirant puis en expirant :


Le lancer n'était pas encore fait, mais l'intendante ressentait une étrange impression. Pourquoi cette jeune fille était-elle si différente des autres ? Et pourquoi Hidemi avait l'impression de devoir tant la respecter et la chérir ? Était-ce l'alcool ou ceci n'était qu'une vulgaire façade ? Le problème était-il autre ? Elle ne pouvait point y répondre, du moins pas dans une telle situation...

L'Odoriko se plaçait de manière à aider sa Sensei dans sa seconde tentative. Elle lui tenait ses mains et constataient qu'elles étaient moites. De plus l'intendante rougissait énormément au contacte de la jeune Miwaku et son corps était chaud.


Kazuko s'inquiétait pour la femme. Peut-être qu'elle était malade ou était-ce une grande fatigue ? Elle demandait à la servante un verre d'eau pour l'Hattori. Elle se décollait de la femme ayant crainte de ne lui tenir beaucoup trop chaud.


Les yeux de la Miwaku se posait dans ceux d'Hidemi et affichait un air très inquiet pour elle. Elle posait front contre front pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'une montée de température. La femme semblait brulante et la jeune Kazuko devait faire quelque chose pour l'aider.


La servante apportait le verre d'eau au même moment.


Elle lui tendait le verre en lui souriant.

Hidemi se reprit et comprit rapidement qu'elle venait de se retrouver dans une situation plus que complexe. Pourquoi rougissait-elle au contact de cette jeune fille ? Était-ce de l'admiration ? Ou bien, un sentiment quelconque à l'égard de la Miwaku ? La Hattori ne pouvait pas le définir, elle possédait un mal fou à se comprendre et à mettre des mots sur sa manière de penser. Pour dire, elle était incapable de réellement exprimer le fait d'éprouver une attirance pour un autre individu. Elle ne s'était pas élevée de la sorte et s'était reniée si longtemps qu'elle ne pouvait guère sortir de cette carapace aussi aisément.

Elle apporta le verre d'eau jusqu'à se lèvre et fut enfin capable de se reprendre. Elle n'avait guère le temps pour tout cela et elle devait impérativement mener sa mission à bien. Mais, n'était-il pas plus simple d'en parler pour crever l'abcès et définitivement tourner la page sur cette drôle d'hésitation ? Lorsqu'elle tenta d'ouvrir la bouche, un cri des plus stridents se fit entendre à l'arrière sale. Deux marchands prirent la poudre d'escampette en traversant la salle aussi rapidement que des lièvres en rut courent derrière une femme. À l'entrée de la salle nouvellement ouverte, Asae était debout et énervée avec un verre à la main. Elle était partiellement démaquillée suite à une grimace de colère. Elle ressemblait plus à un clown qu'à une Okasan. En l'observant, Hidemi tenta de s'empêcher de rire et finit par sourire en disant :

Miwaku Asae en était maintenant certaines, les villes civiles étaient en train de boycotter l'Empire en coupant de nombreux commerces avec les tyrans du continent. De cette manière, Kumo allait bientôt devoir s'auto-suffire sur de nombreux domaines. Asae n'était pas du genre à s'inquiéter, mais les marchands devinrent trop difficiles et ils se permirent de contredire la Okasan à de nombreuses reprises. Après avoir dégainé sa petite lame, elle menaça de tuer les deux commerçants si ils ne changeaient pas d'avis. Ils avouèrent que ceci était impossible. Elle décida donc de leur permettre de partir. Ils sortirent ainsi de la salle pour ensuite courir dans le grand salon commun. Elle suivit les deux hommes jusqu'à la porte de la petite salle de réunion.


Elle referma alors la porte pour s'isoler.