Cela faisait maintenant quelques jours que je vagabondais dans cette forêt, elle était d'une immensité à ne plus en finir. Pour me nourrir, des petits animaux étaient le seul moyen que je trouvais et rarement. La faim me tenaillait le ventre, la soif m’asséchait la gorge. Un bruit significatif attira mon attention, un court d'eau était proche, il me fallait le trouver impérativement me laver de tout ce sang séché que j'avais encore sur moi. Quelques minutes s'en suivirent quand une petite rivière se montrait au détour d'un arbre. Sans réfléchir, je courrais vers elle et m'enfonçais dedans. Que c'était bon... La couleur de l'eau prit une teinte rougeâtre, mais la toge était quand même tâchée. Une idée me traversa l'esprit. Les villages s'établissaient souvent près des courants d'eau pour pouvoir cultiver. C'était souvent le cas, j'en étais certaine. J'allais donc suivre le courant et peut-être en trouver ce que je cherchais.
J'avais raison. Des habitations de paysan étaient proches et la hâte d'arriver me saisit afin d'essayer de me nourrir d'autre chose que d'animaux pas très ragoûtant.
Tout le monde me regardait avec un regard étrange, comme si j'avais la peste sûrement à cause de cette veste à moitié rouge. J'observais la rue, la moindre personne à l'écart serait suffisante pour me substanter. Un sans-abri était là.
« Eh ! Tu veux un peu d'argent ? Suis-moi ? J'ai un petit boulot pour toi, simple et bien payé. »
L'argent, le moyen le plus simple pour appâter les hommes, c'était trop facile. Il me suffisait de proposer un peu de ce poison et il était possible de soudoyer n'importe qui. Je m'enfonçais dans la ruelle, l'homme me suivait, méfiant. Il me demandait ce qu'il devait faire et surtout combien ce serait payé. Sans même prêter attention à répondre, je sautais sur lui, mordant rapidement et le vidant de tout son jus. Il était vraiment infect, mais au moins, ça me permettait de tenir un peu. La rue était bondée et c'est au beau milieu que je m'effondrais à genoux.
Mon regard se troubla avant de me sentir mal. J'étais à bout de force et mon alimentation n'avait pas encore le temps de faire effet.
***
Une salle blanche, un lit assez confortable me supportait et des fenêtres donnant sur l'extérieur permettait au soleil de s'engouffrer dans cette salle. Où étais-je encore ? La dernière chose dont je me souvenais était de me trouver dans une rue. Quelqu'un entra dans la pièce, une femme assez jeune peut-être même de mon âge.
- Ah ! Vous êtes réveillé.
Dans un sourire rassurant.
- Vous êtes dans un centre de soin, c'est une sorte d’hôpital de village. Vous souffriez d'un manque de nutrition. A vrai dire, je n'avais jamais vu ça, votre organisme est très particulier d'après mes recherches. Après vos analyses, quelques dizaines de minutes ensuite et vos symptômes disparaissaient progressivement. Vous êtes un mystère. Comment vous appelez vous ? Un homme du village vous a amené à nous, mais nous n'avons aucune information à votre sujet. Vous n'êtes pas du coin n'est-ce pas ?
Elle était gentille, et même rassurante. La jeune n'avais même pas posé de questions sur mes frusques tachées. Elle était grande, brune et assez élégante malgré sa blouse rose pâle. S'en suivit une longue discussion sur ce qu'il s'était passée dans ce complexe, sur ce que j'avais fait de ces hommes. Au fur et à mesure de mon récit, la femme qui me faisait face semblait effrayée, non pas par mes actes, mais plutôt par les hommes de cet endroit sous-terrain. Elle essayait de me rassurer par tous les moyens et restait avec moi durant la journée entière. Nous discutions de nous, de notre parcours même si je n'en disais que le strict minimum.
Le lendemain, tout était rentré dans l'ordre. Ma faim était encore présente, mais pas comme la veille. La jeune brune m'avait mis des affaires proche de mon lit durant la nuit. Habillée, propre, j'étais prête à repartir. Ces hommes, un jour, allaient être les victimes de ma vengeance.