Le colis perdu [Feat. Kirishitan Muu]

Malgré l'épaisseur de la neige dans les rues de Konoha, l'hiver n'était pas aussi rude que les précédemment. Le froid sec était agréable, mais il était nécessaire de bien se couvrir pour rester des heures dehors. Seika se promenait dans les rues, portant un long manteau rouge ressemblant fortement à son kimono. C'était un vêtement qu'il appréciait énormément pendant la saison hivernale car elle contenait une doublure polaire. Il s'agissait d'une arme efficace pour contrer le froid. Bien entendu, le Kitto aurait préféré rester chez lui, au chaud, mais aujourd'hui il avait été missionné pour effectuer une mission. Une mission loin de ce qu'il a pu connaître, une mission loin des dangers des contrées extérieures. Si elles étaient généralement destinées à des Genin, il était fier de l'avoir accepté. Aider les gens de son village, même pour des tâches insignifiantes lui égayait ses journées.

Le jeune blondinet se dirigeait vers une maison à l'architecture ancienne et dont la couleur ne passait pas inaperçue dans le quartier. C'était la seul a avoir une couleur bleue. Face à elle, il se présenta devant la porte. Alors qu'il allait toquer pour signaler sa présence, une vieille dame lui ouvrit la porte.





Indiqua-t-il avec une révérence.





Le jeune blondinet s'empressa de récupérer le colis. Il effectua une nouvelle révérence avec un énorme sourire.



Continuant de sourire de bon cœur, le jeune s'éloigna de la maison, prenant la direction de l'établissement postale de Konoha. Il tenait fermement le colis entre ses mains. Les rues étaient calmes aujourd'hui, les villageois préféraient rester au chaud chez eux ou dans leurs lieu de travail. Mais un shinobi ne devait pas craindre de travailler par tous les temps.

Soudain, une ombre passa à vive allure, subtilisant le colis des mains de Seika sur son chemin. Il resta bouche bée devant la situation avant de reprendre ses esprits en se secouant la tête. Plusieurs témoins avaient été témoin de la scène.



Aussitôt ses mots prononçaient en hurlant, il pourchassa son voleur dans les rues et parfois même de toit en toit. Le pilleur prenait de l'avance et très vite, Seika se résigna à abandonner... le seul indice qu'il avait : un pantalon de couleur orange...

Contrarié, il se lamentait sur lui-même. Comment avait-il pu laisser une telle chose arriver ?

Le port noble, le regard fier et le corps immobile, le Kirishitan bravait le froid depuis la veille. Recouvert d'un léger manteau blanc, le brun à la peau mâte restait totalement impassible face aux éléments. Même la cruelle lueur de l'aurore ne parvint pas à lui arracher une grimace. La discipline et la concentration de ce voyageur étaient dignes des plus dévots. Rares étaient ceux, parmi son clan, à s'astreindre à un tel ascétisme. Pourtant, à l'entendre, c'était la seule voie digne des adeptes du culte d'Eden. Ne faire qu'un avec Mère nature devait être l'objectif premier de tout être. D'ailleurs, cette quête de communion, il essayait de l'instruire à son fils, Muu. Ce dernier se trouvait à ses côtés, assis à même le sol. Tremblant tel un faon esseulé, cette jeune pousse n'avait définitivement pas la rigueur de son paternel. En effet, le froid s'était infiltré dans ses os et l'ennui voilait son regard d'un mince rideau. Voyant son fils perdre le fil de cette méditation, le père exigeant l'envoya au cœur de Konoha. Son objectif était simple : trouver les sept sens de la vie. Derrière cette pseudo-leçon philosophique, se cachait une vérité bien plus triste. L'enfant déconcentrait l'adulte, alors il eut l'idée de trouver une quête faussement importante pour que le garçon s'éloigne docilement.

Naïf et volontaire, le petit homme se mit en marche immédiatement. La démarche joviale et le cœur réchauffé par cette mission, Muu parcourrait les rues de Konoha avec audace. Pas après pas, il découvrait ce village qui lui était étranger. Les visages lui paraissaient insolites et lui arrachaient bien souvent un rire franc. Inconscient des dangers de ce monde, l'âme pure se perdit dans ce dédale géant. Néanmoins, il ne paniqua pas. Pour lui, il suffisait de faire confiance aux passants.



Tandis que le trentenaire ignora royalement cet appel, l'enfant relativisa cet échec. "Peut-être était-il trop pressé ?"



Un regard dédaigneux et un silence pesant suivirent cette interpellation. La jeune fille pressa le pas et disparu dans une ruelle avoisinante. "Elle a eu peur ! Je suis trop musclé, elle a dû penser que j'allais l'embêter !"



La porte se ferma avec fracas. La veille dame se contenta d'un "Je n'ai besoin de rien, partez !" comme seule explication. Dubitatif, Muu ne s'attendait pas à une telle indifférence. D'ordinaire, tout le monde était gentil avec lui... Était-ce à cause de sa nouvelle coiffure ? Pourtant, son père n'avait aucun problème lui...

Ne se laissant pas abattre par ces événements, il continua sa pérégrination en toute quiétude. C'est alors, qu'une silhouette rouge coupa son élan. Elle hurlait et courrait à en perdre haleine. Ce spectacle détonnant fit rire le Kirishitan, il se prit même au jeu de poursuivre cet inconnu. A ses yeux, cette scène ressemblait à une grande partie du chat et de la souris. Heureusement pour le petit à la peau ébène, le blondinet s'arrêta promptement. Essoufflé, mais joueur, Muu déposa avec vigueur sa main sur l'épaule de sa cible.

Seika ne réalisait pas ce qu'il venait de se passer. Il s'était fait avoir comme un bleu, mais qui était cet individu ? Était-il un simple voleur ? Ce colis détenait-il quelque chose de valeur ? Sa réflexion avait été interrompue par un jeune garçon. À peine avait-il déposé sa main sur l'épaule du Kitto qu'il se retourna pour s'échapper d'une éventuelle saisie. Aussitôt, il saisissait le garçon par le col.



Le jeune blondinet s'emportait avec rage et s'apprêtait à en découvre avec le voleur. Très rapidement, il prenait conscience qu'il ne pouvait pas s'agir de lui. Le jeune garçon ne portait aucun vêtement orange. D'une couleur ébène, il était vêtu d'un habit vert sous son manteau blanc. Ce garçon n'avait rien à voir avec sa situation. Il était essoufflé comme s'il lui avait couru après.



Le Chûnin relâcha l'enfant et, par politesse, lui remit ses vêtements en place comme pour effacer son geste. C'était un petit homme, il ne paraissait pas très âgé, une dizaine d'année certainement.



Cet enfant ne semblait avoir aucune notion de la réalité de la vie. Comment pouvait-il croire que n'importe qui s'amuserait à jouer à « chat » avec lui.

Face à l'offense de ce païen, un cri sincère et brutal s'échappa de la poitrine de l'enfant. Fier de ses origines et de son sang, le Kirishitan ne supportait aucun affront. Ainsi, passants et curieux eurent une brève démonstration de son caractère impulsif. Bien que d'ordinaire doux, jovial et candide, Muu pouvait se montrer très virulent quand son ego était meurtri. Il agissait alors avec une grande théâtralité. Premièrement, sa voix se voilait du peu de charisme qu'il possédait. Ses propos se teintaient alors de couleurs vives. Ensuite, son regard devenait le reflet d'une flamme éternelle, une ardeur prête à tout réduire en cendres. Enfin, son corps devenait l'esclave de grands mouvements, amples et dramatiques. Ce portrait détonnant, donnait une illusion d'autorité : le jeune garçon gagnait ainsi en conviction.



A peine ses mots prononcés, la colère de l'impétueux s'atténua. Le regard tourné vers l'horizon, il sembla comme emporté par de profondes pensées. Cette réflexion lui donnait un air particulièrement sot. Qu'avait-il réalisé ? Pourquoi l'évocation de son paternel l'avait tant bouleversé ? Venait-il d'être frappé par un éclair de génie ?



A ce moment précis, son ventre émit un râle caverneux. La synchronisation était parfaite. Par réflexe, le petit à la coupe Mohawk plaqua ses mains sur son corps pour le faire taire, en vain. Quelque peu gêné par la situation, il se mit à sourire nerveusement à son interlocuteur. Finalement, faire la morale au seul être disposé à l'aider, ce n'était pas très malin... Changeant une nouvelle fois d'expression, Muu tenta de charmer ce petit homme. Il invoqua alors ses traits les plus sympathiques et sa voix la plus tendre.

Les deux shinobis ne se comprenaient pas. Le Kitto s'était enflammé à l'idée de tomber sur son voleur alors que le jeune Kirishitan cherchait un partenaire de jeu. Seika avait réagi sans réfléchir. Heureusement qu'il n'était pas tombé sur un ninja de rang supérieur, il aurait subi la pire de remontrance et peut-être même un rapport. Le jeune garçon à la couleur ébène montrait son mécontentement, il hurlait à plein poumon allant jusqu'à l'insulter d'arrogant. S'excusant à de multiples reprises, le jeune Chûnin espérait détendre la situation.



Cependant, l'enfant Kirishitan ne semblait pas être très attentif. Perdu dans ses pensées, il en oubliait complètement l'excès de colère qu'il venait d'avoir. Il avait un drôle d'air et ce qu'il recherchait était incompréhensible pour le Kitto.



Le vacarme du ventre du jeune garçon l'avait coupé. Il était si audible que l'on pouvait penser que son estomac était vide depuis plusieurs jours. Le Chûnin se sentait mal à l'aise.



Demanda-t-il aussitôt, effaré par de tel propos.



Expliqua le jeune blondinet en pointant son doigt vers l'estomac du Kirishitan. La situation ennuyait beaucoup le shinobi. Il ne comprenait pas pourquoi un enfant aussi jeune manquait de nourriture ni quelles raisons pouvaient pousser ses parents à agir de la sorte. Bien qu'en pleine mission, il se disait que c'était le destin qui l'avait mis en travers du jeune Muu. Il se devait de l'aider.



Conseilla Seika en désignant de sa main l'un des commerçants de fruits et légumes.



Quelques secondes après, le Kitto changea complètement les termes du contrat.



Le Chûnin avait légèrement abaissé son buste pour être à la hauteur du jeune garçon. Ca proposition terminée, il se relevait, les mains dans les poches de son manteau.

Mutique et un peu confus, le jeune enfant eut du mal à comprendre et à expliquer cette abondance de gentillesse. Que ce soit dans les mots ou dans les actes, ce Konohajin se comportait comme un vrai Kirishitan. Ému, le cœur du garçon se voila d'un tendre sentiment de nostalgie. Face à cet homme avenant, il revoyait ses voisins et ses proches d'antan. Ses souvenirs légers le firent sourire, et il regretta quelques instants ces moments passés loin de Konoha. Puis, il assécha ses yeux d'un revers de manche, regretter ne servait à rien. Suivant l'exemple de ses parents, il préféra se ruer sur le présent, plutôt que de s'abandonner au passé. Après ce court instant chargé en émotion, Muu retrouva son air jovial et un peu sot. Grand sourire, il regardait son interlocuteur avec innocence.



Un nouveau son caverneux s'échappa de son estomac. Bien que puissant, le brun l'ignora avec vigueur. Le port de tête noble et le visage impassible, il luttait de toutes ses forces pour garder son sérieux. Heureusement, il possédait une arme secrète pour chasser ses mauvais réflexes.



L'imitation salutaire était parfaite. Le ton, la posture, le doigt levé, Muu était devenu, pour quelques secondes, la copie conforme de son paternel. Cette illusion aida grandement le chérubin : c'était comme si cette métamorphose gommait son appétit. Pendant un bref instant, il échappait à sa condition et jouissait d'un mental de fer.



Toujours souriant, le garçon était en proie à une nouvelle motivation. Heureux de cette rencontre, il semblait resplendir et rayonner d'une joie intense et non feinte. Cette douce énergie le fit alors avancer d'une démarche déterminée et quelque caricaturale. Bras pliés, poings serrés, il se dandinait à un rythme martial, le regard aveugle tourné vers l'horizon.



Après cette ultime interpellation, Muu s'enfonça dans l'avenue commerçante. Pas après pas, il faisait confiance à son instinct et faisait fi de tous les obstacles. Cependant, cette marche irréfléchie trouva rapidement une fin. En effet, le regard hagard et le front plissé, l'enfant ne reconnaissait pas les environs. S'était-il perdu ? D'un geste vif, il se tourna en direction de son partenaire du jour.

Subitement, alors que le Chûnin était plein de bonnes attentions, le jeune garçon était submergé par ses émotions. Il ne comprenait pas vraiment, mais après tout c'était encore un enfant. Dans un grand courage qui semblait le caractérisé, il avait reprit ses airs joyeux et souriant. Très rapidement, Muu refusait son aide et en expliquait les raisons. Son père avait une éducation très particulière et une importante influence sur lui. Le Chûnin pouvait ressentir cette forte loyauté envers son père. Une bonne chose. Même s'il n'adhérait pas au propos cité par son interlocuteur, il se disait qu'il s'agissait ici d'une méthode traditionnelle chez les Kirishitans. Il se devait de la respecter.



Un petit conseil plutôt logique que son père avait certainement déjà soulevé. Pourtant, cela lui paraissait important. Muu n'avait pas tardé à s'élancer vers la recherche du voleur. Il se montrait déterminé et prêt à l'aider coûte que coûte. Ce jeune garçon était plein de surprise, le blondinet commençait à l'apprécier. Son père pouvait être fier de lui.



Ce gamin méritait d'être aidé. Il commençait son ascension et il était certain qu'il finirait par rejoindre le rang des shinobis de Konoha. Dans sa fougue, le petit Kirishitan pressait le pas et se dirigeait vers l'inconnu. Le blondinet lui-même ne savait pas réellement par où commencer et il n'avait pas fallu plus de quelques secondes pour le voir s'arrêter.



Le blondinet s'avança vers le jeune garçon les mains dans les poches puis reprit.



Seika s'avança pour dépasser son jeune acolyte et tapa son poing dans la paume de son autre main.



Une course effréné commença et plusieurs ruelles furent fouillés. Malheureusement, aucune recherche n'était fructueuse à l'heure actuelle. Malgré son jeune âge, Muu réussissait à garder la distance et gardait grand sérieux. Il semblait attacher une grande importance à cette quête. Seika lui posa alors quelques questions.



Puis il enchaîna.



Le Chûnin ne connaissait pas réellement leurs pouvoirs, seulement ce que l'on en disait. La culture des Kirishitans était très particulière et inconnu chez lui. Ce petit garçon l'éclairera sûrement sur le sujet.

Tout à coup, une ombre orange leur coupa la route. Stoppé dans leur course, le Chûnin avait manqué de réaction.



Le voleur continua de courir avant de disparaître dans une ruelle où les deux garçons se dirigèrent. Seulement, le voleur n'était plus là. Était-il caché ou avait-il de nouveau réussi à mettre en échec le Chûnin ?

Le torse bombé et le regard fier, Muu irradiait de bonheur. Adieu l’ennui et la dureté des exercices de son paternel, le Kirishitan se laissait à présent porter par son imaginaire. Ses doux rêves d’amitiés et de jeux complices l’amenaient parfois à étouffer un rire. Malgré son sérieux apparent, il jubilait de bonheur. Cette quête, qui l’avait uni au blondinet, relevait d’un miracle à ses yeux. Elle chassait toutes ses craintes et sa pesante solitude. Ainsi, dans son cœur, une conviction naquit : il avait sa place dans ce village. De nombreux amis l’attendaient à chaque coin de rues, il suffisait de forcer un peu le destin, pensa-t-il.

Pour accompagner sa joie et ses désirs d’amitié, le garçon à la peau d’ébène répétait en boucle dans sa tête les mots de son partenaire. Bien entendu, comme à son habitude, il avait transformé les indices en une petite phrase. C’était une astuce qu’il tenait de sa mère. Voici ce qu’il se murmurait à lui-même : L’Orange s’est envolée. Triste est le Blond qui cherche son Marron d’UA.

Durant tout ce temps, il prêta main forte à son partenaire. Ses yeux se voulaient durs et scrutaient le moindre recoin des parcelles. Téméraire et joueur, il n’hésita pas à fouiller les poubelles et à attaquer les ombres étranges. Finalement, malgré sa fougue, les deux courageux restaient bredouilles. C’est alors que pendant un temps calme, le blond questionna le brun sur ses ambitions. Un large sourire vint alors illuminer le visage du chérubin. Il était ravi de pouvoir exposer ses désirs profonds.



A l’évocation de ses échecs en arts ninja, une pointe de tristesse put se lire dans ses pupilles. Cette situation le pesait, c’était évident. Néanmoins, comme à son habitude, Muu se réfugiait dans l’enthousiasme et avec optimisme, chassait ses démons intérieurs. Il souriait alors à la vie, un moyen comme un autre de braver ses remous parfois violents.

Soudain, l’Orange refit son apparition. Le duo se hâta de le poursuivre, mais elle était trop vive. Alors que les deux shinobis pensaient l’avoir acculée dans une ruelle, le néant fut leur seule récompense. Pourtant, le brave ne perdit pas espoir. Il grimpa alors sur des détritus et mit ses mains dans les poches de son manteau. Puis, dans un souffle plein d’entrain, il cria ses mots :



C’est alors qu’il sortit plusieurs pierres de son habit et les jeta dans toutes les directions. Cette action semblait irraisonnée vue de l'extérieur. Et pourtant, ce n’était pas le cas. L’intuition de Muu lui dictait que dans cette rue, l’Orange se cachait. Avec une telle technique, il était sûr de le débusquer.

Ce garçon était très étonnant. Au cours de leur parcours, il démontrait une grande détermination et un sérieux très admirable. Le Chûnin n'était pas mécontent d'avoir trouvé un compagnon. Déçu de son échec, il se disait qu'il aurait plus de chance avec ce Kirishitan. Son jeune âge aurait pu lui apporter quelques préjugés, mais il n'en était pas question. Ce garçon méritait sa chance. Alors que leurs recherches semblaient infructueuses, le jeune garçon à la peau d'ébène se confia à lui. Muu n'était pas seulement courageux, il était rempli d'ambitions et pas n'importe lesquelles. Pourtant, il subsistait des doutes en lui et son irrégularité dans la maîtrise de son chakra freinait ses ardeurs.



Le pouce en l'air, le blondinet espérait lui faire oublier ses lacunes un cours instant. Il refusait de croire que ce petit garçon serait incapable de maîtriser sa force bleue. S'il le faut, il le soutiendra dans son apprentissage.



La tristesse se lisait dans le regard du Kirishitan et ce malgré les encouragements et les propositions du Kitto. Toujours est-il que Muu cachait une nouvelle fois sa tristesse et ses doutes derrière ses airs enjoués et optimistes.

Leur petite conversation avait été stoppée net par l'apparition de l'ombre orange. Ce voleur les narguait sans scrupule et avait une nouvelle fois démontré sa rapidité. Dans une ruelle sans issue, il avait une nouvelle fois disparu. C'est alors que le jeune Kirishitan effectuait une manœuvre qui semblait désespéré et inutile. Ses mains remplies de pierres, il jeta ces dernières dans plusieurs directions manquant de toucher le Chûnin. Pourtant, c'est à l'aide d'une pierre ricochant contre un mur que l'ombre orange poussait un cri caché derrière un tas de cartons vides. Prit de panique, le voleur lança deux kunais dans leur direction. Le jeune blondinet renversa son attaque à l'aide de deux shurikens qui dévièrent les kunais. En protection devant le jeune garçon, il sourit sans quitter son adversaire des yeux.



Le Kitto s'élança vers l'homme vêtu d'orange et lui asséna un violent coup dans l'abdomen. Puis dans la continuité de son attaque, il frappa le voleur derrière la nuque pour l'assommer. Le corps inerte de l'homme tombé au sol, le Chûnin invita le jeune Muu à chercher le colis.



Alors que le Kirishitan fouillait les moindres recoins de la ruelle, le blondinet s'attelait à lier les mains du voleur pour éviter toute tentative de fuite s'il venait à se réveiller. Le voleur sur son épaule son regard se posait sur son jeune équipier.



Le trajet jusqu'au poste de police avait été de courte duré. Une fois le voleur remit aux autorités, les deux acolytes se dirigeait vers le centre postal situé à quelques mètres. Le colis remit entre de bonne main, le Chûnin se disait qu'il était temps de remercier le jeune garçon. Sans lui, sa mission aurait été un échec. Pointant son poing en direction du gamin, il le remercia.



Il lui sourit attendant patiemment que le garçon tape dans son poing.



Le Chûnin avait sa petite idée sur le sujet. Peut-être se trompait-il, mais il se lança.



Il continua.



Le Kitto se grattait le crâne, il avait peur d'être à côté de la plaque, mais cette explication lui semblait cohérente. Il restait vague cherchant à faire réfléchir le Kirishitan. S'il s'agit bien des sens permettant de percevoir le monde à travers l’ouïe, la vue et bien de bien d'autres manières. L'application de ces sens alliés à la méditation lui seront d'une grande aide pour maîtriser son chakra. Restant stoïque face au jeune garçon, il attendait son avis sur le sujet et se sentait prêt à lui apporter son expertise. Leur chemin ne s'était certainement pas croisé par hasard. Seika s’efforçait de croire qu'il devait aider cet enfant pour s'élever dans le rang des shinobis.

Subjugué par autant de bienveillance, le Kirishitan oublia peu à peu le fossé culturel qui séparait les deux Konohajin. En effet, le soutien indéfectible que lui accordait le blondinet, remplissait sa tête d'espoir et de bonheur. Sa candeur l'amenait même à rêver à un avenir commun. Dans son esprit, une amitié sincère et vive était en train de se créer. Se laissant bercer par cette illusion, le brun à la coupe Mohawk se fit la promesse de garder contact avec ce Chunin. A dire vrai, une part de lui considérait déjà son aîné comme un mentor, voir un grand frère.

Ce sentiment se vit renforcer par les impressionnantes actions du ninja en mission. Sa réactivité, quand il stoppa les projectiles, transforma le visage du gamin de 10 ans en une expression béate de surprise. Les yeux ronds et la bouche ouverte, l'apprenti combattant admirait ces prouesses physiques. D'ailleurs, l'assurance et le sourire franc de l'homme à la cape rouge captivèrent toute l'attention de Muu. Face à ce spectacle, il s'imaginait déjà se déguiser en son héros du jour, l'imiter et lui rendre un hommage chaleureux. Néanmoins, cette célébration allait devoir attendre. La quête du colis passait avant les délires de l'enfant.

Afin de ne pas décevoir son nouvel ami, le Kirishitan s'exécuta et fit preuve d'une rigueur exceptionnelle. Son désir d'acceptation était si fort, qu'il éclipsa son caractère puéril et ingénu. En quelques minutes, il se métamorphosa en fin limier. Rien ne pouvait lui échapper, mains et pupilles agissaient de concert pour explorer toutes les pistes. Cette expérience laissa un goût étrange dans le cœur de Muu. C'était comme si, toute son âme s'éveillait dans la traque et la recherche. Peut-être était-ce dans ce domaine qu'il trouverait son salut ?

Une fois le bien retrouvé, tout se déroula dans une facilité déconcertante. Le long du trajet, le petit à la peau d'ébène écouta religieusement son partenaire. Il suivait ses pas et tentait de se montrer digne de ce grand guerrier. Tout son corps bougeait dans cette optique. Avec fierté et optimisme, sa démarche et son visage exprimaient une joie immense et une grande estime de soi. Quand un poing fut tendu comme signe amical, l'enfant mit quelque temps avant de comprendre. Ce n'était pas dans ses habitudes : il ne connaissait pas ce geste. Pourtant, il se prit au jeu et obéit à son instinct. Le choc fut léger, mais son symbolisme était puissant. Muu scellait par ce geste sa confiance à cet homme blond.

C'est alors que le Kitto évoqua des hypothèses intéressantes pour répondre à la quête des sept sens. Malheureusement, par manque de connaissance, le plus jeune ne comprit pas la logique de l'autre protagoniste. Confus, Muu fit l'aveu de son échec.



L'honnêteté du bambin frappa une nouvelle fois. Décidément, les réflexions philosophiques et les énigmes n'étaient pas son fort. Cependant, l'aide apportée par son interlocuteur fit germer une nouvelle idée. C'était comme si un éclair avait traversé la tête creuse de Muu. Surpris par sa propre réflexion, il s'empressa de partager ses pensées. Son débit fut rapide et son articulation sommaire, le comprendre était compliqué.



Un immense éclat de rire se fit entendre.

Le jeune Kirishitan n'était pas toujours à l'aise avec l'attitude du Chûnin et il s'en était aperçu une nouvelle fois lorsqu'il lui avait tendu son poing. Seika oubliait ses origines et sa culture différente. Il se disait qu'il devrait y faire plus attention à l'avenir. Il serait dommage de froisser un gamin aussi prometteur. Car oui, c'était encore un enfant, mais un enfant rempli de soif de connaissance. Pourtant pris au jeu, le Kirishitan avait frappé le poing du blondinet. Un geste amical qui en disait long sur la suite de leur relation. La mission terminée et avant d'effectuer son rapport, le shinobi souhaitait guider du mieux qu'il pouvait le jeune garçon dans sa quête.

De nombreuses hypothèses avaient été soulevées et Muu l'écoutait attentivement. Pourtant, il avouait ne pas cerner l'idée, se dénigrant par la même occasion. D'un geste de la main, Seika avait fait remarquer son mécontentement quant à cette remarque.



Tout à coup, Muu semblait pris d'un éclair de génie. Son visage illuminé il s'empressait de lui expliquer sa propre définition des sept sens de la vie. Il parlait si rapidement qu'il était difficile de le comprendre. Le blondinet avait plus ou moins cerné ses propos, mais c'était une tout autre façon de penser. Sûrement un truc de Kirishitan. En tout cas, Seika riait au éclat au même titre que son nouvel ami.



Il ajouta:



Il s'arrêta puis reprit rapidement.



Le blondinet sourit plutôt gêné, il n'aimait pas trop l'idée de devenir un sensei. Il ne s'en sentait pas réellement capable. Néanmoins, son désir d'aider le jeune garçon était beaucoup plus fort. Après tout, il n'était pas obligé d'être considéré comme un sensei, mais plutôt comme un mentor.

Qu'il avait de beaux cheveux... Distrait par ses fils d'or, l'esprit du Kirishitan se laissa emporter par un flot de pensée. Tandis que l'homme faisait preuve d'une bienveillance et d'une humanité folle, l'enfant, lui, se perdait dans son imaginaire fécond. Il se voyait déjà, arborant une longue crinière couleur aurore, courant dans des forêts rougis par l'automne. Dans sa tête, les rires étaient nombreux et l'innocence absolue. Parfois, un sourire venait trahir son vagabondage mental. Ce n'était pas tant que les propos de Seika l'ennuyaient, mais plutôt que Muu manquait cruellement de concentration. Cela en devenait presque pathologique, tellement cela nuisait à son apprentissage.

Néanmoins, à l'énonciation de son père, ses yeux vides retrouvèrent leur intensité. En parfait écho de cette attention retrouvée, le visage du garçon s'illumina de nouveau. Il était de nouveau présent dans l'échange, et cela se ressentait. Il comprit très vite la proposition de son ami et il avait du mal à contenir sa joie. Il avait enfin créé un lien avec un Konohajin. C'était décidément son jour de chance.



Sans attendre, le gamin se mit à courir en direction de son quartier d'adoption. Encore vigoureux et plein d'énergie, l'écart entre les deux camarades se creusa rapidement. Emporté par cette nouvelle, Muu en oublia sa quête des sept sens. En était-il autant pour son père ?