« Et quel âge pourrait-je avoir, jeune demoiselle ? Je pense que tu seras assez loin de la vérité, mais je suis curieuse de savoir ton estimation. »
Yokia donna un bol à son comparse qu'il saisit. Apparemment, vu la tête, ce devait être plutôt mangeable et bon. Cela fait bien des années qu'un repas comme celui-ci n'avait pas été dans ma bouche. Désormais, a part le goût du sang, le reste n'était que du sable et de la poussière.
« Que des animaux ? À vrai dire, je n'en sais rien. J'ai toujours eu à manger lorsque j'en avais besoin. Quand bien même ce ne serait pas le cas, je peux tenir un moment sans nourriture, l'avantage de mon âge et de mon statut de sang. Certain ne peut pas se permettre ce que je fais et ce doit d'avoir des repas régulier après les cent premières années, celles-ci sont les pires d'ailleurs. Bref... Mais si tu veux, je peux me nourrir à même ton sang, si c'est une proposition. »
Mon petit sourire et mon regard malicieux la regardant.
Je n'allais pas dévoiler des informations à de purs étrangers. J'en avais déjà dit suffisamment. Alors que le silence reprenait ses droits parmi les bruissements des branches traverser par la brise, une voix le cassa.
- Bonsoir mes amis...
Il avait l'air fatigué et l'étranger me semblait bizarre. Les deux arrivants s'installèrent, Gekido autour du feu avec un repas, tandis que l'autre nommé Saru, d'après le second, restait debout légèrement à l'écart, le regard fixé dans le bol. L'homme qui ressemblait à un singe me paraissait suspect et mon instinct me disait d'être méfiante envers lui. Je n'aimais pas les personnes qui pouvaient être trop en arrière, c'était souvent ceux-là qui trahissait. J'avais pu le voir dans une bataille d'un autre âge. Ce traître de Kiru, qui avait attaquer mes troupes et avait amené un second bataillon ennemi dans notre dos. J'y repensais. Tout comme Kiru, le singe me semblait au premier abord de la même trempe. Bien sûr, ça ne voulait pas dire qu'il allait trahir, mais mine de rien, je préférais m'en méfier pour prévenir toute éventualité.
-...les Mitsuna n'ont pas encore accompli leur part du marché...
La parole du roux m'extirpa de mes songes. D'après lui, nous allions devoir attendre quelque chose. Je n'avais pas toutes les informations, même très peu. C'était normal, il ne me connaissait pas forcément et n'avait probablement pas confiance en moi pour partager les plans concrets. Je le comprenais, car moi-même, ma réaction aurait été similaire.
« On m'a dit que vous pourriez peut-être m'aider. Vous connaissez un certain Masaru? Il a un labo par ici. »
Le présumé Saru avait prit la parole. Commencer directement une question sur ces propres intentions, sans même ce présenter était d'une telle impolitesse et irrespect. Le genre de comportement qui m' horripilait. En plus, de qui parlait-il ? La politesse n'était pas son fort. Sans oublier que si Gekido l'avait ramené, c'était certainement pour le projet du groupe en prioritaire. Chacun en parallèle pouvait vaquer à la résolution de ses propres desseins, mais était surtout là pour le but commun. Ma méfiance, plus ce comportement, n'allaient pas me mettre en bonne disposition pour discuter avec lui.
« Avant de poser des questions, la moindre des choses est de se présenter. C'est le minimum requis lorsque l'on arrive dans un groupe. De plus, ne sachant rien de toi, je ne vois pas pourquoi nous répondrions à ta question. Gekido, pour les Mitsuna, on attendra, rien de grave. Il vaut mieux attendre et que les choses soient bien faites, plutôt que de ce précipiter et avoir un échec et mat sur nous. »
Je me levais le sang au coin des lèvres, jetant la carcasse de la loutre dans un bosquet. Mon armure faisant son habituel cliquetis de métal lors de mes mouvements. Je m'essuyais le liquide rougeâtre avec une serviette en tapotant tel l'éducation que j'avais eu après ma transformation par l'Originel. C'était une des manières qui assurait la prestance d'une Dame. Je ne détachais pas mon regard rouge de mon interlocuteur et me rapprochais de lui pour lui tendre la main.
« Donc... bonjour. Mirya. Et toi ? Comment te nommes-tu ? Les présentations sont le minimum du respect. Jadis, ce genre de comportement pouvait comporter de graves répercutions. Mêmes entre ennemis, nous nous présentions. Un bel âge où nous savions combattre avec honneur et respect. »
Mon regard le toisait de haut en bas. J'allais me mettre contre un arbre pour garder mon état d'alerte. De ma haute stature, cela me permettait d'avoir un contrôle visuel sur l'assemblée.