A la rescousse de Caramel

La vie de shinobi réservait plein de surprises. Maka l’avait accepté puisqu’en gagnant le bandeau du village, symbole de l’appartenance de son corps à la République, elle renonçait par la même occasion à sa liberté la plus absolue. Elle devait servir du Pays du Feu en tout temps et en tout lieu.

La jeune fille ne s’attendait toutefois pas à être tirée du lit à trois heures du matin parce qu’un chien avait disparu.



Maka n'en croyait pas ses yeux ; elle imaginait même qu'elle était encore sous la couette et que tout cela n'était en réalité qu'une petite face de Morphée. Il lui fallu relire trois l'ordre de mission pour comprendre que ce n'était pas une farce. La disparition d'un animal de compagnie nécessitait-elle vraiment la mobilisation d'un shinobi ? Maka devina que l'argent était certainement plus persuasif que la raison.



Elle se mordait la lèvre inférieure pour s'empêcher de crier. Le secrétaire ne daigna pas relever sa provocation.



Le secrétaire ne lui laissa pas le temps de répondre à la question et disparut aussitôt dans un nuage de fumée blanche, laissant voltiger derrière lui un long parchemin qu'elle devina être un rapport sur le disparu. Elle l'attrapa en vol et couru en direction de sa chambre enfiler une tenue plus adaptée à la réalisation d'une mission de sauvetage telle que celle-ci : une paire de baskets, un short et un gros pull à capuche sur lequel on pouvait lire « Attachiante et alors ? ». Elle prit également son arme de prédilection : un bâton de combat rétractable qu'elle pouvait ranger à tout moment dans sa poche.

Ce n'est que sur le chemin vers la statue qu'elle réalisa qui allait être son compagnon. Comment avait-elle pu être aussi bête !? Bien sûr qu'elle savait qui était Dai puisqu'ils étaient arrivés et partis en même temps de l'Académie. Elle ne l'avait d'ailleurs pas revu depuis leur promotion. Elle avait l'image d'un garçon certes gentil mais très farceur - le genre qui se faisait toujours remarquer auprès des professeurs mais pour les mauvaises raisons. Qu'est-ce qu'il était mignon pourtant avec ses yeux bleus... Maka chassa cette idée d'un revers de la main ; elle n'avait pas le temps pour les petits singes.

Apparemment, elle était la première des deux à être arrivée à la statut. Elle avait le paquet de croquettes, il ne lui manquait plus que le compagnon...

Rageusement, il donna un coup de pied dans un malheureux caillou qui traînait là. Un chien. Un foutu chien était la raison de son ordre de mission du jour. Ah c'était beau de rester pendant des années sur les bancs de l'académie, bien sagement... bon d'accord à peu près sagement pour au final se retrouver à chercher le clebs d'un pourri gâté puant le fric. Il devait se dépêcher de rejoindre le point de rendez-vous, il le savait, mais il n'était franchement pas motivé.

Il finit pourtant par arriver au lieu qui avait été désigné pour lui faire faire la connaissance de la nourriture préférée du chien recherché. Et, accessoirement, une ancienne camarade d'Académie. Franchement, dans les comics, les retrouvailles entre un garçon et une fille, généralement, elles se faisaient pas autour d'un paquet de nourriture pour chien.

Tout en s'approchant, il examinait sa coéquipière du jour : Chikara Maka. Allez, ce n'est pas parce qu'ils ne se faisaient pas un câlin toutes les cinq minutes à l'académie que ça allait mal se passer. Il fallait juste qu'il paraisse détendu. Tout simplement. Et puis bon peut-être qu'elle avait changé depuis les bancs de l'académie ? Elle n'était pas méchante, trouvait-il, juste parfois un peu dure. Maintenant assez prêt, il distinguait enfin l'inscription "Attachiante et alors ?" sur le sweat de la blonde. Pour le chiante, il voyait -très bien même- mais le "ata"... il allait falloir le mériter.

Il n'était pas très à l'aise et il s'en effrayait lui-même. Il était toujours à l'aise lorsqu'il s'agissait de parler à quelqu'un !

Il avait l'impression qu'il aurait tout aussi bien pu dire "Il fait beau aujourd'hui". Mais il espérait quand même avoir une réponse... acceptable. Donc pas un roulement de yeux exaspéré ou une réponse manquant de politesse.

Plus tôt ils commenceraient, plus tôt ils en auraient fini. Et ils pourraient toujours faire la conversation sur le trajet.... si Maka y était disposée.

Son coéquipier pour la nuit finit par arriver. Ils avaient beau vivre dans le même quartier, dû à leur appartenance au même clan, ils ne s’étaient pas vus depuis les bancs de l’Académie, si bien que Maku fut étonné par sa métamorphose. Il n’était certes toujours pas plus grand qu’elle (même si à vu d’œil, on pourrait penser que les deux Chikara faisaient la même taille) mais il avait déjà bien poussé depuis l’école ! Ses muscles étaient plus développés et montraient un corps d’adolescent bâti, certainement grâce à l’enchaînements des entraînements et des missions. Il semblait également avoir pris en assurance, dû moins c’est ce que laissait imaginer son air nonchalant et son ton trop calme.

Même si ce n’était pas la première fois qu’elle les voyait, elle restait éblouie par le bleu des yeux du garçon. Grâce à son regard, elle venait presque à le trouver charmant. Presque. Puisqu’il suffit qu’il ouvre la bouche pour qu’elle ait envie de lui envoyer son meilleur kick dans la mâchoire.



Pauvre Dai ! Il faisait les frais de la mauvaise humeur de la genin. Cela devait toutefois lui rappeler des souvenirs, ceux de l'Académie où Maka passait la plupart de son temps libre à martyriser les garçons de sa promotion. Cette image de dure à cuire cachait en réalité la peur d'une petite fille de ne pas être prise trop au sérieux dans un monde dominé par les hommes et dont la seule loi est celle de la force brute. Quitte à passer pour un garçon manqué, elle ne voulait pas paraître faible.

Elle attrapa le sac de croquettes et le jeta, sans ménagement, sur le torse de Dai.



Maka afficha un sourire triomphant. Il était hors de question qu'elle trimbale ce sac puant dans toute la ville, encore moins à cette heure ci de la nuit.

Dai grinçait des dents devant la réaction de Maka. Réaction ayant pour cause une simple formule de politesse, rappelons le bien. Non mais elle croyait quoi la Chikara ? Que lui était allé supplier le ministère de lui donner une mission aussi stupide ? Qu'il n'aurait pas préféré utiliser son temps bien autrement qu'en cherchant un bête clebs ? Que son lit à lui n'était pas confortable, peut-être ?
En plus il préférait les chats.
Au moins, il savait maintenant si elle avait changé depuis l'académie.... Physiquement c'était une autre affaire, mais s'il avait pu choisir, il aurait préféré que ce soit le caractère de la blonde qui évolue, et non ses formes ou ses traits. Certes Maka était loin d'être désagréable à regarder mais si son extraordinaire sens de la politesse gâchait tout....
Mais bon. Il avait juste à rester silencieux le temps que la colère de sa coéquipière du jour passe. Il devait juste ne rien répondre qui puisse déplaire à la blonde-c'est à dire très peu de choses-, facile non ?

Il fut coupé par Maka qui exigeait qu'il prenne le sac. Non mais pour la peine ? Pour la peine de quoi ?

Elle voulait de la galanterie ? Elle allait être servie. Il s'inclina légèrement et, avec le plus beau sourire hypocrite qu'il pouvait montrer, fit :

Elle s'annonçait bien cette mission, tiens. Ils étaient à moins de dix mètres l'un de l'autre depuis dix minutes que déjà il sentait son sang bouillir. Il ramassa le paquet de nourriture pour chien, plus embêté par le fait de se soumettre finalement à la demande de la blonde que par celui de ramasser la nourriture.

Il n'avait jamais entendu ce nom mais encore une fois, il préférait les chats. Petit et noir donc ? Pourquoi est-ce qu'on s'embêtait à donner des noms compliqués ? Un chien petit, pour lui, c'était un chihuahua -un des seuls mots qu'il connaissait en vocabulaire canin-, point barre. Pas besoin de s'embêter avec des mots comme Sploutz ou autre truc du genre.
Un plan d'attaque ?

Petit hic : la patience n'était pas son fort.... Mais c'était peut-être toujours mieux que courir dans tout le quartier en pleine nuit.

Et bim. Comme ça Maka ne pourrait pas critiquer son plan pas très mûrement réfléchi si elle n'avait rien de mieux sous la main.