Lorsque les trois comparses coopérèrent et se placèrent au fond de la pièce, la Dame de Fer entra simplement dans la cellule, récupéra une chaise et elle se plaça devant eux en croisant les bras, dossier sur la cuisse. Son visage ne laissait rien transparaître. Ni émotion, ni pitié, ni colère, ni compassion. Juste un masque d’acier, froid et antipathique, et un regard glacial, capable de se plonger et de se faufiler jusqu’au plus profond de votre âme.
Le premier à prendre la parole fut le supposé leader du groupe : Kitto Katsuo. Et il commençait avec des points forts, pertinents, et qui démontrait une bonne capacité d’analyse venant un homme aussi jeune. Un peu plus jeune que son fils pour dire vrai. La Dame de Fer ne s’attardait pas à répondre à ce genre de question. Elle avait une exigence, qu’elle tenait bien évidemment secrète, et ils allaient y répondre avant qu’elle n’apporte plus d’éléments à leur réflexion. Composer avec la réflexion de l’autre et la compléter par sa propre réflexion personnelle. La synergie d’un groupe passait avant tout par le mental.
Lorsqu’il eut terminé son histoire, qui reprenait suffisamment d’élément sans pour autant s’attarder sur des détails inutiles, et qu’il aborda le sujet de sa famille, la Quadragénaire leva la main, faisant signe qu’elle ne répondra visiblement pas à cette question. Puis, elle se tourna vers le second qui se décidait à prendre la parole. Chikara Daï. Ce dernier complétait l’histoire de Daï en apportant des éléments nouveaux, inconnus de son compagnon. Toutefois, il ne se contenta pas simplement d’y mettre son petit grain de sel, il avait abordé un problème de taille (ils n’avaient aucune preuve) et le début de l’élaboration d’une solution potentielle. Mais la Dame de Fer ne laissa rien transparaître de plus qu’un regard froid, droit dans les yeux, qui s’extirpa de l’âme du Chikara pour se plonger en plein cœur de celui de l’Uzumaki…. Qui avait un discours totalement différent.
Au lieu d’essayer de s’innocenter, le petit Uzumaki plaidait coupable. Plus surprenant encore, il essayait d’avoir une analyse dynamique du fonctionnement du village, des différents enjeux sociétaux, et des différents éléments qui pouvait jouer de manière exceptionnelle dans ce tableau. Et mieux encore, cette vision globale s’accompagnait d’hypothèses et d’anticipations des réactions des actes des différents acteurs. Il proposait alors une solution à des hypothétiques problèmes politiques, et arrivait presque à se faire passer de problème épineux à solution salvatrice.
Pendant un instant, la Dame de Fer ferma les yeux, et adressa un sourire confiant. La nouvelle génération était dans le bon état d’esprit. Il y avait déjà présence d’une synergie entre eux.
La Dame de Fer laissa alors s’écouler de nombreuses secondes pour organiser et fixer son avis sur la question, tout en laissant volontairement le stress monter en puissance. L’inconnu était le meilleur moteur de l’angoisse… Fondamentalement et intrinsèquement lié à la peur.
« Je vais répondre à certaines de vos interrogations… »
Toutes les questions posées ne méritaient pas forcément une réponse claire. Du moins, pas aussi facilement.
« Concernant votre famille proche, ils sont uniquement au courant que vous êtes sous protection de l’Anbu le temps de l’enquête. C’est d’ailleurs l’information qui sera officiellement diffusée si cette dernière s’éternise… »
La Dame de Fer prit alors un ton encore plus glacial.
« À propos des Jutsu et les différents moyens que nous avons à disposition pour obtenir la vérité… Cela ne vous regarde absolument pas. Secret défense. Mais croyez-moi, vous ne voulez pas les découvrir… Alors ne me forcer pas à en faire appel. »
Elle laissa alors s’écouler une poignée de secondes, et se tourna de nouveau vers le Kitto.
« Toutefois… Votre récit concorde avec les différents témoignages recueillis jusqu’alors je doute avoir besoin de faire appel à ces méthodes. »
Encore des secondes de silence qui ne faisait qu’augmenter la gravité de la situation… La Dame de Fer jouait clairement sur les nerfs de ses trois apprentis ninjas.
« Quant à la différence de traitement que je réserve entre vous trois et les autres, c’est que nous avions des suspicions assez importantes vis-à-vis d’eux… Bien que l’un d’entre vous es loin d’être blanc comme neige… »
Un ascenseur émotionnel. La Zélée fixa un à un les trois comparses.
« Vous ne rêvez pas. Parmi vous, il y a un traître. Un traître qui a absolument tout avouer à l’instant même. N’est-ce pas…. »
Et son regard se fixa sur le rouquin de la bande.
La Zélé s’arrêta sur le rouquin.
« Vous avez effectivement raison… Votre… « Analyse » est la bonne. La dernière annonce n’est qu’un moyen comme un autre de pousser les rats se cachant derrière des magouilles politiques de sortir de leur cachette. Ce qu’ils ont admirablement fait, tout un chacun a leur manière. Attaque terroriste, complots, tentative de corruption via de l’argent ou un échange de services… L’attaque d’aujourd’hui n’est qu’une preuve supplémentaire contre eux.
Là où vous avez tords, c’est que je n’ai absolument pas besoin de vous pour distraire le monde ou convaincre qui que ce soit. En plus du fait que je ne suis pas Hokage, et bien que cela me flatte, mais je ne suis qu’une simple régente jusqu’à l’approbation par les 4 chefs de clans. »
Elle le fixait avec un sourire. Il jouait son rôle à la perfection.
« Ce qui est étrange, c’est que le seul véritable suspect soit également le seul à avoir conscience d’un plan connue d’une seule personne suspectée d’être une taupe dans le Ministère… De plus, c’est également la seule personne à avoir une excuse et un plan tout prêt à proposer pour sortir d’ici en tant qu’homme libre, mieux, en tant que héros et non sans flatter celle qui détient tous les pouvoirs. Et tout cela en étant Genin et en à peu près 4 heures… »
Des éléments qui apparaissaient alors comme des évidences.
« Ce que je crois, Uzumaki Ki, c’est que cette histoire de Genjutsu ne tient pas la route. Je suis ninja senseur, l’un des sceaux que vous avez sur vous me permet d’écouter et d’analyser les variations de votre rythme cardiaque et de votre chakra pour savoir quand quelqu’un ment. Et vous avez menti dès que vous avez parlé d’être sous l’influence d’un Genjutsu ! Effectivement, il y avait un utilisateur des arts illusoires, mais vous n’avez jamais était une victime. Vous étiez un complice depuis le début, et vous venez d'avouer ! »
La Dame de Fer fixa alors les deux autres comparses, sortant deux feuilles de son bloc note.
« Votre « ami » n’est qu’un traître… ! J’attendais d’en avoir la confirmation, mais cela sonne comme une évidence aux regards des faits. Ce que je vous tends, ce sont des documents qui indique que vous reconnaissez avoir espionné pour le compte de l’Anbu ce jeune Uzumaki, et que vous confirmez les éléments avancés dans le dossier des services secrets. »
« Signez-les, et vous serez libre en plus d’être traité comme des héros de Konoha. Je veillerai à vous offrir une belle prime pour service rendue, en plus de m’assurer de la réussite de votre carrière. Ne prenez pas le risque de défendre votre « vérité » face au tribunal militaire… Trop risqué, trop dangereux pour des résultats plus qu’aléatoire ! Car si vous refusez, croyez-moi, vous tomberez tous les trois sous le joug du peloton d’exécution… Et je pourrais narrer à qui veut l’entendre que la corruption s'est étendu jusqu’à nos jeunes pousses, justifiant par la même occasion ma prise de pouvoir et mes solutions drastiques. »
La Dame de Fer les fixait d’un regard froid.
« Il va falloir faire un choix, en votre âme et conscience. En tant que Konohajin, mais également, et surtout, en tant que Ninja de la feuille. »
Et elle se tut. Chacun devait choisir son destin.