À l'écoute de l'adolescent, l'instinct maternel de Kagero s'éveilla de plus belle. Une certitude de fer s'imposa alors en elle : il était tiraillé entre deux voies opposées. Premièrement, il y avait celle proposée par Azamuku, un savant mélange entre haine, violence et solitude. Si ce Law plongeait dans de telles ténèbres, il était certain que son humanité volerait en éclats. Pourtant, dans ses mots et dans son regard, persistait un désir de vie et une certaine innocence. C'était sûrement son enfance brisée, ses rêves refoulés et surtout, son besoin d'amour. Cette vision toucha la quarantenaire. Et même, elle accentua sa détermination à vouloir sauver cette âme en peine.
Dans un silence lourd de sens, la kunoichi prit le gamin dans ses bras et le porta jusqu'à la cabane. Là, dans cet abri sommaire, elle recréa la même scène intime que précédemment. Une fois certaine qu'elle pouvait pratiquer son art sans craindre une attaque, la belle brune amorça ses soins. Le temps défilait trop vite pour qu'elle se perde dans de longs discours.
« Nous devons te soigner au plus vite, Kumo est malheureusement trop loin. Tu l'ignores peut-être, mais à rester dans un tel état, tes organes internes risqueraient de graves séquelles. Azamuku aurait dû mieux t'informer, dans de telles conditions, c'est un miracle que tu ne sois pas encore mort. »
Le regard dur et la voix ferme, la Geisha exprimait sans retenue son ressentiment. Malgré son affection pour l'Ombre de Kumo, elle ne supportait pas sa manie de traiter les autres comme de simples pantins. Son manque d'empathie était révoltant, aux yeux de la danseuse.
« Quant à ta question... Me crois-tu, si je te dis que je l'ai oublié ? »
Un rire sincère et léger résonna dans la pièce austère.
« En vérité, je suis à l'orée de la cinquantaine, encore quelques années et je serai une senior... Mais dis-moi, pourquoi t'infliger de tels maux ? La vengeance n'est pas forcément le destin le plus heureux... Je veux comprendre... Je veux t'aider... »
Tout en interrogeant son patient, l'Eisenin s'empressa de purger le corps juvénile de tout venin.