Larmes estivales

Quelques jours après le conseil de Konoha...

De nouveau Kage officiel, Azukiyo se retrouvait avec une belle responsabilité sur le dos... Lui qui n'était pas fana des protocoles et de l'administratif, il était dorénavant totalement dédié à bien paraître aux yeux des habitants. Il avait la lourde charge de faire croire que Mako avait simplement été incapable de supporter le stress. Le Kage ne voulait pas qu'elle soit considérée comme un monstre et au fond, il ne mentait pas à la population en disant ceci.

Pour se divertir, il s'était réveillé tôt avec pour idée de terroriser son élève préféré. Il n'avait pas été aussi maladroit qu'à son habitude et il s'était décidé à réveiller Hikaru en lançant quelques cailloux sur sa fenêtre. Une fois réveillé, ils se rendirent sur un terrain d'entraînement reculé et peu utilisé.


Après un exercice étrange basé sur l'aptitude à arrêter des petits cailloux via des objets identiques, Azukiyo décida de faire une pause. Son élève était mou et semblait préoccupé par autre chose.


Les deux individus étaient dorénavant plus familiers, rien de plus normal après de nombreux entraînements. Le ton moqueur, le Shinobi ne pouvait s'empêchait de s'inquiéter pour son élève, celui-ci venait de vivre un moment difficile... Mako venait finalement d'éviter le pire en abandonnant son poste...

Le sommeil est rare ces derniers jours et il n’est pas si peu commun pour le jeune Chikara de se réveiller aux aurores ou au moindre petit bruit. Il est légèrement sorti de son sommeil par le bruit de cailloux frappant sa fenêtre. Il se demande qui ça peut bien être à une heure pareille et sort de son lit pour aller vérifier. Seika? Ce ne serait pas étonnant au vu de ce qu’il lui avait mentionné il y a quelque temps. Il ouvre le rideau et est surpris de voir l’hokage en bas de sa fenêtre. D’une part car il avait probablement d’autres choses à faire et surtout qu’il ne se prive pas de frapper à la porte en réveillant la maison d’ordinaire.
Le kage semble l’avoir vu car il cesse son lancer et se dirige vers la porte d’entrée. Le garçon ne perd pas de temps et comprend rapidement le message. Il s’habille et prend ses armes et une fois dehors, le trajet se fait automatiquement et dans un silence monacal. Ils arrivent sur un terrain reculé que peu de personnes utilisent. Le Chunin rigole légèrement à l’annonce d’Azukiyo.



Ils n’échangent pas beaucoup plus et commencent des exercices classiques. Hikaru tente de montrer sa progression, mais il trébuche plus d’une fois et se prend des projectiles dans le visage à plusieurs reprises. Il s’énerve bien plus rapidement qu’il ne le fait d’ordinaire et perd toute concentration. Il n’arrive pas à se mettre à la tâche. Il met ça sur le dos de la fatigue mais finit par ruminer comme il le fait si souvent ces derniers jours et perdre le reste de concentration qui lui restait. Azukiyo ne manque pas de le remarquer et lui demande ce qui ne va pas en blaguant. Il reste à le regarder avec une boule au fond de la gorge. Il se sent nauséeux et ne sait plus quoi dire. Et rien d’intelligible ne sort vraiment avant qu’il ne se racle la gorge. On pouvait voir le regard du Chikara s’assombrir et il détourne les yeux en pensant qu’il serait plus simple de parler.



Il essaye de s’arrêter de parler mais le flot de parole sort sans qu’il puisse vraiment contrôler. Il sert les poings et ses cheveux se hérissent lentement.



Il ferme les yeux et lâche une grande expiration pour se calmer. La tension électrique redescend lentement. Sa voix est tremblante et il semble au bord des larmes tant ses nerfs sont à fleur de peau, mais se retient.



Il s’arrête net en venant de réaliser son erreur. Il vient de vendre sa famille au Kage. Il savait que c’était la pire option qui soit. Une famille de possible fuyard. Rien de mieux pour donner l’exemple. Mais Hikaru prend une grande inspiration et relève son regard pour regarder Azukiyo dans les yeux en gardant sa défense complètement ouverte.

Tandis que le jeune Hikaru avouait sa peine avec une certaine crainte, le Hokage l'écoutait patiemment. Était-ce vraiment ceci l'avenir de Konoha ? Ce village devait-il forcément sombrer ? Fallait-il vraiment ignorer les larmes des concitoyens quitte à bafouer la raison de cette entreprise militaire ? Azukiyo n'était pas un homme sensible, mais voir son propre élève dans un tel état était aussi pesant que difficile... Il s'approcha alors du jeune et l'enlaça avec son bras valide dans le plus grand des silences. Après quelques secondes, il prit alors la parole :


Malgré cette parole philosophique, Azukiyo le savait très bien, il ne suffisait pas de parler pour inspirer au changement et crever l'abcès de plus en plus énorme.. En tant que Hokage, il devait agir et il devait le faire rapidement pour ne pas perdre la face. Il s'éloigna alors du jeune pour se retrouver à une dizaine de mètres de lui.


Le Hokage se mit alors à soupirer. Son propre village ne ressemblait absolument plus à une république stable et agréable. Il devait changer cela et une augmentation de salaire n'allait bien évidemment pas suffire à rectifier quoique ce soit. Il dégaina alors son sabre et prit la parole :


Cette lame que l'homme ne montrait que trop peu semblait vieille et partiellement détruite et pourtant, elle était l'arme de prédilection du Hokage Chikara.

Il est prêt à recevoir le resultat de ses paroles, mais au lieu de ça, il finit par verser ses larmes quand l'Hokage le sert contre lui. Une réaction qui ne lui aurait pas parut plausible s'il n'était pas en train de la vivre actuellement. Il n'arrive plus à savoir ce qui se passe dans le village et pour lui, plus rien n'a de sens. Il est cependant rassuré par cette étreinte. Le kage tente de le rassurer pendant qu'il sanglote en silence. Il lui fait comprendre simplement que c'est une étape de la vie qui lui est obligatoire pour grandir. Il est vrai que tous les événements passés ont forgés le caractère du jeune Chikara. Mais l'accumulation et la peur de revoir le sang couler sur la place de son village le terrifier. Il ne voulait pas en arriver là. Il espère au fond de lui que tout s'arrangera et qu'il n'aura plus à faire semblant de voir une lueur alors qu'il reste bloqué dans le noir. Il recule et regarde son sensei sans essuyer ses larmes.



Il reprend avec le vocabulaire du guerrier pour exprimer ce qu'il ressent et son sentiment d'être complètement perdu. L'action d'Oni était en effet une bonne idée sur le papier, mais il ne peut que s'imaginer le pire s'il avait fini par mettre en place son plan. Il avait encore les images que Shirona lui avait montrer et il ne faisait que faire écho au gamin qui se bouchait les oreilles pendant que sa famille était dehors à sauver qui ils pouvaient. Il revoit son père sur le lit d'Hôpital. Il n'était déjà pas très doué pour le social, mais ce drame n'a pas aidé à s'ouvrir aux gens, il sent qu'il est sur le point de faire encore de mauvaises décisions et n'a plus confiance en personne, ni en lui-même. Il écoute le Kage qui se sent coupable de la situation et ne comprend pas pourquoi. Il n'avait jamais été aussi mauvais dans ses décisions. Il faisait probablement référence à son manque de gestion. Le garçon renifle un coup.



Les deux soupirent. Hikaru le voit sortir sa lame et la contemple. Elle n'est plus aussi neuve et scintillante que par le passé. Mais elle n'avait jamais fait défaut au kage. Il lui fait comprendre qu'il doit se montrer fort, aussi bien au sens propre que figurer. Sans quoi, il ne serait pas capable de protéger ce qui lui est cher. Le jeune Chikara essuie ses larmes et regarde la lame qui est devant son visage en faisant un léger sourire. Il se rend compte que cet homme était meilleur confident qu'il n'y paraissait pas. C'était la deuxième fois qu'il lui donne de bons conseils pour surmonter ses doutes. Il trouve simplement dommage que les situations soient toujours aussi tendues dans les deux cas. Le garçon recule à son tour en mettant ses mains dans le dos et empoigner ses kunai. Il prend une grande inspiration et semble se calmer. Il lève son regard vers le vieux guerrier et montre le regard déterminé qu'il avait pour habitude de montrer. Il se met en garde et concentre son chakra. Il sent ce courant lui parcourir le corps malgré son calme, c'est bien la première fois qu'il arrive à le manifester sans avoir envie d'exterminer quelqu'un. La vengeance était un bon carburant. Mais il se trouve que l'envie de protéger les siens est aussi un bon moyen de faire ressortir ses capacités. Le garçon fait un sourire et on peut voir ses yeux briller autant que les deux lames qu'il sert dans les mains.



Il inspire profondément et bloque sa respiration avant de reprendre son entraînement et fonçant comme un éclair vers le kage. Il ne lance pas ses lames, car il préfère affronter son obstacle en le regardant droit dans les yeux au lieu de trouver un moyen de le contourner pour une fois. Parfois faire faire face est la meilleure des solutions. Il ne savait ce que l'avenir lui réservait, mais il n'avait pas l'intention d'attendre que le problème lui tombe dessus cette fois.

L'entraînement reprit ainsi son rythme initial et les deux individus reprirent la confrontation comme si rien ne s'était passé. Malheureusement, ce n'était pas aussi simple et le Hokage ne pouvait pas oublier les dires du jeune Hikaru... Celui-ci était clair, plusieurs individus du village étaient gênants pour la nouvelle génération. Azukiyo ne pouvait en rester là et il ne pouvait simplement attendre un quelconque suppléant ou un remplaçant. Il devait agir. Pour cela, il débuterait ceci par une discussion urgente avec Chikara Oni. Ensuite, il irait rendre visite à Uzumaki Mako et prendrait soin de lui expliquer la volonté de ce nouveau Konoha.


Il para ainsi l'arme de son élève pour pouvoir l'observer droit dans les yeux... L'entraînement perdura durant plusieurs heures, de quoi fatiguer le jeune Chikara et faire réfléchir le Hokage... Il le savait dorénavant, le village devait changer impérativement et rapidement pour que la paix soit retrouvée.