Rencontre dans les fourrées

Voilà près de deux années que l'Écarlate parcourait le continent en quête de compagnons. Guidée par le devoir et l'espoir, l'ancienne haute dignitaire Mitsuna avait su traverser les étendues gelées et les bois sauvage avec clairvoyance. Rien ne semblait l'arrêter et c'est grâce à cette force d'esprit qu'elle gagna le titre de Matriarche. Au fil des rencontres et des échanges, ses nouveaux camarades avaient développé une forte loyauté et une ardente envie de soutenir Chihiro dans ses projets. Ainsi, à l'aube de cet an 9, le groupe d'hybride était constitué de 12 adultes et de 3 jeunes enfants. Afin d'accorder un répit nécessaire à sa nouvelle tribu, la pacifiste décida de s'installer en amont de la rivière Namida, au cœur des Plaines de Kusa. Cependant, une étrange épidémie frappa brutalement plusieurs individus. Fièvres, tremblements et délires semblaient frapper les plus fragiles sans aucune raison apparente. Malgré le choc et la violence de ce fléau, la rougeoyante prit la décision de s'enfoncer dans la flore environnante à la recherche de plantes médicinales. Bien sûr, ses connaissances n'étaient pas exhaustives, mais la jeune femme était persuadée de trouver de quoi soulager ses amis.

D'un pas vif et déterminé, elle quitta le camp improvisé et s'enfonça avec vaillance dans la sylve. Le regard alerte et l'âme étreint par l'urgence, l'écaillée analysait toutes les plantes et sondait sa mémoire afin de ne pas commettre d'erreur. Et tandis qu'elle trouvait enfin un brun de gentiane, un bruit étrange se fit entendre. Sans attendre, la trentenaire se mit sur ses gardes et guetta le moindre mouvement. Était-ce un animal ? Ou bien l'un de ses brigands... Pressée par l'état de ses proches, elle brisa son silence et usa de sa voix la plus intimidante pour faire raisonner son avertissement.



Était-ce du bluff ? Oui et non. Chihiro savait se battre, c'était certain. Mais de là à tuer un inconnu... Elle n'en avait ni le cœur, ni la volonté. Toutefois, elle préférait montrer les crocs, plutôt que de jouer de son charme naturel. Sa beauté était certes évidente, mais elle ne touchait pas tous les hommes. La prudence était donc mère de sûreté.

L’atmosphère était lourde, pesante, tandis que le parquet de bois grinçait sous les pas frêles d’un enfant qui se dirigeait vers la source de lumière qui semblait le guider hors de l’étroit couloir qui l’entourait. Un râle, puis une assiette qui se brisa au contact du sol paralysait un Gin plus jeune, plongé dans le monde de Morphée qui se retrouvait encore et encore confronté à ses démons, son passé qui venait le hanter jusqu’à lui montrer parfois ce cauchemar : le soir où ses parents le jetèrent et le condamnèrent à l’exil le plus total.
« Il n’a aucun don, il n’a aucun avenir parmi nous » « Il ne fera que nuire à notre famille ! », voilà les seuls mots qui le rattachaient encore à sa famille biologique et c’est en plein milieu d’une nuit glaciale qu’il sursauta, éveillé d’une nuit bien trop agitée pour en être reposante. Le Kaguya se redressait machinalement, observant les restes de son feu de fortune éteints depuis quelques heures déjà et la dense verdure qui l’entourait alors, paisible et silencieuse, des qualités qu’il avait longtemps cherché depuis sa fuite de Kiri et ses altercations répétées après des Shinobis portant la marque de Kumo, en recherche d’éventuels survivants à assujettir. Par chance, Gin avait reçu l’enseignement d’un maître du Clan Kaguya, Kin, qui fut jusqu’au départ du déchet de son Clan, un père adoptif et un professeur digne de mention, ce qui lui avait permis de survivre en ne déclarant jamais son nom maudit et se contentant de vivre de ses récoltes et de son humble commerce qu’il mettait au service de nomades, de voyageurs qui passaient sur son chemin, cela depuis huit ans maintenant, depuis son arrivée à Kiri aprs la mort de Kin.

N’arrivant pas à trouver assez de quiétude pour dormir paisiblement, Gin qui remontait alors le long fleuve qui séparait l’empire de Kumo des plaines de Kusa, trouva une cascade nichée dans les luxuriantes plaines qu’il traversait et consacra le temps restant avant son départ à la méditation, laquelle lui prit assez de temps pour finalement apercevoir le lever du Soleil qui lui procura assez de force, et un sourire non dissimulé devant ce spectacle naturel, éternellement enivrant et synonyme de renouveau. Le jeune Kaguya était relativement chargé, portant à bout de bras sur une charrette de fortune l’intégralité de sa petite boutique, comprenant aussi bien des plantes curatives triées chaque jour et conservées pour certaines dans un environnement propice à leur conservation, que des épices naturelles, des onguents préparés en respectant scrupuleusement la méthode de Kin Kaguya, son maître et grand utilisateur de Iroujutsu en son temps en prescrivant des remèdes naturels en complément des soins prodigués avec son chakra. Gin n’avait reçu pour ainsi dire aucun don, il ne maitrisait ni le Ninjutsu, ni le Genjutsu, il n’avait pas reçu de son héréditaire et n’avait aucun attachement au combat ce qui lui couta sa place au sein du Clan. Le seul talent qu’il développa et forgea de ses propres mains, c’était sa détermination et sa volonté qui se reflétait dans ses yeux et son corps qu’il avait bâti d’abord seul, et à l’aide ensuite de son père adoptif qui l’entraîna autant sur le plan physique que sur le plan intellectuel et social, ce qui lui permettait aujourd’hui de vivre comme un autre, sans aucune rancune envers les Kaguya, simplement de la méfiance, et un caractère introverti envers l’inconnu.

Ses affaires à bout de bras et tirant sa charrette, Gin n’était pas vraiment discret mais n’avait pas le choix que de passer par là pour retrouver une route propice aux roues de son véhicule qui n’allait pas pouvoir supporter une excursion sur des jours au milieu de périples sylvestres aussi ardus.



C’est avec surprise que subitement, il entendit une injonction qui allait certainement à son encontre au vu de la voix qui semblait alors très proche de sa position étant donné qu’elle était si audible, qu’il semblait qu’un simple buisson imposant le séparait de son interlocutrice. Gin aurait pu s’enfuir, comme il l’avait fait depuis sa plus tendre enfance, mais ses bagages contenaient tout ce qui pouvait lui assurer une rémunération décente et des vivres précieux pour la suite de son voyage. Sans hésiter, il se montra, se dévoilant et découvrant une silhouette, puis un regard, des yeux ambrés qui laissèrent le Kaguya immobile une fraction de secondes, elle lui donnait une première impression assez forte, avant de tenter une approche aussi naturelle que possible, reflétant ses motivations assez simplistes : faire son bout de chemin en conservant pacifiquement ses biens.



Le marchand itinérant marqua une pause, pour reprendre son souffle après une matinée de marche intensive pour se tirer de là tout en préservant l’état de sa charrette.


Gin posa son regard sur la femme qui se tenait face à lui et arbora un sourire naturel et chaleureux, synonyme de la patte blanche qu’il montrait pour désamorcer l’atmosphère électrique qu’elle avait installée, son regard lui continuait à observer ses réactions, étant habitué à subir des attaques du fait qu’il voyageait seul et pouvait être assimilé par des bandits ou des Shinobis mal attentionnés comme une cible facile.

Alors que le chaos s'imposait dans le cœur de la Mitsuna, tout son être dégageait un calme et une autorité digne d'une régente. Au prix d'une grande concentration, elle était capable de faire perdurer l'illusion et de leurrer ses ennemis. Cette capacité trouvait sa source dans la longue et triste expérience de l'hybride. En effet, se jouer des apparences était vital pour elle. Cette leçon, l'exilée l'avait apprise durement au cours de son errance sur le continent. Feignant la force, elle attendait patiemment les conséquences de son ultimatum improvisé.

C'est à ce moment-là, qu'un vif mouvement s'initia sur sa droite. Aux aguets, Chihiro se hâta de faire face à l'inconnu émergeant de la flore. Un humain ? Un simple et frêle humain ? En une fraction de seconde, toute la tension qui hantait la Matriarche s'évanouit. Toutefois, elle ne baissa pas totalement sa garde. Cette espèce était capable du meilleur comme du pire, la prudence était capitale dans les échanges avec elle. Toujours en maintenant une distance correcte, elle reprit une posture plus élégante et plus pacifiée. Elle renouait ainsi avec sa lointaine lignée.



La tribu Taki, malgré le sang commun qui les liait, terrifiait la rescapée. Leur réputation était teintée du sang de leurs nombreuses victimes. Et même si ce village de guerriers demeurait le seul autre refuge pour elle et ses siens, l'ancienne conseillère repoussait inévitablement l'échéance. Après tout, elle n'avait pas recueilli des naufragés de la vie, pour les entraîner dans des guerres ou des conflits stériles. Il fallait absolument leur assurer une vie paisible.





Un léger sourire vint illuminer le visage de la belle.

L’atmosphère électrique semblait lentement se désamorcer alors que la randonneuse se dévoilait au Marchand qui prit appui sur l’arbre se trouvant à un pas pour reposer son corps qui avait déjà bien travaillé ce matin. Gin n’avait donné son prénom et même s’il n’avait pas de mal à faire la conversation aux inconnus, sa situation d’errant et la position belliqueuse de Kumo vis-à-vis du nom des Kaguya incitait le jeune rescapé à la plus grande des prudences pour éviter les surprises inutiles. La femme aux cheveux écarlate débuta par un avertissement auquel la Kaguya prêta l’oreille, et une oreille plus qu’attentive en essuyant une goutte de sueur puis esquissa un léger sourire, il repensait aux fanatiques de la violence qui avaient jeté Gin en proie au bêtes accro à la viande humaine de l’île alors qu’il n’avait que cinq ans. Pour autant, il fit confiance à la matriarche, observant son regard pendant qu’elle lui décrivait le lieu, elle n’aurait eu aucun intérêt à mettre en garde un parfait étranger de ces dangers si elle lui était hostile.

Le Marchand comprit rapidement ses intentions, sûrement vraies lorsqu’elle se décida à se confier et parler du mal qui rongeait ses compagnons et demandait à Gin des plantes médicinales en réponse à sa déclaration précédente. Un sourire plus prononcé cette fois, en réponse à la demande de Chihiro lui apparut et Gin décida, ni une ni deux, d’aider cette personne qu’il ne connaissait pas, mais pour laquelle il ne voyait aucune malfaisance à premier abord. Une erreur de jugement ? Une confiance trop vite accordée ? Peut-être, mais il suivait les préceptes de son Maître et seule famille à présent partie pour un monde meilleur.

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Sans faire de mouvements brusques pouvant laisser transparaître la moindre intention hostile envers la femme qui l’accompagnait dans ce périple sylvestre, Gin fit traverser sa charrette, qui en soi était assez lourde pour empêcher un individu non sportif, non entraîné et néophyte de l’effort de perdre ses bras et son dos en essayant, mais Gin ne voulait surtout pas dévoiler une quelconque habilitée dans un Monde ou les capacités et les dons étaient mis au service de la violence, il se contenta de feindre parfaitement la difficulté et posa son véhicule à côté de Chihiro puis fouilla dans sa besace personnelle un instant.



Gin tendit alors les plantes à son interlocutrice et compléta son explication en repensant aux conseils qu’il avait reçu de ses clients, parfois médecins, parfois pharmaciens et herboristes professionnels.

Si ses compatriotes la voyaient agir avec autant de légèreté, ils se révolteraient sûrement. Faire ainsi confiance, avec autant de facilité à un humain... Décidemment, la Mitsuna n'apprenait pas de ses erreurs. Bien sûr, tous ses camarades n'étaient pas racistes. Néanmoins, ils avaient appris une dure leçon : derrière un sourire charmeur, pouvait se cacher un tortionnaire accompli. Chihiro, elle, gardait toujours cette naïveté et cette bonté d'âme qui lui était propre. Malgré les épreuves et les peines, elle arrivait toujours à voir l'humanité qui sommeillait en chacun. Peu importait le visage, l'écarlate finissait toujours par accorder sa confiance avec aisance et désinvolture. Et une nouvelle fois, ce fut le cas.

Tout en restant immobile et alerte, l'hybride observa son interlocuteur tirer avec peine sa charrette. Un léger sourire se dessina alors sur ses lèvres. Avait-elle vraiment eu peur de cet être au corps usé par l'effort ? Elle se trouva alors ridicule et se promit de soulager ce brave homme. Quand ce dernier commença ses brèves explications et exposa sa volonté de suivre la belle, la rougeoyante prit le temps de réfléchir. Durant quelques secondes, un lourd silence s'imposa. Les yeux clos, elle bouscula ses pensées afin de prendre la meilleure décision pour les siens. Après tout, elle était leur cheffe, elle était donc garante de leur existence. Lorsque la seule décision viable s'imposa, Chihiro rouvrit les yeux promptement et les plongea directement dans ceux du marchand.




Très vite, sans laisser le choix à l'individu aux cheveux blancs, la Mitsuna agrippa la charrette et initia le trajet retour. Sourire aux lèvres, elle paraissait soulagée par cette rencontre. Finalement, faire face à ce mal inconnu n'allait pas être une épreuve si ardue.

Gin n’en était pas certain aux premiers abords, mais la silhouette, l’apparence de Chihiro comportait quelques traits qui indiquaient et mettaient bien en valeurs ses paroles, parlant de Gin comme d’un « humain » aux yeux de son groupe. Loin d’être intimidé, le jeune Marchand acquiesça simplement en écoutant l’avertissement de son interlocutrice et se réjouissait de pouvoir apporter l’aide qu’il pouvait, quand il le fallait, tout en gardant une marge de sécurité bien entendu par les temps qui courent et la chasse aux Kaguya, Clan dont il portait malheureusement et secrètement le nom.

L’écarlate semblait tout de même très méfiante vis-à-vis de Gin, mais il ne lui en voulait pas, parce qu’il comprenait très bien cette première appréhension de l’inconnu, surement avait-t-elle été victime de mauvaises passes, comme lui et son enfance, sa naissance au sein d’un Clan maudit par des envies belliqueuses et une soif de force qui écartait Gin dès sa naissance. Une lueur symbolisant de l’empathie sous sa forme la plus pure emporta le regard du Kaguya dans celui de la Mitsuna, disparaissant alors que Gin s’éclaircissait la voix pour reprendre la parole. Un brin de surprise cependant, l’interrompit un instant, lorsqu’il vit la dame agripper sa charrette et la tracter à bout de bois d’une main de maître, chose qui fit sourire le garçon aux cheveux blancs-argentés.



Il s’empressa d’emboîter le pas de Chihiro, puis de répondre sous la gêne devant cette question matérielle.



Gin se sentait bien, tout en écartant le nom des Kaguya, et en dissimulant ses capacités, chose aisée de par le poids qu’il devait porter sans compter la charrette et son entraînement régulier qui l’avaient mené à l’épuisement pur et simple. Il n’était ni Shinobi, ni espion, ni lié à son Clan d’une autre manière que son sang maudit, mais il avait purgé son ressentiment au contact de Kin Kaguya, qui avait lui choisi une vie paisible depuis son exil, jusqu’à sa mort dans les bras de l’élève pleurant son Maître. Rejoindre un groupe inconnu était sûrement risqué, mais Gin n’avait qu’une parole et acceptait cette prise de risque, pour aller de l’avant comme il l’avait toujours fait.

Tout en écoutant le marchand ambulant, Chihiro tracta avec aisance la pesante cargaison. Plus qu'un geste de pitié, c'était pour elle l'occasion de ne pas perdre du temps. Ses proches souffraient, elle ne pouvait donc pas se permettre de gaspiller de précieuses minutes. Ainsi, pas après pas, le duo plutôt atypique quitta l'ombrage de l'épaisse sylve pour s'approcher tranquillement d'une grande étendue herbeuse. Le court d'eau comme seul guide, les deux individus se laissèrent charmer par la douce brise printanière. Le cadre se voulait reposant et rassurant. C'était comme si la nature leur offrait la quiétude qu'ils désiraient tant.



Sourire aux lèvres, la Mitsuna avançait le cœur léger. En effet, son instinct lui assurait que ce jeune homme était digne de confiance. C'était une évidence telle, qu'elle était incapable d'expliquer cette conviction. Pourtant, du fait de son passé, l'écarlate aurait dû se méfier davantage. Ses intuitions n'étaient que trop rarement exactes, à son plus grand malheur. Mais encore une fois, sa candeur était plus forte que sa raison.



Avenante et chaleureuse, la voix de l'écaillée entrait en résonnance avec le vent. Cette douce mélodie prit alors des airs de ballades champêtres. Un son tendre et envoûtant qui n'appelait que la paix et le bonheur.



Durant quelques minutes, la trentenaire disparut du champ de vision du commerçant, le laissant seul avec sa charrette. Très vite, au loin, on pouvait entendre plusieurs individus converser, voir se disputer. Néanmoins, la scène perdit rapidement son intensité, laissant un silence inquiétant s'imposer. C'est alors que la silhouette familière de la rougeoyante refit surface. Toujours souriante, elle invita l'homme à la rejoindre. Devant eux, plusieurs autres Mitsuna formaient un arc de cercle, attendant de pied ferme ce supposé charlatan.



Une fois ce murmure prononcé, la Matriarche usa de son corps pour se mettre entre l'humain et ses compatriotes. Cette posture était lourde de sens : elle assurait la protection de cet inconnu.

Le cadre sylvestre était pour le moins charmant, la fin de matinée laissait place au Soleil qui continuait sa course dans les cieux, la mélodie des oiseaux guidait le pas de Chihiro et Gin, qui la suivait en observant les alentours comme à ses habitudes en tant que touriste, éternellement de passage dans les lieux qu’il visitait et ne marquant quasiment jamais d’arrêt, un être littéralement volatile et injoignable pour le commun des mortels. Le Kaguya porta un regard plus attentif sur sa partenaire de randonnée improvisée qui lui exposait les raisons de ses facilitées et son appartenance à une espèce qui visiblement était à l’aise dans un milieu aqueux, telle cette rivière qui semblait enfin les mener après une bonne demi-heure de marche et de discussions. Un point interpellait le Marchand, sa tribu semblait hostile à l’humain dans son ensemble et, constatant la force physique remarquable de Chihiro, Gin n’eut pas trop de difficultés à imaginer une troupe entière de guerriers taillés pour le combat. Il aurait pu fuir, en voyant au loin le groupe dont l’écarlate venait, il l’aurait fait, mais il avait confiance en elle, et en un groupe qui avait sûrement eu des différents avec les humains. Cela ne le dérangeait pas, ayant vécu son enfance dans des conditions qui ne lui donnaient pas une once de confiance envers les inconnus durant ses jeunes années.

Chihiro donna quelque conseil à son compagnon de route, pour lequel Gin se montra direct.



Le sourire du « déchet » des Kaguya, se rétracta quelque peu devant la pression exercée par les semblables de Chihiro, les observant d’abord se disputer, certainement pour les raisons qu’elle lui avait données avant de le faire attendre à une distance suffisante. Puis, plus rien, un silence de plomb s’était posé tandis qu’au signe de la rousse, Gin s’approcha d’un pas prudent mais sans laisser transpirer la moindre intention brusque, c’était très certainement sa vie qui était en ligne de mire, et il ne comptait pas faire de vague, pour son propre bien. S’arrêtant juste devant Chihiro, qui semblait faire barrière pour le jeune nomade, ce dernier jeta un œil à sa charrette, puis son regard se posa dans la direction du groupe, sans se poser dans le regard précis de quiconque.



D’une manière prudente, certaine dans le geste mais très méticuleuse dans le rythme du moindre de ses mouvements, sans aucune forme de précipitation pour ne causer aucune alerte, Gin fit suivre ses intentions, à travers les plantes qu’il découvrit de sa besace personnelle et prit avec lui un nécessaire à la confection d’infusions basées sur les plantes qu’il récoltait au quotidien. Son regard se dirigea alors vers la Mitsuna.



Dans un esprit humble qui était le sien, il s’inclina légèrement avant d’orienter à nouveau son regard vers la demoiselle.
Il s’attela à la préparation très simple de cette boisson, en commençant par faire un feu assez simple avec le nécessaire d’urgence qu’il conservait dans sa charrette : du bois sec, et de quoi allumer simplement un feu. Une simple pincée d’écorce dans l’eau bouillante dont il augmenta les doses respectives selon les personnes présentes en visuel. Vingt minutes s’étaient écoulées, et le Marchand comme promis se servit une tasse devant la tribu de Chihiro, en acquiesçant d’un air satisfait.



Le Kaguya lui adressa un franc sourire, il se remémorait les leçons de son père et leur utilité, même aujourd’hui.

En silence, la Matriarche observait l'assemblée. Les yeux tournés vers ses camarades, elle tentait de faire respecter un statut quo plutôt précaire. Pour le bien commun, le marchand devait faire ses preuves et parler librement. Aucune pression ne devait s'exercer sur lui. Son cœur comme son devoir lui sommaient alors d'être vigilante et ferme. Aucun geste déplacé ne pouvait être toléré. Ainsi, la femme au cœur tendre laissa place à la cheffe intransigeante. Par chance, ces compagnons étaient disciplinés et respectaient son autorité. Cet intense lien pouvait braver tous les obstacles, même la haine ancestrale contre les hommes. Confiante, elle admirait ses proches se conduire avec responsabilité. Il était certain que cette subordination reposait sur la puissance ensommeillée de l'écarlate. Aux yeux de ses fidèles, rares étaient les êtres capables de défaire leur leader féminin. Pourtant, jamais elle n'avait eu à combattre pour ses idéaux. Peut-être parce qu'elle privilégiait toujours la diplomatie au combat.

Au fil du temps, tandis que l'homme aux cheveux clairs préparait sa décoction naturelle, les plus méfiants s'agitèrent. Impatient et curieux, ces trois ancêtres commençaient à râler à demi-mot et à instiller le doute chez leur congénère. Aussitôt, Chihiro usa de sa raison pour briser la révolte dans l'œuf. D'un pas ferme, elle rejoignit l'herboriste et se tourna vers les Mitsuna un peu trop bavards.



Une fois la menace écartée, l'ancienne haute dignitaire accepta rapidement l'offre de l'humain. Même si une partie d'elle lui dictait la méfiance, son sens du devoir s'imposa à nouveau. Pour rassurer ses acolytes, elle se devait de montrer l'exemple.



L'infusion avait un goût étrange, boisé et un peu amer. Toutefois, elle n'en restait pas très bonne. Intriguée, la belle se tourna vers l'errant et lui glissa quelques mots sous le sceau de la confidence.

Placé sous le signe de l'électricité qui faisait l'ambiance, tendue entre le Kaguya et les membres du clan Mitsuna, Gin put constater que Chihiro avait réussi un tour de main impressionnant et d'une main de maître qui se reflétait dans un regard qui en disait bien long sur son expérience qui était la sienne. Le jeune homme observait en silence la jeune femme savourer son mélange tandis qu'il jetait un œil sur ces personnes vulnérables, visiblement sous ce climat auquel ils n'étaient pas habitués selon le discours de la Matriarche. Le breuvage apaisait le cœur et la fatigue du Marchand qui esquissa un sourire en regardant au loin, par-delà les verdures qui les entouraient, il était de bonne humeur en voyant ses connaissances acquises avec Kin servir à des personnes dans le besoin. Pendant son périple, il avait eu le loisir de croiser des personnes avec lesquelles il s'était lié d'amitié mais il avait du échapper à nombre de personnes moins bien intentionnées qui voulaient soit s'en prendre à sa marchandise, soit à sa personne, dont les Shinobis les plus aguerris en matière de sensorialité qui voyait un espion se déguiser en Marchand... La vie n'a pas été tendre, peut-être ne l'avait jamais vraiment été avec le jeune garçon sauvage, devenu au contact de son Maître un homme mature et aspirant à autre chose que ceux d'un Clan l'ayant jeté à la naissance. Une légère brise agréable fit revenir le Commerçant à lui tandis que Chihiro lui posa une question qui interpella le Kaguya.



Un air plus doux qu'à l'accoutumé se faisait visible, Gin plissa légèrement le regard en repensant à ces quelques mots qu'il avait lui-même assimilé il y a des années. Cependant, toute l'hostilité, la méfiance à son égard n'avait pas disparu, Gin pouvait le ressentir tant elle était marquée par certaines personnes du groupe de Chihiro, ce qui fit ajouter quelques mots au Commerçant.



Gin jeta un œil par-dessus son épaule en direction de sa charrette, où l'on pouvait apercevoir en étant attentif un bout de l'ouvrage très volumineux qui s'y trouvait. Puis, après s'être bien dégourdi le corps avec cette concoction minutieuse et revigorante, il se tourna vers l'équipe partie chercher des ressources pour fortifier ce camp improvisé, puis vers l'écarlate, il se sentait bien en groupe, ce qu'il n'avait pas pu faire depuis sa fuite d'un village voisin de Kiri en l'an 6, où il tenait sa boutique, il y a des années.

Toujours sur le qui-vive, Chihiro partageait son attention entre ses camarades et l'étranger. Elle se devait de mêler autorité et humanité. Une seule erreur, une seule minute de relâchement et le pire pouvait arriver. Elle devait empêcher cela, c'était son devoir de cheffe. Néanmoins, un excès de zèle ou une crise d'autoritarisme n'étaient pas à favoriser non plus. Un tel comportement pourrait très bien effrayer l'honnête marchand. Prudente, elle tenta alors d'apaiser l'atmosphère en faisant la conversation avec son invité.



Souriante, elle tourna son visage délicat vers le jeune homme et lui murmura quelques mots à l'abri des oreilles de ses compagnons.



Puis, elle retrouva son port noble et son visage radieux. Jouant avec les codes qu'on lui imposait, la trentenaire continua son œuvre diplomatique, sourire aux lèvres.





À l'annonce du grimoire et de la quantité de connaissances accumulé par ce jeune humain, l'écarlate ne put cacher sa surprise. Alors, il s'agissait plus que de sommaires savoirs en herboristerie. Décidément, cet être était plein de surprise.

Gin écoutait les paroles de Chihiro tout en observant les membres de son groupe se disperser et œuvrant pour mettre sur pied toute une structure leur servant de campement afin de soigner les malades dans les meilleures conditions. Le jeune homme aux cheveux blancs argenté se redressa légèrement et sentit encore quelques regards pointés sur lui malgré la protection de leur cheffe. Il était assez intelligent et pacifiste pour adopter la meilleure posture et attitude afin de lui éviter une dérive sanglante ou une fuite épuisante et risquée pour sa marchandise et ses effets personnels dont des souvenirs qui lui étaient extrêmement précieux. Ni une, ni deux, il souriait au derniers mots de Chihiro et prit rapidement son ouvrage qui avait autrefois été le carnet de route de son Maître, aujourd'hui entre les mains du Marchand, et le tendit vers sa camarade de fortune.



D'un air assuré, Gin assimila aussitôt la remarque concernant sa générosité et la repensa un instant dans son esprit, trouvant que lui-même, aurait éprouvé quelque méfiance si on l'avait prit par la main de la même manière et entreprit aussitôt une approche plus appropriée à son statut.



Gin riait innocemment, voilà quelques années que son voyage l'eut mené dans toutes sortes de recoins, tous plus surprenants les uns que les autres, et il avait notamment appris à rire, à vivre l'instant présent, quoi qu'il ait pu arriver dans le passé, aussi funeste soit-il.



Le regard enjoué et innocent du Marchand s'assombrissait à mesure qu'il repensait à son passé et à toutes ces tragédies survenues les unes après les autres. Son attention se porta sur les malades qu'il voyait de loin être soignées, le breuvage du Commerçant leur étant soigneusement distribué avant de les aliter à nouveau de manière à les laisser se reposer.