Renaissance

La vampire n'était plus enclin à m'écouter. Néanmoins, j'avais réussi à mettre un terme à notre combat. C'était une perte de temps pour moi et pour elle. À quoi bon mourir aujourd'hui sans n'avoir rien accompli ? Cette voie dans ma tête me tiraillait, mais il fallait que je la contrôle. Seul des compagnons pourront m'aider dans cet objectif.

Malgré tout, je ne pouvais pas la laisser me parler de cette manière. Cette femme était loin de me respecter, mais est-ce que je pouvais lui en vouloir lorsque l'on rencontre un fou comme moi ?



Je rétorquais en passant ma langue sur mes lèvres. L'entendre parler de chasse me donnait l'eau à la bouche. Je n'avais pas mangé d'humain depuis des semaines. Je me pensais loin de ces désirs, en vain. Malheureusement, ses insultes se répétaient en échos dans ma tête. Ma colère devenait foudroyante.



Mon visage se crispait de colère, mes poings serraient, je mourrais d'envie de l'attaquer à pleine puissance. Je connaissais une technique foudroyante capable de lui la blesser gravement. C'est ça qu'elle cherchait ?









Mon visage se détendait petit à petit, jouer la carte du provocateur ne faisait qu'aggraver les choses. Il fallait être honnête envers moi-même. Je suis incapable de me diriger seul vers les bancs neigeux. Cette femme semble avoir parcouru les alentours, elle sera capable de me guider dans mon périple.



J'effectuais alors une révérence pour signifier mon pardon. Je ne m'excusais en rien pour me propos, je déteste cet homme, mais je dois la convaincre de m'aider.

Soupirante et las. Était-il toujours aussi insistant que ça pour tenter de gratter jusqu'au bout à en faire de la lèche aux gens qu'il ne connaissait pas ? C'était pitoyable, mais il fallait reconnaître qu'il avait du cran de tenter le diable ou plutôt la diablesse pour le coup.






D'un signe de la main elle faisait signe à l'Omega de passer devant elle pour la guidée vers ce fameux camp.






La raison et déraison gagnaient de la place dans l'esprit de la femelle Kenketsu tant la faim commençait à se faire ressentir.

Cette femme ne mâchait pas ses mots et si je voulais la garder de mon côté, il valait mieux que je fasse profil bas. Oublions ce satané Prince et oublions le passé. L'ultimatum était clair, un pas de travers et s'en était fini de notre alliance. Je n'ai pas besoin d'un combat à mort à peine mon expédition commencée. Je m'incline alors devant elle et balaie ma deuxième personnalité comme si elle n'avait jamais existé.



Je m'inclinais alors face à elle comme un gentlemen. Je tiendrais promesse parce qu'il en va de la réussite de mes objectifs. Qui sait, je trouverais en elle une alliée de poids.

Suivant son geste, je prenais la tête de la marche afin de rejoindre le campement de pêcheurs. C'était un coup de poker. Je ne savais pas vraiment où elle se situait, mais j'avais entendu des rumeurs en croisant un groupe de vampires. Ces hommes souhaitaient s'y rendre pour se nourrir. Espérons que le camps soit encore sain et sauf. Au cours de notre marche, Makoto dévoilait des choses très importantes. La Légion ne semblait pas lui convenir , pire, elle détestait se trouver en groupe. Voilà des choses très intrigantes. Je devrais essayer d'en savoir plus.



J'avais décidé de ne pas relever au sujet de son plan. Mes lèvres me brûlaient, j'avais une tonne de question. Cependant, je me contentais de hocher la tête en signe de réponse. Décidément, cette femme avait un fort caractère, mais elle était remplie de mystères.



Il murmurait, elle pouvait entendre. Nous continuions à marcher et le soleil se couchait petit à petit. Nous marchions depuis déjà dix minutes et je sentais que ma nouvelle acolyte s'impatientait.



J'exagérais. Il n'y avait aucune odeur. Pourtant, la chance me sourit. Le camps de pêcheurs apparaissaient petit à petit dans une zone remplit de dunes de sable. Le campement n'était pas très grand, mais il sera suffisant pour que nous puissions manger avant de prendre la route. D'un signe de la main, je lui montre notre destination.



Lui dis-je avec une révérence. L'attaque approchait, nous n'étions plus qu'à quelques mètres. Mon sang était en ébullition. Enfin, j'allais goûter à autres choses que le sang animal. Certainement suivis de prêt par Makoto, je m'élançais en direction du campement. À la vue de mon terrible visage et de mes crocs, des pêcheurs commençaient à courir dans tous les sens. Inutile ! Je ne suis pas seul !

Alors que l'un d'entre eux m'attaquait de tout son courage, je saisis son poing d'une puissance divine pour cet être humain sans aucun pouvoir. Je le mets à genou et rit de bon cœur.





Les yeux grands ouverts, je lisais la détresse dans son regard. Oui, tu vas mourir pour nourrir mon estomac. Férocement, je plante mes crocs dans son cou et m'abreuve de son sang. Il était chaud et ce goût exquise m'avait manqué... merci, petit pêcheur. Mon repas terminé, je décroche alors mes crocs pour voir comment s'en sortait mon équipière de chasse.

Elle était décidément plus d'humeur à vouloir communiquer, car l'appel àla faim était plus forte ! Heureusement pour Sekki elle ne faisait pas attention à son hochement de tête... sinon elle l'aurait sans doute attaquer en prétextant qu'il se moquait bien d'elle. Makoto pouvait entendre le chuchotement et entendre ce simple mot: mangeons. Enfin il comprenait les pensées prioritaires de la jeune Kenketsu femelle ! La marche se passait dans le plus grand silence, mais à peine au bout de dix minutes la vampire commençait à s'impatienter, mais se taisait pour le moment. Son guide lui disait qu'ils étaient bientôt arrivés, mensonge ou vérité ? Va savoir. Ce n'était qu'après cinq minutes supplémentaires que le groupe tombait sur un campement de pêcheurs.


Il s'élançait tant il était lui aussi impatient. La Kenketsu le suivait sans trop le coller pour accumuler un petit effet de surprise aux deux autres pêcheurs. Elle n'était pas une assassin pour les beaux yeux du petit monde, mais parce qu'elle adorait ça. Makoto faisait un minuscule détour avant de tuer l'un des deux hommes de sa lame aquatique et de saisir le second par le col.


Et son épée décapitant la tête du second... un bain de sang, voilà ce qu'elle aimait par dessus tout. Alors qu'elle voyait le jeune homme mordre dans la nuque du dernier, elle s'allongeait à côté des deux cadavres pour se baigner et délectait se délicieux mets rougeâtre. Riant comme une bécasse, elle se badigeonait de sang et se roulait dedans avant de croquer dans le bras de l'un des deux corps qui tiedissaient.


Les yeux perdus dans sa folie et dans son moment intime, elle s'imaginait avec le Prince à ses côtés. Elle se reposait trempant ses vêtements et son corps entier dans le liquide rouge.

Je connaissais plus que bien l'impatience de mon acolyte et j'en avais fait les frais. Notre longue route vers le camps des pêcheurs n'avaient pas dérogé à la règle. Heureusement, mon instinct m'avait amené jusqu'à ce camp perdu. Je ne savais même pas s'il s'agissait réellement de celui dont j'avais entendu parler. Ça n'avait pas d'importance, le repas promis était là.

Très vite, nous avions eu raison de ces pauvres hommes. Le camp tout entier avait été massacré et Makoto s'était autant rempli l'estomac que moi. Alors que je la regardais détruire ces vies, je ne pouvais m'empêcher d'être fasciné par l'horreur dont elle faisait preuve. Cette femme me réservait énormément de surprise et j'aimais ça. Néanmoins, j'avais été rapidement sortie de ma fascination lorsqu'elle utilisait le sang de ces pêcheurs comme une piscine. La scène en était presque répugnante et me coupait l'appétit. Peut-être que j'aurais dû me contenter d'animaux ? Ainsi j'aurais pu éviter ce genre de scène.

Dans un grand craquement, je venais d'éclater littéralement la tête de mon repas contre le sol pour l'achever. Sur mes deux jambes, je me précipite alors devant cette folle furieuse. Toutes ces groupies du Prince était comme elle ? Complètement folle ? M'approchant de plus en plus, je la voyais se badigeonner encore et encore de sang sur le corps tout en se nourrissant du sang de ceux qui l'entouraient. Le rituel de la piscine continuait et j'avais failli vomir. On me considérait comme un fou, mais ce que j'avais devant moi était de la folie pure.

Enjambant ma partenaire prise dans une hystérie des plus inconcevables, je finis par approcher mon visage à proximité du sien. La main sur mon visage, le rire moqueur et dégoûté je lui dis alors :



Je ris alors de façon démoniaque. Je venais de la provoquer une seconde fois, mais je m'amusais de la situation.



Il fallait l'avouer, ce n'est certainement pas avec ce genre de sang impur qu'elle obtiendrait les faveurs de notre chef. Restant au-dessus d'elle, je prenais mes précautions, prêt à me défendre. J'attendais de la voir se sortir de cet état second.



La solution n'est peut-être pas d'éviter éternellement ces frères et sœurs qui m'ont abandonné... peut-être faut-il entrer de l'intérieur pour espérer une vengeance sur ma vie, que dis-je... sur ma vie !

La jeune femme continuait son bain dans la joie et la bonne humeur. S'amusant à faire des ailes d'ange comme dans de la neige, léchant le bout de ses doigts pour savourer ce bon repas. Ses cheveux, ses vêtements et même sa peau étaient immaculés du sang des marins. Aucune pitié, aucune compassion et aucun regret. Elle riait d'extase:


Mais très vite le paysage venait d'être camouflé par cet emmerdeur pour se foutre de la gueule de la femme en lui demandant si elle avait fini ? Elle l'ignorait tout simplement même si son visage était beaucoup trop proche du sien. Ses yeux de garce, le sourire totalement fou elle le fixait toujours en délectant ce liquide rouge. Faisait-elle exprès ? Totalement ! Mais très vite elle se trouvait agacée, elle n'écoutait pas le début des mots du mâle avant de s'arrêter sur cette question qui l'a critiqué et surtout qui usait du terme "Prince"... Sans donner de réponse pour le moment, ses yeux devenaient de plus en plus rouge vif. Il captait son attention, mais pas de la meilleure façon. S'ensuivait de demander un peu plus de détails sur leur groupe d'excursion. Hum... La jeune Kenketsu se roulait alors sur le côté se mettant sur les genoux face à son pot de colle. Elle lui touchait le visage en ajoutant:


Elle le saisissait soudainement par le col avant de le plaquer au sol le passant par son côté gauche. Elle lui bloquerait ses tentatives pour tenter de se défaire de la prise de la jeune femme.


Elle se dégageait enfin de sur lui et se relevait:


Soupirant très longuement:




Une chose de certaine, c'était qu'elle n'avait pas sa langue dans sa poche.

Je me trouvais là, complètement désorienté par un tel cinéma. Faisait-elle exprès d'en rajouter ? Je ne savais pas, elle semblait aussi folle que moi. La seule chose dont j'étais sûr c'est que la voir dans un tel état d'hystérie me répugnait. En plus de ses gestes, elle se trouvait dans la surenchère en exprimant son plaisir. Qui est le plus bizarre de nous deux ? Certainement pas moi !

Soudainement, dans une roulade peu féminine, elle s'était retrouvée à genoux face à moi. La main sur son visage, la situation devenait quelque peu malaisant, mais les bonnes vieilles manières refaisaient surface. Ce n'était pas plus mal ! Intérieurement, je luttais contre cette voix à l'intérieur de moi qui m'ordonnait d'arrêter de perdre mon temps avec cette femme. Je continuais à la chasser, appréciant presque la présence de Makoto. Ma solitude me pesait et ce nouveau contact me faisait du bien. Pourtant, je savais que nous allions devoir nous séparer. Très rapidement, je me sentais happé par une main sur mon col. Plaqué au sol, je sentais la force de cette femme me bloquait entièrement. Je n'opposais aucune résistance, j'en avais suffisamment sous la manche pour pouvoir me sortir de ce genre de pétrin. En tout cas, c'est une nouvelle fois l'évocation du Prince qui l'avait rendu aussi nerveuse.



Dis-je en riant comme un psychopathe. Ma tête se secouait dans tous les sens, j'avais l'impression de ne plus la maîtriser. Certainement cette voix qui tentait de communiquer physiquement. Parvenant à me maîtriser, je me relève une fois dégagé de l'étreinte de Makoto. Décidément, l'affrontement n'était jamais bien loin avec elle.

Dans un long soupire, je finis par en savoir plus sur son groupe. C'était plutôt décevant et rien ne me semblait bon dans ce qui était dit. Je n'avais déjà pas confiance en ma génération de Kenketsu, mais encore moins à celle d'un parent... malgré tout, cette idée de s'éclipser du groupe m'interpellait énormément.



Sans attendre, je continue mon interrogatoire.



J'attendais de pouvoir écouter ses réponses attentivement, mais j'étais persuadé de recevoir une nouvelle salve de mépris.





Je me frappe aussitôt la tête comme pour punir cette voix folle.



Dis-je en m'inclinant et démontrant un peu plus ma folie...

Ce qui arrangeait totalement la jeune provocatrice. Hum... Il avait définitivement perdu la raison et cela faisait presque de la peine à la femelle. En fait non.




Elle soulevait le corps d'un des marins morts pour le lui balancer à la gueule. Madame avait des sauts d'humeur ces derniers temps... depuis quand déjà ? Depuis qu'elle trainait à nouveau avec les autres membres de son clan. D'un pas furax elle se dirigeait à nouveau vers le camp des plages noires.

Rejoindre un groupe m'aurait permis de faciliter ma survie. Cependant, supportait deux vampires à mes côtés me dérange au plus haut point. Le caractère de cette femme n'arrangeait pas les choses. Il était déjà difficile de gérer ses sautes d'humeurs, ce n'était pas pour avoir à gérer les plaintes et les moqueries des autres. Très vite, face à mon refus, Makoto me lançait un pic auquel je répondais par un rire hystérique.



Il faut reconnaître que j'étais légèrement hypocrite. Je venais de passer énormément de temps avec elle, une Kenketsu. Pourtant, je sentais que celle-ci était différente. Elle n'était pas si loin de la considération que je portais à notre clan. Seul le Prince l'intéressait, moi il me dégoûte. Voilà ce qui donne très peu de chance à la bonne réussite de notre duo, mais au fond, j'espérais la revoir. Son aide me sera toujours utile et prochainement, c'est elle qui en aura besoin. Peut-être pourrait-elle m'amener jusqu'à lui ? Qui sait ?

Une nouvelle moquerie, un nouvel agacement. Je n'étais pas le seul à être fatiguant. De mes deux poings, je m'interpose face à ce cadavre balancé en plein visage. Face à la puissance de mes poings, le corps du pêcheur tombe à quelques centimètres de moi. Voilà qui clôture parfaitement notre rencontre. Une fin à l'image de notre première dispute sans intérêt. Il était temps pour moi de prendre la route, j'avais eu très peu d'indication. La route allait être longue.

Le dos tourné, j'ajoute une dernière chose.



En effet, je lui avais révélé mes intentions ainsi que ma route. Néanmoins, rien n'était plus sûr et le destin ne me mènera peut-être pas vers cet orque...