Pendant un bref instant, l’image d’elle-même tenant la main de sa fille devenue adolescente apparue dans l’esprit de Kazami. Une sentiment de bien être l'envahit, l’espoir enveloppa son coeur. Ses yeux brillaient en regardant Shimazu, on pouvait presque voir ce beau tableau sur ses pupilles.
Mais aussi vite qu’elle était apparue, elle la chassa.
« Arrêtes de me donner de faux espoirs, Shimazu, fit-elle sèchement. Je sais très bien que lorsque Gekido sera mort, ils n’auront plus aucune raison de me garder en vie. »
Etait-il bête ou simplement cruel ? La jeune femme appuya son regard, devenu sombre, dans celui de son frère. Kazami n’était pas une rêveuse, elle avait bien conscience de la terrible réalité à laquelle elle faisait face. Pourtant, elle savait que malgré tout, son frère était et avait toujours été de son côté. Elle n’avait jamais réussis à lui en vouloir ou à le haïr.
Il lui remémora le jour où elle lui avait délivré sa fille. Probablement le pire jour de sa vie. Elle avait ce choix bien avant la naissance de la petite mais n’arrivait toujours pas à l’assumer. La culpabilité l’avait rongé depuis toujours, et encore plus depuis qu’elle avait retrouvé Hanabi.
« Je n’avais pas le choix … Une vie de déserteur n’est pas ce que je souhaitais pour elle … Nous étions traqués comme des animaux, Gekido était devenu plus dangereux que jamais … »
Elle serra son bras bandé en se remémorant une terrible scène d’affrontement contre le démon. Ce jour là il l’avait gravement blessé, et ils s’étaient même séparés plusieurs mois.
« Il n’y a pas eu un jour sans que je pense à elle … Si .. si je meurs … »
Elle leva ses yeux vers son grand frère, remplis de larmes.
« Dis-lui qu’elle était aimée plus que tout … »
Sa gorge se serra. Elle voulait ajouter d’autres choses mais aucun mot ne sortit. Elle vint alors simplement s'engouffrer dans les bras de son frère, comme elle l’avait fait tellement de fois auparavant. Pendant un moment elle resta là à sangloter dans les bras apaisant de Shimazu, cherchant la force de se détacher. Lorsqu’elle l’attrapa, elle la saisi à bras le corps et se dégagea de l’étreinte en s’essuyant machinalement les yeux.
« Konoha, le clan … c’est toute ma vie et tu le sais. Tout ce que j’ai fait, c’était parce que je pensais que c’était pour le bien du village et de notre clan. Le jour où Gekido a décidé d’attaquer le village, je suis revenue ici vous prévenir, alors même que je savais qu’ils allaient me condamner à mort. Et même là, je continue à servir le village alors que je connais déjà ma faim. Qui d’autre ici peut en dire autant ? »
S’énerver était la meilleure technique pour fuir sa peine. Cependant, son ton ne monta pas aussi haut que d’habitude et elle s’apaisa rapidement. Elle savait qu’elle n'impressionnerait guerre son frère, et que ce n’était pas lui qu’elle devait convaincre.
« Mako … je ne regrette pas qu’elle se soit servi de moi, j’ai pu passer plusieurs mois avec ma fille, ce qui est bien plus que je n'avais jamais espéré… »
Elle fit un très léger sourire à ces doux souvenirs puis releva son regard vers son frère, bien plus dur.
« Je crois en Konoha. En les Konohajin. Mais pas en ses dirigeants. Ils sont dispersés. La preuve : Azukiyo est venu me demander des informations que tu as refusé de lui donner. Des informations sur notre clan, sur Enoshima. Tu m’as mis en difficulté, Shimazu. Tu savais qu’en lui refusant cela il viendrait me voir, et je n’aurais le choix que de lui obéir. Tu n’as donc rien dis comme si ça quelqu’un est à blâmer ça sera moi, et toi tu resteras celui qui a sut garder les secrets du clan.
Finalement, il n’y a pas que Mako qui se sers de moi. Vous êtes tous pareils pour moi. »