Il reste posté devant le Chikara au bob et le regarde en attendant sa demande. Le suivre dans ses quartiers n’était pas vraiment le problème. Il sort une cigarette qu’il allume, après avoir tirée une première bouffée, il lui fait signe d’avancer pour commencer à le suivre. Il est clair qu’il était là pour les élections. Il avait eu vent de qui pouvait se présenter, entre autres, l’homme ici-présent. Il n’a pas vraiment fait mention de sa candidature en public pour éviter les problèmes, mais il n’aura pas fallu longtemps pour que les informations fuient comme toujours. Du laxisme ou de la manipulation politique ? Il ne le savait pas trop, mais il gardait en tête qu’une fouine pouvait toujours pointer le bout de son nez dans la documentation ministérielle. Il finit de fumer en un rien de temps et entre dans le bâtiment à son tour et suit Oni en silence tout en prenant soin de tendre l’œil pour savoir où il se dirigeait. Les rares moments où il se rendait dans ce bâtiment, c’était pour faire des rapports de mission plutôt légers et sans importance. Il en sera peut-être autrement d’ici peu. Il arrive dans le bureau du Chikara et s'assoit en prenant peut-être un peu trop ses aises. Jambes écartées et un bras pendant à l’arrière du dossier de la chaise. Il attendait simplement de savoir ce qu’il faisait ici.
Il ne passe en effet pas par quatre-chemins pour lui dire de quoi, il en retourne. Des questions que Takumi ne comprend pas vraiment. Il est clair que l’homme tient au village, mais sa manière de faire n’est que très peu appréciée par le shinobi au bandeau. Ses erreurs l’ont éloigné du sommet qu’il visait et il tient encore à avoir la main dessus pour lui. Il soupire et se redresse légèrement. Il était calme malgré tout.
« Je vis ici depuis 36 ans, j’ai été forcé de me battre dans des guerres de clans internes dès l’instant ou j’ai appris à me battre pour des histoires de fierté mal placées! Il est hors de question que la nouvelle génération ait à subir vos histoires. Konoha doit s’unir sous une bannière commune et laisser ses vieilles rancœurs au placard. Rien ne dit qu’il ne sera pas ouvert un jour. Mais aujourd’hui, l’heure n’est pas au conflit, mais à l’union. »
Il fait une courte pause et passe sa main sous son bandeau pour se frotter les yeux d’exaspération.
« Nous avons tous eu nos torts par le passé, pointer du doigt un problème qui ne se résoudra pas est tout bonnement une idée stérile. Les clans n’ont pas à se voir supérieur l’un par rapport à l’autre. Les légendes prétendent que les Chikara ont partagé le Chakra pour que l’on puisse tous s’allier en cas de problème! Pas se tirer mutuellement dans les pieds pour savoir qui est le plus digne ou le plus puissant. Repartir de zéro est peine perdue, on n’effacera pas les erreurs, mais en prendre exemple pour ne pas le refaire est la meilleure solution. »
Il se renforce dans son siège et n’arrive pas vraiment à en revenir de ce qu’il entend. Le fait d’avoir des informations confidentielles données indiquait tout de même qu’Azukiyo avait encore joué avec ses junin comme des pantins. Cela lui décroche un sourire, car il constate qu’Oni a foncé dans le plan d’Azukiyo sans réfléchir.
« Oni… À quel point as-tu peur de l'échec ? Je comprends bien que mon opposant soit une personne potentiellement problématique. Mais perdre ne fera pas de toi quelqu’un de faible… Tu as fait pas mal d’erreurs ces derniers temps et il est tout à ton honneur de vouloir faire au mieux pour les réparer dans l’ombre. Mais passons ce détail ! »
Il se fait craquer les cervicales en penchant la tête, il écoute avec attention l’idée du ninja au bob avant de croiser les bras d’un air plutôt nonchalant.
« C’est très appréciable, mais commencer un mandat en manipulant le village n’est pas vraiment ce que j’avais en tête. Je sais que le petit manège politique implique ces petits tours de passe-passe, mais c’est aussi une des raisons qui poussent le peuple à douter de ses dirigeants… »
Il savait que la politique n’était que prévisions et manipulations d’opinions et c’est bien ce qui le débectait de ce genre de rôle dans un village. Il ne savait jamais véritablement si les promesses seraient tenues ou si les personnes en face de lui étaient sincères dans leurs actes. Il n’arrivait pas à en vouloir à l’homme devant lui, mais n’aimait pas les méthodes adoptées tout bonnement. Si son regard était visible, la mention des votes provoquait chez lui un souvenir qui était un mélange d’émotions. Oni et Mako avaient une relation des plus tendues depuis le début, mais l’escalade de leurs rancœurs personnelles avait tout de même manqué de plonger le village de la feuille dans un nouveau conflit. D’un côté, comme de l’autre, le pouvoir et la reconnaissance étaient pour lui l’élément déclencheur de ces troubles. Il soupire une nouvelle fois avant d’appuyer ses coudes sur ses genoux en croisant les doigts.
« Je ne vais pas tourner autour du pot non plus ! Je n’aime pas cette méthode ! Je préférerais clairement gagner les voix par moi-même. Mais les règles de la politique obligent ce genre de manipulations. Si la personne en face de moi est si problématique, je ne vais pas prendre le risque de la laisser atteindre le rang de Dono alors que même Azukiyo ne la valide pas. Aussi grincheux soit ce vieux Kage, il ne veut que le meilleur pour Konoha. »
Un silence d’une dizaine de secondes règne dans la pièce avant que Takumi ne se redresse en prenant une grande inspiration.
« Je vais accepter cette proposition. Mais ce que je ferais par la suite ne sera pas entre les mains de cette alliance, mais bien dans les mains du conseil du village! Je suis détendue sur bien des choses, mais je suis las de voir Konoha sombrer. »
Il se replace dans sa chaise. Il avait dit ce qu’il avait à dire. Les alliances étaient une chose plutôt éphémère quand les avantages ne sont que d’un côté. Il restait à savoir si ce qu’Oni désirait était avoir son nom dans les mémoires ou rester dans l’ombre et voir le village grandir. Takumi lui avait déjà fait son choix il y a des années et c’est bien la raison pour laquelle jusqu’à aujourd’hui peu de membres du village avaient vent de ses faits et gestes. Un acteur de l’ombre qui décide subitement de se poser à la lumière.