Les opposées 2

Elle suivait Mai depuis un petit moment maintenant.... et elle était un peu frustrée. Non parce qu'en temps normal, passer devant la Gaikotsu en pressant le pas et lui dire qu'elle était lente, elle aurait apprécié. Mais là, elle ne pouvait pas puisque c'était Mai qui devait être en tête, afin de lui montrer un coin propice à leur entraînement. Donc, si elle passait devant, elle allait devoir l'attendre...et avoir l'air d'une idiote. Un drame impensable pour la genin.

Cette frustration de ne pas pourquoi "complimenter" la vitesse de la Gaikotsu était mêlée à celle de rester derrière. Chikara Sora ne suivait pas, elle était suivie. Toujours, cela avait toujours été ainsi et à présent, elle en regrettait presque d'avoir accepté les recommandations de Mai. Ne manquerait plus que celles-ci soient pourries et qu'elle se retrouve avec un lieu moisi. Elle devait donc se contenter de presser la Gaikotsu.

Si ça se trouve, la fille qui avait rougi comme une gamine de cinq ans en avait en fait vingt. Une gamine dans le corps d'une jeune adulte... l'inverse de ce que Sora pensait être. Mai était très grande, une vingtaine de centimètres de plus qu'elle et, si son visage et son comportement ne lui donnaient pas grand espoir, elle espérait presque que cet écart de taille soit du à une différence d'âge. Une nouvelle fois, elle demanda :

Ma nouvelle amie semblait impatiente en cours de route et me posait la question de si nous étions presque arrivés.


Elle avait l'air assez agacé de ne pas allez à une allure plus rapide au vu de sa manière d'accélérer et décélérer ses pas. Je ne la connaissais pas encore assez pour pouvoir juger ses actions et son comportement, mais pour le coup cela m'amusait intérieurement. Le sourire aux lèvres j'écoutais sa question de savoir quelle âge j'avais.


Il était bien vrai que j'étais assez grande pour mon âge et que bien souvent je faisais plus vieille par ma maturité. Nous étions pratiquement arrivées au terrain plutôt bien dégagé. Un terrain que je connaissais depuis ma petite mésaventure où mon ami Oni me forçait à faire un choix douloureux. Une majorité d'arbres étaient coupés laissant un terrain bien assez grand pour s'y entrainer.


Je lui lançais un clin d'oeil amical avant d'ajouter.

Elle soupira à la réponse. Bien, ça aurait pu être pire imaginait-elle...quoique, elle ne voyait pas vraiment comment on pouvait décemment aller plus lentement. Elle fronça les sourcils. L'âge de la Gaikotsu l'agaçait plus qu'autre chose, puisqu'il lui retirait une excuse pour la différence de taille.

Elles finirent par arriver au terrain d'entraînement proposé par Mai. "Enfin !", pensa t'elle. Il avait intérêt à être à la hauteur ! Elle s'avança et dévisagea longuement le terrain. Après plusieurs longues secondes de silence, elle lâcha :

Et venant de sa part, c'était un immense compliment. Elle avait imaginé que, qu'importe le lieu, elle ne pourrait pas utiliser de jutsus Katon en forêt mais ici, c'était réalisable tant qu'elle faisait attention.... Il y avait de l'espace, peu de risques d'endommager le paysage... Beaucoup de conditions semblaient réunies.

Elle quitta des yeux la Gaikotsu, qu'elle avait regardé par dessus son épaule, analysant à nouveau le lieu. Même s'il était dégagé, il restait de nombreuses potentielles cibles pour l'archère.

Le fait que la recommandation de Mai se révèle être le meilleur lieu qu'elle puisse imaginer pour ce qu'elle avait en tête, et qu'elle n'aurait sans doute pas trouvé si elle n'avait pas été guidée, avait un peu remonté la Gaikotsu dans son estime. Suffisamment pour qu'elle échappe un moment à ses sarcasmes, mais une piètre prestation de son maniement à l'arc pourrait vite tout gâcher.

Oh ! Elle avait le même âge que moi, j'avais peut-être une chance de me faire une amie féminine cette fois-ci ! J'attendais de voir sa réaction avant de prononcer quelques mots, car oui, il valait mieux analyser et se la jouer stratège que de foncer dans le tas. Être un moulin à parole n'était pas toujours la meilleure des solutions. « ...C'est pas mal. » sortait tout d'abord de sa bouche avant d'user d'une bonne réflexion. Effectivement, si ce terrain servirait par la suite pour les examens, il faudra probablement trouver un autre lieu d'entrainement. Sora était quelqu'un qui n'avait pas de temps à perdre et me demandait une démonstration de force au tire à l'arc.


C'était ainsi que je prenais alors place prenant en main mon arc mesurant 220 cm de hauteur. Il était impressionnant à première vue, mais ce petit détail ne se remarquait lorsque je le portais autour de ma poitrine. Inspirant profondément, j'étirais la corde à fond et dans l'expiration, c'était le bruit sourd de la flèche que l'on pouvait entendre partir et entendre le bruit de celle-ci se planter en pleins milieu du bois.


Usant de la même tactique en un peu plus rapide que la précédente la seconde flèche se plantait pile dans le milieu de la seconde à un peu plus de 80 mètres de nous deux.


Le sourire aux lèvres, fière de ma prestation, je me tournais vers ma camarade à la chevelure émeraude.

Elle la regarda tirer une première flèche. Son regard s'était attardé sur beaucoup de choses : l'arc, d'une taille pour le mins impressionnante, le regard de l'archère, sa posture et bien sûr, la cible.... Qui fut frappée de plein fouet par la flèche. Pas mal. Elle put admirer le deuxième tir, qui requérait encore plus de précision.

Un pas léger en avant, puis une pause. Si elle comptait tenir sa promesse et montrer elle aussi une ou deux techniques, cela ne voulait pas dire qu'elle allait se presser. Se faire attendre, ne pas lâcher son attitude nonchalante....

Elle n'était pas méprisante. Curieuse peut-être, mais pas hautaine ou autre. D'un mouvement fluide, elle sortit deux shurikens de son étui

Bien sûr, pour les assassinats ou la chasse, Mai devait être utile, mais pour le reste, cela restait à voir. Elle se positionna, prête à lancer.

Elle n'attendit pas plus pour, enfin, dans un geste vif, envoyer ses shurikens qui eurent une belle trajectoire courbe, pour se planter de manière parallèle dans le tronc qu'elle avait désigné.

Elle composa rapidement quelque mudras et saisit deux autres shurikens. Si elle s'était contentée de lancers de shurikens basiques, elle n'aurait pas choisi un tronc déjà fichu. Son chakra amplifiait ses shurikens alors qu'elle lançait à nouveau ses projectiles. Ils se fichèrent juste au dessus des précédents, mais bien plus profondément.

Le premier tir de shurikens, même s'il avait au moins le mérite d'avoir montré sa dextérité avec la trajectoire courbe, avait surtout servi à comparer avec ceux améliorés grâce à son Futon.

La petite curieuse, je n'allais tout de même pas tout dévoiler de mes stratégies. Je préférais feindre la faiblesse plutôt que de dévoiler mon petit jeu. Oh là là quel dommage, il était vrai que si je me faisais attaquer par des bandits je ne pouvais me débrouiller seule, du moins c'était ce que j'allais faire croire à Sora.


J'observais à mon tour la Chikara aux cheveux émeraude se positionnait pour, après autant de questions, passer à l'action. Elle lançait ses premiers shurikens dont l'impact semblait plutôt correct, s'en suivit d'autre armes couplé à l'affinité... hum... Fuuton, non ? Après une longue analyse, je me disais qu'elle n'avait pas tord.


Je ne pouvais pas lui dire que tout ces trucs de ninja ne m'intéressaient pas vraiment et encore moins le fait que ma vocation pour ma part était le chant.


Je me mettais en position fissa prête à décocher d'autres flèches dans le but d'améliorer la vitesse, la précision, mais également la distance de mes tires.

S'être spécialisé dans un unique domaine, si on en avait une excellente maîtrise, était acceptable. Mais quand ce domaine offrait si peu de possibilités ? C'était plus handicapant qu'autre chose. Sora usait aussi du kenjutsu mais même avec son seul ninjutsu, elle avait milles fois plus de façons de neutraliser son adversaire que la Gaikotsu avec son arc et ses flèches....

Et celle qui consistait à user des poings et des pieds sans réfléchir lui paraissait particulièrement repoussante, Sora n'étant en aucun cas une adepte de taijutsu. Si il n'y avait plus de distance entre elle et son adversaire, elle préférait largement le kenjutsu, ou tout simplement recréer cette distance.

Et tuer, la Chikara l'imaginait mal le faire, et encore moins de sang froid. On parlait quand même de la fille qui, il y a moins d'une heure, rougissait comme une tomate sous un ou deux commentaires sarcastiques.
Elle fronça la sourcil à la proposition. Cela ne l'aurait pas dérangé mais...

Elle observa les lieux, songeuse. Si l'excuse était vraie, et non pas un prétexté pour filer, et si elle n'avait aucune envie de brûler une nouvelle fois son chakra, la compagnie de Mai n'était pas désagréable...

Un entraînement peu efficace, sa maîtrise étant déjà plus que correcte et elle n'userait plus du Fuuton pour agrandir les projectiles, mais elle comptait en profiter pour connaître un peu plus Mai. Savoir qu'elle n'avait vraiment qu'une et unique corde à son arc, sans jeu de mot, l'avait un peu déçu, il fallait bien l'avouer, mais tant pis.

Fuir. Fuir mais pour aller où ? Est-ce que justement, fuir, c’est quand on ne sait pas où l’on va ? Que faire, que faire ? La souris de bois est morte. Morte ou vivante ? Mort-vivante ? Un zombie haha ! Un homme-oiseau-fromage-zombie de bois ! Oulala, ça commence à devenir compliqué cette histoire !



La créature semble errer sans but dans la forêt. Soudain, elle entend des bruits, comme des mots étouffés par le vent, suivis de plusieurs « shlack ».

Shlack ? Comment ça Shlack ? Shlack comme shlack ou shlack comme… Shlack ! Non parce qu’il y a plusieurs différents Shlack. A moins que ce soit un shlack shlack comme shlack. Quelque chose qui se plante dans du bois. Du bois… Du bois comme l’homme oiseau fromage zombie de bois !

La créature opaline fronce les sourcils, et commence à courir dans la direction du bruit. Puis, elle sort de la lisière de la forêt, et fixe d’abords les cibles du terrain d’entraînement, puis les deux femmes. Il s’agit d’un jeune garçon aux cheveux blancs, cornus, et surtout filiforme. Il est mince, et plisse ses yeux, méfiant.



Ses habits sont ensanglantés, comme s’il était blessé, où comme s’il avait blessé quelqu’un. Il se prend la tête, et fixe les individus.



La créature tourne vivement la tête, cherchant manifestement un chemin à suivre. Or, dans cette clairière, rien ne se dessine.

Ça y est, je suis perdu ! C’est la fin, c’est fini ! Je vais mourir ! Kyû est perdu ! Perdu comme perdu ! Perdu comme la perte de la perdition de la fin !



Mais oui ! Eurekâ ! Kyû à faim !



Il fixe les deux femmes, et cours tel un animal sauvage jusqu’à elle. Timide, il s’arrête à quelques mètres, avant de presque se cacher de honte.

Pas comme moi pensais-je.


Alors que je faisais l'éloge de ma camarade, quelqu'un sortait telle une furie de la forêt. Qui était-ce ? Ou qu'était-ce ? Le corps mince et famélique, la teinte de ses cheveux blonds, ses vêtements déchirés tâchés de sang... Du sang ? La méfiance était de mise et je me mettais en position de garde, flèche à la main. La personne regardait d'abord les cibles, puis dans notre direction en parlant à une vitesse où ses mots en étaient incompréhensibles. Alors dans son élan de ce qui semblait être de la folie, la créature disait avoir faim avant de courir dans notre direction... Que, quoi ?! Comment réagir sur le moment ? La seule option que j'optais pour ma part était de rester sur mes gardes, prête à encaisser le moindre coup, mais en reculant de quelques pas pour continuer à rester loin de cette être. D'ailleurs celui ou celle-ci se stoppait net(te) dans sa course et d'un ton un peu plus timide, il ou elle répétait qu'il ou elle avait faim.


Sora et moi ne savions pas à qui ou à quoi nous avions à faire, je lui jetais un bref coup d'oeil pour tenter de voir si elle connaissait cet individu étrange et certainement dangereux. Car oui, de part mon clan, ce que nous apprenions depuis notre enfance était la chose suivante: Plus un Gaikotsu était fou, plus puissant il était ! Je mettais alors ce dicton pour tout être vivant en ce bas monde et ne voulais pas vraiment savoir ce que lui ou elle mangeait... en tout cas espérons que ce n'était pas de la chaire humaine.

Elle écouta la Gaikotsu chanter ses louanges sans broncher mais elle appréciait intérieurement cette série de compliments à leur juste valeur.

Si elle avait l'habitude d'éloges concernant son niveau sur le terrain, ceux sur sa personnalité étaient bien plus rares. Son côté "stratège" n'avait pas échappé à l’œil de ses professeurs ou de ses camarades, bien que certains emploient plutôt le terme "manipulatrice" ou même, lorsqu'elle analysait les faiblesses de leurs compétences "langue de vipère"... Son "assurance", on n'en parlait même pas. Cette part d'elle aussi avait été remarquée mais, délaissant le terme flatteur utilisé par Mai, il avait plutôt été nommé vantardise ou excès de confiance en soi...

Même si elle n'avait pas encore totalement renoncé à ses piques, et encore moins à sa franchise, elle était devenue un peu plus amicale. Elle connaissait un peu plus Mai à présent, avait été adoucie par les compliments...et peut-être subissait-elle l'effet de la solidarité féminine. Toujours est-il qu'elle appréciait de plus en plus Mai au fil de la conversation, et cela se faisait progressivement entendre.

Elle saisit un nouveau shuriken et le lança sur la cible qu'elle avait déjà utilisé. Machinalement, en ligne droite cette fois, et elle visa juste.

Quelqu'un jaillit alors du décor et elle ne peut retenir un sursaut, qui se transforme vite en mise en garde alors qu'elle a un aperçu du nouveau venu... inquiétant. C'est le moins qu'on puisse dire. Ses traits étaient juvéniles, quoique peu ordinaires, mais ses habits étaient tachés de sang, et ses propos... peu cohérents. Un dérangé apparemment, mais il était peut-être dangereux, surtout si le sang sur lui venait de quelqu'un d'autre.

Mais dangereux, ce n'est plus l'impression qu'il donne lorsqu'il s'arrête devant elles, presque timide et déclare qu'il a faim. Elle aussi s'est mise un peu en garde. Elle essaie de se donner une attitude décontractée, pour ne pas brusquer son interlocuteur mais elle n'en est pas moins tendue intérieurement.

Et pourtant, lui donner ce qu'il désirait était sans doute la meilleure façon de s'en débarrasser sans dommages.... L'hypothèse d'un autre Gaikotsu qui cherchait Mai lui était venue à l'esprit, mais avait bien vite disparue en voyant que les deux ne se connaissaient apparemment pas. Presque doucement, comme elle agirait avec un animal blessé, elle ajoute :

Il ou elle ne bougeait plus et ne parlait pas quand Sora lui demandait s'il pu elle était perdu. Haussant les épaules en la regardant je lui disais:




Je reculais toujours en posture défensive et m'éloignais petit à petit. Inutile de rester plus longtemps ici, pensais-je. Peut-être que la Chikara, elle, aura plus de patience et de courage que moi. Je quittais alors les lieux.

Elle hocha la tête. A aucun moment, elle n'avait songé à continué à s'entraîner devant cet inconnu. Inconnu qu'elle n'avait pas pu cerner, à part sans doute un mental dérangé, mais dont elle préférait s'éloigner si elle le pouvait.

Elle lui jeta un dernier long regard, essayant de noter mentalement tous les détails possibles concernant le nouveau venu, puis commença elle aussi à reculer, ne le quittant pas des yeux. A part une certaine méfiance, son attitude ne trahissait rien mais elle n'était pas rassurée, et avait hâte de se trouver un peu plus près du village, loin de ce type louche.
Elle finit par reculer au point de ne même plus l'avoir dans son champ de vision. Elle commença à se détendre, se remettant dans le bon sens, même si elle continuait à regarder derrière elle.

Ou les deux. Dans la police, elle était sûre de trouver facilement quelqu'un à qui parler. Faire un potentiel rapport, c'était avec cette idée en tête qu'elle avait essayé de mémoriser les paroles et l'apparence de l'individu du mieux qu'elle pouvait.

Elle essayait de contrôler son allure mais son pas restait légèrement pressé. Ce n'était pas vraiment une fuite, si on lui demandait. Plutôt un retrait stratégique en fait. Ça sonnait quand même mieux.