Chevalier aux mains gauches

C’est sans surprise que sa journée à l'hôpital se passe dans un calme monacal. Le Chikara enchaîne les petits patients sans pathologie pour vider la salle d’attente une fois de plus et se contente de venir en aide au personnel. Une tâche ingrate comme le disent parfois ses confrères, mais il se sentait plus utile de cette manière que d’attendre pour jouer les héros. S’il était populaire avec les infirmières, il aimait se prendre la tête avec les plus expérimentés des médecins pour les rabaisser dans leur condescendance plus que déplacée. Ils ne tergiversent pas bien longtemps, mais aiment simplement leur rappeler le but premier de leur profession. Un art noble certes, mais les élèves manquaient et l’aide aussi par la même occasion. Les discours pompeux n'aident en rien le fait que les jeunes cherchent à approfondir leurs connaissances. C’était son cas plus jeune et il se demande encore comment il faisait pour supporter ces attitudes hautaines à la limite du mépris. Aujourd’hui, il pouvait se permettre d’être plus libre de ses choix et avait délibérément choisi celui du petit médecin. Il y avait déjà bien trop de candidats pour les grosses opérations ou se proposer en mission. Il n’était pas au bout de sa peine en voyant le prochain. Un membre du clan Kitto qui était toujours présent malgré la désertion du reste du clan. Il était couvert de plaies en tout genre à l’arme blanche. Il le regarde pendant une minute en silence avant de prendre une grande inspiration et de se décider à parler.



Les mains jointes devant sa bouche, il ne comprenait pas comment il pouvait être à ce point couvert de blessures.

Ce n’est pas comme si évoluer dans la pratique de cette arme allait être facile pour le jeune homme, mais malgré la difficulté qui l’attendait, il ne pensait pas en arriver à un stade aussi chaotique que ça. Cela devait bien faire plusieurs essais maintenant sur son arme mais il passait encore son temps à mal estimer les distances et à prendre le retour de la chaîne. Il s’était dit qu’en passant au stade supérieur, il ferait peut- être plus attention mais ce n’était pas vraiment le cas. En plus des bleus habituels le voilà maintenant couvert de cicatrices, mineurs, mais tout de même. Cela ne l’empêche pas de continuer son entraînement et de se rajouter de nouvelles marques sur le corps, il avait pris la mauvaise habitude d’assimiler entraînement avec hôpital. Il était maintenant bien connu des services et n’avait même plus besoin de rentrer ses données en arrivant. Ils avaient même hésiter à lui attribuer une chaise spécifique pour lui éviter les désagréments de la salle d’attente. Ce n’était pas vraiment le cas, mais il avait tout de même un petit traitement de faveur de temps à autre. Voilà que le médecin l’invite à entrer dans son cabinet et le regarde d’un air plus que penseur. Il avait dépassé le stade de simple patient, mais ce n’était pas son ami pour autant. Le problème étant le fait qu’il ne se gêne plus pour le juger. Et c'était exactement ce qu’il était en train de faire à l’heure actuelle.



Il refusait aussi d’admettre qu’il était d’une maladresse maladive. Il voulait véritablement bien faire, mais cette maladresse l’en empêchait. Il donnait un coup de main pour rebâtir les maisons et autres bâtiments, mais fut exclu par sécurité. Une situation qui le vexait légèrement mais il avait fini par se faire une raison. Là, il s’était pris d’envie d’apprendre une nouvelle arme pour défendre les gens en danger mais son envie de grandir ne change en rien ses deux mains gauches. C’est cependant sur un air triomphant qu’il reprend.

Il secouait la tête d’incompréhension et ne dissimulait pas son soupir en entendant le jeune parler. Il sépare ses mains pendant les explications et prend machinalement de quoi enlever le sang et commence à soigner ses plaies sans attendre qu'il finisse de parler. Il n'arrivait pas vraiment à lui en vouloir malgré ses visites quasiment quotidiennes à l'hôpital depuis qu'il s'entraîne plus sérieusement. C'est un garçon déterminé qui tient à ses idéaux et le médecin apprécie beaucoup cette partie de sa personnalité. Il aimerait simplement qu'il arrête de se blesser par son manque de concentration. Il rigole quand il lui explique la situation.



Il regarde le Kitto s'exécuter et comprend bien plus facilement quand il lui explique l'arme qu'il tente de maîtriser. Le kusarigama est loin d'être simple de manipulation et il ne comprenait pas vraiment la raison qui poussait le jeune homme à se concentrer sur cette arme et non pas une plus simple. Surtout qu'il sait qu'il est maladroit, les gens ne se privent pas de le lui dire en général. Il termine ses premiers soins et regarde plus attentivement les dégâts et voir s'il n'y a pas de plaie plus importante qu'il est raté. Il concentre ensuite son chakra pour le soigner convenablement et passe une dizaine de minutes à guérir le Kitto maladroit. Une fois terminé, il soupire légèrement, ce n'était pas spécialement fatiguant pour lui, mais il s'inquiétait pour le jeune Mamoru. C'est par réflexe qu'il lui pose la main sur la tête pour le décoiffer d'un geste fraternel.



Il s'inquiétait réellement pour le jeune garçon qui s'efforçait de faire bonne figure et de paraître digne. Il vivait assez mal le départ de son clan et faisait tout pour ne pas être un des lâches de Konoha.

Le médecin ne manquait pas de lui répondre, il n'avait pas complètement tort non plus. Il passait un temps incalculable dans son cabinet médical par le biais de sa maladresse. Il n’avait plus vraiment autre chose à faire que de s'entraîner maintenant. Il voulait simplement être fiable pour les gens et ne voyait pas comment le faire de manière convenable. Il suit les ordres sans trop contredire et attend qu’il finisse son traitement. Se faire soi-même une plaie dans le dos, n’est pas donné à tout le monde en effet, il comprend que le Chikara soit un peu à bout de force à ce sujet.



Il lui donne une idée pour s'entraîner avec moins de chance de se faire une entaille. Il n’y avait pas pensé avant, mais prendre du matériel avec un poids équivalent pourrait en effet être une solution en soi. Il semblait véritablement s’en faire pour lui et ne voulait pas lui donner trop de sueur froide en pensant qu’il allait s’enfoncer sa lame dans le ventre par mégarde. Il hoche la tête en souriant pour lui faire comprendre qu’il comprend bien le principe et remet son t-shirt et sa veste.



Il rigole en voyant l’air épuisé du médecin et se dirige vers la sortie en le saluant.