Cela faisait bientôt un an que Matsuo n'avait plus quitté le village pour partir en mission. En effet, malgré sa promotion au rang de chunnin, depuis qu'il était rentré de sa mission de capture avec Shimazu il n'avait plus été envoyé en-dehors de Konoha. Il était vrai, que son comportement avec son maître lors de cette mission avait été discutable. Déjà que sa promotion avait fait grincer certaines dents, il avait donné du grain à moudre à ses détracteurs ...
Trop jeune, trop immature ... Voilà de quoi il était accusé. Peut-être avait-on peur qu'il déraille en pleine mission et fasse ainsi du mal aux intérêts du village ? Il ignorait qui faisait en sorte de l'éloigner du front et à vrai dire il s'en fichait. Peut-être était-ce Shimazu en personne qui avait ordonné qu'il reste au village .... Ou peut-être était-ce juste le rapport de mission, qui en présentant des faits objectifs, l'affichait comme celui qui avait fait échouer en grande partie la mission. Ce qui était vrai ...
Matsuo planta ses mains dans ses poches. Il était en route pour les portes du village. Le Chikara donna un coup de pied dans la poussière :
« -y'a pas de "t'as l'âge ou t'as pas l'âge". ça veut rien dire ça. Si t'es bon, tu pars en mission, t'assumes. Si t'es pas bon, tu restes au village, tu te tais et tu regardes les autres. »
Bien qu'il ait joué un rôle indéniable dans la mise hors combat du Abura et dans la capture de l'allié de Gekido, ses compétences martiales ne suffisaient pas. Il avait beau passer des heures, des jours, des semaines, des mois à mettre au point des inventions plus ingénieuses et destructrices les unes que les autres, aux yeux de ceux qui décidaient ce n'était pas suffisant. Il n'avait pas le mental ...
Le Chikara aux cheveux de pourpres avait passé le plus clair de son temps de service à patrouiller au village et à ramasser les poubelles. Impuissant il avait assisté aux récents évènements en tant que spectateur. Il avait vu celle qui avait massacré son clan revenir en état de grâce au village, Kanashisa, sa coéquipière décédée ressusciter, la voir partir en mission avec leur maître alors que lui était de corvée ...
Avant de quitter son atelier il avait pris soin d'emporter quelques parchemins de sa confection pour son maître. Espérant, pour une fois, lui être d'une quelconque aide. Il avait essayé de le convaincre de l'emmener avec lui, mais l'Uzumaki s'était montré intransigeant. Matsuo avait alors rétorqué que ça ne l'avait pas dérangé de l'emmener avec lui sur les traces de Gekido à plusieurs reprises par le passé. Son sensei lui avait alors répondu que cette fois-ci il ne s'agissait pas d'une simple mission de traque, mais qu'il partait en guerre.
Encore une fois il était un fardeau pour son maître ... Il avait l'impression d'avoir été un poids pour tout le village cette année. Au final, sa promotion ne lui avait donné que plus de corvées désagréables à faire et donc moins de temps pour travailler sur ses pantins. Lui qui avait passé une partie de sa vie à vivre pour être assez fort pour, un jour mettre à mal Gekido, pour venger sa famille ... Il aurait dû être acteur de ces évènements, pas éboueur au village. Il vivait assez mal cette mise à l'écart mais au fond de lui il savait qu'elle était méritée. Il prenait sur lui et il espérait, non il s'avait, que bientôt sa peine serait purgée et qu'il repartirait en mission. Il lui fallait être patient ...
Enfin, il arriva à la porte. Le Chikara salua, Kanashisa, celle qui avait été sa coéquipière ainsi qu'Hinae et Akiko puis il se dirigea vers son maître, tout en prenant soin d'éviter au maximum Kazami, qui était aussi présente. Il regardait le sol parce qu'il était incapable de supporter le regard de celui qu'il avait sans aucun doute déçu.
« -Bon courage maître. Bottez leur les fesses de ma part ... »
Oui, il aurait voulu y aller, de tout son coeur. Mais tous ceux qui étaient là savaient pertinemment qu'il était trop faible. Il avait la mâchoire serrée, mais il parvint à défaire les boutons des poches pectorales de sa veste de chuunin, en sortit un parchemin et le tendit à son maître.
« -Prenez, si vous voulez, ce parchemin contient une des grenades que j'ai fabriqué ... C'est une grenade explosive. La même que j'vais utilisé face au Abura ... Vous vous souvenez ? Faites gaffe c'est dangereux... »
Il avait l'air ridicule, il le savait. S'il avait pu se téléporter directement chez lui pour éviter le regard de ceux qui étaient présents il l'aurait fait. De toute façon son maître allait refuser et ce serait un echec de plus au compteur du marionnettiste ...