L'Avenir

Silencieux, Shinichi contemplait les montagnes qui s'étendaient au loin, donnant une vue sans pareil aux habitants des lieux. Il pouvait passer des heures ici, à regarder ce paysage nostalgique et à profiter de la beauté de la nature. Assis sur le rebord de l'une des fenêtres de son nouveau chez lui et plongé dans ses pensées, il repensait à son retour au village caché des nuages, ayant encore l'impression d'être plongé dans un rêve et de ne pas réussir à se réveiller.

Néanmoins, le jeune homme ne pouvait se prélasser plus longtemps ; l'Ombre de la Foudre l'avait convoqué pour une raison qu'il ignorait encore. Avec un homme aussi prestant que l'était Masashi, il ne valait mieux pas être en retard.

Arrivé au Palais du Raikage, véritable centre décisionnel de Kumo et preuve de sa puissance, Shinichi se dirigea vers le bureau de son maître. Il toqua trois fois puis poussa la porte avant de s'agenouiller avec respect.



Puis il attendit la réponse de son supérieur, ne pouvant que se montrer respectueux envers cette personne qu'il considérait presque comme une idole.

Je ne pouvais pas me permettre de lui expliquer son importance. "La Main" avait pu manigancer tout ça grâce à sa surestime.



Je restais le plus froid possible. C'était un rituel à Kumo. Les Hattori n'exprimaient rien. Ils vivaient en offrant une impression de supériorité. Mais, cela était n'était que songe.



Toujours face à lui, mon regard ne semblait rien exprimer. Un objet recouvert de tissu trônait sur la table la plus proche. Ceci était l'artefact le plus ancien du village. La tenue du second. Ceci voulait tout dire, le second devait tenir. Qu'importe les situations, il devait être là. Il devait survivre pour que son supérieur puisse vivre.

Ainsi, l'objet de la convocation n'était pas l'attribution d'une nouvelle mission mais d'un nouveau poste. Le jeune homme ne put cacher sa surprise, mais tentait de rester impassible face aux mots prononcés par son Kage. Des hommes de leurs rangs et de leurs lignées ne pouvaient se permettre de se laisser emporter par leurs sentiments.



Ces mots n'étaient pas simplement prononcés pour les convenances. Masashi était une des rares personnes qui avaient accordé une chance au jeune homme, malgré ses mutilations et son passé, et c'était une des raisons pour lesquelles Shinichi avait une grande admiration envers lui. Il ne pouvait se permettre de le décevoir.



Il avait une vague idée des devoirs liés à ce nouveau grade, mais il préférait s'en assurer.

Shizuka attendait dans le couloir depuis le début de l'entretien. Elle avait vu Shinichi pénétrée dans les quartiers de Masashi et elle se demandait ce que ce jeune homme était venu faire. En effet, depuis que Raiko l'avait mise au courant que Masashi ne lui disait pas tout ce qu'il projetait pour Kumo, Shizuka était devenue bien plus curieuse et méfiante, elle allait même jusqu'à traîner dans le bâtiment Kage bien plus souvent, laissant Rin à sa nourrice.

D'habitude, elle ne s'y attardait pas, elle se disait que son mari avait beaucoup de choses à faire et, prise de remord, elle rebroussait chemin. Mais aujourd'hui, elle l'entendit parler de Buichi et du nouveau chef des armées. Elle comprit que ce qui se tramait était de la plus haute importance, alors, elle s'invita dans la salle.



Malicieuse, la jeune femme vint enrouler ses bras atour des épaules de son cher frère.

Mes dernières nuits furent courtes laissant croître en moi une colère grandissante. Je ne pouvais plus détourner le regard. Je ne pouvais plus nier mon destin. La conquête, les meurtres, la guerre. Ce ne sont que des éléments de mon évolution.



Je me dégageais lentement de Shizuka. Ce n'était pas l'endroit pour une câlinerie intempestive.

Sans que Shinichi ne puisse dire un mot, la femme du Raikage intervint dans la discussion des deux shinobis. Même si l'Illusionniste ne l'avait jamais croisé, la jeune femme semblait avoir quelques doutes envers sa personne.



En effet, depuis qu'il avait atteint l'adolescence, le jeune homme avait rejoint la milice secrète du Raikage et enchaînait les missions d'infiltration et d'assassinat. Il ne se mêlait que rarement aux autres villageois de Kumo, mais n'en restait pas moins fidèle à son maître.



Comme les autres, la femme l'avait jugé au premier regard. Toutefois, il jugeait inutile de lui avouer que c'était l'Hokage lui-même qui lui avait affligé cette blessure. C'était un secret que peu de personne connaissaient.



Relevant légèrement le menton, il plongea son regard doré dans celui de Masashi. Remarqueraient-ils sa dévotion absolue et la volonté foudroyante qui l'animait ?

Pas mécontente de voir son époux vivifié par la colère qu'il éprouvait en son sein, Shizuka n'avait rien fait pour apaiser Masashi de plus qu'une nuit d'amour. Cela faisait longtemps qu'elle espérait changer d'air, ne pas stagner, éviter de voir la graisse s'accumuler sur les cuisses de la jeune femme pourtant encore jeunes et fraîches. La nomination d'un nouveau général prouvait que Masashi avait pris des décisions et qu'il comptait agir. Cela dissipait un peu la frustration qu'elle avait ressentit lorsque Gareki était tout de même rentré pour déclarer son rapport.

La jeune mère ne mouffeta pas lorsque son frère lui posa une question rhétorique, ni lorsqu'il se dégagea d'elle. Au lieu de cela, elle s'assit sur le côté de son bureau dans le but de l'embêter un peu et écouta attentivement les réponses de ce Shinichi...Un shinobi exemplaire, hein ? Elle se frotta le menton en souriant tout en fixant le jeune homme, puis le détailla discrètement de la tête aux pieds. Finalement, elle aimait bien son ardeur.

Souriant calmement, je ne pouvais qu'apprécier cette dévolution de l'un et la soumission de l'autre. Sans réellement avoir à me mouvoir, je repris :



Je repris ma respiration pour ensuite prendre un dossier se trouvant dans la partie droite du bureau et le poser sur la table.



Les fiches sur le sujet en question étaient nombreuses. Missions réalisées, élèves en charge, état physique et mental... Une véritable pépite pour torturer les plus faibles d'esprit.



Fouillant de nouveau dans l'armoire, un second dossier se posa sur la table.

Tant que la diplomate n'était pas revenue de son voyage, le sacrifice ne pouvait avoir lieu. Ainsi, le nouveau maître des armées était privé du plaisir que pouvait être de torturer l'Ombre du village caché de la brume et toute sa cour. Toutefois, c'est en se précipitant dans ce qu'on fait qu'on risque de ne pas atteindre ses objets. Il serait donc patient.



Il s'autorisa à se redresser et s'avança délicatement afin de prendre les dossiers en main. Rapidement, il y jeta un coup d'œil en les feuilletant rapidement. Si Shin était l'élève de Gareki, il serait beaucoup plus aisé de le persuader en jouant sur ses sentiments.



Assassinat ou récolte d'informations, Masashi comme Shizuka avaient la carte entre les mains.

Décidément, je ne pouvais douter d'un choix aussi malicieux. Ce Shinichi se relevait être une véritable perle rare. Bien que je n'en avais jamais réellement douté, mes discussions avec mes hommes étaient souvent trop courtes. Me limitant ainsi au strict nécessaire. Une idée me vint à l'esprit. Shin n'étant sûrement plus en vie, je me devais de faire perdurer l'héritage de "La Main" via Gareki. Cela allait attendre, une autre idée me vint à l'esprit. Je repris ainsi :



Je marqua une coupure.



Bien évidemment, je noyais le poisson. Cette jeune femme n'était qu'un moyen d'être certain de la fidélité de l'homme. Une ruse comme une autre. Il allait falloir prévoir une rencontre avec l'intéressée.

Ainsi, Shinichi allait devoir jouer pour quelques temps le rôle de la nourrice.. Une attribution qui le fit légèrement grimacer. Toutefois, un ordre reste un ordre.



De plus, si la demoiselle montrait effectivement un certain talent pour le camouflage, il pourrait l'adhérer définitivement à son équipe. Deux assassins valent toujours mieux qu'un.



Remerciant une dernière fois Masashi pour ses grâces et saluant la dame qui l'accompagnait, le nouveau maître des armées prit la direction de la porte. Demain était la veille d'un nouvel avenir.

Après l'avoir salué comme il convenait, Shizuka surveilla sagement la sortie du nouveau général. Une fois qu'il se fut assez éloigné pour ne plus l'entendre, elle reprit la parole:



Émettant un rire cristallin, presque enfantin, la jeune mère descendit du bureau, ses yeux dorés lançant des étincelles de malices.



Pas de supplication dans la voix de Shizuka, seulement un ton posé agrémenté d'un sourire maternel et rassurant.