La guerre s'éternisait bien que les Usumaki et les Chikara soient officiellement en paix depuis que les rouquins avaient été chassés de Konoha à grands renforts de coups de pieds répétés dans le derrière. Il s'agissait bien sûr d'une guerre plus froide qu'auparavant, mais elle n'en était pas moins violente pour ses, plus rares, victimes. À côté de ça, les dégâts collatéraux étaient considérables, tant matériels, avec la destruction de plusieurs quartiers du village autrefois prospère, qu'humain, plusieurs bandes criminelles ayant décidé de profiter du chaos ambiant pour s'enrichir et se renforcer.
Les Kitto, ayant choisi de s'écarter de cette guerre, tentaient, sans doute pour se donner bonne conscience, de limiter ces dégâts collatéraux. Dans ce but Masao avait été envoyé comme éclaireur. À 20 ans, il était impatient de rendre service à son clan et de se faire remarquer par les siens. Aujourd'hui son objectif était de subtiliser une prostituée afin de faire tomber un réseau de proxénètes, le tout le plus discrètement possible bien entendu. Un peu déçu par la tâche qu'il avait à accomplir il était finalement parvenu à se motiver et à monter son plan d'action. Mais avant de le mettre en œuvre, il avait besoin de repérer la zone, sa cible et, surtout, le nombre et l'emplacement de ses "anges-gardiens".
Une fois sur place, il repéra bien vite plusieurs de ces "demoiselles en détresse" et s’efforça de rester concentré malgré les regards plus ou moins langoureux qu'on pouvait lui adresser. Il faut dire que pour le jeune mal en manque d'amour qu'il était, il pouvait être tentant de succomber aux clins d’œil charmeurs de ces dames... Pourtant il devait garder à l'esprit la détresse de ces mêmes femmes et l'importance de sa mission. Sa détermination sans faille l'aidant à ne pas faillir il fut approché par l'une de ces demoiselles, qui ne devait même pas avoir son âge. Relevant les yeux vers elle il se sentit rougir et détourna la tête en faisant un signe vague et mal assuré de la main. Il n'avait rien répondu de peur de balbutier stupidement quelques syllabes sans aucun sens et se ridiculiser. Décidément, il s'était bien mal préparé pour cette mission, à la première difficulté le voilà déjà échouer lamentablement.
Ayant un peu de chance dans son malheur il avait aperçu une silhouette cachée à l'angle d'une ruelle un peu derrière la jeune demoiselle. Il était certain qu'il s'agissait là d'un homme chargé de surveiller les quelques donzelles de la rue. Était-il seul ? Pour l'instant Masao n'avait repéré que lui mais cela n’écartait en rien la possibilité qu'un autre shinobi soit caché non loin... Décidant de prendre sa chance, il se dit qu'il n'aurait qu'à improviser ensuite, après tout il n'avait guère le choix et faire des aller-retours dans cette rue ne le rendrait que plus louche encore. Faisant quelques mudra sous sa cape violette il capta une fraction de seconde le regard de l'homme et passant à son niveau, c'était juste ce qu'il lui fallait.
Désormais piégé par son Genjutsu, l'homme était persuadé de le voir s'éloigner et tourner un peu plus loin alors qu'en réalité, Masao venait de faire demi-tour. Retournant vers celle dont il avait, un peu maladroitement, repoussé les avances, il sorti une bourse pansue d'une poche de son veston, la posa dans la main de la fille de joie tout en s'éloignant, bras-dessus bras-dessous. Son protecteur, lui, voyait toujours la jeune femme là où elle était précédemment et ne pouvait deviner qu'elle s'éloignait de lui. En revanche, les autres filles et les rares passants eux, voyaient tout, et il fallait donc qu'ils aient l'impression que tout était parfaitement normal, pour cela, Masao devait briffer sa "complice" involontaire. Se penchant à peine vers elle, humant avec une pointe d’écœurement le parfum bon marché dont elle s'était aspergée en trop grande quantité, il murmura quelque chose que seule elle pouvait entendre.
« Surtout ne dis rien et fait comme si tout était normal... je t'expliquerai plus tard... »
Sa seule inquiétude, pour le moment, était qu'un ou deux autres "gardes du corps" de la demoiselle qu'il était en train de kidnapper ne s'avance à sa rencontre. Dans le pire des cas il pourrait se contenter de réellement payer la dame pour ses services... après tout cela valait sans doute mieux que de se retrouver à se battre à un contre trois en pleine rue...