Retour aux origines

L'ingénieur

Les îles de Tori, une terre ancestrale, interdite aux étrangers. Un archipel mystérieux, un refuge pour les tueurs et les démons, dans un monde constitué de pays rivaux dont les villages et leurs clans obéissent à un Kage, détenteur pour certain d’un pouvoir absolu sur leur contrée.

La paix est assurée par les Shinobis, maîtres dans l’art de manier les éléments et qui ont pour tâche la protection de leur Kage et de leur province. Et ce à n’importe quel prix.

Quand un Shinobi manque à son devoir ou déserte son village, il subit alors la pire des humiliations vue par la société, il devient alors un nukenin.

Connaître l’histoire du génocide entre Chikara et Uzumaki, c’est connaître l’âme profonde qui berce ces deux clans.

Tout a commencé avec un enfant. Nul ne savait d’où il venait, ni comment il était arrivé dans les plains d’Hana. Pour certain, échangé à la naissance il valait moins qu’une bête. Nombreux pensaient qu’il avait été élevé par les Tengu, des démons de la forêt hanté de Tori, et qui lui avaient enseigné leur pouvoir maléfique et l’avaient formé à leur art du combat mortel.

Les rumeurs évoquaient qu’il avait fui ces créatures après qu’ils aient brisé son corps et son esprit avec des techniques interdites. Et que seul le courant marin avait eu assez pitié de son état pour le faire s’échouer sur les rivages du Pays du Feu.

Et ce n’est que bien des années plus tard, que l’enfant, revint sur les traces de son passé. Non pas en quête de réponses ou de vérité mais pour vendre son âme à ceux qui jadis l’avaient corrompu.

Dans une forêt si épaisse que les rayons du soleil peinent à atteindre le sol, donnant lieu à une terre marécageuse en permanence. Et au cœur de ce bois réputé maudis, un immense arbre creusé à même l’écorce répond au nom du nid des Tengu. Azukiyo s’engouffre dans le passage qu’il avait emprunté bien des années auparavant. Ce dernier qui lui paraissait si large et imposant à l'époque n'est maintenant plus qu’une brèche. Pourtant l’odeur et l’ambiance qui s’en dégage reste identique.

Dialogue de personnage
« - Et donc le petit garçon terrorisé, revient nous voir en homme. Enfin, ce qu’il en reste. »


Lance une silhouette qui se dessine dans l’obscurité. Les contours se précisent pour dévoiler un inconnu qui n’en est pas un. Ou peut-être qu’il en est redevenu un, après tant d’années d’absence. Un homme aux traits abîmés par l’usure du temps et des combats, un homme aux cheveux et à la peau devenue ternes à mesure du temps passé sans l’once de lumière.

Dialogue de personnage
« - Akido. Je suis venu te demander de m’aider. J’ai besoin d’un autre sabre. »


Dialogue de personnage
« - Utilise déjà celui que tu as. »


Rétorque l’homme tout se déplaçant de manière concentrique, dessinant son passage dans la poussière environnante. La tension est omniprésente, les deux hommes soutiennent le regard car les deux savent que venir à le briser ne serait-ce qu’un instant est synonyme de mort.

Dialogue de personnage
« - Nos sabres ont été forgés pour nous défendre contre l’hostilité des Shinobis. Ceux-là même qui nous traquent et nous persécutent pour ce que nous sommes, des manipulateurs d'un feu qu’ils ne savent eux-mêmes pas maitriser ? Ces Shinobis qui te méprisent parce que tu es différent, parce qu’ils ont peur de toi et de ce que tu pourrais faire. Et aujourd’hui, tu les aides ? Je ne comprends pas. »


Dialogue de personnage
« - Ce sont des hommes bons. Et leur cause est juste. Ils ne se contentent pas de se terrer dans les erreurs du passé, ils reconstruisent pour devenir meilleurs. Pour l’avenir des leurs. »


Dialogue de personnage
« - Beaucoup d’hommes viennent ici pour dérober notre acier et nos savoirs. Mais aucun n’en est ressorti vivant. Laisse-les s’entretuer, tu es bien meilleur qu’eux. Nous t’avons enseigné la survie, tu es fait pour vivre seul. C’est aussi pour cette raison que tu as fui. Et cela en valait-il la peine ? Qu’as-tu trouvé dans le monde extérieur ? L’amour d’une femme, qui ne peut plus être à toi ? Une rancœur vieille de cent ans qui ne peut être pansée ? Une bande d’hypocrites fourmis qui ne peuvent vivre autrement en communauté sous peine de voir leur espèce s’éteindre. »


Dialogue de personnage
« - Oui. »


Dialogue de personnage
« - Laisse-moi te conter une histoire. Ton histoire. Celle d’une nuit et d’un amour a qui tu dois ta venue au monde. Celui d’un traître à son clan et d’une paysanne, par une lune qui a vu ta mère aimante t’abandonner une nuit à ton sort, dans ces bois. Un bâtard jeté en forêt. Et nous, nous t’avons recueilli, accepté, entraîné ! Nous t’avons enseigné de nombreux arts, mais tu t’es enfui. Tu as abandonné, répudié les dons que nous t’avons offerts. »


Dialogue de personnage
« - Des dons de mort. »


Dialogue de personnage
« - Peu importe ce que tu fais ! Jamais vous ne pourrez empêcher l’inévitable dans cette vie. »


Dialogue de personnage
« - Alors j’irai vers la mort tout en priant pour un autre destin dans la prochaine. »


La tension est à son comble et un silence pesant s’abat sur le duo. Le manège d’Akido s’arrête, faisant toujours face à l’ancien Hokage. Il détache de son dos un long fourreau orné de rouge et or et tire la lame de sa protection. Il plante l’arme dans le sol d’un geste aussi puissant que maîtrisé et lance un dernier regard de défis à son ex-élève.

Dialogue de personnage
« - Prends ce sabre Azukiyo. Il t’appartient si tu l’attrapes avant moi. »


Une seconde plane. Puis Azukiyo s’élance en avant dans un mouvement quasi-imperceptible. Mais ce n’est que vaine technique face à celui qui lui a tout appris. S’enchaîne une succession de coups tous aussi rapides que mortels que chacun des deux combattants esquive ou détourne sans sourciller. Ils connaissent si bien le jeu de l’adversaire qu’ils savent lire, décrypter et anticiper le moindre mouvement. Ce n’est qu’un homme et son reflet qui semblent se faire face dans une lutte acharnée mais dont une seule issue est possible.

Akido tente de prendre l’avantage en usant de ces deux bras valides pour user d’une technique interdite. De grandes flammes aux allures d’une mâchoire enflammée pouvant dévorer tout ce qu’elle touche et causant de lourds dégâts à son utilisateur. Mais l’homme sait d’expérience qu’il peut s’en tirer à meilleur compte que sa cible.

Voyant cette technique prendre forme et aux vues de leur situation de combat rapprochée, Azukiyo sait que ses options sont minces. Esquiver revient à déclarer forfait et à s’engager sur la pente d’une mort certaine. Parer une telle attaque n’a pas une meilleure issue. Mais nul sacrifice, nulle victoire. L’ancien Hokage n’ira pas ternir le titre qu’il lui avait été confié. Sa paume gauche vient s’entrechoquer contre le poing embrasé d’Akido qui affiche un sourire victorieux.

Les flammes enveloppent les deux membres mais aucun ne grimace sous la douleur. Azukiyo resserre ses doigts sur le poing de son maître dans un craquement peu commun.

Il vient d’encaisser le coup de son bras factice, entraînant la destruction inévitable de ce-dernier. Mais cela lui laisse une poignée de secondes, suffisamment pour surprendre son adversaire qui chancelle lorsque le bras rompt, offrant la meilleure opportunité pour le vieux Shinobi.

Son talon frappe la garde pour faire s’envoler l’arme, qu’il récupère d’un geste fluide. Dans le même mouvement, tout son corps effectue une rotation, telle une danse mortelle et terminant sa course dans un geyser de flammes bleues. Akido dégaine une lame courte qui percute le fil du katana avec une telle violence que les deux lames se brisent sous la force de l’impact, ne laissant dans son sillage qu’un amas d’étincelles et de métal morcelé.

La puissance du choc est telle qu’une onde de chakra s’est déployée autour des deux guerriers, les enveloppant littéralement et semblant figer la scène dans le temps.

La main d’Azukiyo serre le pommeau de l’arme brisée qui continue pourtant d’imager de ses flammes azur le souvenir d’une lame. Le fil de cette imitation a juste à frôler la gorge de sa victime pour que celle-ci brunisse rien que sous l’effet de l’intense chaleur, faisant au passage perler une grosse goutte de sueur le long des tempes d’Akido.

Celle-ci poursuit sa course le long de son visage avant de s'arrêter net à mi-parcours. Une fraction de seconde n'a même pas le temps de s'écouler que la goutte de sueur semble repartir dans le sens inverse. Et tout disparaît. Le décors et toute la scène se rétracte sur elle-même, ne laissant que le vide et une voix qui résonne avant de s'évanouir dans l'obscurité, tel un souvenir, un rêve, une illusion.

Dialogue de personnage
« - Voilà un don que tu n’as pas oublié … fils. »

Publié le 10 Avril 2021 vers 15h