Vous aviez marchés tout deux pendant plusieurs jours afin de retourner à la cité d’Aisu. Sans le vouloir cette ville était devenue ton foyer, tu connaissais ses rues, les bonnes adresses… Tu avais pris l’habitude de vivre ici. Jusqu’alors, Genichi songeait à détruire cette cité pour commencer son plan, néanmoins les évènements récents avaient peut-être fait songer celui-ci à utiliser d’autres moyens pour parvenir à son objectif. Votre discussion dans la grotte avait eu son petit effet, il en était parvenu à réaliser les contradictions dans ses propres choix. Il répétait inconsciemment les même erreurs que dans son passé, alors que c’est ce même passé qui l’avait poussé à agir pour changer les choses. Tu avais d’ailleurs pu en apprendre un peu plus sur lui.
Attablé à l’étage, tu feuillettes les pages d’un vieux livre, la tête reposant sur ta main, tu es pensive. Genichi possédait une loyauté énorme envers un village qui l’avait traité et formé comme une arme unique en son genre. De plus, tu avais pu comprendre un peu plus la relation entre Miwaku et Hattori. Tu ne comprenais pas pourquoi les choses fonctionnaient ainsi à Kumo, mais dans ton esprit, les clans devaient tous être égaux, c’était ta vision de la paix. Une vision utopique, probablement du à ton jeune âge. Tu étudiais des textes concernant les guerres passées, au final tu remarquais que Kumo et Konoha possédaient un point commun : une histoire sanglante. Peu importe ce que semblaient prétendre ces nations, les piliers de leur société reposaient sur la guerre, des enfants encore plus jeunes que toi étaient formés pour devenir des shinobis.
Tu n’avais pas été éduquée dans ce système, non, ta seule éducation militaire provenait de Genichi. Tu ne connaissais pas ton clan, c’était d’ailleurs l’une des choses que tu gardais aussi à l’esprit, un jour ou l’autre tu espérais les trouver, en apprendre plus sur les tiens. Cela étant… tu doutais qu’il reste un grand nombre d’entre vous, tu étais plutôt pessimiste sur ce point, tu savais qu’ils avaient fuis Kiri, mais ils étaient déjà peu avant de produire leur rébellion qui les avait conduis à l’exil. Tes parents avaient fait le choix de s’éloigner de toute cette vie, de faire oublier leurs nom. Pourtant, ta grand-mère avait fait le choix de t’en informer, tu pouvais faire ce que bon te semblait, peut-être deviendrais-tu curieuse à leur propos, peut-être déciderais d’oublier ce nom toi aussi… Seul l’avenir viendrait répondre à ces questions.
L’avenir, qu’était-il ? Le voyage retour s’était déroulé dans le silence le plus total. D’ici quelques jours le printemps viendrait, amenant avec lui de meilleures températures, sans doute était-ce le meilleur moment pour vous deux de commencer à voyager. Pour aller où néanmoins ? Tu ne savais pas si Genichi avait réfléchit à tout cela déjà, lui qui semblait plutôt touché par tes paroles quelques jours plus tôt, il était en plein doute. Tu n’essayas pas d’en savoir plus, tu laissas cette conversation couler, le temps qu’il reprenne ses esprits. Tu avais découvert une facette de sa personnalité, à y réfléchir, c’était sans doute pour le mieux. Néanmoins, tu restais convaincue que les choses devaient changer. Tu continues de feuilleter les pages de ton livre sans prêter réel intérêt au contenu, tu lis celui-ci de travers, espérant trouver un indice vous aiguillant.
Les heures passaient, tu étais restée enfermée toute la journée, une pile de livre s’accumulait juste à côté de toi. Tu te redresses un peu avant de t’étirer. Bon sang, tu n’avais pas bougé d’un pouce depuis un moment, tu commençais d’ailleurs à avoir faim, tu n’étais pas descendue manger le midi même, tu n’avais même pas aperçu Genichi, depuis votre retour, votre entraînement quotidien avait drastiquement diminué, sans doute avait-il la tête à autre chose. Peu importait, tu étais devenue plutôt douée jusqu’ici, tu pouvais te permettre de t’entraîner seule, néanmoins tu étais trop occupée à entraîner ton esprit plutôt que ton corps. Enfin bref, doucement, tu te relèves de la table, le livre en main, tu te diriges vers le rez-de-chaussée de l’auberge. D’un signe de la main tu salues tout le monde, tu cherches Genichi du regard parmi tout les gens présent. A force de vous voir, ils s’étaient fait à votre présence, les regards n’étaient plus aussi noirs qu’avant, vous passiez juste pour des habitants pour les autres… à un détail près : Genichi. Sa dégaine ne laissait que peu de place à l’imagination, dans une cité civile, il ne passait pas inaperçu.
Tu t’installes face à lui, tu déposes ton livre sur la table tout en faisant un signe à Panami pour qu’il t’apporte de quoi te nourrir. Tu regardes ton sensei avec un sourire avant de pousser le livre jusqu’à lui. La page comporte une carte, de ton doigt tu pointes ce qui semble ressembler à un énorme lac. Parlant à voix basse, tu t’adresses à Genichi.
« Vous voyez ce point d’eau juste ici ? Il représente virtuellement la frontière entre la République de Konoha et l’Empire de Kumo. Avez-vous une idée de ce qui se passerait si nous venions à créer quelques troubles là-bas ? »
Pas un bonjour ou quoi que ce soit, vous n’en n’étiez plus là, enfin bref. C’était bien évidemment une question rhétorique, tu avais compris que les frontières étaient du genre à faire s’échauffer les esprits assez rapidement. Dans ton idée, celle-ci avait une importance particulière, néanmoins tu attendais la réponse de Genichi à ce sujet avant d’en dire plus.