Un retour discret

J’avais décidé de prendre du recul et de partir m’isoler depuis les dernières élections. Je n’avais pas envie de faire face à tout cela alors que j’attendais le changement de république avec impatience. Je ne savais plus vraiment où aller et j’ai simplement disparu dans un des coins boisé du village. J’étais présent, mais je ne l’étais pas en même temps. Je ne me tenais que de manière discrète des avancées du village. L'entretien avec Takumi ne s’était pas vraiment conclu comme je le souhaitais, mais est-ce véritablement un mal ? Il aura tout de même gagné au final et je me sens vide depuis ce jour pour une raison qui m’est inconnue. J’ai l’impression que les regards que les gens me portent ne sont que des jugements discrets et acerbes à la fois. Je n’avais plus la force de les affronter. J’aurais dû prévenir de cette absence plutôt que de faire le mort, je vais probablement passé pour un sale lâche, mais est-ce que mon image pouvait être encore plus basse qu’elle ne l’est aujourd’hui ? Je doute fortement, apparaître de nouveau aujourd’hui ne serait rien de plus que de signaler ne pas encore avoir passé l’arme à gauche.

Je marche simplement, tenant mon couvre-chef pour ne pas le voir s’envoler avec la brise. Les terrains d’entraînement son peuplé de jeunes cherchant leur voie. Que vais-je bien pouvoir dire à Seika ? Je pars sans un mot, est-ce qu’il va tolérer mon retour tout aussi imprévu ? Je ne pense même pas à Hikaru qui semblait perdre toute sa confiance la dernière fois que je l’ai croisé. Est-ce qu’il me voit encore comme son sensei ? Il faudrait que je lui parle un jour aussi pour voir de quoi il en retourne une bonne fois pour toutes. Lui et tous les autres que j’avais promis d’accompagner, j’espère tout de même qu’ils ont été capables de trouver quelqu’un pour les guider malgré mon absence, je ne pourrais pas m’empêcher de ressentir la culpabilité de les avoir abandonné tous. Je m’efforce déjà de ne pas prendre note des regards qui me dévisage comme un revenant de l’autre monde. Bon, il faudra avouer que je suis un peu un revenant après tout. Je disparais plusieurs mois et reviens du jour au lendemain, il est normal que l’on me dévisage de la sorte. Je ne pense pas avoir mon mot à dire honnêtement. Je salue les gens avec un faible sourire et continue ma route vers mes quartiers. Ils n’ont pas changé, je ne dis rien et ignore un peu les gens avant d’arriver chez moi et ouvrir la porte qui coince avec le froid et l’humidité de l’hiver. Rien n’a changé ici. C’est rassurant d’un côté, je me contente d’un rien et savoir qu’au moins une chose n’aura pas bougée. Pour d’autre chose, j’espère que ce soit le cas mais pour savoir cela, il me faudra affronter mes vieux démons et voir ce que le village est désormais. Les rumeurs sont bien sympathiques, mais elles ne reflètent pas la vérité que j’aimerais entendre de vive voix.