Terumi lui tourna le dos, et alla se poster devant la fenêtre, faussement distraite par le paysage de la rue à l’extérieur. Malgré ce qu’elle pouvait dire, l’annonce de la mort de son ancien amant et ami, l’avait secoué. Eitarô et elle ne s’était plus adressé la parole depuis les deux ans de Tetsuko, alors qu’il essayait de se faire pardonner. Même avant ça, quelques jours après qu’elle lui eut appris qu’elle attendait un enfant, il s’était éloignée d’elle, et des problèmes avec. La mère de la petite fille ne lui avait jamais pardonné, mais elle en gardait néanmoins un peu d’affection.
« Bon je suppose que pour ce verre, je peux me gratter... »
La rousse se retourna et lui lança un regard noir.
« Dépêche-toi de me dire ce que tu as à dire, Eiichi, que j’ai la paix. »
Il s’éclaircit la gorge.
« Il a laissé quelque chose pour toi. Et pour Tetsuko, aussi. Je sais… »
« Je n’en veux pas, garde ça. »
« ...je sais que tu vas me couper la parole pour me dire que tu n’en veux pas, mais tu n’as pas le droit de priver ta fille de ça. Pense ce que tu veux, mais un jour, elle te posera des questions. Et ce sera son droit d’exiger des réponses. »
Terumi ne répondit rien. Elle attendit juste qu’il poursuive, qu’ils puissent en finir. Eiichi sortit plusieurs choses de son sac. Il posa sur la table le tout.
« Ça, c’est pour toi. Tu peux la jeter, fais-en ce que tu veux. Il l’avait acheté il y a longtemps , mais n’a jamais pu te l’offrir. »
La femme Uzumaki jeta un œil sur la bague, et détourna le regard, faisant comme si elle n’avait pas vraiment vu.
« Ca, c’est pour Tetsuko. Je ne sais pas ce qu’il y a dedans, mais il a bien demandé à ce que ni toi ni moi ne regardions. Et je compte sur toi pour honorer sa volonté. »
C’était un cahier, ou plutôt un ensemble de feuilles et de papiers, de toutes sortes, et de toutes les couleurs, reliés entre eux. On pouvait voir sur certaines pages trop grandes des croquis, sur d’autres des écritures. Terumi prit une grande inspiration, et regarda l’amas de feuilles avec méfiance. Elle garda le silence un moment, le temps de réfléchir.
« Je garderai ce truc… sans le lire. Mais je ne lui donnerai que si elle pose trop de questions. Je ne ferai pas surgir son bon à rien de père dans sa vie sans son consentement. »
La pièce resta silencieuse pendant quelques minutes. La petite Tetsuko, toujours cachée derrière la porte, s’était endormie contre le mur. Elle n’avait pas bien écouté ce qu’ils s’étaient dit, mais avait entendu son prénom quelque fois dans la conversation. Les deux adultes échangèrent encore quelques mots.
Sa mère avait repéré ses cheveux roux dans l'entrebâillement de la porte coulissante. Elle s’approcha et ouvrit sur le couloir. Tetsuko se réveilla.
« Qu’est-ce que tu fais là toi ? Va dormir tout de suite, il est tard. »
Eiichi posa les yeux sur la petite, et sourit tristement.
« C’est personne, il venait me donner des affaires. Va te recoucher maintenant. »
Tetsuko ne pouvait décrocher ses grands yeux verts de l’homme. Terumi prit sa main et l’emmena dans sa chambre. Une dizaine de minutes plus tard, elle revint dans le salon.
« De l’air, Eiichi. Rentre chez toi. Je ne tenais vraiment à ce qu’elle te voit. »
« Elle te ressemble beaucoup. Et elle lui ressemble beaucoup aussi. »
Terumi resta impassible. Elle attendait que son interlocuteur parte.
« Prends soin de toi, Terumi. Et prend soin de ma nièce. »
Il s’en alla finalement. Terumi resta seule une bonne partie de la nuit à regarder par la fenêtre, en remuant ses idées noires. Ses yeux à elle étaient bruns. Tetsuko avait hérité du regard de jade de son père, et chaque jour un peu plus, elle lui rappelait.