De loin, je remarque que le beau garçon s’en va après avoir regardé dans notre direction. Mon mari semble vouloir le retenir dans un premier temps, mais s’y avise. La femme rousse à côté ne semble pas être des plus chaleureuses non plus. Qu’est-ce qu’il a encore fait ? Je ne perds pas plus de temps que ça à observer la situation. Nous sommes presque arrivés à bon port, et mes hommes méritent du repos, surtout que nous avons eu un blessé.
Je repense à ce qu’il m’avait dit au moment de partir. Que son village natal, Konoha, avait besoin d’aide. Que quelque chose de grave s’y était passé et qu’il devait s’y rendre pour s’assurer que tout allait bien. Qu’il me contacterait rapidement une fois le problème réglé. Mais après trois mois sans nouvelle, il fallait bien que j’aille le chercher. S’il avait des problèmes, je me devais d’aller l’aider.
Et maintenant, je le vois bien portant, bien habillé, tout souriant. Mais pas assez riche pour pouvoir m’envoyer une lettre apparemment. De toute façon, il allait m’entendre. J’essaye de garder un visage le plus impassible possible pour ne pas montrer mon intention hostile. Heureusement que j’ai été entraîné pour ça. Il crie comme un enfant alors que l’on approche. Cette facade de lui en changera jamais j’imagine.
« Chéri, je suis tellement heureux de… »
Qu’il aille se faire avec son “Chéri”. Sans attendre, j’attrape son bras et son col pour lui faire une prise de judo et le mettre au sol. Je l’immobilise avec une clé de bras, même si je sais que ça ne peut pas le retenir. Mais il ne me résiste jamais, il sait que la punition serait bien plus grande sinon.
« Tu peut me dire ce qui t’a pris autant de temps, Kitto Kazumori ? »
Pas de “Mon sucre” ou de “Anata”, pas tant qu’il ne m’aura pas expliqué de quoi il en retourne. Les deux ninjas qui étaient avec lui dégainent leurs kunais, un peu surpris de la situation.
« Kitto-Dono ! Hey ! Arrêtez ça tout de… »
« C’est bon, rangez vos armes, tout va bien. Même si ça n’en a pas l’air. »
Attendez. Ils l’ont appelé “Kitto-Dono” ? Est ce que… Les pièces du puzzle s’assemblent rapidement dans mon esprit, alors que je saisis la situation. Je fais signe à mes camarades de baisser leurs armes, qu’ils avaient dégainés, avant de le lâcher en soupirant. Sa camarade aux cheveux roux était là, et il est impoli de vouloir laver son linge sale en public. J’appuie quand même une dernière fois sur son dos, avant de me présenter devant son amie. Je réarrange rapidement mes cheveux, avant de me tenir droite avec les mains jointes. Je la salut en m’inclinant légèrement avec un sourire amical.
« Vous devez être Ren Uzumaki-sama. Je suis enchanté d’enfin vous rencontrer. »
Je me redresse pour la regarder plus distinctement. C’est une belle femme, qui fait beaucoup plus jeune que son âge. Kazumori m’avait beaucoup parlé d’elle, ainsi que de son autre ami, Takumi-san. Par ailleurs…
« Je me nomme Yami Hanazawa, ou Yami Kitto depuis quelques années maintenant. J’imagine que l’homme qui vient de partir était Takumi Chikara-sama, je présume. Il m’avait raconté qu’il était du genre beau garçon, mais il a oublié de préciser que vous étiez tout aussi élégante. »
Mon mari se relève, un peu dépité que sa tenue soit abîmé, mais j’ai mieux à faire sur l’instant. Je regarde un de mes compagnons, celui avec le bras bandé, avant de lui faire un signe de la tête. Il sort un coffret en bois vernis finement ouvragés, avec les armoires de ma maison dessus. Un cadeau que j’ai fait pour ses amis, et aussi pour l’Hokage. Je tends la boite à deux mains en guise de bonne entente.
« Tenez, ceci un sake faite dans la tradition de ma maison. Bien qu’il n’en rencontrera jamais la qualité d’auparavant. Pour vous, j’ai produit un saké fort à deux ans d’âge avec une saveur de fruits rouges, en rapport à la couleur de vos cheveux. J’espère qu’il vous conviendra. »
J’imagine que nous pourrions bien nous entendre. D’après ce que Kazumori m’avait dit sur elle, nos caractères pourraient être compatibles.