Le jour fatidique approchait. D’ici quelques semaines tu allais passer ton examen genin pour la troisième fois, autant dire que tu n’avais pas vraiment le droit à l’erreur. Tu maîtrisais aisément les cours théoriques, et tout ce qui touchait aux travaux manuels, mais tes capacités de kunoïchi en tant que tel laissez clairement à désirer. Étant donné le froid hivernal à l’extérieur, tu étais consignée chez toi. L’hiver signifiait généralement le début de tes cours à la maison, le moindre coup de froid étant capable de t’assommer et t’obliger à tenir le lit. Ça n’aidait en rien ton apprentissage pour sûr, pour autant, tu ne restais pas à rien faire, ta mère ne l’autoriserait pas de toute façon. Cette dernière t’apprenait tout ce qui était nécessaire, du ninjutsu à l’histoire du Yuukan. Néanmoins, il restait un domaine dans lequel tes capacités frôlaient le néant absolu : le taïjutsu. Ce n’était pas de ta faute si tu étais si fragile, couplant cela à ton manque d’envie pour la chose, tu étais bien en deçà de ce à quoi on pouvait s’attendre.
Mais, pour devenir genin il fallait au moins maîtriser les bases, être capable de parer les coups serait un bon début. Et cette année, c’est ta sœur elle même qui décida de te venir en aide. D’habitude, à l’instar de ta mère, elles mettaient de côté cette partie de ton apprentissage, probablement pour éviter de te blesser. Mais après deux échecs consécutifs, elles jugèrent qu’il fallait mettre toutes les chances de ton côté. Et a vrai dire, tu n’étais pas très enthousiaste pour ce qui t’attendait ce matin.
A l’aurore, alors que tu dormais bien profondément au fond de tes draps, tu fus brutalement sortie de ton sommeil par ta bien aimée sœur.
« Eiko ! Debout, il est l’heure ! »
Il te faut bien quelques petites secondes pour comprendre où tu es, et surtout ce qu’elle venait faire ici de si bonne heure. Tu l’aimais beaucoup, et tu étais du genre très polie, mais actuellement tu avais une furieuse envie de l’envoyer balader. C’est le regard encore perdu que tu bredouilles quelques mots :
« Qu..quoi ? L’heure de quoi ? »
C’est avec un sourire qui n’annonce rien de bon pour toi qu’elle s’empresse de te répondre :
« Ton entraînement ! Allez la feignante, dans 10 minutes maximum tu es en bas pour ton déjeuner, hop hop ! »
Il y avait une grande différence d’éducation entre ta sœur et toi. Votre mère avait était bien plus laxiste à ton égard, notamment à cause de ta fragilité. Mais ta sœur avait reçue une éducation très stricte, bien plus militaire que la tienne en tout cas. D’habitude, on te laissait dormir en toute tranquillité, quitte à rater le début des cours. Ton sommeil étant assez agité, il valait mieux te laisser dormir en toute sérénité lorsque c’était le cas, sans quoi tu t’endormais sur les bancs de l’académie de toute façon.
Alors que ta sœur sortait de ta chambre, tu poussas un long soupir. Ta sœur qui venait te parler d’entraînement ? Ça n’augurait rien de bon, il faut voir dans quel état elle rentrait à chaque fois ! Puis en plus, c’était l’hiver, tu avais quasi interdiction de mettre un pied dehors, tu te demandais quelle genre d’idée lui étais passée par la tête.
Tu pris ton temps pour émerger, il était si difficile de quitter son lit de si bonne heure, surtout au vu du froid qu’il fait lorsque l’on abandonne ses draps. Mais pas le choix visiblement, tu n’avais pas envie de tester la patience de Kyoko de si bon matin, il était très difficile de lui sortir une idée de la tête, chose que tu ne savais malheureusement que trop bien. Tu te hâtas de t’emmitoufler dans un plaid pour rejoindre la cuisine et prendre ton petit-déjeuner, au grand dam de ta sœur, qui lorsqu’elle te voit arrivée encore à moitié endormie, ne manque pas d’ajouter une petite réflexion.
« Pas encore habillée ? A ce train là on est pas parti avant 2h ! »
Tu fronces alors légèrement les sourcils, puis tu t’assieds devant ton déjeuner avant de lui répondre :
« Mais qu’est-ce qui t’arrive ce matin ? Le soleil n’est même pas encore levé, puis c’est quoi cette histoire d’entraînement, qu’est-ce que tu trafiques encore ? »
« Ton examen est dans trois semaines, et je crois savoir que tu n’as fais aucun effort en taïjutsu cette année. Alors maman m’a chargée de remédier à cela. »
« Oulah », c’est la première chose qui te vint à l’esprit. Si ta mère était en plus derrière tout ça, c’en était fini de toi, aucun échappatoire possible, même simuler une grippe ne fonctionnerait pas. Tu n’étais déjà pas fan de l’entraînement, mais si tu en plus tu allais devoir sortir pour frapper stupidement sur des mannequins… les prochaines semaines allaient être longues, très longues. Évidemment, tu ne cachas pas ton manque d’envie.
« On ne peut pas faire autre chose ? Du ninjutsu comme avec maman ! Je sais utiliser le katon moi aussi maintenant ! »
Te voyant paniquée à l’idée de t’entraîner au combat, elle ne manque pas de rire, puis agitant son doigt pour signifier « non » elle ajouta :
« Je suis presque sûre que tu es déjà plus douée que moi à ton âge dans ce domaine. Ne tentes pas de négocier, on va au dojo que tu veuilles ou non ! »
« NON PAS LE DOJO !
Le vieux monsieur qui y est tout le temps me fait peur, j’ai toujours l’impression qu’il va se servir de moi comme mannequin d’entraînement quand je le croise. En plus il me sourit étrangement ! »
T’entendant parler, cette fois Kyoko éclate de rire. Visiblement tu viens de dire quelque chose de drôle, tu ne comprends pas vraiment quoi cependant… Te voyant apeurée à l’idée de t’y rendre, elle s’empresse de te rassurer.
« Kazumori-dôno ? Il n’est pas méchant, tu ne risques rien. Et je penses qu’il te sourit car il connaît plutôt bien la famille. Je suis surprise que tu ne le reconnaisses pas d’ailleurs, on le voyait souvent étant plus petites. »
« Attends ! Ce vieux là, c’est Kazumori-san ? ATTENDS, c’est lui le nouveau dôno ? Je pensais que c’était un autre Kazumori ! Il a mal vieillit très franchement ! »
Pour ton excuse, il faut dire que tu n’avais pas le droit d’aller dehors, et étant donné que le dôno avait été fraîchement élu, tu n’avais pas eu l’occasion de comprendre qui c’était. Pour être tout à fait honnête, mise à part Takumi, tu n’avais pas la moindre idée de qui ils pouvaient être.
« Estime toi heureuse, au moins toi il ne t’emmène pas passer des après-midi à la pêche. »
Ce qu’elle n’appréciait pas était généralement les choses que toi bien au contraire tu appréciais et inversement. A vous voir vous étiez un peu le jour et la nuit. Tout ce qui touchait aux activités manuelles t’intéressait, tu étais simplement douée de tes dix doigts et tu profitais pleinement de ce talent. S’il avait su, le dôno aurait sûrement préférer t’inviter toi, il aurait au moins eu une personne enjouée à ses côtés… Tu finis donc d’avaler ton repas avant de remonter te préparer, pas le choix tu allais devoir supporter l’entraînement du jour… Avec deux pulls, un manteau, deux pantalons chauds, trois paires de chaussettes, un bonnet, une paire de gant et une écharpe, tu avais l’allure d’un véritable esquimaux. Une nouvelle fois, tu me manquas pas de manifester ton mécontentement.
« On est pas un peu dans l’abus là ? Il fait au moins trente degrés la dessous ! Puis le dojo n’est qu’à 500m ! »
« Tut tut, on est jamais trop prudent. En plus je vais me faire tuer si tu choppes le moindre rhume ! »
Étant équipée à ce point c’est sûr qu’il ne risquait pas d’y avoir le moindre microbe pouvant t’atteindre… remarque, pas si sûr… Tu étais légèrement anxieuse en imaginant de quel ressorts allaient être les entraînements du jour, avec ta sœur tu pouvais t’attendre à à peu près tout. Bon, au moins c’était dans le dojo, techniquement il était interdit d’y utiliser des jutsus, c’était déjà ça de pris.