Une fois partie du faubourg, tu avais décidé de longer le ruisseau. N'ayant pas vraiment de repère géographique, tu t'étais dit que c'était un bon départ. Nord, Sud, Ouest, Est, tous les chemins étaient censé te mener à Shonin. Tu croyais en la bonne étoile... En parlant de bonne étoile d'ailleurs, la nuit avait recouvert de son manteau noir le ciel des plaines de Hana. Marchant donc quasiment à l'aveugle, l'arc sur ton dos, tu regrettais presque de ne pas avoir pris un petit casse-croûte avant de partir. Enfin, il était trop tard. Les parents de Shuzo devaient maintenant être au courant de ta fugue et revenir là-bas serait lourd de conséquences. Tu avais tout de même pris soin de laisser un message de remerciement que ce soit pour le logement ou encore la nourriture, bien que le cœur n'y était pas.
Tu accéléras le pas.
Les recherches pour te retrouver ne commencerait que demain et tu espérais bien mettre de l'avance entre toi et ton foyer. Le personnel censé te retrouvait n'hésiterai pas à interroger les différentes familles, mais à part Tomoe, personne ne connaissait la raison de ta fuite. Vous vous étiez quitté tous les deux dans de chaudes larmes et tu lui avais fait la promesse enfantine, presque un peu trop cliché même, de revenir vivant. Elle t'avait alors dessiné sur une feuille une carte approximative recopiée dans un des livres de son père, mais tu n'y avais jeté qu'un guère coup d'œil. Tomoe n'était pas la plus douée en dessin et cela se voyait très bien sur la carte. Tu ne savais même pas où tu étais censé être. Une croix inscrite en rouge et cela t'aurais donné l'impression d'aller à la chasse au trésor ! Ah... Tomoe... Elle allait te manquer... C'était vraiment une personne extraordinaire et unique. Tu avais d'ailleurs dû te battre corps et âme pour l'empêcher de venir avec toi car la dernière chose que tu voulais c'était bien d'embarquer ta meilleure amie dans une aventure aussi incertaine que la tienne. Non mais sincèrement, toi-même tu ne savais pas dans quoi tu t'engageais ! Pourtant, sur le papier, c'était simple : retrouver une personne censée être morte. Sympa non pour un enfant de 14 ans qui vient de perdre ses parents et qui n'a pas touché son arc depuis 1 an ? Bref... Tout ça pour dire qu'il était hors de question que Tomoe viennent avec toi. De cette décision s'ensuit de long débat et discours entre vous deux que tu éviteras d'en parler par peur de dormir debout. D'ailleurs, cela te faisait penser que...
Un craquement t'interrompit dans tes pensées. Ton cœur s'accéléra et tu marchas, pointes des pieds, en provenance du bruit. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Un animal, un homme ? Les gens du faubourg n'étaient pas du genre à s'aventurer la nuit dehors. Pensant à la possibilité que ce soit un brigand, tu décidas de dégainer ton arc.
Puis une silhouette se dessina à mesure que tu avançais. Agenouillé près de l'eau, elle devait s'abreuver ou quelques choses du genre... La nuit la rendait particulièrement effrayante et cela te fis rappeler avec nostalgie les légendes que te lisait papa pour te coucher. Secouant la tête pour enlever ses souvenirs bien trop douloureux, tu te concentras sur la personne. Homme, femme ? Peut importe, tu avais perdu toute confiance en l'humain depuis ta dernière rencontre. Pour autant, il était hors de question de ne serait-ce verser la moindre goutte de son sang. Ce n'était pas dans ta nature et il valait mieux la contourner décrétas tu après réflexion.
Tu décidas donc de faire un petit détour. Bien que ton passé d'enfant en tant que chasseur, te permettait de te mouver sans le moindre bruit, tu n'en étais pas moins inquiet. Ton père t'avait parlé de ninja capable de sentir la présence des autres à l'aide du chara... ou chaka qu'il dégageait. Évidement tu lui avais ri au nez en le traitant de fou, mais tu ne pouvais mettre de côté ses paroles. Et si par le plus grand des hasards, il avait raison ?
« Allons Naoki, tu te fais des idées... »
Dis-tu à voix basse pour te rassurer.
Jetant de petits coups d'œil inquiet à la silhouette, tu remarquas qu'elle s'était mise debout. D'ailleurs, il sembla que tu regardas un peu trop longtemps puisque ce fut dans un enchaînement d'onomatopée que tu tombas par terre....
Allongé sur le ventre, le souffle coupé tu jetas un coup d'œil vers le dernier endroit où tu avais vu ton principal danger. Il n'y avait plus personne... La silhouette avait disparu, l'endroit était désert.
Puis tu sentis une présence derrière toi...