Un matin comme les autres


C’est officiel, pour le moment Takai ne fait plus aucun cauchemar et ça depuis un bon mois. Tout ça n’est pas dû à un oubli de ce qu’il c’est passé quelques années plus tôt. C’est bien plus frais et malheureusement très certainement passager. Ce qui provoque ces nuits plus calmes c’est tout simplement la fin de son cursus en tant qu’aspirant ninja le propulsant à présent dans le tout début de sa carrière shinobi. C’est ces deux points qui le mettent un peu mal en fin de journée, trop de stress d’un côté et encore plus de l’autre. Que ferait-il si jamais il n'était pas à la hauteur ? Et si jamais il ne s’entendait pas avec sa futur équipe ? Ou encore pire son senseï ? Mais surtout, si jamais il n'arrivait pas à la cheville de ses camarades qu’est-ce qu’on ferait de lui ? Jusqu’ici toutes ces questions ne lui étaient jamais venues en tête. Il n’avait pas cherché à avoir une autre place que la basse moyenne de la classe. Pour lui ce n’était que des chiffres et rien de plus … Pourtant, avant de s’endormir c’est toutes ces questions qui se bousculent retardant d’au-moins une heure l’extinction de sa cervelle. Le moment du réveil lui reste cependant fixe, une loi dans la maison interdisant toute grasse matinée en dehors des anniversaires respectifs. Sans même savoir à quoi s'attendre, l'enfant se mord déjà les doigts de cette envie de plus s’amuser que de s’entraîner durant ces quatre dernières années … Il aurait dû écouter sa mère et suivre les pas de son frère. Qui certes n’est pas le plus assidu mais s’étant montré à son âge bien plus assidu.

À défaut de lui permettre de s’endormir comme une pierre à son habitude, ça lui offre au moins des nuits plus calmes. Et ceci pour le plus grand plaisir de sa famille et peut-être même des voisins. C’est fini, pour l’instant, ces nuits où il se redresse dans son lit les yeux écarquillés, hurlant à plein poumon avant que sa mère ne le réconforte dans ses bras. Lui n’en garde aucun souvenir, aucune trace au petit matin. Contrairement à son frère et sa maman abordant souvent une mine encore endormie à cause de cette nuitée interrompue, une fois pour les bonnes et jusqu'à trois pour celles où les souvenirs de l’enfant font surface.

Takai se réveille en sursaut sous le bruit désagréable du vieux réveil de son père métallique. Un lourd objet en métal abordant deux cloches de cuivre frappées à tour de rôle par une tige métallique. Vu que pour cet enfant un tel bruit ne suffit pas, il a été installé dans une assiette métallique recouverte de vis et d’écrous histoire d’intensifier le brouhaha. Histoire d’en ajouter une couche, l’objet est à l’autre bout de sa chambre. Pas bien grande mais l’obligeant à se lever pour désactiver cet objet tout droit venu du plus machiavélique des humains. C’est en tout cas la vision que Takai en a … Il est impensable pour lui qu’une personne saine d’esprit eût pu imaginer un tel objet de réveil.

Pieds traînant, yeux mi-clos et pyjama lui collant encore à la peau qu’il descend les escaliers. Un éternel renouveau ce point, qu’il se souvienne ou non de ce dont il a rêvé le matin est toujours accompagné de tissu imbibé de sueur. Pas un grand plaisir mais un pli à prendre. C’est dans cette tenue qu’il salue les membres de sa famille avant de poser les pieds sous la table sous le regard insistant de sa mère.

Dialogue de personnage
« Il me semble que tu oublies quelques choses. »


Le ton de la mère est suffisamment évocateur pour que le petiot comprenne.

Dialogue de personnage
« J’avais oublié ... »


Sans attendre il se lève attrapant dans ses mains le bol de riz et les baguettes en surplus sur la table. Il trottine vers le salon où il dépose le contenant face à une photo, tout en gardant les bouts de bois dans l’une de ses mains, il allume un bâtonnet d'encens de l’autre.

Dialogue de personnage
« Tu as vu papa, je suis enfin un shinobi comme toi ! … J’aurais bien aimé que tu sois là aussi ... »


Entre ses deux phrases son visage s’est totalement modifié, passant d’un large sourire à une mine bien plus triste avant de rayonner de nouveau de cette bouche étendue qu’il aborde si souvent. Ce n’est qu’après s’être incliné qu’il rebrousse chemin en direction de la cuisine servant également de salle à manger. Il faut dire que la maison n’est pas bien grande. Pièce où il attaque avec voracité son petit-déjeuner bien garni, comme toujours accompagné d’un grand verre de lait frais, ce qui choque toujours son frère préférant tout simplement son bol de miso pour s’hydrater.

Dialogue de personnage
« Est-ce que tu pourrais m’aider pour le jardinage Tsu’ ? »


L’adolescent serre discrètement les dents, il n’a jamais aimé qu’une autre personne que Takai le nomme de la sorte … Pour lui c’était une facilité quand il apprenait à parler, pour sa mère c’est totalement autre chose … Elle l’a nommé Tsuitachi avec son père, il n’arrive pas à comprendre qu’elle déforme son prénom de la sorte.

Dialogue de personnage
« Désolé maman mais je suis en mission cette après-midi, je ne pourrais pas t’aider. »

Dialogue de personnage
« La chance ! Moi aussi je veux une mission ! »

Dialogue de personnage
« Ça viendra ne t’en fais pas, il faut d’abord te trouver une équipe ou au moins un senseï ! En attendant, profite plutôt de ce creux entre l’académie et tes premiers jours en tant que véritable shinobi pour te reposer un peu. Si j’ai le temps, je t'entraînerai un peu au lancé de shuriken ce soir. J’ai cru comprendre qu’ils sont encore un peu hésitant. »

Dialogue de personnage
« Ils sont très bien mes shurikens ... »

Dialogue de personnage
« J’en doute pas … Mais si tu as rien à faire aide maman avec le jardin. »

Dialogue de personnage
« Je peux pas … Je dois aller voir au panneau d'affichage pour voir si on m’a donné ou non une équipe … Et sinon je vais devoir encore très certainement nettoyer une rue principale ... »

Dialogue de personnage
« Il ne te l’a jamais dit mais Tsu’ est aussi passé par là tu sais ? »

Dialogue de personnage
« Maman ! »


Le rosé regarde amusé son frère s'empourprer alors qu’il passait l’une de ses mains dans les cheveux rose pour rassurer l’enfant.

Dialogue de personnage
« C’est pas tout ça mais je vais devoir y aller, je compte m’entraîner un peu avant la mission. »

Dialogue de personnage
« Moi aussi il faut que j’y aille ! Si ça se trouve ils m’ont trouvé une équipe ! »


Les deux enfants de Nagomi se mettent en mouvement alors qu’elle fourre le plus rapidement une bouteille de lait bien fraîche, un repas et une collation faite de fruits dans le sac du plus jeune de ses fils. Ce n’est qu’une fois un baisé déposé sur le front de chacun qu’ils ont le droit de quitter la maison, non sans faire un détour vers le petit hôtel à la mémoire de leur père.

Publié le 24 Juillet 2021 vers 22h