La réflexion de l'eau

| Océan dormeur |

Je ne sais vraiment ce que j’ai envie de faire en allant me promener dans le bois à proximité des terrains d’entraînement. J’avançais simplement dans le village en ce début d’été dans cette ambiance particulière après les derniers événements. Autant dire que je n’ai pas vraiment d’opinion à donner sur ce qui se passe, mais mon constat sera tout de même le fait que perdre une figure emblématique du village au profit d’une simple étrangère n’est pas ce que j’appelle un mouvement très judicieux. Mais je dois passer à côté d’informations qui sont importantes pour ne pas saisir cette idée… Quoiqu’il en soit, je préfère me mettre un peu à l’écart et au calme du village et profiter d’un instant de solitude parmi les arbres et les ruisseaux. Plus j’avance et moins l’agitation du village m’est perceptible, une chose qui m’est sympathique pour être honnête, je n’aime pas le bruit après tout…

Je m’approche d’une rivière et m’assois simplement sur un tronc coupé en fermant les yeux pour écouter le son de l’eau en essayant de me rappeler Kiri. Le bruit des vagues et l’odeur iodée de la mer me manquent et sortir du village pour en profiter n’est pas une option pour le moment. Ce n’est pas vraiment ça, mais j’arrive presque à revoir les vagues de la marée montante avec le bruit de l’eau qui coule, même s’il reste encore quelque détail à revoir. Les gerridés semblent profiter de cette ambiance paisible pour vaquer à leurs occupations en se baladant sur l’eau alors qu’une envie subite me vient. J’avance vers l’eau lentement et reste debout devant en observant. Le courant n’est pas fort du tout, voire inexistant… J’ai une terrible envie de m’y jeter et de me laisser porter par le flot. Elle est assez profonde pour y plonger complètement et perdre pied. Je ne réfléchis pas plus et enlève mon haori avant de me mettre dos à la rivière pour me laisser tomber dans l’eau.

Je laisse la pesanteur faire son effet et me laisse couler comme une ancre d’amarrage et vois la surface s’éloigner de mon champ de vision. La lumière du soleil devient de plus en plus floue et je ne bouge plus pour profiter du son de l’eau. Je ferme doucement les yeux pour tenter de revoir l’archipel, mais tout est embrouillé dans ma mémoire, je n’arrive pas à avoir des images concrètes de mon village natal. Des brides et des formes, seuls les sensations me restent, mais les couleurs semblent ternies tout comme les images de l’horizon et son coucher de soleil. Je n’arrive pas à mettre de nom sur cette sensation qui me pèse sur le cœur, tout ce que je sais, c’est qu’elle n’est pas agréable. Je ne sais pas depuis combien de temps, je flotte dans cette eau, mais dans un mouvement, je me redresse et nage vers la surface pour reprendre mon souffle qui commençait à manquer. Le vent souffle dans les feuilles et siffle dans mes oreilles pour m’apporter le son des autres shinobi s’entraînant un peu plus loin me rappelant la réalité. Je sors et récupère mon haori sans prendre le temps de me sécher pour repartir vers le centre du village, je ne me sens pas en état de m’entraîner aujourd’hui. Il semblerait que je sois resté quasiment une heure dans l’eau, le temps passe si vite quand j’y suis, mais il est plaisant. Je marche simplement dans ce bois en direction de chez moi, le soleil me touchant par intermittence entre les feuilles pour me rappeler sa présence…

Publié il y a moins d'un mois