Yosei avait lâché le nom de ce lieu sèchement et trop rapidement. Elle ne voulait vraiment pas se faire rattraper par son cauchemar. Cependant cette scène revint brusquement, mais celle-ci était différente de la première. Cette fois, la vision qu’elle avait été encore plus claire, et sa vue ne se contentait pas que d
’elle, Yosei voyait aussi les cadavres du Désert de Kaze, certains dont l’os brillait, et d’autres dont l’odeur de pourriture trahissait l’état de sa chair. Son unique but de trouver l’hôpital avait camouflé ce souvenir qu’elle avait rencontré lors de sa traversée, mais désormais, le filtre que son cerveau avait posé, alors qu’elle était au bord d’une nouvelle mort disparaissait. Une brutale remontée d’estomac la brûla et lui donna envie de vomir, elle se retint tout juste en plaquant rapidement sa main sur le creux de sa gorge, essayant aussi par ce geste de se calmer de nouveau.
Un peu après, son interlocutrice, Chiemi, répondit à la question qu’elle avait posée, et mentionna le nom de Genzo. C’était donc ce fameux Genzo qui avait remis son corps en voie de guérison et l’avait donc retenu en vie. Elle ne savait pas vraiment quoi en penser, mais elle sentait qu’elle ne pouvait ni lui en vouloir, ni le remercier pour ce qu’il lui avait fait.
Chiemi et Owari s’apprêtèrent à repartir, lui conseillant de se remettre, mais aussi de dormir un peu. Elle eut un hochement de tête, mais son regard était triste et Yosei se sentait malgré elle de nouveau seule, la terreur reprit sa place. Elle parvint cependant à se raccrocher aux paroles de Chiemi, à l’idée qu’elles, elles allaient revenir.
Un homme arriva, et Yosei l’identifia comme étant la personne qui l’avait soigné. Elle était très calme, et fixait chacun de ses mouvements avec un regard éteint, ne parlant uniquement que lorsqu’il lui posait des questions, dont sa réponse était simple et véritable.
Après ce passage dont elle ne savait la durée à cause de son état mental en transe, Yosei avait finalement décidé de se rendormir, sentant sa faiblesse. Elle rêva une nouvelle fois d’
elle, et de son regard s’éteignant lui aussi, mais définitivement dans ses bras. Puis vint encore une fois la solitude, ce lieu terne où elle était toujours recourbée sur elle-même pendant beaucoup trop longtemps.
Elle se réveilla finalement, mais la blancheur de sa chambre lui rappela celle de son cauchemar. Elle se précipita sans faire attention à ce qui l’entourait sur son arc, qui lui apportait un réconfort bref mais suffisant. Elle décida de ne pas rester dans cet endroit plus longtemps, et elle partit de celui-ci dans le but de faire taire ses visions.