Une visite

Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'il était dans ce lit d'hôpital, il fixait les murs en silence, le regard vide et ne sachant pas vraiment quoi faire de ses journées. Il avait essayé à plusieurs reprises de se lever, mais sans grand succès, il n'arrive tout bonnement pas à poser les pieds au sol sans une aide extérieure. Une aide compliquée à appeler car le Kitto avait encore des marques de strangulation qui cicatrisent lentement. Et bien que la vision extérieure semble être bonne, les dégâts internes n'étaient pas à envier, quand un son sortait de sa bouche, il était rauque et râpeux. Ça se concluait bien souvent par une quinte de toux n'arrangeant rien à la situation de son état de santé. Il comprenait la situation et restait calme pour une fois et ne remettait pas en question l'avis médical cette fois.

Les nouvelles concernant Kyoko lui sont parvenues et il reste encore mécontent de la situation. Perdre deux Kitto de la sorte était loin d'être une chose qu'il avait imaginée, mais la vie en aura décidé autrement. Le temps s'assombrit avec l'hiver qui se fait de plus en plus présent et le mental du Kitto s'assombrit lui aussi, il ne parlait pas, mais ses pensées étaient des plus actives. Il ne cessait de chercher une réponse aux actes de celles qu'il voyait comme des amies auparavant. Il peine à lever les bras pour voir ses mains impuissantes et incapables de protéger ce qui lui restait de "famille". Une douleur vive s'empare de lui quand il tente de serrer les poings, mais en plus de ne pas y parvenir, il constate avoir perdu une partie de sa mobilité, un coup dur pour un combattant utilisant des armes. Il relâche la pression au bout de quelques secondes qui paraissent si longues à ses yeux avant de reposer ses membres sur le lit et fixer le plafond une fois de plus en inspirant et expirant de manière à faire passer cet effort ainsi que la douleur.

Il ne savait pas ce qu'il allait advenir de lui, n'ayant que peu d'espoir pour retrouver ses capacités déjà limitées. Le sourire chaleureux qu'il portait avant sur son visage n'avait pas été aperçu depuis son arrivée à l'hôpital. Son regard était bien moins vivant et son comportement diffère grandement d'avant cette nuit. Il n'était pas compliqué de voir que quelque chose avait changé chez lui, mais il était compliqué de savoir quoi tant il restait muet et inexpressif face au corps médical. Il lui arrivait de recevoir la visite de la Kirishitan qui avait combattu à ses côtés la dernière fois, mais il ne se montrait pas spécialement accueillant. Il n’avait rien à reprocher à la jeune femme, mais en plus de ne pas trop pouvoir parler, il restait bloqué avec ses pensées. Il semblerait qu’elle ait d’ailleurs décidé de venir une fois de plus aujourd’hui et à la différence des fois précédentes, il tourne au moins la tête dans sa direction pour la regarder rentrer dans sa chambre. Il soupir légèrement avant de prendre la parole avec difficulté.

Les cheveux détachés, une jolie robe de soie jaune moutarde avec des imprimés de fleurs violette, voilà la tenu que j'avais se jour là pour me rendre à l'hôpital. Une fois par semaine, j'allais rendre visite à Mamoru, jamais il ne m'avait encore adressé la parole, mais je ne faisais pas ça pour ça. Je voulais qu'il sache qu'il n'était pas seul, même s'il n'était pas encore prêt à l'accepter. Moi j'avais échoué à une mission, j'avais été passé à tabac, et maintenant j'étais passé à autre chose. Lui, il avait perdu des amies proche, une d'elle était morte, l'autre avait essayé de le tuer la situation était différente.

J'arrivais à l'hôpital, mon visage toujours bleu à certain endroit, et ma lèvre pas encore complètement cicatrisé, je souffrais à chaque respiration à cause de mes cotes, mais j'allais de mieux en mieux. J'entrais dans la chambre, en espérant rien de sa part, mais cette fois il m'offrit un regard et quelque mot. Je souriais tendrement avant de lui répondre.



Je venais doucement prendre une chaise pour venir m'assoir à côté de lui, il était dans un sale état, bien pire que le mien, si seulement Seth n'avait pas été dans un aussi mauvais etat, il aurait sans doute pu mettre fin au conflit sans mort et sans désertion... Je me sentais faible malgré mon manque de culpabilité.



J'avais remarqué sa voix, mais c'était sans doute temporaire...

Il avait bien remarqué qu’elle n’avait pas complètement récupéré elle non plus. Il est clair que ce n’était pas à la même échelle, mais elle restait elle aussi une victime de cette soirée après tout. Il ne savait pas quoi dire et préférait ne rien dire qui ne soit pas nécessaire au vu des efforts que cela lui demandait. Il détourne bien rapidement son regard quand elle lui fait la remarque de ce sentiment de culpabilité qui prenait place en son for intérieur. Il avait l’habitude de se sentir comme moins-que-rien, mais il était bon d’avouer que pour cette fois, il n’avait pas les mots pour se décrire lui-même. Il se sentait stupide de ne pas avoir pu empêcher le départ de son amie en n'ayant rien remarqué avant et revoyait sans cesse les options qu’il aurait pu faire pour éviter la mort de Wattan.



Le sujet changeant, il prend une inspiration avant de commencer à se placer en position assise. Un luxe pour lui ces derniers temps puisqu’il passe ses journées sur le dos à attendre que le temps passe pour mieux recommencer le lendemain. Une fois correctement installer dans ce qui pouvait être le plus assis possible pour lui, il déglutit difficilement avant de prendre la parole lentement et d’un volume assez peu puissant.



Des phrases courtes et concises, c’était son seul moyen de ne pas déclencher de toux. Il pouvait paraître bien peu agréable à ce moment, mais plus que de la colère, il était simplement vide et sans vie. Il tente de lever sa main, mais c’était peine perdue. Il soupire avant de reprendre.

Je le voyais, je pouvais ressentir toute la peine de ce jeune garçon, c'était plus fort que moi, je ne pouvais pas me résoudre à le laisser là, sans amies, sans personne pour venir le réconforter. Je me sentais légèrement redevable, si j'avais accompli ma mission sans accros ce soir là, son amie serait encore dans le village, l'autre serait en vie, et il n'aurait pas eu à ce mettre dans cet état pour elles.

J'avais un pincement au cœur en me disant que je n'avais rien à lui répondre de positif, l'enquête était un échec et son amie avait tout bonnement disparu, en tout cas si ce n'était pas le cas, je n'avais pas été mise au courant par la police.



Cet Anbu n'avait pas réussi à la rattraper, et maintenant la jeune Kitto était dans la nature. Qu'est-ce qui pouvait bien pousser une jeune femme de son âge à vouloir déserter au point d'être prête à tuer ses amis pour y parvenir...



Des mots bien banals qui n'allait sans doute pas soigner les maux du jeune homme, mais c'était bien les seules choses à dire en ce moment...

Une nouvelle qui n,e faisait clairement pas plaisir à entendre pour le Kitto qui soupir sans la moindre gêne à la nouvelle de Kyoko ayant déjà pris le chemin de la fuite depuis maintenant trop de temps pour vraiment pouvoir faire quoi que ce soit. Il n’allait pas pouvoir partir à sa recherche de toute manière, il n’avait pas envie de perdre son temps à courir après des traîtres. Il se savait aussi dans l’incapacité de faire quoi que ce soit face à elle dans son état actuelle et si personne ne l’arrêtait avant qu’il puisse le faire lui-même, il prendrait probablement cette initiative de le faire un jour ou son potentiel ne sera plus aussi bas. Il ne voulait pas pour autant ignorer la Kirishitan qui se trouvait là aujourd’hui, mais il ne voyait pas quoi lui dire de plus. Il n’allait pas lui demander comment elle allait pour simplement engager une conversation qu’il n’allait pas pouvoir tenir de toute manière. Il voyait bien qu’elle n’était pas dans un mauvais état, mais les blessures qu’elle devait avoir ne se voyait probablement pas non plus. Bien qu’il soit plus simple de comprendre l’état d’esprit de Mamoru, échouer dans une tâche aussi importante n’est pas une chose simple à porter.

Elle n’avait pas tort en disant que l’empêcher de partir aurait été une chose quasi impossible, mais le garçon n’avait pas envie de se trouver une excuse à son échec. Il ne comprenait pas les intentions de Kyoko en partant et ne les comprendra probablement jamais même si elle venait à les lui expliquer dans le futur. Il ne se pensait pas stupide au point d’être corrompu sans le savoir.

Ce pauvre garçon était bien tourmenté, et c'était normal, comment se remettre de la perte d'une amie de la sorte ? Comment se remettre de ça ? Je n'avais jamais eu à le vivre, mais je savais que cela n'allait pas être facile dans les prochains mois pour lui. Il disait ne plus avoir sa place aux portes, Konoha punissait aussi vivement l'échec ?



Je le regardais avec tendresse et malheureusement un peu de pitié que je n'arrivais pas à dissimuler.



Cela ne serait qu'une formalité tant les forestiers étaient en sous effectif...

Si il y avait une chose qui était sans pareil chez le jeune homme c'était bien sa rigueur et son jugement dur avec lui-même. Il n'avait pas la moindre idée de si les portes accepteraient ou non son retour, mais lui ne s'en sentait clairement pas digne au vu des derniers mots qu'il venait de laisser sortir. Sayaka, elle, ne semble pas craindre une quelconque mise à pied et il s'en voit rassuré, étant la personne à l'origine de la garde et la poursuite, il se sentait responsable de son sort aussi. Il esquisse un sourire, forcé, mais il se voyait tout de même satisfait pour la Kirishitan.



Sa voix se fait de plus en plus difficile à sortir à la suite de ses longues phrases et il ne se cache pas pour retenir la toux qui monte à chaque fois par des grimaces et en contractant quasiment tous les muscles de son corps qu'il arrive encore à contrôler.

Il était sans doute trop tôt pour que le jeune homme trouve déjà des perspectives d'avenir dans le village, il devait déjà se remettre du traumatisme qu'il avait subit, et qu'il reprenne confiance en lui.



Il se pensait moyen, mais c'était une erreur, il avait du cœur, il avait du courage, et il avait un patriotisme à toute épreuve. Je devais lui faire comprendre.



Pour la première fois, j'entamais un contact physique avec le jeune homme, tendrement de manière assez maternelle, je venais lui prendre la main avant de lui dire.



Je le savais, il aurait tout à fait sa place dans les forestiers, il avait le niveau de courage nécessaire, la force viendrait plus tard...

De toutes mes forces j'essayais de remonter le moral de ce jeune homme. La difficulté qu'il traversait, les épreuves auxquelles il avait et allait devoir faire face. Tout ça... C'était trop compliqué à gérer pour le moment pour lui, et ce malgré tout les discours que je pouvais lui faire, les plus belles choses que je pouvais lui dire, je n'eus qu'une seule et unique réponse... Une réponse qui m'étonnait, mais qui dans un sens était normal.



Il toussa un peu, et je le regardais avec de grands yeux triste, sans doute n'avait il pas supporté la pitié que j'avais eu pour lui, notre relation se terminait bien tristement. Nous aurions pu nous entre aider, avancer tout les deux... Tout cela était fini maintenant...

Je sortais, je me retournais en regardant ce jeune homme qui avait un énorme potentiel mais qui allait le gâcher à cause d'une épreuve un peu trop dur à gérer.



Je dis alors cette phrase avant de quitter la chambre sans me retourner je ne viendrais plus...