Je commençais à trouver le temps terriblement long. J’avais pourtant déjà fait ce voyage une fois, mais la première fois j’avais au moins le mérite d’avoir les poches remplies d’argent. Je me sentais comme nue sans une bourse bien remplie accrochée à la ceinture, qui plus est, je n’avais pas pu étancher ma soif d’alcool depuis un long moment, un trop long moment. Shinsuke m’accompagnait toujours. Lorsque je l’ai rencontré la première fois, je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi fidèle envers Yue et moi. Même si c’était un Kaguya, je dois bien avouer que je ne trouvais plus sa compagnie aussi dérangeante qu’au début. Il était différent de ce que l’on racontait sur eux, beaucoup moins sauvage. Peut-être était-ce car les siens l’avaient trahis ? Nous avions beau nous connaître depuis des années maintenant, je dois bien avouer n’avoir jamais pris le temps de l’interroger plus que ça à ce sujet. Tout simplement car ces histoires étaient futiles à mes yeux, il était d’ailleurs pertinemment au courant de mon avis sur son envie de vengeance.
Alors que nous marchions sur le bord d’une route très peu fréquentée, au plus loin des forêts Konohajins, je fus surprise d’entendre ce bruit si reconnaissable d’un chariot en mouvement. Je me retournais alors, et je le vis à quelques mètres de nous, approchant dans notre direction. J’espérais intérieurement qu’il ne s’agissait pas là d’une troupe du gouverneur, leur attirail n’y ressemblait pas, mais un régiment de garde au milieu de nul part restait plutôt louche…
« Shinsuke… Nous ferions mieux de nous préparer à nous battre, ne sait-on jamais. »
Je ne sous estimais plus ces civils, si c’était bien eux. Ils avaient faillit me coûter la vie plus d’une fois, je devais me montrer plus prudente. Le chariot s’arrêta près de nous, et l’un des gardes nous demanda de nous approcher. J’étais peu rassurée, pourquoi ne continuaient-ils pas leur chemin ? Nous approchions alors, prêt à entrer au combat à tout instant. C’est à ce moment que firent la connaissance d’une vieille femme, plutôt riche pour pouvoir se faire transporter dans un véhicule du genre… elle nous invitait à entrer, cela sonnait plus comme un ordre qu’une proposition, alors après un rapide coup d’œil sur mon acolyte Kaguya, je m’engouffre dans le véhicule pour me placer face à la vieille dame.
« C’est… très peu… commun comme moyen de transport. Et c’est encore moins banal de s’arrêter auprès de deux étrangers. »
Je ne savais pas trop pourquoi j’étais montée la dedans sans poser plus de questions, mais j’avais la sensation que pour la sécurité de ma propre vie, j’avais tout intérêt de me tenir à carreau.
« Alors ? Vous êtes une marchande ? Une noble ? »
J’essayais de paraître naturelle en engageant la conversation comme si de rien était. Difficile de passer pour deux âmes innocentes avec notre accoutrement de notre allure… je devais avoir l’air ridicule à parler comme ça.