L’automne touchait à sa fin, celui-ci avait eu des jours particulièrement froids, accompagnés de pluie à n’en plus finir. Si bien que j’avais passé une grande partie de la saison à soigner de vulgaires rhumes et maladies en tout genre. Plus inquiétant en revanche, Mariko était elle aussi tombée sous le coup de la maladie. Une grande fatigue, une toux à s’en arracher les poumons, son âge n’aidait pas non plus. Durant mes journées, je prenais le plus de temps possible pour l’aider à aller mieux, même si malgré les jours qui passaient, je ne voyais pas de réelle amélioration.
Aujourd’hui, sous un autre jour orageux, je rentre trempé jusqu’à la demeure de Mariko. Avec un sac contenant tout un tas d’ingrédients sous la main, je me dirige jusqu’à sa chambre dans laquelle elle se retrouvait alité. Très doucement, j’ouvre la porte de celle-ci, je vérifie discrètement qu’elle ne soit pas en train de dormir avant de finalement entrer.
« Mariko-sama, comment vous sentez-vous aujourd’hui ? »
En guise de réponse, j’eus premièrement une nouvelle quinte de toux, suivit d’une voix bien faible.
« Koseime, tu es sortis par ce temps ? J’entends la pluie taper sur les carreaux depuis des heures… »
Alors qu’elle terminait sa phrase, j’allais justement ouvrir les rideaux pour laisser le peu de luminosité pénétrer dans la pièce. L’ambiance ici était quelque peu déprimante, rien d’étonnant finalement quand on sait qu’elle y est enfermée depuis des semaines.
« Je manquais de plantes, la pluie à complètement inondé le jardin, si bien que mes récoltes sont fichues… »
Je posais alors le sac que je portais sur une table plus loin. Je commençais à moudre quelques plantes avant de les mélanger à d’autre dans un bol d’eau. Je partis ensuite quelques minutes puis je revins avec une infusion toute chaude.
« Buvez-ça, je vais essayer un nouveau traitement, puisque l’autre ne fonctionne visiblement pas… »
« Peut-être qu’il n’y a pas de traitement Koseime… Je ne suis plus toute jeune tu sais. »
Aussitôt mes sourcils se froncent, c’est une idée que je chasse de mon esprit depuis qu’elle est tombée malade. Je refuse d’être incapable de soigner une vulgaire grippe, je suis un médecin d’exception, c’est inconcevable !
« Mariko-sama ! Je ne puis accepter cela. Qu’en est-il de votre objectif ? Nous avons à peine terminé les préparatifs, et la route est encore longue ! »
C’est alors qu’elle tapota sur le bord du lit, m’invitant à m’y asseoir. Je savais déjà que la suite de la conversation n’allait pas me plaire… Je m’asseyais alors malgré moi, silencieux mon regard portait vers le sol…
« Allons… Tu sais aussi bien que moi que je n’ai jamais prévu de terminer tout cela par moi même. Ce n’est pas pour rien que je t’ai enseigné presque tout ce que je sais… »
« Justement, il me reste encore tant de choses à apprendre avec vous, je ne suis qu’à peine capable de faire le quart de ce que vous avez fait. »
Mariko se mit à rire faiblement l’espace d’un instant, même rire lui était douloureux. Sous mes yeux inquiets, elle poursuivit :
« Tout ce qu’il te manque ne viendra pas de moi, car il y a des choses que seul la vie pourra t’enseigner. Je t’ai guidé sur une voie, à toi de choisir quelle direction prendre ensuite. Tu sais ce que tu as à faire, c’est amplement suffisant. »
« Convaincre cette « Miwa », et retrouver votre livre de cryptage… Comment pouvez-vous laisser tant d’années d’efforts entre les mains d’une femme que l’on ne connaît qu’à peine ? »
« Car elle est la clé de la réussite, tout simplement. Lorsque je l’ai rencontré, j’ai su qu’elle pouvait être l’une des personnes les plus importantes pour notre clan. Et elle ne sera pas seule, puisque tu l’accompagneras, comme prévu. Peut-être refusera-t-elle, et dans ce cas… tout reposera sur tes seuls et uniques choix. »