La langue aussi aiguisée qu'une lame.

Voilà désormais un peu plus d’un an que tu t’entraînes aux côtés de Takehiko. Ses enseignements étaient d’autant plus appréciables puisque tu portais ton professeur en haute estime. Votre vision du monde et de la paix n’était pas foncièrement différente. Même s’il avait sans doute compris que tu n’étais pas très portée par ce genre de discours. Tu préférais agir à ta manière, en sauvant des gens. Tu ne pensais pas avoir les épaules ni même la force nécessaire pour qu’il en soit autrement de toute façon. Néanmoins, il avait réussit à te faire regagner confiance en toi. Tu pensais être un cas désespéré – et tes professeur de l’académie aussi –, mais en vérité, c’était parce que tu n’avais pas encore découvert tes points forts. Ainsi, à l’instar de ta formation en temps que médecin, tu étudias la maîtrise du Kijiton avec Takehiko.

Aujourd’hui, tu avais une journée de libre. Une chose tellement rare que… tu ne savais même pas comment remplir celle-ci. Takehiko-san était absent, et l’hôpital refusait que tu travailles trop, cela représentait un risque pour tes patients apparemment. Ils ne tenaient pas le même discours durant l’hiver mais… bref. Nami était également occupée, et Hiro aussi. En bref, tu n’avais absolument personne à aller voir. Ou presque. Il te vint une idée, celle-ci ne t’enthousiasmais pas plus que ça, car tu éprouvais une certaine appréhension mais… pourquoi pas Nasana ? Tu n’avais jamais pris le temps de discuter avec elle, son regard froid t’effrayait un peu à vrai dire. Mais il paraissait qu’elle était plutôt douée au combat, elle serait parfaite pour t’exercer en l’absence de Takehiko ! Puis, elle restait une personne assez proche de Nami, elle ne pouvait pas être SI horrible.

C’est ainsi que tu te retrouvais aux dortoirs militaires. Franchement trop sobre comme endroit, et tu peinais à comprendre comment elle pouvait vivre ici depuis des années. Mais tu allais prendre sur toi de ne pas poser des questions qui pouvaient éventuellement fâcher… Après avoir pris ton courage à deux mains, tu pénètres dans les dortoirs et ne tarde pas à apercevoir celle que tu viens chercher. Tu prends une grande inspiration tandis que tu t’approches d’elle, et avec une grande « joie » tu l’interpelles alors…



« Allez, ce n’est pas le moment de flancher, fais vite, soit concise, ne la regarde pas trop dans les yeux. » te dis-tu. Tu ne tardas donc pas à enchaîner :

L’heure tourne, le soleil se lève sur Konoha et ses habitants. Ces derniers sortent de leur lit pour s’atteler à leur tâche quotidienne. Travail, entraînement, sorties… La vie banale d’un Konohajin en somme. Quant à toi tu n’avais pas fermé l’œil de la nuit. Tu avais trouvé divers écrits relatant l’histoire de Konoha depuis sa fondation. Ceux-ci étaient nettement plus détaillées que tout ce que tu avais posséder jusqu’à maintenant. Une aubaine pour une personne avide de connaissance. Il va donc sans dire que tu ne souhaitais clairement pas être dérangée tant que tu n’aurais pas finis de dévorer tout ces ouvrages. Mais bien évidemment, l’on n’a jamais ce que l’on souhaite, n’est-ce pas ? Plongée dans ta lecture, tu fus interrompu par une voix familière. En tournant ton regard vers ce qui n’était autre qu’Eiko, tu ne te dis qu’une seule chose « oh non ». C’était peut-être un peu méchant dit comme ça, toutefois, il faut bien avouer que tu ne portais pas spécialement la jeune Kitto dans ton cœur.

Bien sûr, tu avais plusieurs raisons pour cela. Premièrement, son manque flagrant de confiance en elle t’exaspérait au plus haut point. Bien qu’aujourd’hui, elle réussit étrangement à t’adresser la parole sans bégayer une seule fois, il y avait du progrès apparemment. Deuxièmement, tu décelais ce que tu pensais être de la lâcheté à des kilomètres, son regard fuyant ne te donnait franchement pas envie de lui donner ta confiance. Tu avais conscience qu’elle te craignait, pour qu’elle raison en revanche ? Tu n’en avais aucune idée, tu n’avais probablement pas l’air assez aimable pour elle. Très honnêtement, c’est sans aucun doute son amitié avec Nami qui te permettait de la considérer un petit peu… Quoiqu’il en soit, celle-ci vint te demander un service. Sans la regarder directement, toujours un œil sur tes bouquins, tu répondis froidement :



C’était – légèrement – méprisant de ta part, tu sous-entendais clairement que la jeune Kitto était encore une simple gamine. Puis, tu poussas un long soupir, si Nami t’entendait elle te taperait clairement sur les doigts. Tu pris alors toi d’au moins écouter sa proposition, tu laissais ton livre de côté avant de focaliser ton regard sur Eiko.

Il ne te fallut pas longtemps pour constater une chose : ta présence dérange. Légèrement intimidée par sa réaction, tu recules de quelques pas en te passant la main dans tes cheveux. Après ce semblant de refus, tu peinais à aligner plus de trois mots…



Mais contre toute attente, elle mit son bouquin de côté avant de te regarder dans les yeux. À cet instant tu avais surtout envie de fuir à toute jambe, mais c’est alors qu’elle accepta au moins d’écouter ce que tu avais à lui demander. Une aubaine pour toi, il ne valait mieux pas attendre au risque qu’elle ne vienne à changer d’avis. D’une voix peu convaincante, tu répondis alors :

Peaufiner une technique disait-elle ? De prime abord, un entraînement avec Eiko ne t’enchantait franchement pas. Tu savais qu’elle n’était pas au niveau, et cela serait sûrement une perte de temps pour toi. Malgré cela, elle réussit à attirer ta curiosité. Toi qui la pensais uniquement versée dans l’iroujutsu, il semblerait qu’elle soit capable de faire autre chose de ses dix doigts. Avec un sourire légèrement mesquin tu répondis alors :



Tu laissas s’écouler quelques secondes durant lesquelles tu la regardas fixement dans les yeux. Finalement, tu te levas de ton lit avant de lui faire signe de te suivre.



Sans plus attendre, vous sortiez des dortoirs avant de prendre la direction des terrains d’entraînement non loin. Le pas pressé, vous ne tardiez pas à rejoindre l’un des lieux les plus boisés du secteur, comme la jeune Kitto semblait le vouloir. Alors que vous arriviez, tu te tournais vers elle et t’adressais à Eiko avec ton amabilité habituelle.

Tu peinais à y croire, et vu son regard tu ferais franchement mieux de te dépêcher de la suivre. Celle-ci semblait pressée d’arriver jusqu’aux terrains boisés, comme si elle voulait en finir le plus rapidement possible avec cette histoire d’entraînement. Tu ne te démotivas pas pour autant, tu étais bien déterminée à devenir meilleure, et tu le prouverais par la même occasion à la Sekken ! Tu suivis le pas jusqu’à ce que vous arriviez au centre de la forêt. Là-bas, tu sortais les deux dagues en bois qui se trouvaient sous ta veste. Personne encore ne t’avait jamais vu avec des armes dans les mains, de quoi se demander quel genre d’idée tu avais derrière la tête.



Bon, ce n’était pas vraiment une surprise puisqu’elle savait que tu arriverais d’une seconde à l’autre, néanmoins elle ne saurait pas ta position exacte, du moins, c’est que tu pensais à cet instant là. Sûre de toi, tu grimpes au sommet d’un arbre et commence à t’éloigner pour qu’elle te perde de vue. La contournant alors par son côté gauche, tu fais en sorte de sortir de son champ de vision. Dès lors, tu te dirigeais à nouveau vers elle à travers les arbres, elle s’attendait sûrement à cela, mais elle ne devait pas se douter de la technique inédite dont tu ferais preuve pour arriver jusqu’à elle !
Sautant du dernier arbre avant d’arriver jusqu’à elle, ton tissu va s’accrocher jusqu’aux arbres pour te permettre de léviter quelques instants, et de l’attaquer d’un angle qu’elle ne pourrait sans doute pas prévoir. Discrétion et rapidité, tout se passait bien jusqu’à présent. Tes dagues en bois approchaient, tu n’étais plus qu’à quelques centimètres de réussir à la toucher…

L’entraînement qu’elle souhaitait faire était plutôt simple, un peu trop. Tu n’y voyais que peu d’intérêt personnel à l’aider, mais allons bon, maintenant que tu étais ici, pourquoi reculer ? En revanche, tu restas nettement surprise de la voir se promener avec des armes, même si ce n'était que des outils d'entraînement, Eiko n'était ce genre de personne. La matinée promettait d'être intéressante...



Te demandas-tu à toi même avant de pousser un soupir. Ce qu’elle ne savait pas en revanche, c’est que tu aurais un peu plus de répondant qu’elle ne s’y attendait. La « surprise » dont elle te parlait te fit doucement rire, puisque, étant capable de détecter son chakra, tu savais où elle se trouvait en permanence. Mais décidant de jouer le jeu, tu restas complètement immobile. Une trentaine de seconde plus tard, elle se décidait enfin à attaquer. Alors qu’elle arrivait depuis un angle mort, tu restas figée, tu voulais la laisser croire jusqu’au bout qu’elle allait réussir à t’atteindre. Puis, alors que la Kitto se retrouvait à quelques centimètres de toi, prête à t’asséner un coup avec ses dagues, tu fis un simple pas en arrière.

Elle passa devant toi à une vitesse folle, entraînée par l’élan de son étrange technique. C’est alors que tu repéras l’un des fils en tissu qui lui permettait d’effectuer ce genre de mouvement. Tu viens t’en saisir, et brutalement tu tires sur celui-ci, amenant soudainement la jeune Kitto violemment manger le sol à quelques pas de toi. Avant qu’elle ne se relève, tu pris soin de poser ton pied sur son dos pour qu’elle ne puisse pas se remette sur pied. Cet entraînement idiot avait déjà trop duré, qu’espérait-elle obtenir sincèrement ?



Avant qu’elle ne réponde, tu tendis un doigt vers l’avant, lui disant poliment de se taire et de continuer à t’écouter. »

Tu touchais au but, tu pensais réellement avoir réussi dès la première tentative, tu étais presque déjà en train de célébrer ta victoire. Mais très vite, la Sekken vint annihiler tout espoir. D’un simple pas vers l’arrière, elle t’esquivait sans trop de peine, comme si elle t’avait vu arriver. Tu étais pourtant certaine d’avoir été discrète… toutefois, tu n’eus pas le temps de te poser la question. Nasana repéra rapidement l’un des fils qui te permettait de te mouvoir en l’air, et dès lors elle te ramena brutalement à la réalité. Le choc contre le sol te fit perdre tes deux armes, et alors que tu t’apprêtais à te relever, tu sentis le poids de la Sekken s’appuyer contre ton dos. Tu n’eus pas la force de résister, et t’écrasa à nouveau sur le sol.



Demandas-tu à voix basse. Tu étais inquiète quant à la suite des évènements, tu ne pensais pas qu’elle allait se défendre de cette manière, ni même poursuivre en te maintenant à terre. Elle ne tarda pas à t’expliquer qu’elle avait trouvé ton attaque ridicule compte tenu du fait qu’elle n’avait jamais perdue ta position finalement. À l’instar de ta mère, ainsi que de Nami, la Sekken était donc capable de percevoir le chakra d’autrui. Tu comprenais mieux sa facilité à se battre, c’était un avantage conséquent pour elle. Malgré cela, tu ne pensais pas mériter un tel jugement de sa part, et tandis qu’elle posait sa question, tu continuais simplement de la regard, les yeux remplis d’incompréhension quant à ce qui était en train de se passer. À quoi jouait-elle ? Tu étais consciente de tes faiblesses, était-ce une raison pour être aussi froide et directe avec toi ? Tu avais tes doutes sur la Sekken, et ceux-ci commençaient à se vérifier. Ton regard se perdit quelque peu dans le vide alors que tu répondais lentement :



Comme toujours, tu faisais preuve de sincérité et de franchise, même dans les moments les plus difficiles. Tu restais vraie, et c’est probablement ce qui faisait de toi une bonne personne. Même si aux yeux des gens comme Nasana, tu étais sûrement un fardeau, tu savais que tu pouvais être utile, même si cela te prendrait plus de temps que les autres.



La Sekken était simplement plus douée que toi, c’était un fait, mais cela ne voulait pas dire que tu étais dépourvue de talent. Certes, tu restais incapable de te battre au corps à corps, tu étais bien trop frêle et fragile pour cela, mais tu savais rester calme malgré la pression, tu savais prendre des décisions rapidement. Tu étais loin d’avoir l’imprudence et la témérité de ta sœur aînée, ce qui faisait de toi quelqu’un de plus fiable en tant que coéquipier finalement. Et par dessus tout, contrairement à ce que Nasana pensait sûrement, tu étais prête à sacrifier ta vie pour celle de tes coéquipiers.

Ton regard froid toujours posé sur elle, tu poursuivis.



Tu te demandais à quoi elle jouait avec ces dagues en bois. Une certaine nostalgie vis à vis de sa sœur peut-être ? Tu en avais un peu entendu parler, une épéiste plutôt douée dans son domaine, mais en revanche son caractère laissait à désirer, au point qu’elle en avait déserté le village. Cherchait-elle à lui ressembler ? Si tel était le cas, c’était d’une stupidité sans nom.



Tu retirais ton pied, lui permettant de se relever. Puis sans même attendre une quelconque réponse, tu lui tournas le dos avant de partir en direction de la sortie des bois. Tu n’avais pas plus de temps à perdre ici, tu avais déjà vérifié ce que tu savais déjà au sujet de la Kitto…